Joachim Du Bellay
Portrait de Joachim du Bellay par Jean Cousin le Jeune.
Naissance |
vers 1522 château de la Turmelière, Liré, Anjou, Royaume de France |
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Décès |
(à 37 ans) Paris, Royaume de France |
Activité principale |
Langue d’écriture | français |
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Mouvement | La Pléiade |
Œuvres principales
Défense et illustration de la langue française (1549) ; L'Olive (1549-1550) ; Les Regrets (1558) ; Les Antiquités de Rome (1558)
Joachim Du Bellay ou Joachim du Bellay[1] (prononciation : /ʒɔaʃɛ̃ dy bɛlɛ/) est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou et mort le à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l'origine de la formation de la Pléiade, groupe de poètes pour lequel du Bellay rédigea un manifeste, la Défense et illustration de la langue française. Son œuvre la plus célèbre, Les Regrets, est un recueil de sonnets d'inspiration élégiaque et satirique, écrit à l'occasion de son voyage à Rome de 1553 à 1557.
Biographie
En 1522 Joachim du Bellay naît à Liré, en Anjou, dans l'actuel département de Maine-et-Loire. Fils de Jean du Bellay, seigneur de Gonnord, et de Renée Chabot originaire de Liré[2], il appartient à la branche aînée des du Bellay. Ses parents meurent en 1532 quand il a 10 ans. De santé fragile[3], il est élevé par son frère aîné qui le néglige. Vers 1546, il part faire ses études de droit à l'université de Poitiers où il rencontre Salmon Macrin[3]. En 1547 il fait la connaissance de Jacques Peletier du Mans et de Pierre de Ronsard. Il rejoint ce-dernier au collège de Coqueret à Paris.
Dans cet établissement, sous l'influence du professeur de grec Jean Dorat, les deux hommes décident de former un groupe de poètes appelé d'abord la Brigade. Leur objectif est de créer des chefs-d'œuvre en français d'aussi bonne facture que ceux des Latins et des Grecs. Ce but s'accorde à la perfection avec celui de François 1er qui souhaite donner des lettres de noblesse au français. Jacques Peletier du Mans approuve leur projet et les accompagne dans leur entreprise. Du Bellay signe en 1549 un manifeste collectif, la Défense et illustration de la langue française. La Brigade se transforme en Pléiade avec l'arrivée de quatre nouveaux membres : Rémi Belleau, Étienne Jodelle, Pontus de Tyard et Jean-Antoine de Baïf. Joachim du Bellay publie dès l'année suivante, en 1550, son premier recueil de sonnets, L'Olive[3], imitant le style de l'italien Pétrarque.
En 1553 du Bellay quitte la France pour accompagner le cardinal Jean du Bellay, un cousin de son père, à la cour pontificale de Rome. Il doit pourvoir aux dépenses de la maison du cardinal malgré son peu de moyens financiers[3]. Il attend avec impatience de découvrir Rome et la culture antique mais il est déçu[3]. Chargé de l'intendance de son parent, du Bellay s'ennuie. Loin de jouir d'une liberté qu'il désirait, les intrigues de la cour du pape l'accaparent. Il compose alors Les Regrets, œuvre dans laquelle il critique la vie romaine et exprime son envie de rejoindre son Anjou natal. Suivent Les Antiquités de Rome.
En Joachim tombe malade et le cardinal Jean du Bellay le renvoie en France. Le poète loge au cloître Notre-Dame chez son ami Claude de Bize[3]. En il fait publier par Fédéric Morel l'Ancien son recueil Les Regrets ainsi que Les Antiquités de Rome.
Du Bellay meurt d'une apoplexie le , à l'âge de 37 ans[3]. Il est inhumé à Paris en la chapelle de Saint-Crépin.
Œuvres principales
Défense et illustration de la langue française
Défense et illustration de la langue française (La Deffence, et Illustration de la Langue Francoyse dans l'orthographe originale) est un manifeste littéraire, écrit en 1549 par le poète français Joachim du Bellay, qui expose les idées des poètes de la Pléiade.
