Ned Kelly
Edward Kelly, dit Ned Kelly est né à Beveridge (en) en Victoria (Australie) en décembre 1854 ou juin 1855 selon certains historiens[1] et exécuté le 11 novembre 1880 à Melbourne. Il était un célèbre bushranger, considéré par les uns comme un tueur de policier de sang-froid et par d'autres comme une icône populaire, tant pour son côté Robin des Bois moderne, que pour sa résistance face aux classes dirigeantes anglo-australiennes et à l’abus de pouvoir (en) des autorités.
Origine
Le père de Ned, John "Red" Kelly est un immigrant irlandais. Originaire de Tipperary (Irlande), il fut, comme de nombreux condamnés en Australie (en), déporté et emprisonné en Tasmanie en 1841, pour le vol de deux cochons. À sa libération en 1848 et après 7 ans de bagne, Red Kelly trouve du travail dans le village de Beveridge en Victoria à la ferme de James Quinn, originaire du Comté de Antrim (Irlande). À l'âge de 30 ans, il épouse sa fille : Ellen Quinn, âgée de 18 ans. De leur mariage, le 18 novembre 1850, naîtront 8 enfants : Mary, Annie, Ned, Maggie, Jim, Dan, Kate et Grace. La famille Kelly déménagera notamment à Avenel et Benalla
En route vers la notoriété
À l'âge de dix ans, Ned Kelly sauve de la noyade le jeune Richard Shelton, tombé dans les eaux de la "Hughes Creek" (alors en crue), située derrière la petite ferme familiale[1]. En récompense, il reçut une ceinture verte par la famille du garçon, qu'il portait sous son armure lors de sa confrontation finale avec la police en 1880.
Le contexte social est difficile. Dans ces terres reculées et réputées difficiles, les propriétaires terriens sont protégés par les forces de l'ordre. Les injustices sont nombreuses à l'égard des populations vivant de fermage. Soupçonnés de nombreux vols de bétail ou de chevaux, les Kelly ne sont jamais condamnés jusqu'à ce que Red Kelly soit arrêté pour une querelle avec son voisin sur l'appartenance d'un veau. Reconnu innocent du vol, mais coupable d'avoir supprimé la marque sur la peau, il a le choix entre une amende de vingt-cinq livres ou une peine de six mois aux travaux forcés. Sans argent pour payer l'amende, Red purge sa peine à la prison de Kilmore, ayant des conséquences fatales sur sa santé. Alors que Ned n'a que onze ans et demi, il doit quitter l'école lorsque son père décède à Avenel, le 27 décembre 1866. La saga entourant Red Kelly, et son traitement par la police fera forte impression sur son fils Ned. En tout, dix-huit charges seront portées contre des membres de la famille immédiate de Ned avant qu'il ne soit déclaré hors-la-loi. Et seulement la moitié de ce nombre aboutit à un verdict de culpabilité. Il s'agit d'un rapport très inhabituel pour l'époque, et est l'une des raisons qui font penser que la famille a été injustement ciblée[2].
À 14 ans, il est inculpé d'agression et de vol sur un travailleur chinois. Cela lui vaut d'être emprisonné pendant 10 jours, mais les charges qui pèsent contre lui sont abandonnées. Il est cependant considéré dès ce moment par la police comme un bushranger. L'année suivante, en 1870, il est arrêté et accusé d'être un complice de Harry Power, un voleur de chevaux, mais il est relâché par manque de preuves.
En 1871, de passage à Glenrowan, il est arrêté et inculpé pour recel d'une jument "empruntée" par un de ses amis. Il explique ne pas savoir que le cheval était volé, mais est condamné à 3 ans de prison, il a 16 ans[2].
Pendant sa peine de prison, ses frères Jim (12 ans) et Dan (10 ans) sont arrêtés avec un cheval qui ne leur appartient pas : pourtant prêté par un agriculteur pour lequel ils avaient fait quelques travaux, ils passent une nuit dans les cellules avant que le malentendu ne soit réglé. Jim est de nouveau mis en cellule 2 ans plus tard pour vol de bétail, mais non poursuivi par le propriétaire, il n'est pas condamné.
À sa sortie de prison, Ned Kelly travaille avec George King, un Californien, avec qui sa mère s'est remariée. Plus tard, Ned le décrira comme un intelligent voleur de chevaux. Ned et sa famille continueront d'être suspectés de vol et arrêtés.
