Liseuse


Une liseuse[1] est un appareil mobile conçu principalement pour lire des livres numériques. L'appareil est doté d'un écran pour la lecture et doit permettre le stockage des publications numériques pour la création d'une bibliothèque numérique[1],[2].
L'appareil est aussi appelé lecteur électronique, livre électronique ou tablette de lecture[2]. Les termes issus de l'anglais reader ou e-reader peuvent également être employés pour désigner une liseuse[1].
D'autres appareils tels que la tablette tactile, le smartphone, l'ordinateur portable ou de bureau peuvent être dotés d'une application permettant de lire des livres numériques.
Appellations
Le « livre numérique »[3] caractérise le livre au format numérique, alors que le « livre électronique » caractérise le support électronique de lecture[4]. On confond aussi assez souvent « livre électronique » et « tablette numérique »[5],[6] alors que ces deux appareils ne fonctionnent pas de la même façon et n’ont pas la même utilisation. La liseuse a un seul usage principal avec un rendu visuel proche du papier qui est celui de la lecture alors que la tablette numérique est un ordinateur portable ayant de nombreuses fonctions, dont la lecture.
Une liseuse fonctionne grâce à la technique du papier électronique, lequel utilise la lumière ambiante pour afficher le texte. Elle ne consomme pas d'énergie pour afficher du contenu, elle en utilise seulement lorsque le contenu est modifié (affichage d'une nouvelle page, surlignage, etc.), ainsi, la liseuse possède une autonomie plus importante que celle d’une tablette : environ un mois pour une liseuse. Le papier électronique ne permet pas en 2011 d'afficher une page en couleur de bonne définition ni de lire une vidéo[7].
Historique[8]
En 1992-1993, F. Crugnola et I. Rigamonti projettent et réalisent, pour leur thèse de maîtrise au Polytechnique de Milan, le premier lecteur d'e-books (support électronique pour la lecture seule de textes) qu'ils appellent « INCIPIT ». Parallèlement, Sony lance son Bookman en 1992, c’est une machine de 15 x 18 cm et 5 cm d’épaisseur. Cette liseuse permet de lire sur un écran de 4,5’’ des documents stockés sur des disquettes spéciales. Le Bookman ne connait pas un grand succès du fait de son prix élevé, de sa faible résolution d’écran et sa faible autonomie.
Côté américain, on voit l’apparition du Rocket eBook (en) en 1999 élaboré par la société NuvoMedia, en partenariat avec l’éditeur Barnes & Noble, et du SoftBook Reader (en) développé en 1998 par la société Softbook Press en collaboration avec Random House et Simon & Schuster. Ces tablettes permettent une plus grande mobilité que les précédentes, elles sont de la taille d’un gros livre et pèsent entre 700 g et 2 kilos. Elles ont une faible capacité de stockage, limitée à seulement une dizaine d’ouvrages. Leur écran est rétro-éclairé et donc peu adapté à la longue lecture. Du fait de ces caractéristiques, ces tablettes ne connaîtront pas un succès très important.
En 2000, la société américaine Gemstar (en) rachète NuvoMedia, SoftBook Press et la société française oohoo (zéro heure). Avec ces achats, Gemstar veut conquérir le marché européen du livre numérique. Entre 2000 et 2001, la société Gemstar va développer et commercialiser trois générations d’e-reader : en 2000, elle va commercialiser le REB 1100, une liseuse pesant un demi kilo pour un prix de 300 dollars. Après ce premier échec, Gemstar va sortir le REB1200, un gros e-reader, de presque 1 kg. Il est le premier à proposer une connexion Ethernet, mais aussi un écran tactile de couleur et une capacité de 80 000 pages. Mais son prix de 699 dollars repousse les consommateurs. Enfin, en 2001, Gemstar lance le GEB 2200, un e-reader plus proche du REB1100, mais d'un poids d’1 kg. C’est encore un échec, et cela signe la fin de Gemstar dans le marché de la liseuse.

