Escalade
Escalade | |
Fédération internationale | UIAA (fondée en 1932) IFSC (fondée en 2007) |
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Pratiquants | 25 000 000 (2012)[1] |
Champion(ne)(s) du monde en titre | Résultats mondiaux en 2014 Résultats mondiaux en 2014 |
Escalade à Joshua Tree (Californie), États-Unis. |
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L'escalade, parfois appelée varappe[Note 1] ou grimpe, est une pratique et un sport consistant à se déplacer le long d'une paroi pour atteindre le haut d'un relief ou d'une structure artificielle, par un cheminement appelé voie et avec ou sans aide de matériel. Le terrain de jeu du grimpeur va des blocs de faible hauteur aux parois de plusieurs centaines de mètres en passant par les murs d'escalade. Physiquement, l'escalade est un sport complet sollicitant aussi bien les mains et les bras que les jambes et le tronc ainsi que des aptitudes mentales importantes.
Cette discipline se crée progressivement à la fin du XIXe siècle dans les courses des premiers alpinistes vers les grands sommets, avant de se démocratiser au siècle suivant, devenant populaire dès la fin des années 1970. Les premières compétitions officielles sont organisées en 1988 par l'Union internationale des associations d'alpinisme (UIAA). Chaque année est organisée une Coupe du monde de difficulté, de bloc et de vitesse, et tous les deux ans des championnats du monde, l'ensemble étant supervisé par la Fédération internationale d'escalade (IFSC).
L'escalade comporte des risques variables selon les différentes spécialités qui ont, chacune, mis au point un équipement apportant de la sécurité, sauf l'escalade en solo intégral où le grimpeur évolue sans système d'assurage, comme cela a été montré par Patrick Edlinger dans les films de Jean-Paul Janssen La Vie au bout des doigts et Opéra vertical ou encore par les ascensions de bâtiments réalisées par Alain Robert.
Histoire
Jusqu'en 1885 : les origines
À l'origine, l'escalade n'était pas pratiquée comme activité à part entière, mais consistait seulement en un moyen d'accéder à un endroit surélevé qui donnait un meilleur champ de vision ou une meilleure protection contre les dangers. Les hommes préhistoriques escaladaient notamment certaines parois rocheuses offrant des cavités en hauteur afin d'être protégés des animaux sauvages et autres prédateurs. Au fil des siècles, certains peuples se sont démarqués par leur aptitude à escalader des parois rocheuses, comme les Chinois dont il existe des aquarelles datant du IVe siècle av. J.-C. qui représentent des hommes escaladant des rochers[2]. Au XIIe siècle, les Amérindiens Anasazis sont devenus réputés pour leurs qualités de grimpeurs qui leur permettaient d'installer leur village sur les hauteurs des falaises. Leurs aptitudes étaient tellement grandes que lorsque les Navajos sont arrivés dans la même région, ils pensaient que les Anasazis avaient des pouvoirs magiques qui leur permettaient de grimper ainsi[3]. Le 28 juin 1492, Antoine de Ville réussit à atteindre le sommet du mont Aiguille dans le Vercors, réalisant ainsi la première ascension officiellement reconnue de l'histoire de l'alpinisme[4]. Dès lors, l'escalade se retrouve intégrée à la pratique de l'alpinisme et permet aux alpinistes de réaliser l'ascension de sommets toujours plus haut qui restaient inaccessible par la marche.
1886 - 1944 : les débuts européens
Grimpeurs célèbres |
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Walter Parry Haskett Smith (1859-1946) |
Paul Preuss (1890-1913) |
Hans Dülfer (1892-1915) |
Pierre Allain (1904-2000) |
Riccardo Cassin (1909-2009) |
À la fin du XIXe siècle, l'alpinisme se développe et de nombreux clubs alpins se créent notamment en Allemagne, en France, en Italie, en Angleterre et aux États-Unis[5],[6],[7],[8],[9]. Les alpinistes commencent à s'intéresser à la pratique seule de l'escalade en la séparant de l'ascension complète d'une montagne ; en 1886, Walter Parry Haskett Smith réalise l'ascension de Napes Needle, un piton rocheux de 20 mètres situé à flanc de montagne dans le Lake District en Angleterre. Cette ascension est reconnue comme étant le début de l'escalade comme activité à part entière, car, pour une fois, le but de l'ascension n'était pas d'atteindre un sommet mais juste de réussir à grimper ce morceau de roche[10]. Avec l'augmentation de la difficulté des voies d'alpinisme, de nombreux alpinistes commencent à pratiquer l'escalade, notamment comme un moyen d'entraînement[A 1]. Ils vont alors grimper sur les parois du Salève en Haute-Savoie, les blocs de Fontainebleau et les falaises de Lake District et de Dresde en Allemagne orientale lors de sorties organisées par les premiers clubs alpins fraîchement créés[5],[11].
Les années suivantes, le niveau des grimpeurs progresse vite malgré le matériel encore très basique et les premières voies dans le 5e degré de cotation sont rapidement ouvertes. En 1903, Siegfried Herford réalise l'ascension de Botterill’s Slab (5) au Scafell en Angleterre et Olivier Perry-Smith celle de Lokomotive Esse (4+/5) à Dresde en Allemagne. Ces deux voies atteignent alors la limite du système de cotation utilisé à l'époque et qui avait été créé par Hans Dülfer. Deux ans plus tard Perry-Smith ouvre un nouveau niveau de difficulté avec les réalisations de Teufelsturm et de Spannagelturm Perrykante. Ces voies seront classées par la suite dans le 6e degré, lors de la mise en place du système de cotation proposé par Willo Welzenbach en 1925[A 2].
À cette époque, ce niveau est considéré comme la limite des possibilités humaines dans le domaine de l'escalade[12]. Pendant des années l'escalade est pratiquée de manières très différentes selon les pays, les clubs alpins se réunissent alors à Chamonix en 1932 et fondent l'Union internationale des associations d'alpinisme (UIAA) afin de coordonner les actions des différents clubs et de gérer les problèmes inhérents au milieu de l'escalade[13]. Durant la première moitié du XXe siècle, l'escalade progresse au rythme de l'évolution du matériel et des performances des grimpeurs, et des voies d'escalade de difficultés croissantes sont ouvertes au fil des années.
1945 - 1978 : l'engouement américain
Grimpeurs célèbres |
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Royal Robbins (1935-) |
Claudio Barbier (1938-1977) |
Kurt Albert (1954-2010) |
Ron Kauk (1957-) |
En 1945, avec la fin de la guerre, la Fédération française de la montagne (FFM) est créée à la demande du Haut commissariat aux sports afin de développer les sports de montagne comme l'alpinisme et l'escalade[14]. Les années suivantes, l'escalade connaît un fort engouement, notamment aux États-Unis[15], et de nombreuses salles d'escalade sont ouvertes. De plus, l'apparition de nouveau matériel, comme les pitons à expansion, permet de pratiquer l'escalade dans des endroits inaccessibles jusqu'ici. La première voie américaine dans le 6e degré est ouverte en 1957 par Royal Robbins, Mike Sherrick et Jerry Gallwas, en réussissant l'ascension de la face nord-ouest du Half Dome dans le Parc national de Yosemite[A 3]. Cette réalisation est la première d'une longue série de réussites américaines au parc du Yosemite, mais aussi en Europe. En 1962, Gary Hemming, Royal Robbins et trois de leurs compatriotes ouvrent La directe américaine aux drus, puis en 1965, La directissime toujours aux Drus. Ils ouvrent aussi de nombreux itinéraires sur El Capitan comme Salathe Wall, (1961) North American Wall (1964) ou encore Mescalito (1974), qui sont encore aujourd'hui des références de l'escalade artificielle[A 3]. Parallèlement, l'escalade libre se développe peu à peu, en suivant le concept éthique consistant à ne pas endommager la voie avec trop de matériel et à réussir les ascensions sans aide.
Fort de leurs expériences sur les parois du Yosemite, les Américains font progresser l'escalade rapidement et de nouveaux degrés de cotation sont ouverts. En 1970, Ron Kauk réalise l'ascension d'Astroman (7a/5.11c), la première voie dans le 7e degré[12], puis en 1972, John Bragg réussit le dévers de Kansas City le premier 7b et finalement en 1974, Steve Wunsch qui réussit Supercrack, le premier 7c[16]. Depuis la création de la FFM, la France est restée en retrait et n'a pas connu la même progression car l'escalade est restée peu médiatisée comparée à l'alpinisme[17]. Mais, elle rattrape rapidement son retard avec notamment Jean-Claude Droyer, qui ouvre les premiers 6b en 1976 puis les premiers 6c et 7a en 1977[A 3], et surtout Patrick Berhault et Patrick Edlinger qui, dès la fin des années 1970, réalisent un grand nombre de premières au Verdon et à Buoux, ainsi que plusieurs ascensions en solo intégral.
Si pendant cette période, le développement de l'escalade a lieu essentiellement dans les pays occidentaux, le bloc de l'Est innove en organisant dès 1947 les premières compétitions d'escalade. À partir de cette date, l'URSS organise des compétitions qui sont la combinaison d'une épreuve de « tracé d'itinéraire », semblable à la difficulté, et d'une épreuve de vitesse où les grimpeurs étaient assurés en moulinette par un câble d'acier[18]. Ces compétitions sont principalement réservées aux athlètes russes jusque dans les années 1980[19].
1979 - 1991 : la démocratisation de l'escalade
Grimpeurs célèbres |
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Patrick Berhault (1957-2004) |
Patrick Edlinger (1960-2012) |
Wolfgang Güllich (1960-1992) |
Catherine Destivelle (1960-) |
Ben Moon (1966-) |
En 1979, Toni Yaniro, un jeune grimpeur de 18 ans, ouvre le 8e degré en réalisant Grand Illusion (8a/5.13b)[12]. Cependant, cette ascension reste mal vue du milieu de la grimpe à cause de la méthode employée alors par Toni : à chaque essai il laisse la corde mousquetonnée réalisant ainsi de nombreux essais en moulinette. Cette pratique, qui est courante de nos jours, n'est pourtant pas souvent utilisée à cette époque, car les grimpeurs ne jurent que par une approche très éthique de l'escalade[20]. Trois ans plus tard, en 1982, le reportage de Jean-Paul Janssen, La vie au bout des doigts, est diffusé dans l'émission « Les carnets de l'aventure » sur Antenne 2 (devenue France 2). Le documentaire qui traite de la passion de Patrick Edlinger pour l'escalade et le solo intégral remporte un grand succès tant en France que dans le reste du monde, allant jusqu'à être nominé aux Oscars, et fait connaître ce sport au grand public[A 4]. C'est à cette époque que l'escalade devient une discipline sportive à part entière et que sont organisées ses premières compétitions internationales[21].
