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Controverse sur la vaccination

Controverse sur la vaccination

Kit de vaccination américain contre la variole

La controverse sur la vaccination concerne l’efficacité et l’innocuité de la vaccination. Du point de vue majoritaire, les bienfaits de la vaccination dépasseraient largement les risques, en particulier parce que la vaccination a permis, depuis le milieu du XXe siècle, de faire disparaître de grands fléaux infectieux et de réduire le taux de mortalité. Les polémiques se sont cependant multipliées[1]. Quelques personnalités, du monde médical ou politique notamment, et des associations opposées à la vaccination considèrent que l’obligation vaccinale est une violation des libertés individuelles, de l'intégrité corporelle ou que les effets indésirables de la vaccination seraient au mieux non négligeables et parfois catastrophiques. La question de la validité théorique de la vaccination est parfois mise en cause également.

Politique vaccinale

Vaccinations obligatoires, en France

En France, la politique vaccinale s’appuie principalement sur les avis et propositions du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), section des maladies transmissibles, et du Comité technique des vaccinations (CTV)[2].

Dans la population en général

Les articles L. 3111-2 et L. 3111‑3 du Code de la santé publique[3] rendent obligatoires les vaccinations contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP). Ces vaccinations ont été rendues obligatoires en 1938 pour la diphtérie, en 1940 pour le tétanos et en 1964 pour la poliomyélite. À cette époque le niveau sanitaire général de la population et l’incidence élevée de ces maladies - avec chaque année plus de 40 000 cas de tuberculose, environ 1 500 cas de diphtérie et de 1 000 à 5 000 cas de poliomyélite - rendaient nécessaire ces mesures strictes[2]. Les vaccins contre la diphtérie, la poliomyélite et le tétanos ne suscitent guère de vastes controverses. Ces vaccinations doivent être réalisées avant l'âge de 18 mois et « la justification doit être fournie lors de l’admission dans toute école, garderie, colonie de vacances ou autre collectivité d’enfants ». L'obligation est remplie après trois injections à un mois d’intervalle, suivies d’un rappel avant l’âge de 18 mois pour le DT, et de rappels terminés avant l'âge de 13 ans pour le vaccin polio. En ce qui concerne le vaccin polio, les rappels n'étant pas déterminés par décret ou arrêté pris après avis de l'académie nationale de médecine ne peuvent être considérés que comme recommandés, la seule obligation consistant en la primo-vaccination et le rappel un an après, définis par un arrêté du 19 mars 1965 ni abrogé ni modifié.

L'article L. 3112-1 du code de la santé publique rendait le BCG obligatoire depuis 1950 pour les enfants entrant en collectivité et au plus tard à six ans lors de la scolarisation[2]. L’incidence de la tuberculose diminue en France de façon régulière et progressive. Elle a été divisée par six entre 1972 et 2005. Les cas déclarés en 2005 étaient au nombre de 5 374, ce qui donne environ 8 000 cas après correction[4]. Compte tenu de ces données épidémiologiques, l'obligation du BCG a été supprimée en 2007, au profit d’une « recommandation forte de vaccination pour les enfants les plus exposés à la tuberculose ». Cette décision a été prise suite aux expertises scientifiques et aux recommandations du CSHPF[5].

Dans certaines professions

L’article L. 3111-4 du code de la santé publique précise que les « personnels des établissements de prévention ou de soins qui sont exposés à un risque de contamination lors de leur exercice professionnel » doivent être vaccinés contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la tuberculose et l’hépatite B. De plus les personnels exerçant dans un laboratoire d’analyses biomédicales doivent être immunisées contre la fièvre typhoïde. Les étudiants se préparant à ces professions sont également soumis à ces obligations vaccinales[2].
Depuis la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, ces obligations peuvent être suspendues par décret en fonction de la situation épidémiologique et des connaissances médicales et scientifiques[2].