Le texte, plaidoyer en faveur de la langue française, paraît dix ans après l'ordonnance de Villers-Cotterêts qui imposa le français comme langue du droit et de l'administration dans le royaume de France. Du Bellay montre sa reconnaissance envers François Ier, « notre feu bon Roi et père », pour son rôle dans le fleurissement des arts et la culture. Le roi a en effet créé le Collège des lecteurs royaux. Il a en outre pérennisé une bibliothèque du roi alimentée par le dépôt légal et des achats. Du Bellay souhaite transformer la langue française, « barbare et vulgaire », en une langue élégante et digne. Avec ses camarades de la Pléiade il envisage donc de l'enrichir afin d'en faire une langue de référence et d’enseignement.
L'Olive
L'Olive est un recueil de poèmes publié par Joachim du Bellay entre 1549 et 1550. Dans cet ouvrage il célèbre une maîtresse imaginaire en s'inspirant de Pétrarque.
Le livre comporte d'abord 50 sonnets écrits en 1549. Mais il en comptera 115[4] lors de sa publication en 1550 chez Corrozet et L'Angelier.
Les Regrets
Les Regrets est un recueil de poèmes écrit pendant le voyage de Du Bellay à Rome de 1553 à 1557 et publié à son retour en 1558 par l'imprimeur Fédéric Morel, l'Ancien sis rue Jean-de-Beauvais à Paris.
Cet ouvrage comprend 191 sonnets, tous en alexandrins. Le choix de ce mètre, plutôt que du décasyllabe, constitue une nouveauté. Contrairement au modèle pétrarquiste, le thème principal n'est pas l'amour d'une femme mais celui du pays natal.
Le lecteur distingue trois tonalités principales, l'élégie (sonnets 6 à 49), la satire (sonnets 50 à 156) et l'éloge (sonnets 156 à 191). Le mythe d'Ulysse en quête du retour dans sa patrie inspire aussi le poète. Revenu en France, du Bellay y retrouve les travers observés à Rome.
Ce recueil contient le sonnet le plus célèbre de son œuvre :
Heureux qui, comme Vlyſſe, a fait un beau uoyage, |
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, |
Note : l'orthographe et la graphie employées à gauche sont celles de l'auteur au XVIe siècle[5], celles de droite sont les actuelles.
Les Antiquités de Rome
Les Antiquités de Rome est un recueil de 32 sonnets édité en 1558, alternant sonnets en décasyllabes et en alexandrins. Ce recueil est une méditation sur la grandeur de Rome et sur sa chute. Il se nourrit du mythe de la Gigantomachie.
Postérité et culture populaire
En 1578, une partie de ses odes est mise en musique par le compositeur Antoine de Bertrand.
En 1894 la ville d'Ancenis fait ériger une statue réalisée par le sculpteur Adolphe Léonfanti. Elle représente le poète en costume du XVIe siècle, tenant à la main un exemplaire de son recueil Les Regrets. Dans les années 1960 elle est installée sur la rive gauche de la Loire, face à Liré[6]. En 1934 son nom est donné au Collège des jeunes filles d'Angers qui devient le Collège Joachim du Bellay puis l'actuel Lycée Joachim-du-Bellay.
La ville de Liré inaugure en 1947 une statue représentant le poète assis, méditant, œuvre du sculpteur Alfred Benon. Les Archives Nationales commémorent en 1949 le quatre centième anniversaire de son ouvrage Défense et illustration de la langue française[3]. En 1958 un timbre postal de 12 f. surtaxé 4 f., vert est émis dans la série « Célébrités ». Il porte le n° YT 1166[7]. En 1960, à l'occasion du quatre centième anniversaire de sa mort, une commémoration avec conférence et récitations de ses textes a lieu devant les ruines du château de la Turmelière[3]. Une école de la ville du Lude, dans la Sarthe, porte également son nom[8].
En 2007 le chanteur Ridan reprend un extrait des Regrets de Joachim du Bellay. L'artiste le travaille à sa façon dans sa chanson Ulysse.
En 2009, la compositrice Michèle Reverdy a mis en musique le sonnet XII des Regrets qui constitue la première pièce du cycle De l'ironie contre l'absurdité du monde[9].
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Statue à Ancenis.
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Statue à Liré.
