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Corps des mines

Corps des mines

Ingénieurs du Corps des mines, de gauche à droite et de haut en bas : Jacques Attali (écrivain, économiste), Henri Poincaré (mathématicien, physicien), Anne Lauvergeon (dirigeante d'entreprises), Maurice Allais (prix Nobel d'économie), Patrick Kron (PDG d'Alstom) et Albert Lebrun (président de la République).

Le Corps des mines ou Corps des ingénieurs des mines regroupe les ingénieurs des mines de la fonction publique française constituant un grand corps de l'État à caractère technique et interministériel.

Les membres du Corps des mines sont formés à l'École nationale supérieure des mines de Paris, désormais connue sous le nom de Mines ParisTech, et à Telecom ParisTech, dans un cursus différent de celui des ingénieurs civils. Ils proviennent pour la plupart de l'École polytechnique, des Écoles normales supérieures (ENS), du cursus des ingénieurs civils de Mines ParisTech ou de Télécom ParisTech (auparavant ENST).

Le Corps des mines, qui a été historiquement fondé pour exercer ses compétences dans le périmètre des mines, est aujourd'hui rattaché au ministère de l'Économie et des Finances.

Le statut particulier du Corps des ingénieurs des mines est précisé par le décret du 16 janvier 2009 modifié par le décret du 14 novembre 2011 (consolidé le 23 septembre 2009)[1].

Un certain nombre de postes-clé de hauts fonctionnaires et dans l'industrie française est tenu par des ingénieurs du Corps des mines.

Historique

La création de l'Agence des mines date de 1794[2]. Initialement voués à contrôler et favoriser la mise en valeur des mines françaises, les ingénieurs des mines ont accompagné la révolution industrielle pour étendre leur champ d'intervention à tous les secteurs en relation avec l’industrie, y compris l’innovation et la conduite de grands projets de développement. La loi du [3] pose les fondements de l'action publique pour l'exploitation minière et le décret du 18 novembre de la même année crée le « Corps Impérial des Ingénieurs des Mines » et le Conseil général des mines (CGM).

Les membres du corps des Mines sont, depuis la création de l’École polytechnique (X), en 1794, recrutés dans les premiers de l'X : « Choisir les Mines est, depuis, un moyen d'afficher son rang de sortie jusqu'à la fin de sa vie », relève l'historien André Thépot[4]. Il existe cependant de rares exceptions à cette règle, comme pour Jean-François d'Aubuisson de Voisins et quelques autres.

Dans le cours du XIXe siècle, dans le cadre du développement de l'industrie en France, ils étendent leur autorité dans le domaine de la sécurité : machines à vapeur, locomotives, automobile (d'où le nom donné aux plaques minéralogiques). À la suite de l'accident de la raffinerie de Feyzin (Rhône) le 4 janvier 1966, ils sont aussi chargés de la surveillance des installations classées pour la protection de l'environnement.

En 1988, une partie des ingénieurs du corps des instruments de mesure[5] est intégrée au corps des ingénieurs des mines, le corps des ingénieurs des instruments de mesure étant mis en voie d'extinction[6].

En janvier 2009, le Corps des mines fusionne avec le Corps des télécommunications, dépendant lui aussi du ministère de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi. Le Conseil général des mines est devenu le Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGEIET) en 2009, après fusion avec le Conseil général des technologies de l'information.

En mars 2012, le Corps fusionne avec le corps de contrôle des assurances.

Missions

Selon le statut particulier du corps des ingénieurs des mines, les ingénieurs des mines participent à la conception, à la mise en œuvre et à l'évaluation des politiques publiques, notamment dans les domaines relatifs :

  • à l'industrie et à l'économie ;
  • aux technologies de l'information et de la communication, à leur utilisation et aux services qui leur sont associés ;
  • à l'énergie et aux matières premières ;
  • à la protection de l'environnement, à la sécurité industrielle et à la santé publique ;
  • à la recherche, à l'innovation et aux technologies nouvelles ;
  • à l'aménagement du territoire et aux transports ;
  • à la normalisation et à la métrologie ;
  • aux banques, aux assurances et aux services financiers.