Au milieu des années 1980, Andrea Mellano, un membre du groupe académique du Club alpin italien, et Emanuele Cassarà, un journaliste sportif italien préparent la première compétition moderne d'escalade et convainquent les meilleurs grimpeurs mondiaux d'y participer [19]. Au même moment en France, le manifeste des 19 est signé par plusieurs grimpeurs de haut niveau afin de s'opposer à l'esprit de compétitivité dans ce sport. Malgré cela, la rencontre italienne, une épreuve de difficulté, a lieu le 7 juillet 1985 sur les falaises de Bardonecchia en Italie devant 6 000 spectateurs ; les vainqueurs sont Catherine Destivelle chez les femmes et Stefan Glowacz chez les hommes[22]. L'année suivante, le succès est encore plus grand et la finale, remportée par les Français Patrick Edlinger et Catherine Destivelle, est suivie par plusieurs télévisions européennes et plus de 10 000 spectateurs. La même année, la France organise la première compétition en intérieur à Vaulx-en-Velin dans la banlieue lyonnaise[19]. En 1988, l'UIAA reconnaît officiellement le circuit des World Series puis, en 1989, la Coupe du monde d'escalade de difficulté et de vitesse[19].
Forte d'une reconnaissance mondiale, l'escalade se développe de plus en plus, appuyée par l'apparition des spits et plaquettes qui permettent d'augmenter la sécurité lors des ascensions laissant le grimpeur se concentrer davantage sur la technicité et la difficulté des voies. De plus, de nombreuses salles d'escalade sont construites dans les villes et des techniques d'entraînement scientifiques sont mises au point par Edlinger et Alain Ferrand[A 4]. Cependant, le monde de l'escalade reste majoritairement dominé par les hommes, hormis quelques rares exceptions comme Catherine Destivelle qui réalise le premier 8a féminin en 1986[23].
Durant les années 1980, la cotation explose rapidement, notamment avec Wolfgang Güllich, un jeune grimpeur allemand. Ayant réussi en 1982 la première répétition de Grand Illusion, la voie cotée 8a ouverte par Yaniro, Wolfgang pousse encore le niveau en 1984 et réalise la première ascension de Kanal Im Rücken à Altmühtal qui devient le premier 8b au monde[A 4]. En 1985, il réussit le premier 8b+, Punks in The Gym[24], puis en 1987 le premier 8c avec Wallstreet[A 4]. Mais c'est l'Anglais Ben Moon qui réalise la première voie cotée 8c+ en 1990 avec l'ascension de Hubble à Raven Tor au Royaume-Uni. Finalement en 1991, après un long entraînement spécifique, Wolfgang Güllich fait l'ascension d'Action directe et évalue sa cotation à 8c+/9a. Cependant de nombreux répétiteurs finiront par lui attribuer une cotation de 9a, en faisant ainsi la première voie dans le 9e degré[12], qui est actuellement le plus haut degré de difficulté en escalade.
En haute montagne aussi, le niveau technique d'escalade rocheuse augmente rapidement au cours des années 1980. Sous l'impulsion notamment de Michel Piola, de nombreuses voies d'escalade sont ouvertes dans le massif du Mont-Blanc. La beauté et la difficulté de l'escalade sont alors préférés à l'atteinte des sommets[25].
1992 - 2000 : l'escalade au féminin et le bloc
Grimpeurs célèbres |
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Lynn Hill (1961-) |
Isabelle Patissier (1967-) |
Robyn Erbesfield-Raboutou (1967-) |
François Legrand (1970-) |
Fred Nicole (1970-) |
Durant les années 1990, l'augmentation rapide de la cotation se calme, et le monde de l'escalade voit surtout de nombreux grimpeurs répéter les différentes voies ouvertes les années précédentes. La seule exception étant Akira, une voie particulièrement difficile réalisée par Fred Rouhling en 1995 et qu'il évalue à 9b. Cependant cette ascension a toujours été remise en question par le milieu de l'escalade, principalement à cause du manque de preuve et cela même si personne n'a été en mesure de la répéter[26].
Parallèlement à cette augmentation du niveau global des grimpeurs et à l'ouverture de quantité de nouvelles voies d'escalade de toutes difficultés, une nouvelle discipline commence à se développer : le bloc[A 5]. Proposant une escalade plus courte mais plus technique et difficile, le bloc permet de travailler certains enchaînements de mouvements sans la contrainte du matériel ni l'obligation d'escalader plusieurs mètres de parois avant d'arriver au passage difficile de la voie. Certains grimpeurs comme Fred Nicole y consacrent d'ailleurs une grande partie de leur temps, et le niveau ne tarde pas à augmenter avec le développement de la discipline. Les sites de Fontainebleau, Hueco Tanks ou encore Cresciano, deviennent rapidement les endroits incontournables de cette pratique et voient un grand nombre d'ouvertures de blocs cotés entre 7B et 8A[Note 2]. Mais c'est surtout vers le petit site d'escalade situé à Branson en Suisse que le monde se tourne. Une première fois en 1992, lorsque Fred Nicole réalise La danse des Balrogs, le premier bloc coté 8B au monde, puis une seconde fois en 1996, où il réussit Radja, le premier 8B+[A 5]. La reconnaissance du bloc comme discipline d'escalade se traduit par son introduction en compétition, d'abord en 1998 comme test, puis de manière officielle l'année suivante[19].
Les années 1990 sont aussi marquées par l'arrivée de femmes dans le haut niveau de l'escalade. La Française Isabelle Patissier fait de nombreuses ascensions à haut niveau, notamment dans les gorges du Verdon et domine les compétitions avec l'Américaine Robyn Erbesfield[A 4],[27],[28],[29],[30]. Mais c'est surtout Lynn Hill qui marquera l'escalade en 1993, en réussissant la première ascension en escalade libre de The Nose sur la paroi de El Capitan au Yosemite[A 5]. Cette voie de 1 000 mètres répartie en 34 longueurs, n'avait alors jamais été réalisée dans ce type d'escalade, démontrant ainsi le potentiel féminin dans l'escalade. Cet exploit est suivi cinq ans plus tard par la première ascension féminine d'une voie cotée 8c, Onky Tonky, réalisée par Josune Bereziartu.
En novembre 2000, la difficulté en bloc augmente une nouvelle fois avec l'ascension par Fred Nicole de Dreamtime à Cresciano en Suisse[31]. Il évalue la cotation de ce bloc à 8C, ce qui déclenche rapidement une polémique, notamment sur le nombre de mouvements que requiert ce bloc[A 6].
2001 - 2015 : la nouvelle génération
Grimpeurs célèbres |
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Chris Sharma (1981-) |
Ramón Julián Puigblanque (1981-) |
Dave Graham (1981-) |
Nalle Hukkataival (1986-) |
Anna Stöhr (1988-) |
Adam Ondra (1993-) |
En 2001, c'est un jeune grimpeur américain qui fait parler de lui en élevant à nouveau le niveau de difficulté. Alors âgé de seulement 20 ans, Chris Sharma réussi la première ascension de Biographie[32], une voie cotée 9a+ qui avait été équipée en 1989 par Jean-Christophe Lafaille sur les falaises de Céüse en France. Les années suivantes seront notamment marquées par les nombreuses premières ascensions et répétitions à très haut niveau par une génération de jeunes grimpeurs ayant commencé l'escalade dès leur plus jeune âge. Certains se démarquant plus en bloc comme Paul Robinson ou Daniel Woods, d'autres en voies comme Chris Sharma et notamment Adam Ondra, qui est le plus jeune grimpeur au monde à avoir atteint le neuvième degré à l'âge de 13 ans[33]. À partir de 2008, de nouveaux niveaux de cotations sont atteints, notamment avec Chris Sharma et Adam Ondra qui ouvrent plusieurs voies cotées 9b (Golpe de Estado, Fight or Flight) puis 9b+ (Change, La Dura Dura, Vasil Vasil).
Les années 2000 et 2010 sont aussi marquées par nombre de discussions et polémiques sur les cotations de voies et surtout de bloc au plus haut niveau. D'une part, parce que la cotation a augmenté très rapidement durant les vingt dernières années, et d'autre part parce que beaucoup de cotations sont revues à la baisse. Quelques grimpeurs comme Dave Graham, Nalle Hukkataival et Daniel Woods prennent même activement part aux discussions, tentant de redéfinir clairement les limites du très haut niveau[34],[35],[36],[37].
Les femmes réalisent aussi des ascensions à très haut niveau, et après Josiane Bereziartu, qui est longtemps restée la seule femme à réussir l'ascension d'une voie dans le neuvième degré, Sasha DiGiulian, Charlotte Durif et Muriel Sarkany atteignent aussi ce niveau[38],[39]. En bloc, c'est la jeune grimpeuse Ashima Shiraishi qui, à l'âge de 11 ans, fait surtout parler d'elle en réussissant à faire l'ascension de Crown of Aragorn, un bloc coté 8B/V13, difficulté alors atteinte par seulement quelques femmes[40] ; en 2015, elle est la première femme à réussir une voie 9a+[41].
En 2007, la Fédération internationale d'escalade est fondée afin de développer les compétitions au niveau mondial. L'année suivante, elle est reconnue par le CIO pour une durée probatoire de deux ans, puis de manière définitive en 2010[42]. Le 4 juillet 2011, l'escalade est retenue avec 7 autres sports, sur la liste des sports qui pourraient intégrer les Jeux Olympiques 2020[43]. Cependant, lors d'une réunion du CIO à Saint-Pétersbourg en mai 2013, l'escalade n'est pas choisie pour faire partie des trois derniers sports potentiels pour les olympiades de 2020[44],[45].