En 1998, Jacques Attali et Erik Orsenna fondent Cytale qui lance le premier appareil de lecture de livres numériques : le Cybook. Cette première tentative, très médiatisée à l'époque (un espace lui est consacré au Salon du livre de Paris) est cependant un échec commercial. Michael Dahan et Laurent Picard, les deux concepteurs de l'appareil, reprennent des actifs de celle-ci[9] et fondent Bookeen[10] en 2003 pour relancer la commercialisation du Cybook. Ils lancent également une librairie numérique, Ubibooks, qui propose près de 20 000 titres en cinq langues différentes, dans 58 thèmes. En 2006, Bookeen[11] lance sa deuxième génération de Cybook, appelé Cybook Vision. C’est une liseuse innovante par rapport aux versions précédentes évoquées. Elle est adaptée pour les malvoyants, avec différentes tailles de caractères et un écran de 10 pouces. En 2007, Bookeen innove à nouveau avec son Cybook Gen3, liseuse possédant pour la première fois un écran non rétro-éclairé (technique de l’encre électronique). Depuis, la société Bookeen continue d’innover et de commercialiser des liseuses.
La liseuse Kindle d'Amazon.com est, elle, commercialisée depuis novembre 2007, elle fait partie des liseuses les plus vendues[réf. souhaitée]. Le 2 juin 2014, Suzi LeVine, nouvelle ambassadrice américaine pour la Suisse et le Liechtenstein, prête serment sur un Kindle affichant le 19e amendement de la Constitution des États-Unis[12].
Caractéristiques
Il existe de nombreuses liseuses sur le marché. Amazon, Barnes & Noble, Bookeen, Icarus, Kobo, Onyx et PocketBook entre autres produisent des appareils équipés de papier électronique. La majorité des liseuses sont dotées en 2012 d'un écran électrophorétique, tactile, de taille 6", qui affiche une résolution de 600x800 pixels et seize niveaux de gris[13], mais en 2013 elles sont dotés d'un écran HD qui affiche une résolution de 768x1024 et qui intègre un système d'éclairage[14],[15]. Elles pèsent entre 150 et 200 g et possèdent une autonomie moyenne de trente jours, hors connexion Wi-Fi. Certains modèles de liseuses peuvent disposer d'une connexion Wi-Fi permettant l’achat de livres numériques directement lié à la liseuse, par le biais d’une bibliothèque en ligne.
En 2014, PocketBook puis Kobo produisent des liseuses étanches[16],[17].
Avantages et inconvénients par rapport au livre papier[18]
Le format numérique apporte certaines fonctionnalités dont la possibilité de transporter une bibliothèque entière avec soi, d'agrandir la taille des caractères, de rechercher des mots dans tout le texte, d'utiliser des fonctions de navigation hypertexte, de surligner des passages, d'ajouter des notes personnelles ou des marques-pages et de consulter un dictionnaire interne[2] ou encore d'écouter le texte grâce à la synthèse vocale, de consulter internet et d'écouter des fichiers audio. En 2012, de nombreuses liseuses sont dotés d'un écran tactile et d'une connexion Wi-Fi[13].
Avantages | Inconvénients |
---|---|
Taille et poids, permettant une portabilité importante | Surface de lecture (pour certains l'écran est trop petit) |
Lecture confortable | Lecture non adaptée à la bande dessinée, aux mangas, livres interactifs… |
Capacité de stockage | Pas de prêt de livre |
Choix du style et du format | Pas de couleur de lecture |
Prix | Perte de la sensation de toucher du papier |
Grande autonomie | Risque de panne ou autre problème technique |
Large bibliothèque à disposition | |
Fonctionnalités (zoom, dictionnaire…) | |
Gratuité des livres appartenant au domaine public (libres de droit d'auteur). | |
Marchés

États-Unis
D'après une étude de Bowker Market Research[19],[20], au deuxième trimestre 2012, 55 % des acheteurs de livres numériques utilisaient des produits de la famille Kindle d'Amazon (incluant les liseuses dédiées et les tablettes polyvalentes Kindle Fire).
D'après une étude GfF en 2013, 26 % des Américains seraient équipés d'une liseuse[21].
France
Le marché des liseuses décolle à partir de 2008 et progresse chaque année : 5 000 appareils vendus en 2008, 27 000 en 2010, 145 000 en 2011, 300 000 en 2012[22] et 350 000 en 2013[21].
Parmi les modes de lecture numérique disponibles, la liseuse est le support de prédilection des français en 2012 devant la tablette tactile[23],[24].
Selon les chiffres publiés pour 2013 par le syndicat national de l'édition, s'appuyant sur l'institut GfK, seuls 1 % des Français seraient équipés d'une liseuse[21].