Les ingénieurs du corps des mines ont dans ce cadre vocation à exercer des fonctions de direction, d'encadrement et de coordination des services, de contrôle, de régulation, d'inspection, d'étude, d'expertise et de recherche ou d'enseignement, y compris dans les organismes internationaux. Ils peuvent également être amenés à assurer des missions de nature scientifique, technique, administrative, économique ou sociale, confiées par tout ministre.

Aujourd’hui, les ingénieurs du corps des mines constituent un corps à vocation interministérielle administrativement rattaché au ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie.

Certains des ingénieurs généraux forment le Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies au ministère chargé de l'économie.

Recrutement et formation

Les ingénieurs du corps des mines sont, pour une grande majorité d’entre eux, recrutés en tant qu'ingénieur-élève à la sortie de l'École polytechnique, des écoles normales supérieures (Paris, Lyon, Cachan, Rennes), de l'École nationale supérieure des mines de Paris et de l'École nationale supérieure des télécommunications. Les promotions annuelles comptent une vingtaine d'ingénieurs-élèves. Les ingénieurs du corps des mines sont également recrutés par la voie d'un concours externe ouvert aux docteurs, par la voie d'un concours interne à la fonction publique et, pour 10 % des effectifs du corps au maximum, par promotion interne des ingénieurs de l'industrie et des mines sur examen professionnel.

Dans le cadre de leur formation, les ingénieurs-élèves effectuent deux stages d'un an (un en France, un à l'étranger), entrecoupés de deux périodes de formation technique, suivis par une année de cours à l'École nationale supérieure des mines de Paris. Cette formation est distincte de celle suivie par les élèves-ingénieurs.

La formation complémentaire a pour but de donner une connaissance théorique et pratique du fonctionnement des entreprises, ainsi qu'une bonne compréhension des responsabilités de la puissance publique dans les domaines techniques et économiques.

Grade et statuts

Le statut particulier du Corps des ingénieurs des mines est précisé par le décret du 16 janvier 2009 modifié par le décret du 12 novembre 2011. La gestion du corps est assurée par le conseil général de l'Économie, sous l'autorité du ministre chargé de l'Économie.

Au 1er janvier 2015, le corps des Mines comprend environ 1300 membres[7]. Ce nombre n'inclut pas les ingénieurs radiés des cadres qui exercent une activité dans le secteur privé, les retraités ni les élèves en formation.

Le corps des Mines comporte trois grades[8] :

  • Le grade d'ingénieur général, qui comprend quatre échelons et un échelon spécial
  • Le grade d'ingénieur en chef, qui comprend sept échelons
  • Le grade d'ingénieur, qui comprend neuf échelons.

Association Amicale des Ingénieurs des Mines AAIM

L'Amicale des Ingénieurs des Mines est une association loi 1901 regroupant des personnes appartenant ou ayant appartenu au Corps des Ingénieurs des Mines ou des Télécommunications ou du contrôle des assurances. Selon ses statuts, le but de l'association est de créer des liens et de la solidarité entre ses membres[9].

L'Amicale des anciens est gérée par un conseil d'administration qui a, selon un adhérent, « une vraie influence sur l'exercice du pouvoir en France »[10]. De novembre 2002 à janvier 2015, ce conseil d'administration a été présidé par Jean-Louis Beffa, ancien PDG de Saint Gobain. Le 22 janvier 2015, Pierre Pringuet, vice-président du conseil d'administration de Pernod Ricard, a été élu à la tête de ce conseil[11].