Types d'escalade
Il existe deux différents types d'escalade, classés selon les méthodes utilisées pour atteindre le sommet d'une voie :
- l'escalade libre regroupe toutes les différentes pratiques de l'escalade où le grimpeur se sert uniquement de ses capacités physiques et des prises offertes par le rocher pour réaliser ses ascensions[46]. À l'exception des chaussons d'escalade, le matériel utilisé ne sert que pour l'assurage en cas de chute, contrairement à l'escalade artificielle où du matériel peut pallier le manque de prises ;
- en escalade artificielle, la corde et autres équipements sont également utilisés pour la progression du grimpeur. Celui-ci peut alors se hisser en tractant sur les ancrages mis en place (pitons, spits, coinceurs, crochets, etc.) et en se dressant sur des étriers qu'il accroche à ces ancrages[A 7]. Le recours à un trop grand nombre de spits est mal vu des « puristes » de l'escalade artificielle car il les prive du plaisir de chercher les « faiblesses du rocher » où ils vont pouvoir placer leurs ancrages et de choisir ceux les plus adaptés à la situation. Il arrive que d'anciennes voies d'escalade artificielle soient gravies en escalade libre (on parle alors de « libérer » une voie), c'est notamment le cas de The Nose dans le parc national de Yosemite[47].
On distingue de nombreux types de pratique de l'escalade, distinguées selon la nature du terrain, la méthode d'ascension et le niveau d'équipement des sites d'escalade. L'équipement en place (les protections) dans les voies d'escalade est variable en fonction de la nature de celles-ci, du type de roche, de règles propres à un secteur géographique suivies par les grimpeurs locaux, ou de la personne ayant mis en place les équipements de la voie.
Escalade sportive
L'escalade sportive se pratique sur des voies entièrement équipées, où des points d'ancrage (spits ou broches scellées) ont été mis en place au préalable, compte tenu du cheminement envisagé de la voie, afin de permettre au grimpeur de se protéger en mousquetonnant sa corde. Apparue dans les années 1980, l'escalade sportive est un des types d'escalade les plus modernes, et c'est aussi la plus sécuritaire[A 8].
L'escalade sportive est notamment pratiquée lors des compétitions d'escalade de difficulté.
Escalade traditionnelle
L'escalade dite « traditionnelle » (également dénommée « trad ») se pratique sur des voies peu ou pas équipées : elle associe l'escalade libre et l'usage exclusif de points d'assurage amovibles. Ces protections posées ne devant pas laisser de trace sur la paroi ni endommager le rocher (escalade propre), au contraire des trous forés pour insérer des pitons à expansion ou même des simples pitons[48]. Le grimpeur pratiquant ce type d'escalade doit juger de la qualité de l'équipement qu'il rencontre et placer lui-même des protections supplémentaires[A 9] : des coinceurs dans les fissures et les trous ; des sangles autour de becquets, lunules et arbres. La pose de protection n'est possible que si le rocher le permet, cette escalade se pratique donc typiquement sur des voies à fissures.
En France, l'escalade « traditionnelle » est globalement cantonnée aux voies en montagne ou aux sites classés par la Fédération française de la montagne et de l'escalade (FFME) comme terrains d'aventure. Dans d'autres pays, notamment la République tchèque, le Royaume-Uni et les États-Unis, cette pratique est majoritaire y compris sur des falaises de faible hauteur[49].
Bloc
Le bloc se pratique sans baudrier ni corde sur des blocs ou murs rocheux de faible hauteur : il nécessite donc peu voire pas de matériel[A 10]. Pour limiter les risques de blessure lors d'une chute au sol, un ou plusieurs crash pads (tapis de protection) sont posés au sol pour amortir les réceptions ; de plus, il est utile qu'un partenaire effectue une « parade » afin de guider et amortir la chute du grimpeur[A 11].
Pratiqué dès la fin du XIXe siècle sur les rochers de la forêt de Fontainebleau par les alpinistes qui y voyaient un simple support d'entraînement, le bloc est aujourd'hui une discipline à part entière[A 10] et l'objet de compétitions sportives. Au-delà de l'aspect ludique lié à des contraintes moins nombreuses, le bloc est aussi la recherche d'un absolu : le mouvement le plus esthétique permettant de résoudre un « problème » difficile. Certains passages de blocs peuvent en effet ne comporter que trois ou quatre mouvements, voire un seul, à l'exemple du jeté spectaculaire de Rainbow Rocket (8A) à Fontainebleau[50].
Escalade en solo
L'escalade en solo ou « solo » se pratique de manière autonome, sans la présence d'un second grimpeur assurant le premier : le grimpeur évoluant seul peut donc soit s'assurer lui-même, soit progresser sans protection, on parle alors d'escalade en solo intégral.
Escalade en solo avec auto-assurage
L'escalade en solo avec auto-assurage se pratique de manière autonome, mais en utilisant des systèmes d'assurage. Ce type d'escalade peut être pratiqué dans le cadre de l'escalade libre ou de l'escalade artificielle. Elle fait appel à des techniques complexes d'assurage en tête ou bien sur corde tendue depuis le haut de la voie : leur mise en œuvre peut être facilitée par l'utilisation de matériels spécifiques, comme des dispositif mécaniques de blocage ou anti-chute, des absorbeurs de chocs, des cordes statiques[51].
Escalade en solo intégral
L'escalade en solo intégral se pratique seul et sans aucun système d'assurage. Certains grimpeurs sont particulièrement célèbres pour avoir réalisé de nombreuses ascensions en solo intégral. Parmi eux, Patrick Edlinger, qui fait de nombreuses ascensions dans les gorges du Verdon, devenu célèbre grâce aux films de Jean-Paul Janssen La Vie au bout des doigts et Opéra vertical, mais aussi Alex Honnold qui a réussi plusieurs records en solo, comme l'enchaînement en 18 heures du Triple Crown en 2012, c'est-à-dire la trilogie de El Capitan, du Half Dome et du mont Watkins dans le parc national de Yosemite[52].
Depuis le milieu des années 1990, le grimpeur français Alain Robert fait aussi régulièrement parler de lui dans les médias en faisant l'ascension de bâtiments publics de gratte-ciel comme la Burj Khalifa ou la Tour First[53],[54]. Ces réalisations sont faites la plupart du temps sans autorisation ce qui lui a valu nombre d'arrestations par les forces de l'ordre[55].
Psicobloc
Le solo intégral est également pratiqué au-dessus de l'eau, on parle alors de psicobloc[A 12] ou de deep-water soloing (« solo d'eau profonde » en anglais). Cette pratique permet de faire du solo intégral sans risquer de se tuer lors d'une chute, mais n'enlève pas complètement la possibilité de se blesser car l'impact sur l'eau peut être la source de contusion ou traumatisme. Apparu à la fin des années 1970, le psicobloc est particulièrement pratiqué sur les falaises de l'île de Majorque, dans les calanques de Marseille ou plus récemment en Thaïlande mais est resté peu connu du grand public[56].
Cette pratique a notamment été médiatisée par Edlinger dans La Vie au bout des doigts (1982), le court-métrage Psicobloc (2002), le premier topo consacré au psicobloc à Majorque (2006), Sharma réalisant l'arche Es Pontas (2007, 9b)[57] ou l'organisation des compétitions Psicobloc Masters depuis 2013[58],[56].
Pratiques connexes
Le terrain essentiel de pratique de l'escalade est le rocher, mais il existe d'autres terrains de pratiques :
- la via ferrata se pratique sur des falaises équipées avec des échelles, câbles, etc., et un équipement adapté pour l'absorption des chocs ;
- la grimpe d'arbres, ou escalad'arbres, se pratique sur les arbres ;
- la grimpe urbaine est l'escalade de façades de bâtiments ou monuments urbains le plus souvent en solo intégral ;
- la cascade de glace : escalade sur des structures naturelles ou artificielles d'eau glacée ;
- le dry-tooling se pratique sur rocher avec du matériel de cascade de glace (piolets et crampons), souvent pour rejoindre une zone de glace ou sur un rocher ne se prêtant pas à l'escalade libre ;
- l'escalade mixte combine neige, glace et rocher, mais il s'agit alors d'alpinisme. Mixte peut aussi désigner l'alternance de passage en libre et en artificiel ;
- le parkour est une pratique extrême et spectaculaire qui requiert souvent d'avoir des capacités de grimpeur. Cependant, cette activité ne consiste pas à escalader un bâtiment ou autre mobilier urbain, mais plutôt à se déplacer de manière acrobatique dans un milieu urbain. Il ne faut pas confondre le parkour avec la grimpe urbaine qui consiste uniquement à gravir un monument.
- le canyoning consiste à progresser dans le lit de cours d'eau.
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Escalade en via ferrata.
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L'escalad'arbre dans un parc en hauteur.
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Un grimpeur urbain à Cologne.
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Escalade glaciaire sur une cascade.
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Dry-tooling sur une paroi rocheuse.
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L'escalade mixte mélange de glace et de roche.
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Saut d'un muret en parkour.
Sites d'escalade
Sites naturels d'escalade
Type de terrain
Les sites naturels d'escalade (SNE) comprennent l'ensemble des reliefs rocheux propices à la pratique de l'escalade. Les pratiquants distinguent ces sites selon les types géologiques de roche, le profil des parois, la longueur des voies et l'équipement permanent éventuellement en place. Les reliefs de haute montagne sont généralement considérés comme des lieux de pratique de l'alpinisme plus que de l'escalade, en raison de techniques et risques spécifiques (approche, conditions, neige, etc.)
Le type géologique se définit principalement par la nature des roches : le calcaire (site des gorges du Verdon, Calanques, Dolomites), le grès (Fontainebleau, Buoux), les poudingues et conglomérats, le granite (massif du Mont-Blanc), roches volcaniques (Massif central, Allemagne, Islande), gneiss (Mercantour, Caroux), etc. La nature des roches, leurs déformations tectoniques (strates, cassures) et les effets de l'érosion (polissage, délitement, trous) induisent d'importantes différences pour l'équipement et les mouvements d'escalade : type de prises, adhérence, facilité de protection, risques d'effritement ou chute de pierre[59], etc.
Les pratiquants distinguent aussi les sites selon le profil géométrique des parois qui induit des styles ou mouvements d'escalade spécifiques : dalle, paroi verticale, dévers. Ils distinguent aussi les faces (lisses) et les « faiblesses » d'une paroi : fissure, écaille, arête, dièdre, cheminée, etc. Les sites sont également distingués selon leur hauteur : le bloc (typiquement moins de cinq mètres), la couenne (typiquement moins de quarante mètres), le site de grandes voies (nécessitant plusieurs relais d'assurage), le big wall (nécessitant plusieurs jours d'ascension).
Sites sportifs
Les sites sportifs sont des sites d'escalade où les points d'ancrage permettent d'assurer le grimpeur durant la totalité de son ascension[60]. Les points sont généralement constitués de pitons à expansion ou de spits et le relais doit comporter au moins deux points d'ancrages reliés ou pouvant l'être[61]. Selon les pays, la disposition et le matériel d'ancrage peuvent être soumis à des normes réglementaires[61].
