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Anglicanisme

Anglicanisme

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La cathédrale de Canterbury est le centre spirituel de l'anglicanisme

L'anglicanisme est une confession du christianisme dont l'origine remonte au XVIe siècle lorsque le roi d'Angleterre Henri VIII rompit avec le pape et Rome. Cette branche du christianisme est aujourd'hui présente principalement dans les pays qui ont pu être imprégnés par la culture anglaise ; outre l'Angleterre, il s'agit notamment des anciennes colonies britanniques en Amérique et en Afrique.

En toute rigueur, on ne saurait parler de l'« Église anglicane » puisque les différentes églises se reconnaissant dans cette confession sont autocéphales. La plupart sont rassemblées dans la Communion anglicane, au sein de laquelle l'Église d'Angleterre et son primat, l'archevêque de Canterbury, ne jouissent que d'une primauté d'honneur. Ces églises sont en pleine communion (en matière doctrinale et sacramentelle) les unes avec les autres et représentent ensemble environ 77 millions de fidèles.

Les Églises anglicanes ont une structure épiscopale. Elles se disent à la fois catholiques et protestantes, et l'anglicanisme a souvent été présenté comme une via media entre ces deux branches de la chrétienté. Elles se présentent comme des Églises catholiques non romaines, parce qu'elles se veulent en continuité avec la tradition apostolique (ainsi la patristique est très développée dans le monde anglican) et affirment avoir conservé la succession apostolique. Ni l'Église catholique romaine ni l'Église orthodoxe[1] ne leur reconnaissent cette qualité : ainsi par la lettre apostolique Apostolicae Curae le pape Léon XIII déclare en 1896 « nulles et sans valeur » les ordinations anglicanes (doctrine confirmée par le motu proprio Ad Tuendam Fidem en 1998). Les archevêques anglicans de Canterbury et d'York ont donné leur réponse dans Saepius officio. Pour autant, lors du concile Vatican II est affirmée la « place particulière » des Anglicans, « qui gardent en partie les traditions et les structures catholiques ».

Par ailleurs, les Églises anglicanes se disent réformées parce qu'elles ont adhéré à certains principes nouveaux issus de la Réforme protestante en matière de doctrine et de liturgie. À l'origine, la doctrine anglicane est énoncée dans les Trente-neuf articles (Bill of 39 articles) qui ont longtemps eu une valeur impérative. L'éventail entre les positions doctrinales s'est ensuite élargi et donne lieu à de nombreuses classifications (Haute Église, Basse Église, Broad Church (en), Anglo-catholicisme, Évangélisme…).

Alors que pendant longtemps la coexistence apaisée entre de telles positions divergentes était considérée comme une spécificité de l'anglicanisme, la communion est depuis la fin du XXe siècle soumise à de forts tiraillements sur certaines questions : ordination des femmes, position par rapport à l'homosexualité notamment.

Histoire

Article détaillé : Église d'Angleterre.

Fondation : le rôle de la monarchie britannique

À l'inverse de ce qui s'est produit en Europe continentale, la séparation entre l'Église d'Angleterre et la papauté ne vint pas de querelles théologiques, mais avant tout politiques. Le roi d'Angleterre, Henri VIII, jusque là soutien sans faille de la papauté, avait épousé en 1509 Catherine d'Aragon. Sans héritier mâle, et par ailleurs épris de sa maîtresse Anne Boleyn, il fait parvenir au pape en 1527 une demande d'annulation de son mariage. Ayant essuyé en 1530 un refus définitif de Clément VII, il se proclame l'année suivante alors « Chef Suprême de l'Église et du Clergé d'Angleterre » et rompt toute relation diplomatique avec Rome.

Le « divorce royal » peut alors être prononcé : dès que son union avec Catherine d'Aragon est invalidée par le nouvel archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, Henri VIII épouse sa favorite le 23 mai 1533.

Ce n'est cependant qu'en 1559, avec le Règlement élisabéthain, que la situation religieuse commence à se stabiliser en Angleterre et que l'anglicanisme prend véritablement forme, avec notamment l'introduction totale du Livre de la prière commune. Des églises sœurs sont fondées en Écosse et en Irlande dès cette époque.