Sanctions

En cas de non-respect de l’obligation vaccinale, des sanctions sont prévues (peines privatives de liberté, amendes, refus d’inscription en collectivité) sauf en cas de contre-indications médicales reconnues.
L’État prend en charge l'indemnisation des accidents vaccinaux consécutifs aux vaccinations obligatoires, en application de l’article L. 3111-9 mais ne prend pas en charge les accidents liés aux recommandations vaccinales. Ces accidents vaccinaux sont pourtant difficiles à démontrer car la charge de la preuve revient systématiquement à la victime.

Le 5 mars 2007, la loi no 2007-293 réformant la protection de l’enfance durcit dans son article 27 des sanctions applicables en cas de non-respect des obligations vaccinales. Ces sanctions sont harmonisées sur la base des mesures sanctionnant le non-respect de l’obligation de vaccination contre la tuberculose, c’est-à-dire 3 750 euros d’amende et six mois d’emprisonnement. Le non-respect des obligations vaccinales est désormais qualifié de délit[6],[7].

Controverses historiques

La vaccination antivariolique

En 1800, l'introduction du vaccin antivariolique en France provoqua une grande controverse quant aux conséquences individuelles (accidents vaccinaux) ou sur la population (dégénérescence). Un comité central de vaccine créé par Napoléon et Chaptal organisa de manière très stricte la circulation de l'information médicale (allant jusqu'à censurer les journaux) afin de créer l'image d'un vaccin parfaitement bénin préservant à jamais de la petite vérole. Si la vaccination a joué un rôle considérable dans la diminution de la variole, il est vrai que la technique de vaccination promue par le comité de vaccine puis par l'Académie de médecine (de bras à bras à partir d'une lymphe humaine) comportait des risques importants de transmission de maladies. Il faudra attendre 1864 pour que l'Académie de médecine reconnaisse enfin le risque de contamination vaccinale et promeuve la vaccination animale[8].

Le « désastre de Lübeck »

Article détaillé : Vaccinations mortelles de Lübeck.

À Lübeck, en Allemagne, en 1932, une commission d’enquête a établi que sur 240 enfants vaccinés par voie orale contre le BCG ((bacille Calmette Guérin), « 72 (30 %) étaient morts de tuberculose, 127 (53 %) avaient fait une tuberculose clinique avec guérison et 41 (17 %) n’avaient présenté aucun signe clinique mais une conversion tuberculinique ». L'enquête établit également que la souche de BCG utilisée avait été contaminée par une souche virulente de M. tuberculosis. Malgré les résultats de l'enquête excluant la responsabilité du BCG dans ce drame, l’introduction du BCG fut retardée en Allemagne à cause de cette erreur[9],[10],[11]

Le vaccin contre l’hépatite B

Le vaccin contre l’hépatite B a provoqué une controverse et un débat en France[12], à la fin des années 1990[13] à la suite desquels fut créée en 1997 une association de victimes du vaccin contre l’hépatite B[14], puis fut décidée la suspension de la vaccination par Bernard Kouchner, le 1er octobre 1998. Le 7 septembre 2006, la cour a condamné l'État à payer une somme de 165 000  à Mireille M. pour la responsabilité du ministère de la Santé dans la vaccination obligatoire de cette personne[15]. En 2009, le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK) a été condamné par le tribunal de Nanterre à verser près de 400 000 euros à une femme atteinte de sclérose en plaques après avoir été vaccinée contre l'hépatite B[16].

Pourtant, selon une recherche de 2001, « aucune des études cas-témoins sur les atteintes démyélinisantes ne montrait de sur-risque significatif imputable au vaccin »[17].

L’aluminium

Des sels d'aluminium sont utilisés en petites quantités comme adjuvants dans certains vaccins[18]. La question de leur innocuité a été posée[19]. Dans certains cas, il a été rapporté des rougeurs, des irritations et des fièvres[18]. Dans d’autres cas, les vaccins contenant des sels d’aluminium auraient provoqué des myofasciites à macrophages, des lésions microscopiques contenant des sels d’aluminium et perdurant jusqu’à 8 ans[20]. La recherche scientifique n’a pas trouvé de preuve que les vaccins contenant de l’aluminium constituaient une menace de santé et qu'il serait nécessaire de modifier leur usage[21]. D'autres spécialistes demandent cependant des études spécifiques sur l'élimination effective de l'aluminium par les jeunes enfants, les doses globales dues aux vaccinations étant jugées très supérieures au maximum autorisé[22]. Une synthèse des études épidémiologiques est réalisée en 2003 par l’expertise collective des trois agences françaises l'InVS, l'Afssa et l'Afssaps[23].