Terrain d'aventure
À l'opposé des sites sportifs, le terrain d'aventure est un site où tout ou partie des équipements servant à l'assurage sont absents ou ne répondent pas aux normes[60]. Le grimpeur doit alors poser lui-même ses protections afin d'assurer sa sécurité. C'est le genre de site où l'escalade traditionnelle peut être pratiquée.
Structures artificielles d'escalade
L'escalade se pratique aussi bien en extérieur qu'en intérieur. Les structures artificielles d'escalade (SAE)[62] permettent de pratiquer ce sport tout au long de l'année pour l'entraînement hors saison, quelles que soient les conditions météorologiques, mais offrent aussi un lieu de pratique dans les régions peu fournies en falaises naturelles. Les clubs ont souvent pour objectif de faire pratiquer le public des SAE également sur falaise afin de lui faire découvrir toutes les facettes de l'escalade.
Mur d'escalade
Un mur d'escalade est une paroi artificielle sur laquelle de nombreuses prises synthétiques sont fixées afin de pouvoir escalader. La plupart du temps, les murs d'escalade sont fabriqués avec des panneaux plats recouverts d'un matériau antidérapant, mais dans certains cas ils présentent un certain relief afin de ressembler aux parois naturelles[A 13]. Le système de cotation est en général le même que sur les sites naturels d'escalade (SNE) et la possibilité de modifier facilement le type et la position des prises permet une grande variété dans la difficulté. Les ouvreurs (ceux qui créent les voies) renseignent en général au pied des voies des fiches descriptives ou des tableaux récapitulatifs de leur niveau.
Malgré cela, il est difficile de comparer le niveau d'une voie naturelle et d'une voie artificielle, car la difficulté des murs d'escalade s'évalue par la complexité des mouvements créés et l'aspect physique et technique, et non en fonction de l'engagement (prise de risque plus faible en salle) ou de la hauteur de la voie qui dépasse rarement 15 mètres. De plus, les voies artificielles peuvent être modifiées ou même retirées complètement du mur, contrairement aux voies naturelles, qui, bien que soumises à l'érosion, restent à demeure sur le rocher.
Les murs ou SAE sont conçus généralement en intérieur pour la pratique de l'escalade en salle mais il existe des structures artificielles extérieures (en bois, plastique, béton, ciment, acier, etc.) construites dans cette optique ou détournées de leur usage premier au profit de l'escalade (château d'eau, viaduc, etc.)[63],[64].
Depuis plusieurs années, la Fédération française de la montagne et de l'escalade (FFME) aide les collectivités à développer cette pratique par le biais du Plan national de développement des SAE[65]. Le résultat attendu étant de faire progresser le nombre de licenciés et de mieux doter les clubs en équipements de qualité.
Salle de bloc
La salle de bloc est un espace réservé à la pratique du bloc, contrairement au « pan » qui est généralement couplé à une SAE. L'escalade y est pratiquée sans corde et à des hauteurs limitées, et la chute des grimpeurs est amortie par des tapis en mousse[B 1] ou plus récemment par un bac rempli de cubes en mousse[66],[67].
Grâce à sa configuration qui peut être réduite à quelques mètres carrés, une salle de bloc ou un « pan » peut ainsi être construit chez soi pour l'entraînement.
Aspects techniques
Mouvements
L'escalade est un jeu de (dé)placements et d'équilibre. Le grimpeur doit apprendre à progresser et gérer son centre de gravité dans un univers vertical, et acquérir ainsi un vocabulaire gestuel. Les pieds servent à la progression et à l'équilibre par appui sur des prises, ou par traction (crochetage). La solution la plus facile afin de garder son équilibre est la règle des « trois points », qui est par ailleurs recommandée pour les débutants en escalade. Ce principe d'escalade consiste à garder en permanence au moins trois points d'appui lors de la progression, c'est-à-dire les deux pieds et une main ou les deux mains et un pied[A 14]. Pour maintenir son centre de gravité de manière à faciliter la progression, le grimpeur doit se situer dans l'axe des appuis et proche du rocher. Sur la photo ci-contre, l'homme est en train de faire une partie de bloc, c'est-à-dire qu'il enchaîne une suite de mouvements parfois très compliqués, mais sur une courte distance.
Lorsque l'on débute en escalade, il est important d'apprendre à limiter l'effort fourni par les mains et les bras, les muscles des membres inférieurs étant nettement plus puissants et endurants que ceux des bras ; le rôle des pieds et des jambes est donc important afin de supporter une grande partie du poids du grimpeur[A 14]. Pour progresser ou effectuer des rétablissements, le grimpeur doit parfois crocheter (se servir de) son talon pour s'équilibrer et réduire l'effort sur ses bras, ce qui lui permet de s'économiser et lui donne ainsi plus de chances de réussir sa voie ou son bloc. Les prises de mains peuvent cependant être utilisées dans de nombreuses directions et être tenues par seulement quelques doigts voire une seule phalange.
Certains mouvements spécifiques servent à la progression dans les cheminées, les toits, les fissures ou les dièdres. De plus, si la plupart des mouvements s'effectuent en statique, où au moins une prise est toujours maintenue durant la progression, les mouvements dynamiques, comme les jetés, ne sont pas exclus, obligeant le grimpeur à lâcher toutes les prises et points d'appuis afin de réussir son mouvement[A 14].
Techniques de progression
Il existe plusieurs techniques différentes pour la progression en escalade, en fonction du type d'ascension et des connaissances et capacités du grimpeur et de l'assureur. Elles font appel aux techniques d'assurage utilisées en terrain vertical.
En moulinette
L'escalade dite « en moulinette » se pratique en passant la corde par le relais en haut de la voie. Le grimpeur est constamment assuré par le haut et n'a généralement pas à utiliser de dégaines lors de sa progression, tandis que l'assureur se trouve au pied de la voie[68],[B 2]. Cette technique peut être une façon de débuter l'escalade en limitant la crainte de la chute et les connaissances techniques de l'escalade en tête, mais cela induit l'apparition de mauvais réflexes. En effet, dès l'apparition d'une difficulté, le grimpeur « en moulinette » a tendance à demander que la corde soit plus tendue pour l'aider ou à s'asseoir dans son baudrier, sortant ainsi de son escalade. Une fois ce réflexe installé, il est alors très difficile de s'en débarrasser, et le passage à l'escalade en tête s'en trouve alors compliqué. Il est donc préférable que l'assureur ne tende pas trop la corde pour que le grimpeur ne se sente pas « tiré ».
Ce type d'escalade est souvent pratiqué dans les SAE afin de limiter le matériel nécessaire et de minimiser les risques, il peut aussi être utilisé afin de travailler une voie ou un passage à la limite de son niveau[68].
En tête
Lors de l'escalade en tête, le premier grimpeur escalade la paroi. À chaque point, il accroche une dégaine (deux mousquetons reliés par une sangle) et y fait passer sa corde (on appelle cette manipulation le mousquetonnage). Le premier de cordée procède ainsi jusqu'à arriver au relais. S'il chute, il tombera d'une hauteur au moins égale à deux fois la distance du dernier point mousquetonné[B 2],[68]. La hauteur est même supérieure à deux fois cette distance du fait de l'élasticité de la corde et de la mobilité de l'assureur ; la mobilité de l'assureur est préférable pour atténuer le choc une fois la corde tendue, on parle alors d'assurage « dynamique ».
Arrivé au relais, soit la voie ne fait qu'une longueur (on dit d'une telle voie que c'est une « couenne », même si historiquement il ne s'agissait que de voies courtes et difficiles[69],[70],[A 15]) et il redescend immédiatement grâce à l'assureur ou de manière autonome (en rappel), soit il fait monter le second grimpeur en l'assurant depuis le relais avec une technique adaptée. Le second reprend alors les dégaines lors de son ascension afin que le premier puisse les utiliser pour la longueur suivante.
Sur certains types de voies naturelles, l'usage d'une corde à double est recommandé pour des raisons de sécurité ou de progression. Lors de l'escalade d'une voie sur une arête, par exemple, en cas de pendule, la corde peut subir de graves dommages et une corde à double augmentera grandement la sécurité. De plus, sur une voie en zigzag, la corde à double permet de réduire les frottements en alternant les mousquetonnages.
En escalade sportive, la réalisation d'une voie se fait toujours en tête. La moulinette n'est qu'un moyen éventuel de préparer la réalisation d'une voie, de « travailler la voie[68] ».
En flèche
L'escalade en flèche est une variante de la grimpe en tête où le premier de cordée grimpe sur une corde à double (avec deux brins de cordes au lieu d'un) et est suivi par deux seconds. L'un des seconds assure alors le premier de cordée sur les deux brins de corde puis, une fois que le premier est arrivé au relais, les deux seconds grimpent simultanément assurés par le premier, chacun sur un seul brin de corde. Un système d'assurage spécifique (plaquette par exemple) est cependant nécessaire pour assurer les deux seconds simultanément. La flèche permet de réaliser l'ascension d'une voie de plusieurs longueurs à trois personnes au lieu de deux habituellement, et elle augmente la sécurité du grimpeur[71].
En corde tendue
L'escalade en corde tendue est une autre variante de la grimpe en tête. Lors de cette pratique, le grimpeur commence l'ascension jusqu'à ce que la corde qui le relie à l'assureur se tende, à ce moment, l'assureur commence à son tour à grimper. L'assurage s'effectue ainsi par le contrepoids d'un grimpeur par rapport à l'autre en cas de chute. Cette pratique nécessite une maîtrise particulière car elle présente des risques non sans conséquences, mais elle permet d'avancer rapidement dans la voie car les relais ne sont pas obligatoires tant que le premier a des dégaines à son baudrier. Elle est d'ailleurs fréquemment utilisée lors des records de vitesse sur des parois de plusieurs longueurs comme The Nose dans le parc national de Yosemite.
En second
L'escalade en second est pratiquée sur les voies de plusieurs longueurs. Dès que le grimpeur qui monte en tête atteint le relais, il s'y accroche de manière fixe (on dit qu'il se « vache »). Il assure ensuite depuis le relais celui qui monte en second. Au fur et à mesure de sa progression, le second récupère les dégaines posées par le premier pour assurer sa progression.