Émergence de courants spirituels variés

William Laud essaiera en vain d'uniformiser l'anglicanisme

De 1633 à 1640, l'archevêque de Cantorbéry William Laud va tenter de mettre en œuvre une politique d'uniformisation religieuse. Elle est rejetée par les non-conformistes, notamment par les puritains qui souhaitent parachever la Réforme en Angleterre. C'est une des causes de la Première Révolution anglaise. À partir de la restauration de la monarchie, deux groupes se font face dans l'anglicanisme : le mouvement Haute Église qui défend la reprise d'une politique d'uniformisation et le mouvement latitudinaire, dit Basse Église, qui souhaite une ouverture plus large, notamment en direction des non conformistes[2].

Ces deux mouvements vont persister et se transformer progressivement au cours du XIXe siècle. En effet la première moitié de ce siècle est une phase d'intense réveil religieux, qui voit l'émergence de l'évangélisme anglican. Parallèlement, avec le mouvement d'Oxford une part des anglicans Haute Église se tourne vers une remise en valeur de la tradition apostolique et forme un nouveau mouvement, le tractarianisme qui devient ensuite l'anglo-catholicisme. Enfin, dans la lignée du protestantisme libéral naissant, émerge un mouvement qui se dénomme Broad Church' (en)[3].

Formation de la communion anglicane

Du XVIIe siècle au XIXe siècle, les églises anglicanes déploient une activité missionnaire de plus en plus importante. Les communautés érigées dans les colonies prennent progressivement leur indépendance et s'érigent en églises autonomes. Le souverain britannique n'occupe de fonction officielle que dans l'Église d'Angleterre (il en a également, à un degré moindre, dans l'Église d'Écosse, qui est une église presbytérienne et non anglicane)[4].

Les structures de concertation entre les différentes églises anglicanes apparaissent progressivement : la première conférence de Lambeth a lieu en 1867 à l'instigation de l'archevêque de Cantorbéry Charles Thomas Longley. Une vingtaine d'années plus tard, les églises s'accordent sur quatre points fondamentaux qui forment une sorte de définition de l'identité anglicane. Ces accords, qui resteront sous le nom de quadrilatère de Chicago-Lambeth, forment également le socle des conceptions anglicanes en matière d'œcuménisme.

Organisation des églises et de la communion anglicanes

Un fonctionnement synodal

Les différentes églises qui constituent la communion anglicane portent le nom de provinces ecclésiastiques et ont chacune leurs règles de fonctionnement propres. Il y a cependant de nombreux traits communs.

L'unité de référence est le diocèse, dirigé par un évêque. Il comprend différentes paroisses organisées en doyennés. Chaque paroisse est prise en charge par un prêtre appelé vicaire ou recteur, sous la responsabilité de l'évêque.

Une différence importante avec l'Église catholique romaine est qu'à tous les niveaux à partir du doyenné, le gouvernement de l'église est confié à des synodes auxquels participent clercs et laïcs élus : synode de doyenné, synode diocésain, et enfin, le synode général qui concerne l'ensemble de la province. Ce dernier est tricaméral, avec une chambre des évêques, une chambre des clercs et une chambre des laïcs. Suivant la nature des questions traitées, différents types de majorité sont requis, voire l'accord de l'évêque dirigeant le diocèse[5].

Les instruments d'unité

L'archevêque de Cantorbéry Justin Welby est évêque du diocèse de Cantorbéry, Primat de toute l'Angleterre et chef symbolique de la Communion anglicane

Pour des raisons historiques, l'archevêque de Cantorbéry possède une forme de primauté d'honneur sur les autres évêques anglicans. Il n'exerce pour autant aucun pouvoir sur les églises sœurs de la Communion anglicane. Il est considéré comme le chef spirituel de l'anglicanisme et le garant de l'unité de la Communion. Depuis 2013, c'est Justin Welby qui occupe cette fonction.

La Communion anglicane ne possède pas d'instance de gouvernement, puisque les églises qui la composent sont autonomes. Il existe cependant plusieurs instances qui permettent la réunion des membres de la communion et une certaine forme de collaboration :

  • la conférence de Lambeth qui se tient de façon décennale depuis 1867. Elle se tient sous la présidence de l'archevêque de Cantorbéry qui y invite tous les évêques de la Communion ;
  • le conseil consultatif anglican assure depuis 1968 des réunions à intervalles de deux ou trois ans entre représentants des évêques, du clergé et des laïcs de toute la Communion ;
  • la conférence des primats anglicans se réunit selon un rythme analogue depuis 1978.

Avec l'archevêque de Cantorbéry, ces trois instances sont connues sous le nom d'instruments d'unité ou instruments de communion[6],[7]. Elles peuvent passer des résolutions, mais celles-ci n'ont pas de pouvoir contraignant pour les églises membres.