Liste d'ingénieurs notoires du corps des mines

Notoriété historique

  • Armand Dufrénoy (1792-1857), géologue, médaille Wollaston 1843
  • Gabriel Lamé (1795-1870), mathématicien et cofondateur, avec Poisson et Cauchy, de la théorie mathématique de l'élasticité
  • Élie de Beaumont (1798-1874), géologue, médaille Wollaston 1843
  • Émile Clapeyron (1799-1864), physicien et pionnier de la thermodynamique
  • Michel Chevalier (1806-1879), saint-simonien, homme politique, proche conseiller de Napoléon III
  • Frédéric Le Play (1806-1882), économiste et fondateur du musée social
  • Henri Regnault (1810-1878), chimiste et physicien français, médaille Rumford (1848) et médaille Copley 1869
  • Charles-Eugène Delaunay (1816-1872), astronome et spécialiste de la mécanique céleste, médaille d'or de la Royal Astronomical Society 1870
  • Charles de Freycinet (1828-1923), ancien ministre
  • Camille Jordan (1838-1922), mathématicien
  • Henry Le Chatelier (1850-1936), chimiste et industriel, Médaille Davy 1916
  • Henry Kuss (1852-1914), contributeur majeur à la lutte contre le grisou, organisateur de l’École des mines de Douai
  • Henri Poincaré (1854-1912), mathématicien et physicien du XIXe siècle, médaille d'or de la Royal Astronomical Society 1900
  • Albert Lebrun (1871-1950), président de la République française
  • Conrad Schlumberger (1878-1936), fondateur avec son frère Marcel de la Société de Prospection Électrique, devenue plus tard Schlumberger Limited
  • Paul Lévy (1886–1971), mathématicien spécialiste du calcul des probabilités
  • Georges Painvin (1886-1980), déchiffreur du radiogramme de la victoire pendant la Première Guerre mondiale
  • Léon Daum (1887-1966), membre fondateur de la Haute Autorité de la Communauté européenne du charbon et de l'acier.
  • Louis Armand (1905-1971) résistant français, ingénieur et haut fonctionnaire dans le domaine du ferroviaire et de l'énergie atomique.

Notoriété actuelle

  • Maurice Allais (1911-2010), Prix Nobel d'économie 1988
  • Jacques Aschenbroisch (1954-), Directeur Général de Valeo
  • Jacques Attali (1943-)
  • Roger Balian (1933-), physicien et membre de l'Académie des sciences
  • Jean-Louis Beffa (1941-), président d'honneur et administrateur de Saint-Gobain
  • Gérard Berry (1948-), Médaille d'Or du CNRS (2014), membre de l'Académie des Sciences,informatique, père du langage Esterel
  • Georges Besse (1927-1986), assassiné par Action directe, ex-PDG de la Cogema, de Pechiney et de Renault
  • Jean-Laurent Bonnafé, Directeur Général de BNP Paribas
  • Fabrice Brégier, CEO Airbus
  • Pierre-Franck Chevet, président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN)
  • Jean-Pierre Clamadieu, Président du Comité Exécutif de Solvay, Président de Rhodia
  • Bertrand Collomb (1942-), président d'honneur de Lafarge
  • Michel Combes, directeur général d'Alcatel-Lucent
  • Robert Dautray (1928-), ancien haut-commissaire à l'énergie atomique, membre de l'Académie des sciences.
  • Yannick d'Escatha, ex-président du CNES, ex-administrateur général du CEa
  • Thierry Desmarest, ex-PDG de Total
  • Jacques Dondoux, ancien ministre
  • Pascal Faure, directeur général des Entreprises
  • Jean-Martin Folz, ex-PDG de PSA Peugeot Citroën
  • Noël Forgeard, ex-PDG d'Airbus et EADS
  • Jacques Friedel (1921-2014), physicien, grand-croix de la Légion d'Honneur
  • Gabrielle Gauthey, ancienne membre du collège de l'ARCEP
  • Pierre Guillaumat, ex-administrateur du CEA, ex-PDG d'EDF, ancien ministre des Armées
  • Jean-Michel Hubert, ancien président de l'ARCEP, président du Conseil stratégique des technologies de l'information
  • François Jacq, PDG de l'IFREMER, ex PDG de MeteoFrance
  • Philippe Knoche, (1969-), directeur général du groupe Areva
  • Patrick Kron, PDG d'Alstom
  • Bertrand Labilloy, directeur général de la Caisse Centrale de Réassurance
  • André-Clause Lacoste, ex-président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN)
  • Pierre Laffitte (1925-), géologue, directeur de l'École des mines de Paris, fondateur de Sophia-Antipolis, puis homme politique
  • Vincent Laflèche, Président du BRGM
  • Richard Lalande, ex-président de la Fédération française des télécommunications
  • Anne Lauvergeon, ex-PDG d'Areva
  • Laure de La Raudière, députée
  • Jean-Bernard Levy, ancien PDG de Vivendi, ancien PDG de Thales, president d'EDF
  • Raymond Lévy, ancien PDG de la Régie Renault
  • Didier Lombard, ancien PDG de France Télécom
  • François Loos, ancien ministre délégué à l'Industrie, ancien ministre délégué au Commerce Extérieur, ancien ministre délégué à l'Enseignement Supérieur et la Recherche, ancien président du Parti Radical Valoisien, ex-PDG de l'ADEME
  • Dominique Maillard, président du directoire de RTE
  • Hervé Mariton, député de la Drôme et ancien ministre de l'Outremer
  • Roger Martin, ex-PDG de Pont-à-Mousson et de Saint-Gobain.
  • Thierry Martel (1963-), directeur général de Groupama
  • Jean Louis Masson, sénateur de Moselle
  • Francis Mer, ancien PDG d'Usinoret d'Arcelor, ancien président de Safran et ancien ministre des Finances
  • Laurent Michel, directeur général de l'Energie et du Climat (DGEC)
  • Michel Petit, membre du GIEC
  • Patrick Pouyanné (1963-), directeur général du groupe Total
  • Pierre Pringuet (1950-), directeur général de Pernod-Ricard, président de l'AFEP
  • Denis Ranque, PDG de Thales jusqu'en 2008, Président d'AIRBUS
  • André Renaudin (1955-), directeur général AG2R La Mondiale
  • Jean-Pierre Rodier président de la SAUR, ex-PDG de Péchiney
  • Marcel Roulet, ancien PDG de France Telecom, ancien PDG de Thomson et de Thomson-CSF
  • Luc Rousseau, vice-président du Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGEIET)
  • Bertrand Schwartz, ancien directeur de l’École des mines de Nancy
  • Henri Serres, ancien directeur général des systèmes d'information, ministère de la Défense
  • Sébastien Soriano, président de l'ARCEP
  • Pascale Sourisse, Senior Vice-Président de la division DSC (Systèmes C4I de Défense et Sécurité) de Thales
  • Christian Stoffaës, président d'honneur du Conseil du CEPII, membre du Cercle des économistes
  • Jean Syrota, ex-PDG de Cogema
  • Gérard Théry, ancien directeur général des télécommunications