Arrivé au relais, le second peut alors enchaîner sur la longueur suivante, qu'il grimpera alors en tête - on parle de « progression en réversible ». Il peut aussi rester au relais pour assurer son compagnon. Cette deuxième solution (dite de « progression en leader fixe »), qui s'impose quand le second n'est pas assez expérimenté pour gérer une longueur en tête, présente l'inconvénient de nombreuses manœuvres au relais : la corde doit être ravalée, les dégaines rendues au premier, de plus, cette opération demande la gestion des « vaches ». Tout cela prend du temps et peut être rédhibitoire pour les plus longues voies.
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Grimpe en moulinette.
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Grimpe en tête.
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Grimpe en flèche.
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Grimpe en corde tendue.
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Grimpe en second.
Cotations
La difficulté d'une voie est représentée par un système de cotation, différent suivant les pays. En France, la cotation est signalée par un chiffre (3 - 9) avec des divisions en lettre de a à c ou avec un + ou un - si on utilise les anciennes notations. Par exemple, ... < 3a < 3b < 3c < 4a < ...< 9b. Certains topos et les montagnards utilisent des chiffres romains (IV, V+...). Un passage noté sous le 3 correspond à un sentier de randonnée où il peut falloir utiliser les mains. Parfois, on ajoute un + pour signifier que la voie est un peu plus difficile sans pour autant être du niveau supérieur (6b < 6b+ < 6c). On peut aussi donner deux cotations (5c/6a), par exemple si les prises sont difficiles à atteindre pour les petits.
Dans la pratique, les cotations démarrent généralement au 4 voire 3, le 1 correspondant historiquement à la station horizontale dans l'esprit de l'inventeur de cette échelle, Willo Welzenbach[B 3].
Il existe d’autres échelles de cotation, notamment aux États-Unis, en Angleterre et en Australie. Le système de notation anglais propose deux cotations par voie, permettant de noter la difficulté et l'engagement, car la plupart des voies anglaises ne sont pas équipées, et sont parfois difficiles à protéger. La cotation en bloc diffère aussi de l'escalade en falaise ; voir par exemple les cas particuliers de Fontainebleau (6b, 7a) et d'Annot (B6, B7...).
Une cotation est subjective car elle est établie par l'expérience, en comparaison avec des voies de référence, et elle peut varier pour un même niveau selon la falaise, le pays, le continent. Il est en effet difficile d'estimer la cotation d'une voie étant donné la très grande variété de style d'escalade, en fonction de la longueur des voies, de l'inclinaison de la paroi ou du type de rocher.
Équipement
Pour pratiquer l'escalade, un équipement spécifique est nécessaire. La majorité de ce matériel sert à garantir la sécurité du grimpeur mais une partie est aussi utilisée pour la progression dans les voies d'escalade. Des accessoires supplémentaires comme des coinceurs peuvent être utilisés lorsque les voies ne sont que partiellement ou pas équipées.
Que ce soit pour l'escalade sportive ou le bloc, une petite partie du matériel n'est pas destinée à l'assurage, mais sert à la progression. Cependant, contrairement à l'escalade artificielle, ces équipements ne sont destinés qu'à permettre une meilleure adhérence sur la paroi ; il s'agit de chaussons d'escalade, et de la magnésie pour réduire l'humidité des mains.
Escalade sportive
L'équipement principal pour l'escalade est la corde. Elle doit impérativement être dynamique, c'est-à-dire pourvue d'une certaine élasticité et d'une grande résistance aux frottements, à l'opposé des cordes statiques prévues pour une progression verticale sur celles-ci (comme en spéléologie). Elle sert à relier l'assureur au grimpeur afin de protéger ce dernier s'il chute.
Cette corde est attachée au grimpeur par un baudrier au moyen d'un nœud en huit ou d'un nœud de chaise, ceci pour permettre une fixation aisée mais solide et fiable, et aussi par confort lors des ascensions. Aux débuts de l'escalade, la corde était simplement attachée autour de la taille des grimpeurs, ce qui ne garantissait pas une totale sécurité en cas de chute et pouvait parfois être gênant pendant les ascensions.
L'autre extrémité de la corde est reliée à l'assureur au travers d'un dispositif d'assurage. Le défilement de la corde est alors contrôlé au fur et à mesure de la progression du grimpeur en « donnant du mou », et l'assureur peut bloquer son défilement au cas où le grimpeur viendrait à chuter. Ce dispositif d'assurage est soit un frein (dans le cas d'un descendeur en huit ou d'un nœud de demi-cabestan), soit un dispositif auto-bloquant comme le grigri ou le cinch. Dans le cas d'une voie en plusieurs longueurs, l'assureur est obligatoirement attaché (ou « vaché ») à un relais[Note 3] (ou chaîne) qui est constitué d'au minimum deux points d'ancrage.
En escalade sportive, lors de son ascension, le grimpeur se contente de passer sa corde au travers de dégaines fixées sur les points d'ancrage de la paroi. Mais dans le cadre de l'escalade traditionnelle, c'est-à-dire pour les falaises peu ou pas équipées (souvent appelées « terrain d'aventure »), du matériel supplémentaire est nécessaire pour la protection. Les dégaines sont alors fixées à des coinceurs ou des pitons parfois par le biais de sangles.
Dans tous les cas et pour des raisons de sécurité, cet équipement de base est complété d'un casque afin de protéger le grimpeur comme l'assureur des chutes de pierres qui peuvent être plus ou moins fréquentes selon les sites d'escalade.
Bloc
Pour le bloc, selon la hauteur du bloc, sa difficulté et la dangerosité de la réception en cas de chute, l'équipement se compose d'un ou plusieurs crash pads. Il s'agit d'un matelas de réception à double densité qui permet l'amortissement d'une chute et la protection de la zone de réception qui est parfois rendue dangereuse par des cailloux, des racines ou des souches d'arbres. De plus, au moins une personne se charge de parer le grimpeur pour contrôler et amortir sa chute.
Escalade artificielle
Pour l'escalade artificielle, l'équipement du grimpeur reprend celui utilisé pour l'escalade sportive. Il s'y ajoute tout équipement permettant une progression artificielle : coinceurs en nombre suffisant, étriers afin de se hisser sur l'ancrage pour en poser un nouveau, longes, des crochets permettant de s'arrimer temporairement, marteau pour poser des pitons, dégaines explosives pour soulager le poids sur les ancrages en cas de chutes, etc.
Les grimpeurs utilisent également systématiquement un casque car ils sont davantage exposés à se cogner la tête. Il est également possible de porter des genouillères car le grimpeur est souvent assis dans son baudrier avec les genoux contre le rocher pour poser ses ancrages.
Normalisation
L'escalade peut être pratiquée de manière très libre, cependant, comme tous les autres sports, elle est soumise à de nombreuses normes. Notamment sur tout ce qui concerne, la sécurité des grimpeurs. Puisque toute défaillance dans le matériel d'escalade peut avoir des conséquences sur la santé des pratiquants, les fabricants de ce matériel doivent respecter de normes strictes. Elles définissent les caractéristiques matérielles des équipements, en priorité les équipements de protection individuelle (EPI), leur contrôle qualité et l'information faite aux usagers sur ces équipements, ainsi que certaines obligations pour la pratique de l'escalade sur les structures artificielles.
En Europe, le Comité européen de normalisation (CEN) établit des directives, en concertation avec les acteurs concernés, que tout matériel vendu dans l'Union européenne doit respecter. Il doit aussi être conforme aux lois de l'Union européenne et porter le marquage CE (conformité européenne). En France, les normes sont harmonisées avec celles européennes par l'Association française de normalisation (AFNOR). De plus, ce matériel est soumis aux normalisations ISO tout au long de sa chaîne de fabrication afin d'assurer la qualité des composants[A 16].
Organisation
La Commission européenne de normalisation établit les normes sur le plan européen, tandis que l'AFNOR traite des normes françaises. De plus, l'Union internationale des associations d'alpinisme (UIAA) définit également un label selon des normes souvent plus strictes que celles de la Commission européenne, et tous les fabricants adhérents à cette association mondiale doivent respecter un cahier des charges précis afin de bénéficier de ce label.
Les normes concernant les prises d'escalade ont été élaborées par la commission S53V et celles régissant l'utilisation des tapis de réception ont été établies par la commission S530[72]. Pour faire respecter ces normes, des organismes, habilités en France par le ministère de l'industrie, effectuent des contrôles réguliers. Toute irrégularité vis-à-vis de ces normes conduisant à un dommage corporel constitue une circonstance aggravante pour le fabricant.
Ces normes ou d'autres similaires sont respectées dans beaucoup d'autres pays en dehors de l'Europe.
Catégorie des EPI
La législation encadre également l'utilisation des EPI. Il existe trois catégories d'EPI pour protéger la personne : la première concerne les agressions superficielles, la seconde les agressions graves et la catégorie 3 protège contre les dangers mortels.
En escalade, les EPI de catégorie 1 sont par exemple les gants, les lunettes ou écrans de protection. Il est nécessaire qu'il comporte au moins la mention CE. La seconde catégorie encadre notamment les casques et les crampons. Ils doivent comporter la mention CE et l'indication de l'année de fabrication : par exemple CE12 pour un casque fabriqué en 2012. Enfin la catégorie 3 encadre par exemple les cordes, les baudriers, les mousquetons. Ceux-là doivent comporter la mention CE, l'année de fabrication ainsi que le numéro du laboratoire agréé (par exemple CE12987)[73].
