Habitat humain
L'habitat humain est le mode d'occupation de l'espace par l'homme à des fins de logement. Il se décline en habitat individuel et en habitat collectif. Celui-ci peut prendre la forme de différentes architectures selon la nature plus ou moins hostile de l'environnement. Il en résulte alors une configuration architecturale qui doit se plier à des facteurs extérieurs dont la prégnance varie selon les milieux et les territoires. Ils peuvent être d'ordre physique (nature du terrain, conditions climatiques…). Par ailleurs, à ces contraintes physiques peuvent s'en ajouter d'autres provenant de la société elle-même (religion, structure de la famille, culture…). Cette architecture tend à se développer, car l'homme manque de plus en plus d'espace pour construire son habitat et doit donc s'implanter dans des endroits où les contraintes sont plus nombreuses.
Définitions
Habitat individuel
L'habitat individuel est un habitat pour une seule famille ayant une pièce principale.
Habitat collectif
L’habitat collectif regroupe plusieurs habitats individuels[réf. nécessaire].
Habitat semi-collectif
Cet habitat est un groupement d’habitations qui a des caractéristiques de l’habitat individuel.
Habitat sous influence environnementale
Contraintes physiques
D'espace
La contrainte d'espace n'est pas un fait nouveau, mais au cours du XIXe et surtout du XXe siècle marqués par un exode rural important, sa prise en compte au moment de construire les habitats urbains est devenue de plus en plus prépondérante. L'espace urbain étant un espace réduit concentrant les activités économiques et les zones résidentielles, l'un des moyens les plus efficaces trouvés pour loger le plus grand nombre sur une surface réduite a été la construction de barres d'immeubles. Certaines architectures se sont démarquées dans la maîtrise de cette contrainte.
En Europe, l'architecte Le Corbusier s'est illustré dans la conjugaison d'impératifs sociaux (cohésion sociale, lien social…) et techniques (insonorisation, fonctionnalité…). Il tenait à étendre l'accès à l'architecture à plus forte raison aux familles françaises les plus modestes. Au moment du Baby boom phénomène auquel s'ajoute l'arrivée de nombreux immigrés venus aider à reconstruire la France, celle-ci a besoin d'une grande capacité de logements et les habitats semi-collectifs semblent être la solution la moins onéreuse grâce à l'emploi de nouveaux matériaux comme le béton et l'économie d'espace qu'elles induisent. La structure familiale a aussi changé au profit de la famille nucléaire et la demande de logement se modifie en conséquence. Les cités radieuse parviennent à s'accommoder de ces contraintes en réinventant la vie sociale d'un village grâce à des « rues » ou longs couloirs qui distribuent les appartements et l'introduction de commerces de proximité tels que la poste dans celles-ci. Les appartements sont dessinés en duplex montants ou descendants, qui s'imbriquent entre eux tel un jeu de lego, insonorisant ces espaces de vie naturellement pour permettre une bonne cohabitation entre voisins.
En Asie, et plus particulièrement au Japon où la concentration des habitants sur le territoire est la plus élevée, le manque de place s'est traduit par la construction de tours et d'immeubles résidentiels sur le littoral. Les espaces de vie privée sont très petits et de plus en plus souvent certains éléments de l'habitat, comme la cuisine ou encore la salle de bain, sont déplacés dans des lieux publics. De cette manière, de nombreux appartements ne disposent pas de salle d'eau ou de cuisine et leurs résidents doivent prendre des abonnements dans des bains douches publics ou se sustenter au restaurant. De nombreuses maisons individuelles elles aussi soumise à une contrainte d'espace très stricte, voient le jour dans des endroits improbables, ainsi il n'est pas rare de voir des maisons mesurant à peine plus de 2 m de largeur. Le même phénomène est observé dans de grandes villes vietnamiennes bien que la législation tende à interdire la construction de ces bâtisses défiant les lois de l'architecture par l'imposition d'une largeur minimum. Les architectes relèvent le défi du manque d'espace au sol en imaginant des maisons tout en hauteur avec la création d'un puits de lumière sur le toit qui inonde la maison de haut en bas grâce à une cage d'escalier centrale par exemple et à la suppression des cloisons. D'autres architectes se servent au contraire de l'obscurité, élément typique de l'architecture traditionnelle japonaise, pour donner une impression d'espace. Enfin, la multiplication de pièces de surface extrêmement restreinte est encore une autre astuce pour tricher sur la sensation d'espace [1],[2].
