Glissement de terrain
Un glissement de terrain est un phénomène géologique où une masse de terre descend sur une pente, autrement dit un plan de glissement plus ou moins continu, plus ou moins plan ou incurvé. Après la mise en mouvement la masse conserve globalement sa consistance et sa physionomie. Elle est donc toujours reconnaissable, ce qui permet de différencier les glissements de terrain des coulées de boue qui n'ont pas de forme propre.
Les glissements de terrain ne sont qu'un type de mouvement gravitaire (ou mouvement de masse), pourtant, par analogie avec certains auteurs anglophones (landslide en anglais), on utilise parfois improprement le terme « glissement de terrain » pour désigner tous les mouvements gravitaires.
Les glissements de terrain des formations marneuses et argileuses se caractérisent par des loupes superficielles de glissement (appelées aussi loupes de solifluxion ou d'arrachement), sortes de demi-sphère biconvexes avec des structures d'arrachement et de rupture en tête (partie haute de la loupe dégageant parfois une couronne et une niche d’arrachement comme dans les falaises des Vaches Noires) et de grosses déformations de la surface en pied et en front[1] de glissement (partie basse de la loupe).
Les facteurs
- une diminution des résistances du sol ; le cas le plus fréquent est la diminution de l'angle de frottement interne des argiles sous l'effet de l'eau. Dans quelques rares cas, cette dernière est vaporisée (du fait des énergies libérées par les très grandes masses en jeu), son effet est alors multiplié (avéré à l'éboulement du Granier de 1248).
- une augmentation des charges en amont, comme la construction d'un ouvrage,
- une diminution des appuis en pied de pente, comme un terrassement mal pensé et trop raide, ou à une échelle différente le retrait d'un glacier,
- plus rarement, un facteur déclenchant peut intervenir telle qu'une vibration de machine, une explosion ou un séisme (les séismes peuvent être des facteurs indirects, en réorganisant les écoulements d'eau souterrains),
- une augmentation de la chaleur, la terre sèche et s'effrite.
Autres phénomènes géologiques
- les sturzstrom sont des glissements de terrain ayant des effets similaires à une coulée de boue (même en milieu aride)[2].
- les glissements sous-marins (avalanches sous-marines) qui peuvent se propager sur de longues distances, dans des canyons, et qui endommagent parfois des installations (ex : plates-formes pétrolières, câbles) et peuvent provoquer des tsunamis.
Le glissement de terrain ne doit pas être confondu avec :
- les chutes de roches cohérentes, qui sont appelées éboulements rocheux (voir écroulement);
- les effondrement locaux et affaissements, dont le mouvement global n'est pas conforme à la pente, et qui sont causés par des ruptures de cavités souterraines ;
- les phénomènes de retrait/gonflement de certaines argiles sous l'effet des variations d'humidité, où le mouvement n'est pas non plus conforme à la pente, et est réversible et non gravitaire ;
- les phénomènes volcaniques, où les mouvements concernent de la lave liquide et non des sols ;
- les avalanches, qui concernent la neige et non les sols, bien que le terme avalanche de roche existe également.
Les phénomènes d'érosions sous l'effet des eaux météoriques (ravinements) sont parfois difficiles à différencier des glissements superficiels évoluant en coulées de boue ; le critère de différentiation porte sur l'existence d'un mouvement du sol significatif avant la phase de liquéfaction en coulée boueuse.