Normes en vigueur
Référence ; date de révision « Intitulé » |
Commentaire |
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EN 566 ; mars 2007 « Équipement d'alpinisme et d'escalade - Anneaux - Exigences de sécurité et méthodes d'essai » |
[AFNOR 1] |
EN 892 ; janvier 2005 « Cordes dynamiques - Exigences de sécurité et méthodes d'essai » |
[AFNOR 2] |
EN 893 ; janvier 2011 « Crampons - Exigences de sécurité et méthodes d'essai » |
[AFNOR 3] |
EN 953+A1 ; mai 2009 « Sécurité des machines - Protecteurs - Prescriptions générales pour la conception et la construction des protecteurs fixes et mobiles » |
[AFNOR 4] |
EN 12275 ; juin 2013 « Équipement d'alpinisme et d'escalade - Connecteurs - Exigences de sécurité et méthodes d'essai » |
[AFNOR 5] |
EN 12277 ; avril 2007 « Équipement d'alpinisme et d'escalade - Harnais - Exigences de sécurité et méthodes d'essai » |
Cette norme définit les exigences de sécurité et les méthodes d'essai relatives qui s'appliquent aux harnais utilisés en alpinisme et en escalade. Elle s'applique :
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EN 12492 ; avril 2012[74] « Casques d'alpinistes - Exigences de sécurité et méthodes d'essai » |
Cette norme tient à spécifier :
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EN 12572-1 ; mai 2007 (avec second tirage en décembre 2008) « Exigences de sécurité et méthodes d’essai relatives aux SAE avec points d’assurage » |
Celle-ci s'appuie aussi sur la norme EN 15312-A1[AFNOR 8] qui concerne les équipements sportifs en accès libre[AFNOR 9]. |
EN 12572-2 ; février 2009 « Exigences de sécurité et méthodes d'essai relatives aux pans et blocs d'escalade » |
Elle définit, entre autres :
Elle fait référence à la première partie de la même norme ainsi qu'à la norme EN 12503 relative aux tapis de sport[AFNOR 10]. |
EN 12572-3 ; février 2009 « Exigences de sécurité et méthodes d'essai pour prises d'escalade » |
Elle définit, entre autres :
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EN 15151-1 ; octobre 2012 « Dispositifs de freinage avec blocage assisté de la main, exigences de sécurité et méthodes d'essai » |
Elle définit les exigences de sécurité et les méthodes d'essai applicables pour les dispositifs de freinage avec blocage assisté de la main[AFNOR 12] |
EN 15151-2 ; octobre 2012 « Dispositifs de freinage manuel, exigences de sécurité et méthodes d'essai » |
Elle définit les exigences de sécurité et les méthodes d'essai applicables pour les dispositifs de freinage manuel pour l'assurage et la descente en rappel avec contrôle manuel uniquement, à des fins de protection contre les chutes de hauteur[AFNOR 13] |
Motivations
Les motivations qui amènent une personne à pratiquer l'escalade sont multiples et propres à chacun. Cependant il existe quelques domaines souvent cités afin d'expliquer les raisons de pratiquer l'escalade.
Environnement
L'escalade en extérieur se pratique quasiment exclusivement en milieu naturel, ce qui donne l'occasion aux grimpeurs de visiter des sites à l'écart de la civilisation et de profiter du cadre. Nombre de sites d'escalade sont situés dans des parcs nationaux, comme les gorges du Verdon, le parc national de Yosemite ou encore Hueco Tanks, permettant ainsi aux grimpeurs de voir une faune et une flore spécifique, en plus de disposer de panoramas réputés. De plus, le fait de parcourir les parois lors d'ascensions permet de voir certains animaux ou paysages d'un point de vue unique, qui est impossible à avoir depuis les chemins habituels, comme les sentiers de randonnée.
Physique
Le défi physique que représente l'escalade est souvent source de motivations pour les grimpeurs. L'escalade demande de nombreuses capacités comme la force, la souplesse, l'endurance ou encore l'équilibre afin d'être pratiquée. De plus, elle demande d'avoir une musculature relativement complète car elle fait appel aux muscles des jambes et des bras mais aussi à ceux du dos, du torse et de la ceinture abdominale[75],[76].
Psychologique
Une notion importante est la part psychologique que représente la pratique de l'escalade. Le grimpeur va devoir gérer son appréhension du vide ainsi que sa peur de la chute dans le cas d'une ascension en solo intégral, ceci afin d'être en mesure de réussir son ascension. La gestion de ce stress demande de la pratique et fait partie des problématiques qu'il est essentiel de savoir gérer et demande souvent au grimpeur d'apprendre à se dépasser mentalement. De plus, la réussite d'une ascension procure au grimpeur une satisfaction souvent motrice de motivation non seulement à cause de l'adrénaline, mais aussi car ce succès est lié à un sentiment de maîtrise de ses actions et de sa vie[77].
Compétitions
Les compétitions officielles d'escalade sont administrées à leur création par l'Union internationale des associations d'alpinisme (UIAA), puis dès 2007 par la Fédération internationale d'escalade (IFSC). Au niveau international, elles sont organisées sous deux formes, des championnats du monde qui ont lieu une fois tous les deux ans et une Coupe du monde qui se déroule en plusieurs étapes. L'escalade est aussi représentée aux Jeux mondiaux depuis son édition de 2005 à Duisbourg. De plus, des championnats continentaux se tiennent de manière bisannuelle, comme les Championnats d'Asie, les Championnats panaméricains et les Championnats d'Europe. Il existe aussi de nombreuses compétitions de niveau national administrées par les fédérations nationales de chaque pays, ainsi que des compétitions promotionnelles comme le Melloblocco, qui est organisée chaque année, depuis 2004, sur des blocs naturels dans la région de Val Masino en Italie[78] ou encore le Petzl Roc Trip.
Les compétitions se tiennent le plus souvent en salle sur des murs d'escalade, mais aussi sur des murs extérieurs, permanents ou provisoires comme pour les étapes de la Coupe du monde qui se déroulent à Chamonix en France. Elles se déroulent généralement en trois tours : qualifications, demi-finale et finale, avec possibilité de super-finale en cas d'ex-æquo à la première place. Il existe trois disciplines principales : la difficulté, le bloc et la vitesse[IFSC 1].
Difficulté
Durant les épreuves de difficulté, les concurrents grimpent les mêmes voies en tête, les uns après les autres. Ces voies doivent faire un minimum de 15 mètres de longueur pour 3 mètres de largeur et avoir une hauteur minimale de 12 mètres[IFSC 2],[IFSC 3]. Le vainqueur est celui qui atteint le plus haut point de la voie, en un seul essai. Une voie est réussie (comptée « TOP ») lorsque la dernière dégaine de la voie a été « mousquetonnée » ; si elle n'est pas réussie la dernière prise tenue par le grimpeur est comptabilisée. Pour le classement, on tient compte également de la façon dont la dernière prise a été utilisée. Un grimpeur qui l'aura valorisée en initiant un mouvement vers la prise suivante sera classé devant celui qui l'aura simplement tenue[IFSC 4]. Depuis 2012, la durée d'ascension est prise en compte pour le classement en cas d'égalité[79]. Cependant le temps limite pour la tentative de chaque grimpeur est de 8 minutes[IFSC 5]. Passé ce délai, le compétiteur est arrêté dans sa progression et la hauteur est mesurée à l'endroit de cet arrêt.
Durant le tour de qualification des compétitions de difficulté, les compétiteurs doivent grimper deux voies[IFSC 6]. Le classement est alors obtenu en effectuant la moyenne du classement obtenu sur chacune des deux voies[IFSC 7]. À l'issue des qualifications, sont retenus les 26 meilleurs pour la demi-finale. À l'issue de la demi-finale, il ne reste plus que les 8 mieux classés. En cas d'égalité sur un tour, les concurrents sont départagés d'après les résultats des tours précédents[IFSC 8].
La plupart du temps, les compétiteurs doivent grimper la voie à vue. Cela signifie qu'ils ne sont pas autorisés à voir les autres grimpeurs sur la voie car autrement leurs concurrents pourraient voir les astuces ou les erreurs des grimpeurs les ayant précédés, ce qui leur donnerait un avantage important. Ils ne peuvent pas non plus recevoir de conseils d'autres grimpeurs, et n'ont qu'un temps limité pour observer et « lire » la voie à son pied[IFSC 9]. Sinon les grimpeurs grimpent la voie flash, après avoir pu observer les techniques et enchaînements donnés par l'ouvreur de la voie, qui effectue une démonstration, puis par les autres grimpeurs.
Bloc
Les épreuves officielles de bloc se déroulent sur un circuit à vue de cinq blocs pour les qualifications et de quatre blocs pour les demi-finales et les finales[IFSC 10]. Sur chaque bloc, les prises de départ à utiliser avec les mains et les pieds sont imposées, ainsi que la prise d'arrivée qui doit être tenue à deux mains[IFSC 11]. Une prise intermédiaire dite « bonus » est également matérialisée[IFSC 12].
Chaque compétiteur dispose d'un temps fixe, de cinq minutes durant les qualifications et les demi-finales[IFSC 13], et de quatre minutes pour les finales[IFSC 14], pour observer et tenter de réussir chacun des blocs, en réalisant plusieurs essais si nécessaire. Entre chaque bloc, il bénéficie d'une période de repos de même durée. Pour chaque tour, les compétiteurs sont classés selon : le nombre de blocs réussis, en ordre décroissant, puis la somme des nombres d'essais pour réussir les blocs, par ordre croissant, puis le nombre de prises bonus tenues, en ordre décroissant, et enfin la somme des nombres d'essais pour tenir les prises bonus, par ordre croissant[IFSC 15].
La formule contest voit tous les compétiteurs d'une même catégorie disposer d'un temps commun, généralement deux à trois heures voire davantage, pour tenter de venir à bout du plus grand nombre de blocs possibles parmi les plusieurs dizaines qui leur sont proposés, dans l'ordre qu'ils choisissent. Le nombre d'essais n'est pas pris en compte. Chaque bloc réussi rapporte finalement 1 000 points divisés par le nombre de fois où il a été réussi (le grimpeur qui est seul à réussir un bloc reçoit 1 000 points, si 5 grimpeurs en réussissent un autre, ils reçoivent chacun 1 000/5=200 points). Le vainqueur est celui qui aura obtenu le plus grand total de points. La formule contest est réservée au premier tour qualificatif des compétitions de bloc (parfois l'unique tour).
Vitesse
Les épreuves de vitesse se déroulent sur deux voies identiques durant lesquelles les concurrents doivent atteindre au plus vite le sommet. Le vainqueur est celui qui réalise le meilleur temps. Les grimpeurs qui tombent avant d'arriver au sommet de la voie sont disqualifiés. Lors des qualifications, chaque grimpeur effectue généralement deux essais. Le classement est effectué d'après le meilleur des deux temps ou d'après le total des deux temps réalisés[IFSC 16].
Suivant le nombre de compétiteurs, les 4, 8 ou 16 mieux classés accèdent au tour final qui se déroule sous forme d'élimination directe[IFSC 17]. Le 1er est opposé au dernier classé, le 2e à l'avant-dernier, etc.
Le record du monde absolu[Note 4] est détenu depuis octobre 2012 par le Russe Evgeny Vaytsekhovsky qui a grimpé le mur officiel de 15 m en 5,88 s. Cela représente une progression de 2,55 m⋅s-1. Cette performance a été établie à l'occasion de la Coupe du monde d'escalade à Xining en Chine[80].
