Art académique
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L'art académique, aussi nommé à l'origine par dérision « art pompier », est une caractéristique de l'art occidental du milieu du XIXe siècle. L'académisme est caractérisé par un goût très fort pour les thèmes historiques et pour l'orientalisme. En sculpture, il se caractérise par une tendance à la monumentalité, représentée entre autres par les sculpteurs Auguste Bartholdi et Emmanuel Fremiet. Parmi les artistes emblématiques de l'art académique, figurent les peintres français du Second Empire, Alexandre Cabanel, Ernest Meissonier, William Bouguereau et Jean-Léon Gérôme.
Définition
L'application du mot « pompier » à l'art académique[1], apparue à la fin du XIXe siècle (1888 d'après le Robert) pour le tourner en dérision, est sans doute une allusion aux casques brillants de certains personnages des grandes compositions de l'époque, qui rappelaient ceux des pompiers[2]. Une autre explication propose l'hypothèse d'une dérision du mot « Pompéien » (de Pompéi), allusion à un mouvement pompéiste fondé en 1840 par Jean-Léon Gérôme[3]. Enfin, ce mot évoque la pompe, le pompeux[3]. Une troisième explication fait naître cette explication d'une comédie en un acte de MM. Varner et Duvert, La sœur de Jocrisse, donnée pour la première fois au théâtre du Palais-Royal le 17 juillet 1841 dans laquelle un personnage du nom de Jocrisse, domestique, regarde l'estampe Le Passage des Thermopyles et déclare : « Ah ! c'te bêtise ! ils se battent tout nus !… Ah ! non ; ils ont des casques… c'est peut-être des pompiers qui se couchent…». Ce Passage des Thermopyles était peut-être le tableau de David, Léonidas aux Thermopyles. Ce serait donc les successeurs de David qui ont été qualifiés de pompiers[4]

L'Académie royale de peinture et de sculpture fut créée en 1648, par Louis XIV dans le but de garantir aux peintres et sculpteurs le statut d'artiste qui leur était alors contesté. Le peintre Charles Le Brun en prend la direction. Les Académies prônent alors une méthode radicalement nouvelle d'enseignement des Beaux-Arts. Celle-ci érige les œuvres de l'antiquité gréco-romaine pour modèle et reposent essentiellement sur un concept dont les mots clés sont simplicité, grandeur, harmonie et pureté.
L'Académie se compose alors de deux sections : l'Académie de peinture et de sculpture, et l'Académie d'architecture. L'anatomie, la géométrie, la perspective et l'étude d'après le modèle vivant constituaient les bases de l'enseignement préparatoire à la peinture et à la sculpture.
L'enseignement de l'académie repose sur certains principes fondateurs :
- affirmer la primauté du dessin sur la couleur ;
- approfondir l'étude du nu, de l'anatomie ;
- privilégier le travail en atelier par rapport au travail en plein air, sur le motif ;
- réaliser des œuvres « achevées » ;
- imiter les anciens, imiter la nature.
Ces principes se sont progressivement figés avec le temps[réf. nécessaire] et ont fini par constituer un carcan aux yeux de certains artistes et critiques de la fin du XIXe siècle contre lequel ils se sont insurgés peu à peu. L'académie pourvoyait donc à la formation technique (apprentissage du dessin, de l'anatomie, de la couleur…) et culturelle (familiarisation avec les sujets de l'antiquité, les grands auteurs…) des jeunes artistes. Les candidats à l'entrée à l'École des Beaux-Arts (les femmes n'y sont admises qu'en 1897) doivent passer un concours d'admission consistant en l'exécution d'une figure nue dessinée d'après le modèle vivant.
Le contrôle de l'Académie
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, se cristallise une opposition qui va profondément marquer toute l'histoire de l'art du XXe siècle : celle de l'académisme et de la « modernité », terme lancé par Charles Baudelaire. Les avant-gardes n'ont pu s'imposer, qu'en bousculant l'art officiel. Les peintres académiques régnaient sur l'Académie des beaux-arts, à l'Institut, au Salon, longtemps lieu de passage obligé pour exposer, se faire connaître et obtenir des commandes de l'État. « Contrôlez l'instruction, vous contrôlerez le style », disait le peintre académique Gérôme[réf. souhaitée].
Défaite et évolution de l'académisme

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L'année 1897 entérina la défaite de l'Académisme. Manet, Degas, Pissarro, Monet, Renoir, Sisley et Cézanne firent leur entrée dans une institution officielle, le musée du Luxembourg, réservé aux commandes de l'État. Le legs Caillebotte, mécène des impressionnistes, collectionneur et peintre lui-même, était accepté après trois années de combats acharnés (seuls les tableaux de Degas avaient d'abord été admis). C'est le Conseil d'État qui avait tranché, arguant que ces œuvres faisaient de fait partie de l'histoire de la peinture française. En réalité, on avait coupé la poire en deux : sur 67 toiles, 29 furent rejetées. Gérôme avait menacé de démissionner de sa chaire de professeur des Beaux-Arts, qualifiant ces toiles d'«ordures», et voyant dans leur entrée au Luxembourg le signe de « la fin de la nation ».