En mars 2012, le Groupe d'études sur la vaccination de l'Assemblée nationale française recommande un moratoire sur les adjuvants aluminiques au vu des résultats d’un certain nombre d’études réalisées sur la migration de l’aluminium, en application du principe de précaution. Il recommande que sur chaque boîte, la présence ou l'absence d'hydroxyde d'aluminium soit clairement indiquée et encourage la recherche de nouveaux adjuvants non neuromigrants qui pourraient, à terme, remplacer les sels d'aluminium[24]. Le 28 juin 2012 l'Académie de médecine s'oppose dans un communiqué à tout moratoire sur les vaccins contenant de l'aluminium et relève « qu'aucune preuve de toxicité neurologique imputable à l'aluminium de l'alimentation ou des vaccins n'a pu encore être fournie à ce jour » et que « la résurgence des maladies prévenues par ces vaccins entraînerait de façon certaine une morbidité très supérieure à celle, hypothétique, des maladies neurologiques ou auto-immunes imputées à la vaccination[25]. »

Autisme et vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole

On utilise depuis les années 1930 le thiomersal comme agent conservateur dans les vaccins. En Angleterre, en 1998, Andrew Wakefield publia une étude associant le vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (abrégé en ROR, RRO ou MMR), qui contient du thiomersal, et l'autisme[26].

En 1999, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies et l’American Academy of Pediatrics (en) (AAP), suivant le principe de précaution, ont demandé le retrait du thiomersal des vaccins américains et européens[27].

En 2011, on s'aperçut que les données pour obtenir les résultats dans l'étude de 1998 avaient été manipulées[28].

Wakefield aurait reçu des fonds d’opposants à la vaccination[29]. Wakefield fut fortement critiqué pour son attitude[30] ainsi que pour la baisse du taux de vaccination qui en résulta[31]. Dix des douze coauteurs de l’article de 1998 se sont rétractés[32]. Le CDC[33], l'Académie nationale des sciences[34] et le National Health Service du Royaume-Uni[35] ont conclu qu’il n’y avait pas de faits probants démontrant un lien entre le vaccin ROR et l’autisme[36].

Entre temps, 5 600 plaintes avaient été déposées par des familles américaines en relation avec l'autisme de leurs enfants[37],[38]. En certaines occasions, l'Office of Spécial Masters de la Court of Federal Claims aux États-Unis (aussi appelée « vaccine court ») avait déclaré qu’il existait un lien entre l’autisme et le RRO, octroyant jusqu'à 810 000 $ de dommages et intérêts à une famille[39],[40]. En d'autres occasions, le verdict était contraire[41].

Les recherches n’ont pas démontré d’association entre le vaccin et l’autisme[42]. Aucun lien entre thiomersal et autisme n'a par ailleurs été trouvé[43],[44],[45].

Le thiomersal a été réintroduit dans les vaccins multidoses contre la grippe A(H1N1) pandémique de 2009, ce qui a donné un argument supplémentaire de contestation à l'égard de la campagne de vaccinations massives.

Gardasil

Le Gardasil est un vaccin contre le papillomavirus humain (HPV). Accueilli en 2006 comme une bonne nouvelle dans plusieurs pays, ce vaccin très utilisé aujourd'hui est une source de controverses. En effet des jeunes filles ont souffert, postérieurement à leur vaccination de développement d'une maladie auto-immune comme la Sclérose en plaques (SEP) , mais aussi le Lupus par exemple. Certaines se sont regroupées dans un collectif qui est représenté par l'avocate Camille Kouchner . Son cabinet donne les chiffres suivant Entre 2006 et 2011, 1672 cas d’effets indésirables ont été recensés, dont 352 graves : "Plus de 2 millions de jeunes femmes entre 14 et 23 ans ont été vaccinées en France. Le vaccin a été distribué à 136 millions de doses dans le monde depuis sa mise sur le marché en 2006" [46] Fin 2013, 10 plaintes sont déposées pour « atteinte involontaire à l’intégrité des personnes » et « tromperie aggravée »[47]. Les jeunes filles souffrent de maladie diverses : Sclérose en plaques[48], maladie de Verneuil, polymyosite [49], hypersomnie idiopathique[50]. En avril 2014, 25 nouvelles plaintes sont déposées. Les maladies contractées sont la sclérose en plaques, le Lupus, l'encéphalomyélite aiguë disséminée, la myofasciite à macrophage[51].