Naturelles
Les contraintes naturelles sont importantes et de nature différente. Il peut s'agir du climat comme de la nature du terrain.
L'homme a dû s'adapter au climat dans lequel il vit qu'il soit chaud ou froid pour construire son habitat. Comme au Soudan [3] qui a des climats très divers : un climat désertique au nord et un climat moins sec au sud, la savane. Dans ce pays, au Nord comme au Sud les murs sont faits à partir d'un mélange de terre et d'eau : en bauge. Bien que ce matériau soit isolant, il ne supporte qu'une toiture légère, des bois vont donc venir la porter si celle-ci est trop lourde. Ce que les murs en bauge craignent le plus est l'eau, et bien que celle-ci soit très peu présente dans le nord du Soudan, des gouttières placées sur le toit empêchent les rares pluies de détruire ces habitats. Au Sud les pluies sont plus fréquentes c'est pourquoi les maisons ont besoin d'un toit incliné. Ces toits sont construits en paille. Dans le Sud peut également trouver des constructions en brique de terre crue (ou adobe).
Pour les climats chauds on peut également prendre l'exemple du Sénégal où l'habitat traditionnel utilise la brique de latérite, la paille et le bois de rônier (ou borassus). Dans ce pays il existe beaucoup d'habitats traditionnels assez différents les uns des autres. En voici quelques-uns bien qu'il en existe beaucoup d'autres [4]:
- La case diola
Ces cases ont un grenier permettant de stocker les céréales. Pour supporter les dommages apportés par la saison des pluies en Casamance, le toit est très pentu et les fondations sont surélevées.
- La case bambara
C'est l'habitation typique africaine, elle est circulaire, très petite et a un toit en chaume. Cette construction est très pratique en cas de grosse chaleur, car elle n'a pas de fenêtre.
- Les habitats de la vallée du fleuve Sénégal et de la zone rurale du Ferlo
Dans ces régions, à cause du climat désertique la population est nomade. Les habitations sont donc conçues pour être faciles à monter, mais sont éphémères.
Au niveau des climats froids, l'architecture la plus utilisée est l'igloo. Lorsque la température extérieure est de -45 °C, l'intérieur de l'igloo peut monter jusqu'à 16 °C.
En raison du réchauffement climatique et de l'élévation du niveau de la mer, de nombreux pays vont devoir faire face à de sérieux problèmes d'inondation. L'Homme ne cherche donc plus à se protéger des inondations comme ce fut toujours le cas jusqu'à aujourd'hui (digue…), mais à vivre avec. Pour cela de nouveaux concepts ont été développés, bien que pour l'instant ceux-ci ne soient principalement envisageables que dans des lieux où l'on peut prévenir les inondations (bords d'un fleuve…).
- La maison amphibie [5]
Cette maison est construite sur la terre ferme avec des matériaux traditionnels, mais elle repose sur un « bâti » flottant, ce même bâti peut coulisser sur des pilotis en acier pour qu'en cas d'inondation la maison puisse flotter. Un système de pilier permet d'empêcher la maison de dériver lorsqu'elle flotte. Lors d'une crue, le système se met en route.
La maison flottante, elle, est sur l'eau en permanence et il faut donc prévoir un moyen d'accès comme un ponton par exemple. Comme moyen de fixation, on coule 4 dalles de béton servant d'ancre, qui sont ensuite reliées par des câbles avec un système de ressort permettant d'absorber les changements de niveau d'eau qu'ils soient lents ou soudains. Ce concept ne peut fonctionner que si la hauteur de l'eau est supérieure à 3 mètres. La partie flottante peut être en béton, en matière plastique ou en acier. Il est important de tenir compte d'un principe de base important, généralement exprimé ainsi : « une maison flottante doit être lourde à la base et légère au sommet ». Une maison flottante placée sur une base en plastique léger a très peu de stabilité dans l'eau, alors qu'une maison construite sur un ponton d'acier est plus solide et a une meilleure répartition de son poids.