Les courants avant-gardistes se multipliaient. L'Académie et l'École des beaux-arts elles-mêmes devinrent plus éclectiques, note Claire Barbillon. Après avoir été rejeté sous le Second Empire, sauf sous certaines formes édulcorées, « le naturalisme fut adopté par les peintres les plus officiels de la troisième République », écrit-elle. Quant au symbolisme, il réunit « des artistes formellement assez traditionnels », comme Gustave Moreau, et des peintres radicalement novateurs comme Gauguin ou Odilon Redon.
L'ouverture du musée d'Orsay en 1986 sera l'occasion de vives polémiques en France. Beaucoup y verront une réhabilitation des « pompiers », voire du « révisionnisme ». André Chastel considérait cependant dès 1973 qu'il n'y avait « que des avantages à substituer à un jugement global de réprobation, héritage des vieilles batailles, une curiosité tranquille et objective. »
Principaux peintres académiques
(listes non exhaustives)
Allemagne
- Anselm Feuerbach
- Franz von Lenbach
- Otto Theodore Gustav Lingner
- Karl von Piloty
- Franz Xaver Winterhalter
Autriche
- Hans Makart
- Hans Zatzka
Belgique
- Théophile Lybaert
- Herman Richir
- Alfred Stevens
Brésil
- Pedro Américo
- Rodolfo Amoedo
- Victor Meirelles
Canada
- Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté (Québec)
- Paul Kane
- Cornelius Krieghoff
- Paul Peel
Espagne
- Marià Fortuny
France
- Amaury-Duval
- Paul Baudry
- Léon Bonnat
- William Bouguereau
- Gustave Boulanger
- Alexandre Cabanel
- Édouard Debat-Ponsan
- Carolus-Duran
- Léon Comerre
- Fernand Cormon
- Thomas Couture
- Paul Delaroche
- Charles Édouard Delort
- Alphonse de Neuville
- Édouard Detaille
- Hippolyte Flandrin
- Jean-Léon Gérôme
- Henri Gervex
- Charles Jalabert
- Jean-Paul Laurens
- Jules Lefebvre
- Ernest Meissonier
- Émile Munier
- Georges-Antoine Rochegrosse
- Eugénie Salanson
- Émile Vernon
Grèce
- Nikiforos Lytras
Hongrie
- Gyula Benczúr
Italie
- Eugen de Blaas
- Hermann David Salomon Corrodi
- Francesco Hayez
- Domenico Morelli
- Giulio Rosati
Royaume-Uni
- Lawrence Alma-Tadema
- Alfred_Gilbert_(sculpteur)
- Frederic Leighton
- Edward Poynter
Russie
- Karl Brioullov
- Alexandre Ivanov
- Henryk Siemiradzki
Suisse
- Charles Gleyre
- Pierre Georges Jeanniot
République tchèque
- Václav BrožÃk
Turquie
- Sarkis Diranian
Uruguay
- Juan Manuel Blanes
Peintures
-
Thomas Couture, Les Romains de la décadence (1847), Paris, musée d'Orsay.
-
Hippolyte Flandrin, Jeune homme nu assis (1855), Paris, musée du Louvre.
-
William Bouguereau, Les Oréades (1902), Paris, musée d'Orsay.
-
Alexandre Cabanel, La Naissance de Vénus (1863), Paris, musée d'Orsay.
-
Ernest Meissonier, 1814, Campagne de France (1864), Paris, musée d'Orsay.
-
Amaury-Duval, Madame de Loynes, Paris, musée d'Orsay.
-
La Vérité (1870) par Jules Lefebvre, Paris, musée d'Orsay.
-
Jean-Léon Gérôme, Pollice Verso (1872), Phoenix Art Museum.
-
Alphonse de Neuville, Les Dernières cartouches (1873), Bazeilles, musée de la Maison des dernières cartouches.
-
Jean-Paul Laurens, L'Agitateur du Languedoc (1887), Toulouse, musée des Augustins.
-
Henri Gervex, Une Séance du jury de peinture (1885), Paris, musée d'Orsay.
-
Édouard Detaille, Le Rêve (1888), Paris, musée d'Orsay.
Notes
- ↑ Voir l’article “Commentaire à Peut-on parler d’une peinture pompier?â€, de Jacques Thuillier, à http://www.dezenovevinte.net/ha/pompier_mgj_fr.htm.
- ↑ Louis-Marie Descharny, L'Art pompier, 1998, p. 12.
- 1 2 Louis-Marie Descharny, L'Art pompier, 1998, p. 14.
- ↑ Pascal Bonafoux, Dictionnaire de la peinture par les peintres, p. 238-239, Perrin, Paris, 2012 (ISBN 978-2-262-032784) (lire en ligne)
Voir aussi
- Hiérarchie des genres
- Art officiel
- Peinture d'histoire
Liens externes
- -- Peinture pompier ou art académique? Article sur le livre de Jacques Thuillier
- L'enseignement artistique au XIXe siècle et les épreuves du concours du Prix de Rome : http://techniquedepeinture.com/enseignement-artistique-traditionnel-art-academique/
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