Musée Joachim du Bellay
En 1957 l'Association « Les amis du Petit Lyré » acquiert à Liré une demeure de 1521 ayant appartenu à la famille du Bellay et y fonde un musée inauguré le . Le musée devient propriété communale vers 1990. Depuis 1998 il présente cinq salles dédiées à la vie et à l’œuvre de l'écrivain de la Pléiade ainsi qu'à la poésie et à la Renaissance. Le musée organise également des manifestations sur les thèmes de l'écriture, de la poésie et de la langue française[10].
Œuvres
Il a créé de nombreuses œuvres et voici les plus connues :
- Défense et illustration de la langue française (1549)
- L'Olive (1549)
- Vers lyriques (1549)
- Recueil de poesie, presente à tres illustre princesse Madame Marguerite, seur unique du Roy […] (1549) (lire en ligne)
- Le Quatriesme livre de l'Eneide, traduict en vers françoys (1552) (lire en ligne)
- La Complainte de Didon à Enée, prince d'Ovide (1552)
- Œuvres de l'invention de l'Auteur (1552)
- Divers Jeux Rustiques (1558)
- Les Regrets (1558) (lire en ligne)
- Les Antiquités de Rome (1558)
- Poésies latines, (1558)
- Le Poète courtisan (1559)
Annexes
Notes et références
- ↑ Prononcé /ʒɔaʃɛ̃ dy bɛlɛ/ («Jo-a-chin ») selon Léon Warnant dans son Dictionnaire de la Prononciation française, et non /ʒoakɛ̃ dy bɛlɛ/, soit approximativement «JO-a-kin(e) du BÈ-lè» (ni « YO-a-kime »).
- ↑ Port 1978, p. 72
- 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Port 1978, p. 73
- ↑ Joachim du Bellay, L’Olive, édition critique par Ernesta Caldarini, Droz, « Textes Littéraires Français » 214, 2002, p. 36
- ↑ Sonnet XXXI, dans une édition originale
- ↑ ancenis.fr: La statue de Joachim du Bellay
- ↑ Catalogue Yvert et Tellier, Tome 1
- ↑ « École primaire publique J du Bellay », sur education.gouv.fr, Ministère de l'Éducation nationale (consulté le 15 janvier 2014).
- ↑ Notice de l'œuvre sur le site de l'auteur
- ↑ . « Le Musée », sur Blog du musée Joachim du Bellay (consulté le 5 mai 2012)
Liens internes
- Chronologie de la littérature française : Littérature française du Moyen Âge - XVIe siècle – XVIIe siècle - XVIIIe siècle - XIXe siècle - XXe siècle - XXIe siècle
- Poésie française du XVIe siècle
- Liste de poètes de langue française
- Famille Du Bellay
Liens externes
- La vie politique à travers l'œuvre de du Bellay
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Bibliographie
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Joachim Du Bellay » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (Wikisource)
- Pierre Villey, Les sources italiennes de la Défense et Illustration de la langue française de Joachim du Bellay, 162 p., Librairie Honoré Champion, Paris, 1908.
- Henri Chamard, L'enfance et la jeunesse de Joachim du Bellay (1522-1545), Société des sciences, lettres et beaux-arts de Cholet, Cholet, 1935, 11 p.
- Yvonne Bellenger, Du Bellay : ses “Regrets” qu'il fit dans Rome, Paris, Nizet, 1975.
- Gilbert Gadoffre, Du Bellay et le sacré, Paris, Gallimard, coll. Tel, 1978.
- Célestin Port, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou : D-M, t. 2, Angers, H. Siraudeau et Cie, , 2e éd. (notice BnF no FRBNF34649310)
- Josiane Rieu, L'esthétique de Du Bellay, Paris, SEDES, 1994. ISBN 2-7181-1257-3
- Yvonne Bellenger, Du Bellay et ses sonnets romains. Étude sur les Regrets et les Antiquités de Rome, Paris, Champion, 1994. ISBN 2-85203-712-2
- Françoise Argod-Dutard, L'écriture de Joachim du Bellay : le discours poétique dans " Les Regrets ", l'orthographe et la syntaxe dans les lettres de l'auteur, éditions Droz, Genève, 2002. ISBN 2-600-00613-3
- Bruno Roger-Vasselin, Du Bellay, une révolution poétique ? La Deffence, et illustration de la langue françoyse & l'Olive (1549-1550), PUF, Paris, 2007. ISBN 978-2-13-056463-8
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