L'incident Fitzpatrick
Le 15 avril 1878, l'agent Alexander Fitzpatrick, 21 ans, entre dans le commissariat de Benalla, prétendant avoir été attaqué par Ned, Dan, et Ellen Kelly, ainsi que leur associé Bricky Williamson et le frère d'arme de Ned, Bill Skillion. Il montre une blessure au poignet gauche, expliquant avoir été touché par une balle. Fitzpatrick affirme alors que tous sauf Ellen Kelly étaient armés de revolvers.
De leur côté les Kelly affirment que Fitzpatrick est venu dans leur maison pour questionner Dan à propos d'une affaire de bétail. Une fois présent, il aurait fait plus que des avances à Kate Kelly, ce à quoi sa mère aurait répondu par un coup de pelle à charbon sur la main gauche, avant que Fitzpatrick ne soit pris à partie par les hommes. Aucune arme, selon eux, n'aurait été utilisée lors de l'incident. Fitzpatrick aurait quitté la maison, soigné, prétendant que le conflit était clos. Il est plus tard exclu des forces de l'ordre pour ivresse et parjure. Lors de cet épisode, Ned se trouvait en Nouvelle-Galles du Sud.
Williamson et Skillion sont arrêtés, Ned et Dan Kelly introuvables, Ellen Kelly placée en détention avec son bébé, Alice (encore en prison au moment de l'exécution de Ned, et décédée le 27 mars 1923).
Hors la loi
Doutant qu'ils puissent convaincre la police de leur histoire, Dan et Ned Kelly se cachent, et sont rejoints par des amis : Joe Byrne et Steve Hart. Dans leurs cavales, ils tombent par hasard sur leurs poursuivants à Stringybark Creek. Considérant leurs faibles chances de survie, ils décident de les désarmer et de leur prendre leurs chevaux. L'attaque tourne mal, trois des quatre policiers sont abattus, le dernier fuyant sur un cheval blessé. En réponse à ces meurtres, le parlement de Victoria adopte la Felons' Apprehension Act qui met la bande hors-la-loi et permet à toute personne de les abattre.
Après la tuerie de Stringybark, le gang commet deux cambriolages de grande envergure, à Euroa, Victoria le 10 décembre 1878 et Jerilderie, Nouvelle-Galles du Sud le 8 février 1879. Lors de la deuxième attaque de banque, ils font prisonniers les deux policiers de la ville, les enferment dans leur propre prison et s'habillent avec leurs uniformes, puis expliquent aux habitants qu'ils sont des renforts de police venus pour les protéger contre une attaque annoncée de la bande de Ned Kelly. Ils en profitent pour attaquer la banque locale, s'emparent de 2 000 £, puis vont au bureau de poste pour détruire les lignes télégraphiques, prennent une trentaine d'habitants en otage dans l'hôtel du village où ils passent la nuit. C'est dans cet hôtel que Kelly écrit sa célèbre lettre de Jerilderie, où il se plaint du comportement du gouverneur de l'État de Victoria vis-à-vis de sa famille et des malheureux colons irlandais comme lui. Il essaie de faire imprimer sa lettre par l'imprimeur local qu'il ne peut réussir à trouver, et doit se contenter de la remettre à un de ses otages avant de repasser la frontière et de retourner au Victoria. Leur stratégie consiste en une prise d'otages pendant le vol des coffres-forts .
En janvier 1879, la police arrête tous les amis et sympathisants de Kelly, ils sont détenus pendant trois mois sans aucune charge. Cette action suscite un mécontentement contre l’abus de pouvoir (en) du gouvernement, et conduit à une condamnation dans les médias ainsi qu'une vague de soutien pour la bande. Ces soutiens sont un des facteurs qui permettent à la bande de Ned Kelly d'échapper longtemps aux forces de l'ordre pendant leur cavale. D'autant plus que Kelly a profité des attaques de banques pour brûler les prêts hypothécaires faits à la banque par les habitants. La même année, la tête des gangsters est mise à prix pour 8 000 livres (une somme qui vaudrait plus de 300 000 € aujourd'hui).
Alors que la mise hors-la-loi et le statut de gang expirent le 26 juin 1880, la bande découvre que Aaron Sherritt, ancien meilleur ami de Joe Byrne, est un informateur de la police. Dan Kelly et Joe Byrne le suppriment ce jour-là. La découverte du traître apparaît comme une manœuvre de la police[3].
