Girflet
Jaufré
Girflet | |
Personnage de fiction apparaissant dans la Légende arthurienne. | |
Alias | Jaufré |
---|---|
Origine | Dieu Gilfaethwy |
Sexe | Masculin |
Espèce | Humain |
Activité(s) | Chevalier de la Table Ronde |
Famille | Do, Lucan, Bedivere |
Entourage | Roi Arthur |
Ennemi(s) | Pellinore |
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Girflet ou Jaufré est un chevalier de la Table Ronde, dans la légende arthurienne. Il est le fils de Do et le cousin de Lucan et Bedivere. Peu décrit, il est présent dans un grand nombre de romans, comme chevalier proche d'Arthur et membre de son conseil. Survivant de la bataille de Camlann, c'est le dernier chevalier à voir Arthur vivant.
Étymologie et origine
Son nom est également orthographié Gifflès (Perceval ou le Conte du Graal), Girflez (Erec et Enide), ou Griflet (Le Morte d'Arthur). Son nom provient vraisemblablement de celui du « dieu » gallois Gilfaethwy, fils de Dôn. Dans l'un des récits des Mabinogion, Gilvaethwy recherche un troupeau de cochons avec son frère[1].
Description
C'est un écuyer de toujours du roi Arthur. Quand il est adoubé, il fait partie des premiers chevaliers de la Table Ronde. Son écu est blanc, orné d'une frette d'or[2]. Il est l'un des rares survivants de la bataille de Camlann (selon le Lancelot-Graal) et le dernier à avoir vu Arthur vivant, comme l'avait prédit Merlin à ce dernier dans le Post-Vulgate. Après la mort d'Arthur, c'est lui qui est chargé de redonner Excalibur à la Dame du Lac. En lançant l'épée dans le lac, Girflet aperçoit la main de la fée s'en emparer. Il meurt du combat qui l'oppose à Pellinore. Il est aussi le personnage principal du roman en occitan le Roman de Jaufré, rédigé à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle[1].
Girflez (Girflet) apparaît d'abord dans le Tristan de Béroul[1], où il intervient à quelques reprises. Il appartient au conseil réuni avant le jugement d'Yseut[3], qu'il défend face aux trois barons félons de Cornouailles[4]. Il prend ensuite part au tournoi de la Blanche Lande, avec Gauvain[5].
Chez Chrétien de Troyes
Chrétien de Troyes mentionne le personnage à plusieurs reprises. Dans Erec et Enide, Girflez est un chevalier de la Table Ronde, cité mais non décrit[6], qui appartient au conseil d'Arthur[7] et combat pendant le tournoi de Ténébroc[8]. Il est à nouveau cité dans le Perceval, sous le nom de Guiflez, parmi les chevaliers à qui Arthur confie la garde du prisonnier Clamadeu des Iles[9]. Il part juste après Gauvain, à l'appel de la pucelle du Château Orgueilleux[10]. Divers romans en langue vernaculaire suivent et le citent, notamment le Livre de Caradoc, Hunbaut et le Bel inconnu[1].
Lancelot en Prose
Le Lancelot en prose le précise davantage[11]. Il fait partie des prisonniers libérés par Lancelot près de la Douloureuse Garde, avec Gauvain[12]. Bohort conquiert son écu au Tertre Desvée et Girflet finit par être libéré par Lancelot, qui vainc Bohort et brise l'enchantement de ce dernier[2]. Girflet fait aussi partie des six chevaliers qui réconfortent Arthur après l'échec de la quête de Lancelot[13], et de la « garde rapprochée d'Arthur » avec Gauvain, Yvain, Keu et Sagremor[14]. Il noue une amitié particulièrement solide avec Gauvain[15].
Le Morte d'Arthur
C'est toutefois dans Le Morte d'Arthur que Girflet acquiert une véritable importance : il est le seul chevalier survivant de la bataille de Salesbières (Camlann), et porte Arthur blessé jusqu'à la Noire Chapelle, avec Lucan le bouteiller. Avant de partir sur l'île d'Avalon, le roi Arthur lui demande de jeter son épée Excalibur dans le lac de la dame du lac. Girflet tente en vain d'infléchir la décision d'Arthur, arguant de la perte que cela représente[16]. Trois fois, Girflet ment à Arthur en lui disant qu'il a jeté Exalibur dans le lac, mais ce dernier devine le mensonge dans la mesure où le chevalier est incapable de dire ce qu'il a vu à ce moment-là. Girflet finit par jeter réellement Excalibur : la main de la dame du lac sort des eaux pour la recueillir. Il voit Arthur partir pour Avalon, retrouve la tombe de son roi trois jours plus tard à la Noire Chapelle et devient ermite, mais il ne survit que dix-huit jours à Arthur[17].
Analyse
Girflet est perçu à tort comme un personnage mineur au sein de la littérature arthurienne : contrairement à Yvain, Lancelot ou encore Galaad, il n'a pas de roman à son nom dans la matière de Bretagne. Le seul manuscrit dédié à ce personnage est occitan. Pourtant, s'il apparaît de façon rapide et sans détails, il est aussi un personnage constant et un membre permanent du conseil royal d'Arthur, accompagnant Gauvain, Yvain et Keu. Il fait souvent partie des premiers appelés, ce qui témoigne d'une place de choix parmi les chevaliers d'Arthur[1].
Notes et références
- 1 2 3 4 5 Gîrbea 2005
- 1 2 1978-1983, p. tome V : 96 et 109
- ↑ Béroul et Walter 1989, p. v. 3257-3259
- ↑ Béroul et Walter 1989, p. v. 3457-3483
- ↑ Béroul et Walter 1989, p. v. 4010
- ↑ Chrétien de Troyes 1981, p. v. 1696-1698
- ↑ Chrétien de Troyes 1981, p. v. 311-318
- ↑ Chrétien de Troyes 1981, p. v. 2168-2175
- ↑ Chrétien de Troyes (trad. C. Mela), Le Conte du Graal, Paris, Le Livre de Poche, , v. 2824-2831
- ↑ Chrétien de Troyes 1990, p. v. 4648-4653
- ↑ 1978-1983, p. tome VIII p. 38 ; 62 ; 142
- ↑ 1978-1983, p. tome VII : 347
- ↑ 1978-1983, p. tome VIII : p. 134
- ↑ 1978-1983, p. tome VIII : p. 144
- ↑ 1978-1983, p. tome VIII : p. 343
- ↑ 1964, p. 248
- ↑ 1964, p. 252
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- Danielle Régnier-Bohler, « Le Roman de Jauffré », dans La Légende Arthurienne - le Graal et la Table Ronde, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 2-221-05259-5)
- Catalina Gîrbea, « De Girflet à Jaufré ou le possible apport provençal dans le devenir d'un personnage arthurien », Le colloque de l'entre-deux-langues, Université de la Réunion, Bucarest, (lire en ligne)
- Béroul et Philippe Walter, Tristan et Yseut : Les poèmes français, textes originaux et intégraux présentés, traduits et commentés par Philippe Walter, Paris, Le Livre de Poche, coll. « Lettres gothiques »,
- Chrétien de Troyes (trad. Mario Roques), Erec et Enide, Paris, Champion,
- Lancelot, roman en prose du XIIIe siècle (trad. Alexandre Micha), Paris et Genève, Droz, 1978-1983
- Mort Artu (trad. Jean Frappier), Paris-Genève, Droz,
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