- La maison imperméable [8]
La maison imperméable est une maison étanche. On essaie donc d'isoler la maison des inondations. On peut placer un batardeau étanche dans les ouvertures ou bien protéger la maison avec des sacs de sable, méthode plus traditionnelle.
- La maison inondable [8]
Ce qui différencie la maison inondable de la maison traditionnelle est le fait que les pièces situées dans les parties inférieures sont prévues pour être inondées. Cette méthode est la seule possible en cas d'inondations importantes et avec du courant, car lorsque le niveau d'eau dépasse 1 mètre la pression est telle que le bâtiment pourrait être gravement endommagé. Il est donc important de laisser l'eau entrer pour que la pression soit la même sur les deux côtés.
- Les séismes
Enfin, les séismes, préoccupation de nombreuses régions du monde pour la conservation de leur habitat, est encore une autre contrainte qui modèle l'habitat humain. Bien que de nombreux habitats ne soient pas soumis à des normes anti-sismiques, de plus en plus de nations sujettes à ces risques commencent à les imposer lors de la construction de nouveaux habitats. Au Japon, les maisons sont traditionnellement construites en bois, les machiya, matériau beaucoup plus résistant aux secousses, car il a la capacité de se déformer un peu et d'absorber les chocs. Cependant les habitats en matériau dits "durs" respectent des normes précises. Un espace d'une vingtaine de centimètres est laissé entre chaque bâtiment pour lui donner la latitude d'osciller et de s'effondrer éventuellement, sans entraîner les bâtiments annexes. Une autre méthode consiste à suspendre les maisons dans l'air pendant les secousses grâce à un coussin d'air sous la maison. Toujours en Asie, la tour Taipei 101 à Taïwan, deuxième tour la plus haute du monde, construite de surcroît sur un terrain très sensible aux séismes, dispose d'un système de balancier sur son sommet pour contrebalancer les éventuelles secousses. Les techniques sont très diverses et tendent à se développer pour protéger une part croissante de la population.
Contraintes de société
Religieuses
L'architecture de l'habitat humain doit parfois se soumettre à des conditions venant de la religion des occupants. Ces spécificités ne sont pas nombreuses, mais elles permettent de mieux associer la vie quotidienne avec la vie religieuse.
Dans la religion islamique, le monde domestique et féminin a l'habitude d'être protégé de tout regard extérieur[9]. La maison se construit donc généralement de l'intérieur vers l'extérieur, et non l'inverse. Elle est considérée comme un espace très intime alors il est de coutume que l'entrée de la maison soit un couloir à angle droit (en forme de L) afin que les personnes à l'extérieur ne distinguent pas l'intérieur de la maison lorsque la porte est ouverte. Étant donné que la religion islamique est beaucoup tournée vers l'intimité et la famille, l'utilisation du patio dans les habitations est très habituelle, car il permet d'unir les membres de la famille tout en conservant une intimité. Il est rare également que les maisons voisines soient plus hautes les unes des autres, car il s'agirait alors d'un manque de respect envers les autres.
Familiales
D'autre part, une autre influence importante de la structure de l'habitat humain vient de l'organisation des rapports familiaux. Selon celle-ci, l'agencement des pièces de la maison et la distribution des bâtiments prennent une valeur symbolique correspondant au statut de ses habitants.
En Asie, de nombreuses architectures traditionnelles, organisent le plan des habitations, pour la plupart semi-collectives, car abritant toutes les générations sous le même toit, selon la structure de la société. Ainsi dans les fameuses maisons à cour carrée de Pékin (Siheyuan), selon son âge, son sexe, son appartenance à telle ou telle branche de la famille ou encore selon l'emploi que l'on occupe (domestique…), on ne fréquentera pas les mêmes pièces de la maison. L'habitat dans les différentes parties de la maison pouvant évoluer au cours de l'existence en fonction de son ascension sociale par exemple. Le quartier des femmes était plutôt relégué vers le fond, au nord de la demeure pour les tenir à l'écart de la vie publique. Les enfants étaient logés dans de petites ailes latérales, à l'ouest ou à l'est de la maison, les grands-parents possédaient le pavillon le mieux orienté par rapport au soleil après les salles de réception et le temple des ancêtres, placés en haut de la hiérarchie familiale et bénéficiant de ce fait de la meilleure exposition (plein sud).