Exemples de glissement de terrain
- 563 ou 564 : éboulement du Tauredunum, dans le diocèse du Valais, en Suisse - son emplacement précis n'a pas été élucidé, mais des campagnes de reconnaissance géophysique dans le Léman ont récemment accrédité son existence, le situant plus probablement en vallée du Rhône ;
- : éboulement d'une tranche de la face nord du Granier, en Savoie (entre 1 000 et 5 000 morts), formant les vignobles vallonnés des Abymes ;
- Le , un glissement survenu sur les rives argileuses de la rivière du Lièvre, dans le village de Notre-Dame-de-la-Salette fait trente trois victimes. Deux jours plus tard, lors des funérailles de 19 victimes, 18 cadavres manquent toujours à l'appel. On peut retrouver dans les éditions des 27, 28, 29 et 30 avril 1908 du journal La Patrie disponibles sur le site des Archives Nationales du Québec, une série de reportages, comprenant des photographies et des croquis de cet événement[3] ;
- , France, par une pluie abondante, un énorme glissement de terrain provenant du lieu-dit Vallonet à Bellevaux en Haute-Savoie, emportant au passage de nombreuses maisons, a bloqué l'écoulement du Brevon, donnant ainsi naissance au Lac de Vallon en même temps qu'il engloutissait des habitations, dont les ruines sont visibles en s'approchant du lac ;
- Le , un sanatorium du plateau d'Assy fut englouti par une coulée de boue meurtrière. Il y eut 71 morts ;
- Le , le village de Saint-Jean-Vianney au Québec est emporté dans la boue de la rivière Saguenay[4] ;
- , Colombie: l'éruption du Nevado del Ruiz fait fondre la neige qui dévale les flancs du volcan et dévaste la ville d'Armero: 24 000 morts ;
- Dans la nuit du 7 au 8 janvier 1994, le glissement de terrain de La Salle-en-Beaumont dans l'Isère (France) emporte un million de mètres cubes en quelques minutes et fait quatre victimes ;
- Depuis les années 1980, les Ruines de Séchilienne descendent lentement vers la Romanche, en Isère, faisant craindre un éboulement catastrophique ;
- , Espagne: une coulée de boue accompagnée d'inondations tue 87 personnes sur un camping de Biescas dans les Pyrénées ;
- , Italie: une coulée de boue due à de fortes pluies tue 137 personnes à Sarno dans le sud du pays.
- , Venezuela: tragédie de Vargas, des pluies torrentielles provoquent des glissements de terrains dans les favelas de la banlieue de Caracas et provoquent au moins 15 000 morts ;
- 17 février 2006, Philippines : Une coulée de boue traverse un village dans l'est du pays faisant 1 106 morts ;
- : Égypte : Un gigantesque glissement de terrain dans un bidonville à l'est du Caire fait 69 morts ;
- : République populaire de Chine : Une énorme coulée de boue provoquée par l'effondrement d'un bassin contenant les dépôts d'une mine de fer fait 267 morts dans le district de Xiangfen, province de Shanxi ;
- , Québec, Canada : Un glissement de terrain emporte une route et une résidence à Saint-Jude, bloquant ainsi le cours de la Rivière Salvail et causant la mort de 4 personnes [5];
- , au moins 96 personnes ont été tuées et 2 000 sont portées disparues après des glissements de terrain en Chine ;
- : dans la province du Badakhchan (Afghanistan), les glissements de terrain d'Aab Bareek font au moins 300 morts et 4 000 déplacés[6].
- Le glissement de la Clapière dans la vallée de la Tinée (Alpes Maritimes) s'est mis en place dans les années 70 et est actuellement le plus grand du genre en Europe. Il fait craindre un comblement partiel du fond de vallée, entrainant des risques de barrage et de crues brutales. Lors des crises d'activité majeures (1987), la vitesse d'avancement pouvait atteindre 100 mm par jour[7].
Notes et références
- ↑ Le bloc-diagramme d'une loupe superficielle de glissement montre en effet différentes parties appelées tête, corps, pied et front.
- ↑ (en) Kenneth J. Hsü, « Catastrophic Debris Streams (Sturzstroms) Generated by Rockfalls », Geological Society of America Bulletin, vol. 86, no 1, , pp. 129–140 (DOI <129:CDSSGB>2.0.CO;2 10.1130/0016-7606(1975)86<129:CDSSGB>2.0.CO;2, lire en ligne)
- ↑ Archives de La Patrie
- ↑ Glissement de terrain à Saint-Jean-Vianney, vidéo de Radio Canada
- ↑ « Une famille engloutie », sur La Presse,
- ↑ « Afghanistan : 300 morts, un village transformé en cimetière », sur Nouvel Obs.com, 2-3 mai 2014.
- ↑ Étude sur le site géoazur
Voir aussi
Articles connexes
- Risques naturels
- Forêt de protection
- Angle de talus naturel
- Reptation
- Solifluxion
- Glissement de terrain sous-marin
Liens externes
- La géologie des Abymes de Myans
Bibliographie
- Frayssines M (2005) Contribution à l’évaluation de l’aléa éboulement rocheux (rupture). Thèse de l’université Joseph Fourier (Grenoble 1) 218 p.
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