Québec
Le marché des liseuses reste marginal, mais il commence à prendre de l'ampleur depuis la sortie au Québec vers la fin de l'été 2009 des liseuses Sony Reader et de la première boutique de livres électroniques grand public[25].
Impact environnemental
L'impact environnemental de la production et l'usage des liseuses reste difficile à estimer. Si elles réduisent la consommation de papier, leur production et recyclage sont sources de pollution (énergie grise). Leur utilisation quant à elle requiert une source d'énergie électrique.
Notes et références
- 1 2 3 Vocabulaire de l'édition et du livre (liste de termes, expressions et définitions adoptés) - Journal officiel de la République française no 0081 du 4 avril 2012 page 6130
- 1 2 3 lecteur électronique - Grand dictionnaire terminologique de l'Office québécois de la langue française
- ↑ Le Dictionnaire : Livre numérique - École nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (Enssib)
- ↑ Clarifications sur l’usage du terme « Livre électronique / numérique » - Marine Goddard, Libri, 7 avril 2012
- ↑ Liseuses et tablettes numériques - Agence régionale du Livre PACA, mars 2011
- ↑ Le Dictionnaire : Liseuses et tablettes numériques - Enssib
- ↑ « PocketBook : jeu Doom 2 sur eInk », Aldus - depuis 2006,
- ↑ Gutenberg 2.0 : Le futur du livre - Lorenzo Soccavo , 2008
- ↑ Michael Dahan, Bookeen - «Le cap du livre papier au livre numérique est difficile à franchir » - Clubic, 1er octobre 2007 (voir archive)
- ↑ Le bibliothécaire numérique - Challenges, 3 décembre 2009
- ↑ Site Booken - Chronologie
- ↑ 2.0 – L’ambassadrice américaine en Suisse prête serment sur Kindle - Blog Big Browser sur Le Monde, 3 juin 2014
- 1 2 Marine Goy, « Comparatif : les liseuses de livres électroniques (ebooks) », Les Numériques,
- ↑ Test : Cybook Odyssey HD Frontlight - Michel Beck, PCWorld.fr, 10 avril 2013
- ↑ Florent Taillandier, « L'écran HD éclairé envahit les liseuses », CNET France, : « L’avant dernière génération de liseuses avait consacré l’écran Pearl de E-Ink, la dernière génération l’avait généralisé, ainsi que l’écran tactile. Maintenant, c’est au tour de l’écran Pearl HD éclairé de redéfinir la liseuse moderne. Les grands acteurs du marché ont presque tous annoncé les spécifications de leurs appareils. »
- ↑ « Pocketbook lance la première liseuse étanche », sur 20minutes.fr, 20 minutes, (consulté le 24 novembre 2014)
- ↑ « Kobo lance une liseuse étanche : défi du Ice Bucket Challenge relevé », sur Actualitte.com, ActuaLitté, (consulté le 24 novembre 2014)
- ↑ Site Netpublic - Définition d'une liseuse
- ↑ (en) Kindle Share of E-book Reading at 55% - Jim Milliot, Publishers Weekly, 9 novembre 2012« At the end of June, Amazon’s Kindle family of reading devices was used to read e-books by 55% of e-book buyers, according to figures compiled by Bowker Market Research. »
- ↑ (en) Amazon growth, outage rattle industry cages - Alan Wallace, TribLIVE, 17 novembre 2012
- 1 2 3 « Le marché du livre en France pour l'année 2013 : quelques chiffres », sur Actualitte.com, ActuaLitté, (consulté le 24 novembre 2014).
- ↑ Les ventes de liseuses vont croissant - Les Numeriques, 30 août 2012
- ↑ Qui sont les lecteurs des livres numériques ? - Le Point, 17 mars 2012
- ↑ [PDF] Baromètre SOFIA/SNE/SGDL sur les usages du livre numérique : deuxième édition - Société française des intérêts des auteurs de l’écrit, septembre 2012.
- ↑ Livres numériques - Groupe Archambault inc.
Annexes
Articles connexes
- Papier électronique
- Livre numérique
- Lecture sur écran
- Édition électronique
- Bibliothèque numérique
- 100 livres classiques
- Open Publication Structure
Lien externe
- (en) Comparison of e-book readers - Article du Wikipédia anglophone comparant les liseuses par tableaux sur le plan technique.
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