Les rapports de force entre les instruments de communion ont évolué depuis leur création : le conseil consultatif anglican, dont la forme est la plus proche du fonctionnement synodal, a pris de plus en plus d'importance. Cette évolution est critiquée par certains primats qui y voient un outil de promotion d'un agenda libéral[8].

Doctrine

Statut et rôle du clergé

prêtre anglican en habit de chœur

Les Églises anglicanes ont une structure épiscopale : elles ont donc conservé une bonne partie de l'organisation hiérarchique catholique (sauf le cardinalat et la papauté). Une distinction importante de l'anglicanisme par rapport au catholicisme romain est le droit qu'ont les clercs séculiers (diacre, prêtres et évêques) de se marier et d'avoir des enfants, que ce soit avant ou après leur ordination. Il arrive cependant que certains clercs (notamment parmi ceux de tendance anglo-catholique) vivent leur ministère en s'engageant au célibat[9].

Dans la plupart des églises anglicanes, il est aussi possible pour des femmes d'être ordonnées prêtres et même évêques dans quinze Églises de confession anglicane - aux États-Unis, en Écosse, au Canada ou en Nouvelle-Zélande notamment[10]. Le Synode Général de York en juillet 2008 a décidé par vote d'étendre cette capacité à l'Angleterre[11]. Mais cette proposition a finalement été rejetée lors du vote du 20 novembre 2012[12]. Elle est finalement acceptée lors du synode général de l'Église d'Angleterre, le 13 juillet 2014, ouvrant désormais le ministère épiscopal aux femmes. Cette mesure du synode a été ratifiée par le Parlement, signée par la Reine, et validée de nouveau par le synode général, réunit le 17 novembre 2014.

Les sacrements

Selon la doctrine classique des Trente-neuf articles, les églises anglicanes célèbrent deux sacrements : le baptême et l’Eucharistie, ainsi que cinq autres « petits sacrements » ou rites sacramentaux : la confirmation, le mariage, l’onction des malades, la confession et l’ordination sacerdotale. Seuls les premiers sont en effet réputés avoir été établis par le Christ lui-même et témoigner de l'adhésion pleine à la religion. Depuis le XIXe siècle, l'éventail des positions doctrinales en matière de sacrements s'est élargi. De nombreux anglo-catholiques considèrent notamment qu'il y a bien sept véritables sacrements. À l'opposé, certaines parties de la Communion anglicane développent une théologie d'inspiration très proche du calvinisme, qui influe sur leur conception des sacrements et des ministères.

Pour ce qui concerne l'Eucharistie, une grande variété de positions doctrinales coexistent. Quelques Anglicans considèrent l'Eucharistie (qu'ils préfèrent qualifier de repas du Seigneur) comme un simple mémorial, mais la plupart adhèrent à une forme plus ou moins forte de présence réelle du Christ dans le pain et le vin.

Même si les Trente-Neuf articles repoussent explicitement la doctrine de la transsubstantiation, de nombreux anglo-catholiques ou membres du mouvement Haute Église y adhèrent, ce qui les rend très proches de la doctrine catholique romaine sur ce point. Au contraire, le diocèse anglican de Sydney considère possible la célébration de l'eucharistie par des personnes qui n'ont pas été ordonnées prêtres, mais cette disposition est critiquée[13].

Le dimanche (et même en semaine), on célèbre l’eucharistie, selon la même structure que dans les autres Églises traditionnelles. Selon la tradition de l’Église primitive, les fidèles communient sous les deux espèces[réf. souhaitée].

Liturgie anglicane en langue française

La liturgie

La communion anglicane ne possède pas de liturgie uniforme, cependant le livre de la prière commune sert de référence commune. Depuis sa première édition en 1549 (une première version de 1544 était moins marquée par la Réforme), sous la présidence de l'archevêque de Cantorbéry Thomas Cranmer, il a subi de nombreuses révisions (notamment en 1559 et 1662), traductions et adaptations locales par les églises-sœurs.

Les révisions du Livre de la prière commune peuvent avoir un impact important en matière de liturgie, mais aussi de doctrine. C'est ainsi que la révision de 1976 fut une des causes du Mouvement anglican continué, schisme au sein de l'Église épiscopale des États-Unis.

Sous l'influence du mouvement liturgique, l'Église d'Angleterre a introduit en 1980 un concurrent au livre de la prière commune, l'Alternative Service Book dont l'usage s'est rapidement répandu dans les paroisses, avant d'être lui-même remplacé à partir de 2000 par une série de livres intitulés Common Worship.