Notes et références

  1. « Décret no 2009-63 du 16 janvier 2009 portant statut particulier du corps des ingénieurs des mines, version consolidée au 23 septembre 2009 », Légifrance.gouv.fr, version en vigueur au 21 juin 2011.
  2. Origines et histoire du Corps des Mines
  3. Loi concernant les Mines, les Minières et les Carrières.
  4. « Fissures au corps des Mines », sur le site de l'hebdomadaire L'Express, 30 janvier 1997.
  5. « Statut des ingénieurs des instruments de mesure », sur le site du Sénat.
  6. Décret no 88-509 du 29 avril 1988 relatif à l'intégration de membres du corps des ingénieurs des instruments de mesure dans le corps des ingénieurs des mines et mettant en voie d'extinction le corps des ingénieurs des instruments de mesure
  7. « Présentation », sur www.mines.org
  8. http://legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000024799396&categorieLien=id
  9. Statuts de l'Association Amicale des Ingénieurs des Mines, sur le site officiel de l'Association.
  10. La tête du corps des mines, un rêve de PDG, sur le site du quotidien Libération, 4 novembre 2002.
  11. « Pierre Prinquet, patron sortant de Pernod Ricard, maître distillateur d'influence », sur Lexpansion.lexpress.fr.

Liens externes

  • Site officiel du Corps des ingénieurs des mines
  • Syndicat des ingénieurs du Corps national des mines
  • Les ingénieurs des mines aux XIXe et XXe siècles, les Annales des Mines.
  • Le cycle de formation du Corps des mines
  • Les Annales des mines, qui comprennent trois séries : « Réalités industrielles », consacrée aux enjeux industriels, « Responsabilité et environnement », et « Gérer et comprendre » plus axé sur des problématiques managériales.
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