Des associations luttent pour obtenir un moratoire sur le Gardasil, il s'agit notamment de Revahb qui regroupe les victimes du vaccin contre l'hépatite B, E3M qui rassemble les personnes atteintes de myofasciite à macrophages et Amalyste, une association de patients souffrant des syndromes de Lyell et du Stevens-Johnson[52] Ainsi que "les filles et la gardasil" une association dédiée [53]

Pour des jeunes filles adolescentes, ces maladies, bien que rares, ne sont pas impossibles. Sur un million de vaccinées en 5 ans soit 200 000 par an, on estime que le nombre normal d’apparition de ces maladies est d'environ 40 par an [54]. Il est donc logique qu'aléatoirement, certains des premiers symptômes interviennent parfois peu après la vaccination. Trois maladies se déclenchent ainsi par an dans le même mois que la vaccination. Devant des annonces aussi catastrophiques qu'injustes, il est naturel que les familles, qui ne peuvent accepter le côté aléatoire de l’événement, cherchent un « responsable. ». La relation avec la vaccination est alors souvent mise en avant, surtout dans un contexte d’emballement médiatique.

Du côté des scientifiques, la relation entre ces maladies et la vaccination ne peut être envisagée que si l'apparition des maladies est plus fréquente sur les populations vaccinées que sur les autres.

Pour vérifier cela, L'ANSM a mené[55] une Étude préliminaire de surveillance de l’incidence des maladies auto-immunes sur les données du Système d’Information Inter-Régimes de l’Assurance maladie, portant sur une cohorte de jeunes filles nées entre 1992 et 1996 ne montre pas d’augmentation de l’incidence des maladies auto-immunes ni plus particulièrement de SEP après une vaccination par Gardasil[56].

L'Académie nationale de médecine communique le 4 décembre 2013 [57] sur les éventuels effets indésirables graves de la vaccination anti-papillomavirus humains en France. Elle déclare « À ce jour, les études scientifiques de bonne qualité n’ont jamais démontré de relation entre un vaccin et une maladie neurologique démyélinisante ou toute autre Maladie auto-immune. La première cohorte étudiée en 2006 à partir de bases de données recueillies en Californie du Nord avant la mise en place de la vaccination HPV a estimé le nombre de cas attendus de plusieurs maladies de ce type dans un délai de 6 semaines après une vaccination virtuelle[58]. »

L'Académie nationale de médecine cite d'autres cohortes étudiées au Danemark [59],[60] et aux États-Unis [61], qui ne montrent pas de différence entre les maladies auto-immunes spontanées et celles qui surviennent dans les populations de vaccinées.

Analyse de la base de données française

L'académie de médecine détaille les principaux chiffres de l’étude de cohorte menée en France sur les affections de longue durée à partir de la consultation de la base de données du Système d’Information Inter-Régimes de l’Assurance maladie, prévue dans le Plan de Gestion de risques français :

  • analyse l’incidence de neuf maladies auto-immunes chez
    • 1 083 978 jeunes femmes vaccinées,
    • 4 660 575 jeunes femmes non vaccinées,
  • le résultat est
    • 2,14 pour 10 000 personnes-années chez les vaccinées,
    • 2,06 pour 10 000 personnes-années chez les non vaccinées,
  • Conclusion : L'écart est dans la marge d'erreur statistique : Il n’y a pas de différence des taux d’incidence des maladies auto-immunes étudiées entre les groupes des vaccinées et des non vaccinées[62].

Polémique sur les vaccins contre la Grippe A(H1N1)

En 2009, le vaccin en préparation pour le virus A(H1N1) a provoque une controverse avant même sa distribution[63],[64],[65].