Entraînement
Durant son apprentissage, un grimpeur voit son niveau progresser au fur et à mesure de la pratique de l'escalade. Cependant, il peut présenter un souhait d'atteindre de meilleures performances soit dans le cadre de la compétition ou pour atteindre des objectifs personnels. Pour cela il peut mettre en place des techniques d'entraînement, par exemple en s'aidant de matériel spécifique[A 17].
Techniques d'entraînements
L'entraînement s'organise selon différents plans : la technique, le physique et le plan mental et stratégique. Une progression dans ces différentes composantes permettra au grimpeur d'améliorer son niveau[B 4]. Cela peut s'organiser en fonction du type de pratique : par exemple, sur le plan physique, les grimpeurs de bloc favorisent le développement de la puissance, les grimpeurs de voie cherchant en plus à améliorer leurs qualités de résistance et de récupération dans l'effort[81].
Technique
En premier lieu, le grimpeur entraîne — naturellement — sa technique de par la pratique de base de l'escalade. Il apprend alors à placer son corps de manière adéquate et doit aussi acquérir une maîtrise des placements de pieds afin d'économiser au maximum ses membres supérieurs[A 18]. À partir d'un certain niveau, il doit aussi passer par un apprentissage et une mise en pratique des différents mouvements d'escalade afin de continuer à progresser[82]. Ce but est souvent atteint en diversifiant les supports, les types de prises ou de rochers pour acquérir des techniques spécifiques supplémentaires. De plus, la pratique du bloc ou les entraînements dans des salles de bloc ou de pan permettent de travailler certains mouvements spécifiques.
Selon le type d'escalade pratiqué, il est nécessaire d'apprendre à utiliser le matériel de manière efficiente. Lors d'escalade en terrain d'aventure ou artificielle, la pose de points d'assurage est nécessaire, mais doit aussi être parfaitement maîtrisée, d'une part pour être certain du bon fonctionnement du matériel, mais aussi afin de passer le moins de temps à les mettre en place, car cela entame les réserves d'énergie du grimpeur et limite ses capacités lors de l'ascension.
Physique
En second lieu, le grimpeur cherche à améliorer son niveau sur le plan physique. Mais de par ses types d'efforts très différents, la pratique de l'escalade fait appel principalement à trois filières énergétiques : la « force pure », la résistance et la continuité. En améliorant sa force, le grimpeur sera capable d'être plus performant sur le plan musculaire, il pourra fournir une puissance musculaire plus importante pendant un temps réduit. S'il améliore sa résistance, il sera alors capable de fournir un effort d'intensité moyenne plus souvent. Pour finir, en entraînant sa continuité, il sera en mesure d'enchaîner les efforts après des courtes pauses ou repos[83],[A 19].
Il est également nécessaire d'entraîner d'autres composantes physiques, notamment l'endurance, qui est la capacité à fournir un effort long, sans repos et s'inscrivant dans la durée, mais aussi la souplesse et l'élasticité de ses muscles (par étirements) ; cela a pour effet d'offrir plus de possibilités au corps, notamment pour atteindre des prises ou réaliser des mouvements qui n'étaient pas possibles auparavant[81],[A 20]. Le grimpeur peut également s'entraîner pour renforcer sa résistance articulaire. Lors de l'escalade, les articulations — et particulièrement les doigts — sont très sollicitées. C'est cela que le grimpeur entraînera particulièrement notamment pour éviter les blessures.
Mental et stratégie
Enfin pour améliorer son niveau, le grimpeur pourra améliorer son mental et sa stratégie face à une voie. Avant d'entamer une escalade, le sportif a la possibilité de visualiser les prises présentes et les mouvements à effectuer pour atteindre le sommet. Cette préparation s'appelle la « lecture de voie ». Ainsi le grimpeur peut améliorer cette phase en favorisant une bonne mémorisation, une bonne concentration et une prise de décision juste[82],[A 21].
Aussi, sur le plan mental la personne qui escalade peut parfaire sa confiance, notamment envers le matériel utilisé, envers son assureur qui le retient en cas de chute mais aussi en lui pour tenter des mouvements durs. Comme dans d'autres sports un esprit combatif est à privilégier pour atteindre ses objectifs[84].
Stratégiquement, le grimpeur s'entraînera aussi à mieux se gérer personnellement. Tout d'abord il peut apprendre à organiser sa grimpe pour éviter des creux de fatigue. Aussi, il fera attention dans ses cycles d'entraînement à bien s'échauffer pour éviter les blessures et aussi à reconnaître le moment opportun pour tenter une voie ou un mouvement difficile. Enfin en vue de maintenir un bon niveau de forme, le grimpeur apprendra à correctement s'hydrater et se nourrir mais aussi à éviter le surentraînement qui peut amener à se blesser, se fatiguer inutilement ou se démotiver[A 20].
Matériel d'entraînement
Pour s'entraîner, les grimpeurs ont à disposition plusieurs moyens d'entraînement qui dépendent des objectifs fixés. De manière générale, un grimpeur peut pratiquer la course à pied, le footing ou la corde à sauter pour améliorer sa forme. Plus spécifiquement il peut pratiquer la musculation pour entraîner des muscles plus particuliers, par exemple avec une barre de traction.
Des outils d'entraînement spécialisés pour l'escalade existent. Il s'agit par exemple du pan qui regroupe une quantité importante de prises afin d'offrir un grand échantillon de gestuelles possibles. Le pan Güllich ou la poutre permettent également un entraînement des mouvements spécifiques à l'escalade[A 22].
Plus particulièrement, il est possible de s'entraîner avec un Power Putty qui est une pâte souple à travailler dans la main pour renforcer les doigts[85]. Dans la même catégorie d'entraînement, il y a aussi le gripper qui est un appareil tenu dans la main et dont la résistance à la fermeture est provoquée par des ressorts. Enfin, plus généralement le grimpeur peut aussi se servir d'un chronomètre, d'un cardiofréquencemètre ou d'une caméra pour pouvoir mesurer ses performances et ensuite étudier comment les améliorer. Dans une situation de renforcement musculaire, l'entraînement peut consister à utiliser des poids, soit en musculation (haltère, tractions, etc.) soit en situation de grimpe.
Risques
L'escalade est considérée comme un sport extrême ; elle est notamment intégrée aux X Games, ce qui contribue à lui donner une image de sport à risques. Cependant, parmi les sports liés à la montagne, l'escalade est un des moins accidentogène[86].
Chiffres
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Selon l'institut de veille sanitaire, sur la saison estivale 2000-2003, seulement 11 décès et 239 victimes liés sont dénombrés contre 203 et 4 136 pour la randonnée pédestre, et 130 et 1 473 pour l'alpinisme[87]. Une étude annuelle menée par le Club alpin suisse depuis 1984 confirme la même tendance pour la Suisse, où l'escalade compte en moyenne 6 décès par année contre 44 pour la randonnée et 37 pour la haute montagne[88].
Relativement, ces chiffres sont bas. Ce constat est vrai également au rapport du nombre d'interventions. Selon le même rapport de l'InVS, sur « 1 600 accidents répertoriés (dont 150 décès) 16 % concernent l’alpinisme, 54 % la randonnée en montagne, 10 % le VTT, 9 % le parapente et 11 % l’escalade et le canyonisme[87] ». De plus, rapporté au nombre de licenciés, la randonnée décompte 7 fois plus de décès que l'escalade (207 486 licenciés pour le premier contre 68 211 licenciés pour le second[89]).
Causes
Mais l'escalade, comme la plupart des sports, présente des risques. Ceux-ci sont principalement de deux natures, chute du grimpeur ou chute d'objets[90]. Pour chacun, des EPI existent afin de pallier ces dangers.
La chute du grimpeur, relativement fréquente en escalade, n'entraîne généralement pas de blessures car elle est amortie par la chaîne d'assurage : assureur, dispositif d'assurage, corde, points de progression et baudrier. Néanmoins, des défaillances dans cette chaîne peuvent causer une longue chute, une chute violente (chute de facteur 2), voire un retour au sol. Les défaillances les plus fréquentes sont une faute d'attention de l'assureur, un mauvais encordement, une mauvaise utilisation du dispositif d'assurage, voire une rupture de point de progression (surtout en escalade artificielle). De par les normes très strictes posées sur le matériel, les erreurs humaines dominent sur les défaillances du matériel[91].
Dans les sites naturels, des chutes d'objets peuvent se produire : rocher instable, bloc de glace (en cascade de glace), matériel perdu par les cordées situées au-dessus, ou même objets lancés par des individus inconscients situés en haut des voies. Afin de s'en protéger, le port du casque est vivement recommandé. De plus, le bon sens incitera les grimpeurs à crier « corde » ou « cailloux » s'ils doivent lancer une corde ou s'il leur arrive de faire glisser une pierre. Ce risque existe également mais dans une moindre mesure en intérieur. Cela peut arriver avec la chute de matériel lors de sa manipulation en haut de voie ou de prises d'escalade lors de leur installation sur le mur. Dans ce genre de cas, plutôt que de porter un casque, il est recommandé de ne pas passer dans la zone au sol où se situe le danger.
Blessures
Bien que ce soit relativement rare, il arrive de se blesser lors de la pratique de l'escalade ou de l'entraînement. La gravité et la diversité des blessures peuvent varier grandement selon les cas, et on peut répertorier des blessures allant de la simple égratignure aux traumatismes lourds pouvant entraîner un handicap irréversible.
Les blessures sont issues de trois différentes causes : la chute du grimpeur, la chute d'un élément externe, la pratique sportive en elle-même.
Chute du grimpeur
Les blessures causées par la chute du grimpeur varient selon le type d'escalade pratiqué. Dans le cadre de l'escalade sportive, elles sont généralement mineures car le grimpeur peut disposer de nombreux points d'assurage qui l'empêcheront de faire une chute trop importante et donc de se blesser gravement. Les blessures sont alors dues au contact avec la paroi et vont des petites éraflures aux contusions. Le risque de toucher la paroi lors d'une chute varie grandement avec le type de voie pratiquée. Sur une voie en dévers, ce risque est réduit alors que sur une paroi en dalle, il est augmenté.