On peut également noter que les Coréens ont repris et adapté sous le nom de Hanok cette forme d'architecture carrée, s'ouvrant sur des cours intérieures et qui permettent de tenir les femmes à l'écart de la vie publique. Ces dernières ont justement inventé une astuce pour échapper à cette réclusion forcée: l'acrobatie ou l'art d'utiliser les balançoires. Grâce à un jeu d'acrobatie élaborée et à l'utilisation de balançoires, les Coréennes arrivaient pendant de très courts laps de temps, à observer la vie publique, à l'extérieur.
Les Tulous du Fujian (Tulou du Fujian), autre habitat chinois caractéristique de type collectif, sont aussi axées sur l'organisation et la structuration des sociétés à l'intérieur même du bâtiment, pour faciliter la cohésion sociale. Ces maisons construites par le peuple Hakka, une minorité ethnique de la Chine, bien que descendante du peuple Han, ont été conçues, autant pour se défendre lors des nombreuses guerres civiles qui les opposaient aux Han, que pour renforcer le lien social à travers le développement des valeurs de communauté, d'entraide et de fraternité[10].
Culturelles
L'habitat humain est aussi modelé par des influences culturelles. Elles dépendent des traditions et des coutumes de chaque groupe d'individus qui décide de s'y soumettre ou non.
En Amérique du Sud, certaines tribus amazoniennes nomades construisent des habitations connues sous le nom de maloca[11]. Celle-ci repose sur le système de la communauté, toutes les générations d'une même famille partagent cette habitation. Leurs habitants se placent eux-mêmes sur la même échelle que la terre et les animaux. La maloca représente alors le centre du dialogue avec la nature et les êtres vivants de l'univers. Elle est considérée comme sacrée, car il s'agit pour eux du centre de l'univers. La maloca est principalement faite en bois et les 4 piliers qui la soutiennent définissent l'endroit où seront enterrés les morts de la famille. La porte principale est orientée du côté du lever du soleil afin celui-ci entre dans l'habitation pour donner les heures de la journée. Les matériaux naturels qui constituent la maloca permettent aux tribus de ne pas laisser la terre souillée lorsqu'ils décident de se déplacer vers un autre territoire[12].
D'abord en Asie et plus récemment dans le monde occidental, le Feng Shui organise les habitats et leur intérieur pour permettre au qi d'être en accord avec l'habitant et de créer un espace harmonieux.
Voir aussi
- Géographie humaine
- Marketing de masse
- Marchand de sommeil
Notes et références
- ↑ 20 maisons nippones un art d'habiter les petits espaces par Isabelle Berthet Bondet, édition Parenthèses 2010
- ↑ Maisons japonaises contemporaines par Naomi Pollock, édition Phaidon 2006
- ↑ http://www.6climats6habitats.com/soudan.htm
- ↑ http://www/senegalaisement.com/senegal/habitat_traditionnel.htm
- ↑ http://www.courrierinternational.com/article/2005/11/17/et-maintenant-des-logements-amphibies
- ↑ http://maisonflottante.fr/construction.html
- ↑ http://www.novethic.fr/novethic/planete/environnement/immobilier/aux_pays_bas_solution_maisons_flottantes_se_developpe/121235.jsp
- 1 2 http://www.epama.fr/files_fr/epama_actualite/epama3_actualite_une.php4?selection=20110520-170
- ↑ Voir sur
- ↑ L’Architecture des maisons chinoises de Shan Deqi, Original Books, 2010.
- ↑ Revue internationale des sciences sociales, article de Margarita Serje, 2003-2004, édition Ergé
- ↑
Liens externes
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