Du fait, le suivi des personnes vaccinées et la détection des effets secondaires ont été des plus exhaustifs[66],[67].

En août 2010, après la fin officielle de la pandémie, 4 428 effets indésirables, principalement bénins, avaient été enregistrés[68]. Dans un bulletin de pharmacovigilance l'Afssaps conclut :« Au 28 mars 2010, les données de sécurité issues de la notification spontanée et des résultats préliminaires des études pharmaco-épidémiologiques en cours, tant sur le plan national qu’européen ne montrent pas de signal d’alerte particulier pouvant remettre en cause le profil de tolérance de ces vaccins. »[69].

Le Figaro fit un article sur 22 cas de narcolepsie cataplexie relevés parmi 5,7 millions de personnes vaccinées[70]. La prévalence de cette maladie est estimée être entre 1/3300 à 1/5000[71], ce qui indique qu'au moins un millier de personnes étaient porteuses de cette maladie parmi les personnes vaccinées.

L'Hormone chorionique gonadotrope humaine

Fin 2014 au Kenya, l'association des médecins catholiques du Kenya a affirmé avoir trouvé un antigène, l'hormone chorionique gonadotrope humaine, qui provoque des fausses couches, dans un vaccin antitétanique, injecté durant la campagne de vaccination soutenue par le gouvernement kenyan[72]. L'association a rappelé que l'Église catholique gère 54 hôpitaux, 83 centres de santé, 17 écoles de médecins et d'infirmier au sein d'un réseau de soins et que ce réseau procure également des vaccinations[72].

Fêtes du virus

Article détaillé : Fête du virus.

Les fêtes du virus provoquent de manière récurrente des controverses et sont découragées par les responsables de la santé publique, en faveur de la vaccination[73].

Parallèle scientifique entre recrudescence des maladies et chute de la vaccination dans l’histoire

Selon certaines études, la réduction volontaire ou non, de l’utilisation de vaccins dans certains pays a provoqué une recrudescence des maladies et une augmentation de la mortalité[74],[75].

En 1873, une campagne religieuse contre la vaccination a fait chuter la vaccination de 40 % à Stockholm au XIXe siècle provoquant une réapparition de la variole qui fut à nouveau éradiquée par le vaccin ensuite[76].

En 1974, l’utilisation du vaccin contre la coqueluche chuta de 77% à 30 % en Grande-Bretagne. Dans les années qui suivirent, le nombre de cas rapportés augmenta et plusieurs épidémies importantes se déclarèrent[77].

De 1979 à 1996, la Suède interrompit la diffusion du vaccin contre la coqueluche à la suite de quoi 60 % des enfants furent contaminés, la mortalité ne dépassant cependant pas un individu par année[75]. L’OMS a estimé à 294 000 le nombre de décès en 2002 dus à la coqueluche dans les pays ne pratiquant pas la vaccination[78].

La réapparition significative de la rougeole dans une communauté religieuse aux Pays-Bas a démontré les conséquences de la non vaccination[79]. Il n’y eut cependant que trois décès pour 2 961 cas.

Au début des années 2000, un groupe de religieux conservateurs au Nigeria, rejetant la médecine occidentale, conseilla à ses adeptes de ne pas vacciner leurs enfants avec le vaccin oral contre la poliomyélite. Le boycott fut adopté par le gouverneur de la province de Kano et aucun vaccin ne fut administré pendant plusieurs mois. La polio réapparut dans une douzaine de provinces qui ne présentaient pas de cas de la maladie auparavant[80] En 2006, le Nigeria avait la moitié des cas de polio du monde[81]. Une résurgence de la rougeole en 2005 dans l’État d’Indiana aux États-Unis fut attribuée à des parents qui avaient refusé la vaccination pour leurs enfants[82].

La majorité des cas de tétanos chez des enfants surviennent dans les familles où les parents ont refusé de faire vacciner leurs enfants[83].