Lors de la pratique de l'escalade traditionnelle, les blessures peuvent rapidement être plus graves qu'en escalade sportive, car les points d'assurage sont, soit peu fiables, soit inexistants et le grimpeur doit placer lui-même ses propres protections. De ce fait les points sont susceptibles de ne pas supporter la violence d'une chute, ce qui augmente la hauteur potentielle de chute avant que le grimpeur ne soit retenu par la corde. Dès lors, le grimpeur risque de frapper violemment la paroi, ce qui peut conduire à des blessures graves. De plus, à cause de l'augmentation de la hauteur de chute, il arrive que le grimpeur ne soit pas retenu par la corde et qu'il finisse sa course en tombant au sol. Ce type d'accidents est souvent la cause de blessures graves comme des fractures des membres inférieurs, du bassin ou de la colonne vertébrale. Dans certains cas, il arrive que le grimpeur se retourne, se retrouvant ainsi dos à la paroi, et que sa tête ou son rachis heurte la roche. Ce type d'accident peut être rapidement très grave car le choc peut provoquer un traumatisme crânien.
Dans le cadre du bloc, les chutes peuvent avoir une conséquence supplémentaire car le grimpeur n'est assuré par aucune corde. C'est le crash pad qui amortira l'atterrissage et il n'est pas rare de voir des personnes se tordre la cheville lors d'une mauvaise réception. De plus, lors de l'escalade de blocs de grande hauteur, des lésions aux genoux, aux hanches et à la colonne vertébrale peuvent survenir. Une chute à côté du crash pad peut aussi être la cause de blessures car le grimpeur risque alors d'atterrir sur un rocher ou une racine d'arbre.
Lors de la pratique de l'escalade en solo intégral, le grimpeur n'a aucun système d'assurage, les blessures sont donc généralement fatales car la chute du grimpeur se termine immanquablement au sol. Les lésions varient principalement en fonction de la hauteur de chute et vont des fractures à la paralysie, si elles ne causent pas la mort du grimpeur.
Chute d'un élément externe
La chute d'un élément externe, comme un morceau de roche, peut causer des blessures dont la gravité dépend de la taille de l'objet et de la hauteur de la chute. Cet accident demeure malgré tout assez rare. Les lésions vont de la simple égratignure jusqu'à, dans certains cas extrêmes, la mort du grimpeur ou de l'assureur. Il n'est pas rare de faire tomber de petits cailloux lors d'une ascension qui, s'ils ne sont pas une source de risques pour le grimpeur, peuvent l'être en revanche pour la personne qui s'occupe de l'assurage ou pour une autre cordée.
Le port d'un casque permet de limiter notablement les risques dans de tel cas ou, du moins, de limiter la gravité des blessures à la tête. Le décès de Jean Couzy dans le massif du Dévoluy en 1958, victime d'une chute de pierre, a contribué à la prise de conscience de l'importance du port du casque en escalade[92].
Pratique sportive
Les blessures causées par la pratique de l'escalade sont dues à des efforts trop importants sur une ou des régions du corps. Elles touchent principalement les articulations, les muscles et les tendons qui sont énormément sollicités lors de certains mouvements ou pour tenir des prises de petites tailles. Les doigts et les mains sont d'ailleurs particulièrement sujets aux lésions dues à un effort trop violent. Selon une étude en ligne, la main représente un tiers des lésions tandis que les membres inférieurs (genou, cheville et pied) en représentent un quart ; le reste est occupé par le rachis, l'épaule et le coude[93].
Une des plus courantes lésions de ce type est la rupture de poulie, qui arrive généralement lors d'une mise en charge violente sur une prise de petite taille ; elle consiste en une déchirure partielle ou complète d'une ou plusieurs poulies digitales, qui servent à maintenir les tendons fléchisseurs des doigts au contact du squelette[A 23]. Cette lésion est assez spécifique à l'escalade[94]
La tendinite est aussi une des affections régulièrement rencontrées en escalade à cause des efforts répétés sur les tendons. Elles apparaissent le plus souvent au niveau des doigts et du poignet, mais peuvent aussi survenir au coude ou à l'épaule.
Dans les traumatismes, les membres inférieurs sont les plus visés lors de la pratique du bloc tandis que ce sont les membres supérieurs et en particulier la main qui sont touchés lors de la pratique de la voie[93].
Encadrement
L'encadrement en escalade se fait généralement par des moniteurs d'escalade ou des guides de montagne, mais dans le cadre de cours d'éducation physique et sportive ou de camps sportifs, il peut aussi être fait par des professeurs d'éducation physique. Un encadrant qualifié dispense les connaissances permettant d'évoluer en sécurité dans la pratique de l'escalade.
En France
En France, l'encadrement bénévole se distingue de celui rémunéré[95].
Encadrement bénévole
Ainsi dans le milieu associatif, les clubs sportifs liés au milieu de la montagne, affiliés au Club alpin français, à la Fédération française de la montagne et de l'escalade ou à la Fédération sportive et gymnique du travail, dispensent des formations d'initiateur fédéral escalade. Ces initiateurs escalade seront alors habilités à encadrer des groupes de grimpeurs même si ces derniers ne sont astreints à aucune obligation de formation. Ces formations sont néanmoins fortement conseillées.
Parmi ces formations, certaines sont tournées uniquement vers les SAE tandis que d'autres portent sur les SNE. Les premières sont plus rapides à passer tandis que les secondes sont plus polyvalentes. Le monitorat fédéral permet cela également mais permet aussi l'accès à la performance ainsi qu'un encadrement sur grands espaces (sites de plusieurs longueurs).
Encadrement rémunéré
Les moniteurs d'escalade titulaires d'un Brevet d'État d'éducateur sportif option escalade sont formés pour encadrer et enseigner l'escalade contre rémunération dans toutes ses dimensions, à condition que l'altitude soit inférieure à 1 500 m. Ils sont aussi habilités à encadrer et enseigner le canyonisme. Les guides de haute montagne, formés en France par l'École nationale des sports de montagne, disposent aussi de ces prérogatives, sans limite d'altitude[96].
En 2011, les titulaires du Certificat de spécialisation en activité escalade rattaché au Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport activité physique pour tous peuvent encadrer la pratique de l'escalade contre rémunération en SAE et en SNE, sur voie d'une longueur (jusqu'au premier relais), d'une longueur maximum de 35 m et classée en secteur découverte[96],[97]. Le Diplôme d'État de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport faisant partie de la nouvelle filière des diplômes complète cette gamme de formations.
Les formations STAPS donnent également les prérogatives pour encadrer l'escalade contre rémunération. Les diplômes STAPS sont référés au répertoire national des certifications professionnelles. Il s'agit pour un titulaire d'une licence STAPS d'obtenir sa carte professionnelle auprès de la direction départementale de la jeunesse et des sports. Deux approches sont possibles :
- la licence « éducation et motricité » permet d'enseigner l'escalade auprès de tous publics jusqu'aux jeunes adultes (26 ans) ;
- la licence « entraînement » donne à son titulaire, à condition qu'il ait été en option escalade lors de son cursus et qu'il ait validé le cadre 6 de son supplément au diplôme, la possibilité d'entraîner en escalade.
En Suisse
En Suisse, l'Association suisse des guides de montagne délivre un titre de moniteurs d'escalade après une formation et des examens pratiques et théoriques. Le candidat doit notamment être capable de grimper une voie cotée 7b pour les hommes et 7a+ pour les femmes[98].
Image de l'escalade dans les médias
De par ses différents aspects, l'escalade véhicule des images qui sont parfois utilisées dans le milieu de la publicité, autant télévisée que papier[99]. L'image d'une cordée de deux grimpeurs soudés est intéressante pour renforcer l'esprit d'équipe dans une entreprise. Les aspects de dépassement de soi, de concentration et de détermination motivent aussi les agences de communication à utiliser l'escalade.
Duracell fait pratiquer ce sport à un de ses lapins mythiques pour vanter les mérites de longévité ou d'endurance de ses piles[100]. La marque de barres de céréales Grany utilise l'aspect « proche de la nature » avec une publicité mettant en image Patrick Edlinger diffusée en 2004[101]. Cette publicité en reprend une diffusée plus tôt en 1988 de la même marque mettant en avant le « contact et la pureté » du sport pour vanter les mérites du produit[102]. La technique puriste de Patrick Edlinger est aussi utilisée pour apporter une image « pure » des barres Grany[103].
Notes et références
Notes
- ↑ Emploi comme nom commun, vers 1896, de Varappe, nom d'un couloir rocheux du mont Salève, près de Genève où, dès 1876, des grimpeurs se retrouvaient.
- ↑ En bloc, la cotation est généralement notée avec une lettre majuscule pour la différencier de la cotation falaise qui utilise une lettre minuscule. À cotation équivalente, le passage de bloc est plus difficile que la voie en falaise.
- ↑ Relais ou relai selon les orthographes admises.
- ↑ Record absolu, dans le sens, toutes catégories confondues et sur le mur le plus haut.
Références
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- ↑ Labreveux et Poulet 2009, p. 11
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- 1 2 3 Labreveux et Poulet 2009, p. 21
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- ↑ Labreveux et Poulet 2009, p. 43
- 1 2 Labreveux et Poulet 2009, p. 27
- ↑ Labreveux et Poulet 2009, p. 29-31
- ↑ Le terme psicobloc a été inventé par l'Espagnol Miguel Riera, un grimpeur qui pratique ce type d'escalade depuis plus de 20 ans. Labreveux et Poulet 2009, p. 28
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- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Climbing » (voir la liste des auteurs).
Annexes
Articles connexes
- Site d'escalade et Liste des sites d'escalade, notamment la Liste des sites d'escalade en France
- Vocabulaire de l'escalade et de l'alpinisme
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Fred Labreveux et Philipe Poulet, Toute l'escalade, Les Échelles, Mission Spéciale Productions, coll. « Collection A-Z initiation et perfectionnement », , 208 p. (ISBN 978-2-916357-25-6)
- Jean-Pierre Verdier et Didier Angonin, Escalade : S'initier et progresser, Éditions Amphora, , 352 p. (ISBN 978-2851806376)
- Grande encyclopédie de la montagne, t. 3, Paris, Atlas, , 2600 p.
- Laurence Guyon et Olivier Broussouloux, Escalade et performance : Préparation et entraînement, Éditions Amphora, , 352 p. (ISBN 978-2851806550)
- Club alpin français, Manuel de la montagne [détail des éditions]
- [PDF] (en) IFSC, Rules 2013 International Climbing Competitions, , 97 p. (lire en ligne)
Liens externes
- Catégorie escalade de l’annuaire DMOZ
- « Explication des différentes techniques, des nœuds, des cotations et des positions sur le site No Spot »
- « Page Infos du site ClimbingAway sur de nombreux grimpeurs, traduction, équivalences de cotation »
- Émission C'est pas sorcier de 2001 sur l'escalade
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