Des organisations anglicanes comme la Prayer Book Society[14] promeuvent au contraire le maintien des livres liturgiques traditionnels, et prônent également le maintien de la doctrine anglicane originelle. Ils déplorent la marginalisation du Book of Common Prayer de 1662 et tentent d'y donner accès au plus grand nombre.

Parallèlement, certaines paroisses anglo-catholiques utilisent des traductions du missel romain convenablement adaptées : ce sont le missel anglais et le missel anglican. Certaines liturgies anglo-catholiques sont très proches du rite romain, ou de son ancienne forme (rite tridentin), voire du rite de Sarum antérieur à la Réforme.

Œcuménisme et accords d'intercommunion

La Communion anglicane est très engagée dans l'œcuménisme dont elle est un des acteurs importants depuis le début du XXe siècle. Ses positions doctrinales lui permettent en effet de prétendre au rôle de « pont » entre catholiques et protestants. Les églises anglicanes font notamment partie du Conseil œcuménique des Églises.

Après les conversations de Malines des années 1920 qui sont restées sans lendemain, le dialogue a repris depuis 1967 avec l'Église catholique romaine dans le cadre de la Commission internationale anglicane-catholique romaine. Ce dialogue a été favorisé par les premiers contacts entre les papes et archevêques de Cantorbéry et la publication du décret sur l'œcuménisme Unitatis Redintegratio lors du concile œcuménique Vatican II. Il y est en effet affirmé que « Parmi celles qui gardent en partie les traditions et les structures catholiques, la Communion anglicane occupe une place particulière »[15].

Avec certaines églises, les accords sont allés jusqu'au stade de la pleine communion doctrinale et sacramentelle. C'est le cas de l'Église d'Angleterre et l'Église vieille-catholique depuis l'Accord de Bonn de 1931, accords qui ont progressivement été étendus à toute la Communion anglicane. L'Église malankare Mar Thoma, de tradition syriaque, est elle aussi en pleine communion avec la Communion anglicane. Plus récemment, en 1992, est formée la communion de Porvoo réunissant douze églises anglicanes et luthériennes d'Europe[16]. Malgré la profondeur du lien d'intercommunion, et la possibilité qui leur a été donnée d'assister et de voter lors des conférences de Lambeth, les églises concernées par ces accords restent des entités distinctes de la Communion anglicane[7].

Les évolutions récentes au sein des églises de la Communion anglicane ont eu un impact négatif sur les relations œcuméniques. Ainsi les travaux de la commission anglicane-catholique romaine ont subi un arrêt à la suite de l'introduction de l'ordination des femmes par l'Église d'Angleterre en 1993 puis de l'élection d'un évêque homosexuel à la tête du diocèse épiscopalien du New Hampshire en 2003[17]. En septembre 2010, l'Église orthodoxe de Russie, qui avait auparavant rompu le contact avec les églises anglicanes des États-Unis et de Suède, a menacé de mettre fin au dialogue avec la Communion anglicane, dénonçant le « libéralisme et le relativisme » prévalant dans certaines églises, et l'introduction de l'ordination de femmes[18]

Diversité et risques de rupture

Si les évêques anglicans du monde se réunissent régulièrement lors des conférences de Lambeth et se reconnaissent encore volontiers comme issus du même rameau, les divergences liturgiques et théologiques entre les courants de l'anglicanisme sont telles que se pose aujourd'hui la question de la signification de la Communion anglicane et de sa pérennité. En effet, au XXe siècle et au XXIe siècle, certaines Églises de la communion anglicane ont pris des décisions libérales par rapport à d'autres confessions chrétiennes : ordination de femmes prêtres, acceptation d'un évêque homosexuel vivant en couple, par exemple.

Dans ces circonstances, l'actuel archevêque de Cantorbéry, Rowan Williams, essaie de jouer de son mieux un rôle d'apaisement et ainsi de maintenir l'unité de son Église.

Les fractures de la Communion anglicane

Articles détaillés : mouvement anglican continué et réalignement anglican.
Katharine Jefferts Schori, évêque président de l'Église épiscopale des États-Unis, est la première femme primat de la Communion. Plusieurs initiatives de son église ont menacé l'unité de l'anglicanisme.

Les ruptures contemporaines, liées à la montée en puissance du courant libéral, ont éclaté une première fois au jour avec la question des ordinations de femmes : les premières ordinations ont eu lieu dès 1974 dans certaines provinces. Des groupes de fidèles ont alors fondé leurs propres églises dissidentes qui se sont retirées de la Communion anglicane. Ce phénomène, qualifié de mouvement anglican continué puisque ces églises se veulent les fidèles continuatrices de la tradition anglicane, a vu l'émiettement progressif des églises concernées, puis des tentatives de réunion, notamment avec la fédération de la plupart d'entre elles dans la Communion anglicane traditionnelle en 1991.