Arguments des opposants à la vaccination

Les vaccins ont des effets indésirables

Les vaccins peuvent avoir des effets indésirables. Le vaccin étant administré à des personnes saines, la population est moins encline à tolérer les effets indésirables. L’attention du public est moins portée sur les maladies, qui tendent à disparaître, que sur les effets indésirables éventuels[84]. C’est devenu un défi pour les autorités de conserver le soutien des populations pour les campagnes de vaccination[85].

Le nombre de vaccins administrés simultanément aurait pour effet d’affaiblir le système immunitaire. L’autisme, bien que de cause pour l'heure inconnue, a été présenté comme une conséquence possible de cet affaiblissement et a conduit un certain nombre de parents à éviter ou reporter la vaccination de leurs enfants[86].

Plusieurs études contredisent pourtant cette supposition[87],[88].

La régression des maladies a d'autres causes que la vaccination

Alors que la communauté scientifique attribue aux campagnes de vaccination la régression, et dans certains cas l'éradication, de maladies graves, les anti-vaccinalistes attribuent plutôt ces progrès à l’amélioration des conditions d’hygiène et d'alimentation[89],[90].

L'immunité assurée par les vaccins est moins durable que celle produite par la maladie

L’immunité produite par la maladie elle-même, pour ceux qui lui survivent, est plus durable que celle produite par le vaccin[91][réf. insuffisante].

L'obligation vaccinale est imposée pour les profits qu'elle génère

Certaines critiques pensent que le seul profit financier explique l’obligation vaccinale, conduisant même les laboratoires pharmaceutiques à omettre ou supprimer des informations importantes sur les dangers éventuels et l’efficacité des vaccins[92]. Les laboratoires affirment pourtant que la marge de profit sur les vaccins est faible[93]. Cependant au début du XXIe siècle le marché du vaccin s’est élargi avec de nouvelles spécialités, vaccins monovalents ou combinés, comme le Prevnar (en France Prévenar), le Gardasil, le Pediarix, etc., qui rapportèrent chacun plus d’un milliard de dollars en 2008[93].

L'obligation vaccinale est une atteinte aux libertés individuelles

Pour les associations qui luttent contre la vaccination obligatoire, l’obligation vaccinale est parfois interprétée comme une atteinte à la liberté individuelle[94],[95] même quand celle-ci est jugée légitime[96]. Mais, pour les défenseurs de la vaccination obligatoire : « la coercition légale, dans la limite où elle est démontrée nécessaire à la protection de la santé publique du plus grand nombre, non seulement est nécessaire mais s’impose aux sociétés »[97].

Aux États-Unis, la Cour suprême a entériné l'obligation vaccinale depuis (au moins) Jacobson v. Massachusetts (en) (1905), au nom du pouvoir de police attribué aux États fédérés lorsqu'il en va de la santé et du bien-être général de la population.

La vaccination est rejetée par certains courants religieux

L’opposition pour des raisons religieuses au principe d'une immunisation artificielle précède la vaccination à proprement parler. Cette opposition a cependant bien d’autres fondements puisque sous l'action de médecins et d'élus opposés à la vaccination imposée, l'obligation vaccinale, en France, fut abolie avant la deuxième guerre mondiale avant d'être rétablie durablement dès 1940 sous le régime de Vichy.

Un sermon de 1772 intitulé « la pratique dangereuse et pécheresse de l’inoculation » par le théologien Edward Massey laissait entendre que la variolisation était une « opération diabolique » quand les maladies de Dieu étaient là pour punir leurs victimes du péché[98], [99].

Cependant, selon Pierre Burney[100] «Il n’est pas douteux qu’il y ait eu des croyants pour considérer la vaccination comme une innovation suspecte et impie mais cette opposition semble avoir été grossie (…) pour les besoins de lutte anticléricale ».

Il existe de nos jours un groupe religieux fondamentaliste influent aux États-Unis, le Family Research Council, qui déconseille le vaccin contre le papillomavirus humain aux jeunes filles parce qu’il risquerait de favoriser la « promiscuité sexuelle » en laissant penser qu’avec ce traitement « le sexe serait sans risque ». Le risque étant perçu comme une manière de maintenir les jeunes femmes dans la voie de la chasteté jusqu'au mariage[101].