La dernière aventure
Le Gang Kelly arrive à Glenrowan le 27 juin, prend environ soixante-dix otages à l'auberge. Le choix de cette ville n'est pas anodin, car ils savent qu'elle est sur le chemin d'un train de voyageurs qui transporte un détachement de police. Dans le but de le faire dérailler, ils ont tordu plusieurs rails.
Dans l'attente, les membres du gang se sont équipés d'une armure faite maison afin de repousser les balles, tout en laissant les jambes sans protection. Les quatre hommes se sont aussi fabriqué des heaumes. Chaque armure pèse environ 96 livres (44 kg). Tous portaient des manteaux de coton gris par dessus leurs armures, atteignant leurs genoux.
Le gang Kelly attend bien retranché dans l'auberge de Glenrowan, alors que la tentative de faire dérailler le train de la police échoue à cause du maître d'école Thomas Curnow, qui a été libéré. Curnow a convaincu Ned Kelly de le laisser partir, et, dès sa liberté retrouvée, il s'est empressé d'alerter les autorités en se tenant debout sur la ligne de chemin de fer, agitant une lanterne enveloppée dans son écharpe rouge. Le train immobilisé, les policiers mettent le siège devant l'auberge à l'aube du lundi 28 juin 1880[3].
Après un échange de coups de feu, Ned Kelly marche vers les assaillants, armé de son fusil. Son armure et son heaume marchent à merveille, mais touché aux jambes, il tombe et est assommé d'un coup de fusil. Les autres membres du gang Kelly décèdent tous à l'auberge : Joe Byrne meurt à la suite de la perte de sang au niveau de l'artère fémorale d'une blessure par balle alors qu'il aurait atteint le bar pour un verre de whisky, Dan Kelly et Steve Hart se suicident (selon le témoin Matthew Gibney). Aucune autopsie n'est effectuée pour déterminer la cause de la mort, en effet leurs corps ont brûlé lorsque la police a mis le feu à l'auberge. Du côté de la police, seul l'officier Francis Hare a reçu une légère blessure au poignet. Plusieurs otages ont également été abattus. Ned Kelly est arrêté.
Mort
En dépit des 32 000 signatures recueillies par les pétitions réclamant sa grâce, Ned Kelly est condamné à mort et pendu le où ses derniers mots auraient été : « Ainsi va la vie ».
Le 9 mars 2008, une équipe de scientifiques australiens affirme avoir identifié le lieu de son exécution. Il s'agit d'une ancienne prison abandonnée, à Melbourne, où de nombreux ossements ont été découverts[4]. En août 2011, des experts de l'Institut de médecine légale de Victoria parviennent à identifier formellement les ossements de Kelly en les comparant à l'ADN de Leigh Olver, descendant d'une des sœurs du gangster[5].
Icône populaire
Devenu l'un des grands héros du folklore populaire australien, Ned Kelly incarne la résistance de l'opprimé contre les autorités. Il représente pour certains une fierté nationale, car il symbolise la résistance contre l'Empire britannique. Même si on sait qu'il redistribuait le fruit de ses vols à ses amis et membres de sa famille, Ned est bel et bien le tueur des policiers qui sont à l'origine de sa dernière poursuite (il plaida la légitime défense lors de son procès).
Un récent sondage en Australie révèle que 91 % des Australiens pensent que Ned Kelly n'a pas eu droit à un procès équitable[réf. nécessaire].
Filmographie sélective
- 1906 : The Story of the Kelly Gang, de Charles Tait
- 1951 : The Glenrowan Affair, de Rupert Kathner
- 1970 : Ned Kelly, de Tony Richardson, avec Mick Jagger dans le rôle de Ned Kelly
- 2003 : Ned Kelly, de Gregor Jordan, avec Heath Ledger dans le rôle de Ned Kelly
Bibliographie
- Max Brown, Australian Son, A Life of Ned Kelly (1re édition 1956)
- Henri Vernes, Le revenant des terres rouges, Marabout (1976). Dans ce roman, le créateur de Bob Morane évoque la figure quasi mythique de Ned Kelly.
- Peter Carey, Véritable histoire du gang Kelly, Plon (2003)
Annexes
Articles connexes
- Banditisme social
Liens externes
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat
- (en) Site très complet sur Ned Kelly
- (en) Un autre site
- (en) Articles de presse de l'époque sur le "Gang Kelly"
- http://nouvelles.d.ailleurs.free.fr/ned-kelly.html (émission Radio Australia.ABC. Texte en français)
Références
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