Dans l'Église d'Angleterre, une solution originale a été trouvée avec la possibilité pour les paroisses rejetant l'ordination des femmes de bénéficier de mesures de sauvegarde et de demander l'assistance pastorale ou sacramentelle d'un visiteur épiscopal provincial (souvent appelé flying bishop, évêque volant), évêque ne prenant pas part à de telles ordinations. Avec l'acceptation du principe de la nomination d'évêques femmes depuis la conférence de Lambeth en juillet 2008[11], l'extinction de ce régime d'exception est envisagée pour le synode général de 2010[19].

Une cause de division nouvelle est celle de l'acceptation de la bénédiction des couples homosexuels ou de l'ordination d'homosexuels. Sur ce point, la crise est ouverte depuis l'ordination d'un pasteur vivant ouvertement une relation homosexuelle stable, Gene Robinson, comme évêque du New Hampshire en 2003 par l'Église épiscopale des États-Unis. Elle a conduit à un certain nombre de changements d'obédience par des paroisses et des diocèses qui tout en voulant rester dans la Communion anglicane, se sont mis sous la juridiction de provinces plus conservatrices.

Ce mouvement de réalignement culmine à partir de 2008, où des structures semi-dissidentes émergent au sein de la Communion. En effet, en réponse à l'affaiblissement moral dénoncé par les Anglicans conservateurs (et leurs évêques venant le plus souvent d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique du Sud), environ 150 évêques sur 800 ont choisi de boycotter la conférence de Lambeth de 2008. Un contre-synode tenu à Jérusalem, la conférence GAFCON, réunit 300 évêques. Le mouvement s'est installé dans la durée avec la formation de la Fraternité des anglicans confessants (Fellowship of Confessing Anglicans) qui s'est dotée de son propre conseil de Primats. De la même façon, lors de la conférence des primats de Dublin en 2011, plus du tiers des provinces de la Communion n'envoient pas de représentant[20].

L'attraction du catholicisme

Au XIXe siècle, la proximité doctrinale entre une certaine partie des Anglicans adeptes du mouvement d'Oxford et l'Église catholique romaine a provoqué un certain nombre de conversions, à l'image de John Henry Newman et de Henry Edward Manning. Les controverses sur la validité des ordres anglicans auraient interrompu ce mouvement.[réf. nécessaire]

Avec l'évolution doctrinale de l'anglicanisme à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, de nouvelles conversions ont lieu. La spectaculaire conversion de l'ancien premier ministre Tony Blair, ou des évêques anglicans de Londres, de Chichester et auxiliaire de Newcastle, sont, de leurs propres aveux, très majoritairement consécutives aux divisions sur le mariage homosexuel, l'ordination des femmes et des homosexuels en tant que prêtres au sein de l'Église d'Angleterre.

Le 9 novembre 2009, le Vatican a publié une Constitution apostolique, signée par Benoît XVI le 4 novembre précédent, intitulée Anglicanorum Coetibus (« Des groupes d'Anglicans »). Elle prévoit que les prêtres anglicans qui se rallieraient à Rome bénéficieront d'un ordinariat personnel leur permettant de conserver leurs traditions, notamment liturgiques, au sein de l'Église Catholique.

Article détaillé : Anglicanorum Coetibus.