Les Talibans, quand ils avaient le pouvoir en Afghanistan, ont émis des fatwas contre la vaccination qu'ils percevaient comme une tentative de s'opposer à la volonté d'Allah et un moyen pour les Américains de stériliser les femmes musulmanes. Ils ont même assassiné le directeur de la campagne de vaccination de la Bajaur Agency au Pakistan[102].

Le Vatican a exprimé en 2005 des inquiétudes au sujet de la composition du vaccin contre la rubéole cultivés sur cellules diploïdes humaines issues de lignées de cellules de fœtus avortés, concluant cependant que tant qu’il n’existait pas de choix alternatif, il était acceptable que les catholiques utilisent le vaccin existant[103] mais en précisant que c'était « un choix injuste qui devait être éliminé rapidement » lorsqu'une alternative serait possible.

Diffusion des théories anti-vaccinales

Les acteurs

Plusieurs courants de médecines non conventionnelles s’opposent à la vaccination, comme la naturopathie, certains homéopathes, certains chiropracteurs ainsi que la médecine anthroposophique pour les maladies infantiles[104],[105],[106].

Daniel David Palmer, le fondateur de la chiropraxie, écrivait « c’est le sommet de l’absurdité que de tenter de protéger une personne de la variole en lui administrant un poison animal dégoûtant »[107].

Les méthodes

Cet article provoque une controverse de neutralité (voir la discussion).
Considérez-le avec précaution. (Questions courantes)

Les milieux antivaccinalistes utilisent le réseau internet pour diffuser leurs théories[108]. Ce réseau permet un accès direct à de nombreuses informations de santé, jusqu'alors peu disponibles pour le grand public (livres et revues médicales).

Les sites de vulgarisation médicale sont souvent visés via leurs forums (doctissimo...). Les activistes anti-vaccinalistes profitent de discussions pour aiguiller certaines personnes vers leurs sites web (nombreux liens hypertextes utilisés dans les signatures et se répétant sur tous leurs messages). Un petit nombre d'activistes auto proclamés experts inondent alors les sections vaccinations de différents site web d'informations anti-vaccinalistes, faisant alors penser aux utilisateurs que leurs références sont nombreuses et légitimes.

Les réseaux sociaux (Facebook) sont aussi largement utilisés (créations de groupes prônant la « liberté vaccinale »). Ils permettent un accès large et un recrutement facile de profils[108]. Les sites de partages en ligne sont également largement inondés de vidéo antivaccinalistes (25,3 % des vidéos en lien avec la vaccination sur YouTube la décrit négativement)[108]. Cette technique permet de submerger les décideurs en termes de vaccination (parents) d'informations négatives sur la vaccination, faisant passer les informations médicales validées au second rang.

Les techniques des militants anti-vaccinalistes sont de plusieurs types[108] :

  • dénigrer la science, la médecine (suspicions de conflit d'intérêt, de dissimulation et de fraude) ;
  • dresser la liste des ingrédients potentiellement toxiques (en dénigrant/niant les études de sécurité réalisées) ;
  • prôner la liberté vaccinale (refus des obligations vaccinales) ;
  • mettre l'accent sur l'impossibilité d'assurer la fiabilité à 100 % des vaccins en termes d'efficacité ou d'effets secondaires (les vaccins étant des médicaments, ils ont des effets secondaires ou leurs efficacité ne peut pas être 100 % dans la population) ;
  • mettre en avant l'aspect contre nature de la vaccination, qui n'hésite pas à mettre en danger les enfants en leur injectant des germes: notion de « soupe purulente » ;
  • nier la contribution des vaccins aux progrès en matière de santé des dernières décennies et les attribuer à d'autres facteurs (en général progrès en matière d'hygiène et meilleure nutrition) ;
  • pratiquer l'amalgame en citant des cas antérieurs d'erreur scientifique (scandale du sang contaminé, des hormones de croissance) sans rapport avec la vaccination ;
  • invoquer Bigpharma (industrie pharmaceutique décrite comme toute puissante en matière de santé grâce à l'argent, en référence à Bigbrother) ;
  • détourner les résultats d'études scientifiques sur la vaccination ;
  • rejeter la possibilité que les effets secondaires se produisent après la vaccination par coïncidence fortuite ;
  • se présenter comme les meilleurs des experts du fait de l'expérience acquise sur ses propres enfants; expérience acquise qui permet de conseiller les autres en matière de vaccination ;
  • présenter les maladies infantiles comme bénignes et affirmer qu'il est plus sûr et plus naturel de les contracter que de se faire vacciner (nier les complications des maladies infantiles) ;
  • nier l'utilité des vaccins en matière de politique de santé publique (passer sous silence le phénomène d'immunité grégaire ou présenter le fait d'imposer un risque de complication à des individus pour améliorer la santé globale d'un groupe comme une injustice) ;
  • faire témoigner les patients ou parents d'enfants touchés par une maladie grave après une vaccination (en invoquant le sophisme post hoc propter hoc) ;
  • abuser d'images humoristiques/caricatures en lien avec la vaccination.

Références

  1. « On pourrait imaginer que les succès de la vaccination laissent peu de place à la controverse et pourtant je ne connais aucun autre champ en médecine qui ait fait l’objet de polémiques aussi violentes » Vaccins, intolérances et allergies, par « JF. Nicolas » (Archive Wikiwix Archive.is Google Que faire ?), consulté le 2013-04-08,D. Kaiserlian, F. Béraud, John Libbey 2003 p. 59
  2. 1 2 3 4 5 http://www.grog.org/documents/guide_des_vaccinations_2006.pdf
  3. Vaccination sur http://www.legifrance.gouv.fr
  4. Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin. Pour le lancement du programme national de lutte contre la tuberculose. Mercredi 11 juillet 2007.
  5. La tuberculose sur http://www.sante-sports.gouv.fr
  6. Rapport no 3687 Rapport sur le projet de loi adopté par le sénat, réformant la protection de l’enfance. Par Mme Valérie Pécresse. Le 13 février 2007.
  7. Loi n° 2007-293 du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance
  8. Jean-Baptiste Fressoz, L'Apocalypse joyeuse. Une histoire du risque technologique, Paris, Le Seuil, 2012
  9. BCG, histoire d’une découverte et de ses controverses
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Voir aussi

Bibliographie

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Publications anti-vaccination

En français
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  • Vaccination, je ne serai plus complice ! Dr Jean Méric, Marco Pietteur, 2004
  • Vaccination, les vérités indésirables, Michel Georget, Dangles, 2007
  • Vaccinations : le droit de choisir, Dr François Choffat, Éditions Jouvence, 2009
  • Vaccins, l'avis d'un avocat : on nous aurait menti ? Jean-Pierre Joseph, testez, 2008
  • Vaccination: Erreur médicale du siècle, Louis De Brouwer, Louise Courteau
  • La (Bonne) Santé des enfants non vaccinés, Dr Françoise Berthoud, Éditions Jouvence, 2015
  • Qui aime bien, vaccine peu, Groupe médical de réflexion sur les vaccins, Éditions Jouvence, 2009
En anglais
  • 1898 Vaccination A Delusion de Alfred Russel Wallace
  • 1936 The Case Against Vaccination de M. Beddow Bayly M.R.C.S., L.R.C.P.
  • 1951 The Truth About Vaccination and Immunization de Lily Loat
  • 1957 The Poisoned Needle de Eleanor McBean
  • 1990 Universal Immunization: Miracle or Masterful Mirage du Dr Raymond Obomsawin
  • 1993 Vaccination: 100 years of orthodox research shows that vaccines represent an assault on the immune system de Viera Scheibner.

Documentaire

  • Silence on vaccine, de Lina B. Moreco. Documentaire produit par l'Office national du film du Canada et diffusé sur France 5 le 9 décembre 2008

Liens externes

Sites officiels

Sites sur la controverse

  • Site du Dr Girard, conseil en pharmacovigilance et pharmacoépidémiologie expert européen (AEXEA)
  • Controverse autour de trois vaccins par Didier Torny, sociologue INRA et chercheur à l’École des hautes études en sciences sociales. « également publié sur le site de la société française de santé publique » (Archive Wikiwix Archive.is Google Que faire ?), consulté le 2015-03-25.
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