Notes et références

  1. L'Église orthodoxe et la conception de l'épiscopat, Mgr Jean (Eugraph Kovalevsky), évêque de Saint-Denis, Présence Orthodoxe n° 4-2001
  2. (en) Kelvin Randall, Evangelicals Etcetera: Conflict And Conviction In The Church Of England's Parties, Ashgate Publishing, juin 2005, p 6-7
  3. (en) Kelvin Randall, Evangelicals Etcetera: Conflict And Conviction In The Church Of England's Parties, Ashgate Publishing, juin 2005, p. 10
  4. (en) Voir sur le site officiel de la monarchie britannique, l'article Queen and the Church
  5. (en) Voir par exemple la description de l'organisation de l'Église d'Angleterre.
  6. (en) Les instruments de communion sur le site officiel de la communion anglicane.
  7. 1 2 La Communion anglicane et ses 38 Églises, sur La Croix.
  8. (en) Anglicans ‘moving into darkness’ says Orombi, sur le Church Times.
  9. (en) Conférence de David Hope (alors évêque anglican de Londres) : The Anglican Communion and priestly celibacy.
  10. Les futures femmes évêques anglaises sèment le trouble dans l'Église, in Top Chrétien d'après Belga, 09/07/2008
  11. 1 2 L'Église anglicane [d'Angleterre] approuve le principe de l'ordination des femmes évêques, in Le Monde d'après les agences AFP et AP, le 08/07/2008, article en ligne
  12. Thierry Portes, Le non des laïcs anglicans aux femmes évêques, Le Figaro, 20 novembre 2012
  13. (en) SYDNEY: Tribunal rejects move to allow deacons to preside at Eucharist, Episcopal Life online
  14. (en) Site officiel de la Prayer Book Society, au Royaume-Uni
  15. (fr) (en) « Décret sur l'œcuménisme Unitatis Redintegratio », Saint-Siège, (consulté le 4 septembre 2011)
  16. (en) In full communion : on note que la communion de Porvoo est citée séparément puisqu'il ne s'agit pas à ce jour d'un accord englobant l'ensemble de la Communion anglicane.
  17. La Communion anglicane et l'Église romaine, site de la conférence des évêques de France.
  18. Russians threaten to end dialogue with Anglicans, article de The Church Times.
  19. (en) Article du Times : « Trads left in cold by plans for women bishops, Bishop to disclose. » (Archive Wikiwix Archive.is Google Que faire ?), consulté le 20130318
  20. (en) Primates depleted as Dublin summit kicks off, Church Times

Voir aussi

Bibliographie

  • Buchanan, C. O. (2006). Historical dictionary of Anglicanism. Historical dictionaries of religions, philosophies, and movements, no. 62. Lanham, Md: Scarecrow Press (OCLC 60971744)
  • Ward, K. (2006). A history of global Anglicanism. Cambridge, UK: Cambridge University Press (OCLC 70764829)
  • (en) Peter F. Anson, The Call to the Cloister: Religious Communities and kindred bodies in the Anglican Communion, SPCK,
  • Stephen Neill, Anglicanism
  • (en) Edward Norman, Anglican Difficulties: A New Syllabus of Errors, Morehouse,
  • (en) William L. Sachs, The Transformation of Anglicanism: From State Church to Global Community, Cambridge University Press,
  • (en) Sykes, Stephen, John Booty, and Jonathan Knight, (eds.), The Study of Anglicanism, Minneapolis, Fortress Press
  • William Temple (archevêque), Doctrine in the Church of England
  • (en) William Henry Griffith Thomas, The Principles of Theology: An Introduction to the Thirty-Nine Articles, London, Longmans, Green & Co,
  • (fr) Rémy Bethmont, L'anglicanisme. Un modèle pour le christianisme à venir ?, Labor et Fides, 2010, 253 p.
  • (fr) Jean-Paul Moreau, L'anglicanisme : ses origines, ses conflits : du schisme d'Henri VIII à la bataille de la Boyne, L'Harmattan, Paris, Budapest, Kinshasa, 2006, 257 p. (ISBN 2-296-01652-9)
  • (fr) Hervé Picton, Histoire de l'Église d'Angleterre, Ellipses, 2006, 158 p. (ISBN 2-7298-2746-3)
  • (fr) Louis-J. Rataboul, L'anglicanisme, Presses universitaires de France, coll. Que Sais-Je ?, 1982, 127 p. (ISBN 2-13-037488-3)
  • (fr) Stephen Neill, L'anglicanisme et la communion anglicane, Seuil, 1961, 421 p.

Articles connexes

  • Communion anglicane
  • Église épiscopale écossaise
  • Église épiscopale des États-Unis
  • Mouvement d'Oxford
  • Gallicanisme
  • Liste des provinces ecclésiastiques anglicanes
  • Anglicanorum Coetibus
  • London Society for Promoting Christianity Among the Jews
  • Blasphème au Royaume-Uni

Liens externes

  • (en) Site officiel de la communion anglicane
  • (en) Société historique de l'Église épiscopalienne (États-Unis)
  • Emile Perreau-Saussine, État et religion en Angleterre
  • Les anglicans, musée des religions de Nicolet (Québec)
  • Les questions religieuses au Royaume-Uni : sources primaires
  • (en) Anglican Liturgy website liturgie anglicane.
  • Portail du protestantisme
  • Portail du christianisme
  • Portail des religions et croyances
  • Portail du Royaume-Uni
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