Zoothérapie
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La zoothérapie est une thérapie qui utilise la proximité d'un animal domestique ou de compagnie, auprès d'un humain souffrant de troubles mentaux, physiques ou sociaux pour réduire le stress ou les conséquences d'un traitement médical ou des problèmes post-opératoires. Lorsqu'elle utilise le cheval, il s'agit d'hippothérapie, d'équithérapie ou de thérapie avec le cheval selon l'approche proposée. Elle peut également utiliser d'autres animaux comme le chien, le lapin, le chat, le dauphin (delphinothérapie), notamment. Pendant l'adolescence, l'animal peut être un support émotif pour des jeunes en situation difficile.
La zoothérapie peut être un point de départ ou un complément à des thérapies plus traditionnelles. Elle n'est pas restreinte au domaine médical, puisqu'elle s'étend à des questions sociales concernant les rapports avec autrui, l'éducation ou la délinquance. Elle a pu aussi être utilisée dans le cadre de problèmes d'attention et de concentration, de dépréciation de soi, de dépression, de solitude et d'isolement. Les participants n'ont besoin d'aucune compétence particulière. Le contact avec l'animal est censé avoir un effet calmant sur eux.
Cette thérapie fait l'objet de critiques dénonçant le manque de méthodologie et l'absence d'études menées scientifiquement pour prouver objectivement son efficacité comparée à l'effet placebo ou à une plus grande socialisation. L'engouement des médias repose sur des études qui n'ont pas été soumises à la critique scientifique. Via la zoothérapie, l'industrie encourage les achats d'animaux de compagnie, voire le trafic illicite d'animaux sauvages, les livrant à des enfants ou des personnes en difficulté qui n'ont pas forcément la capacité d'assurer un bien-être et des conditions de vie appropriées au maintien en captivité de créatures vivantes. Au XXIe siècle les robots conçus à cette même fin représentent une piste de substitut, sans risque de maltraitance ou d'abandon.
Histoire
Au IXe siècle des animaux assistent les handicapés à Gheel en Belgique[réf. souhaitée]. En 1792, William Tuke fonde le York Retreat dans le Yorkshire en Angleterre, à cette époque les malades mentaux sont traités très durement, ils sont enchaînés, enfermés, battus. En leur proposant de s’occuper d’animaux il va s’apercevoir qu’ils peuvent se concentrer et se responsabiliser. Après la Première Guerre mondiale, le Pawling Army Air Force convalescent Hospital de New York utilise des chiens comme aide à la thérapie pour aider des soldats traumatisés. Toutefois, ce sont les infirmières qui ont implanté la pratique en milieu thérapeutique. Florence Nightingale, fondatrice des techniques infirmières modernes, fut l’une des pionnières dans l’emploi d'animaux pour améliorer la qualité de vie des patients. Durant la guerre de Crimée (1854-1856), elle gardait une tortue à l’hôpital parce qu’elle savait, pour avoir observé le comportement des animaux depuis sa tendre enfance, que ceux-ci avaient le pouvoir de réconforter les gens et de diminuer leur anxiété [cette section demande à être étoffée].
C’est le psychiatre américain Boris Levinson qui va véritablement découvrir les possibilités du chien dans la thérapie en 1953. Cela va se faire par hasard grâce à son chien Jingles. Levinson reçoit un matin un appel émanant de parents désespérés car leur enfant autiste doit être interné dans un institut spécialisé. Il accepte de les recevoir et oublie que son chien est resté dans son cabinet (d’ordinaire celui-ci lui est interdit). Dès que le couple entre, Jingles se dirige vers l’enfant, le renifle, le lèche et alors là c’est un miracle, l’enfant complètement replié sur lui-même refusant toute communication avec le monde extérieur va se mettre à parler avec le chien, il demandera même à revenir pour le revoir. C’est ainsi qu’est né la Pet Facilitated Psychotherapy (psychothérapie facilitée par l’animal). D’autres thérapeutes comme Friedmann, Katcher, Lynch, Thomas vont mettre en évidence les effets de l’animal sur la santé : le simple fait de caresser fait baisser la tension artérielle et permet de diminuer la mortalité chez les cardiaques[réf. nécessaire]. Le Dr Serpell de Cambridge a démontré que l’animal familier permet de vivre plus vieux et en meilleur santé avec chez les personnes âgées une diminution des fractures du col du fémur[réf. nécessaire]. Voelker va prouver que l’animal suscite des réactions psycho-affectives positives et motive les personnes handicapées physiques, par exemple en le soignant[réf. nécessaire]. Il résulte une amélioration des capacités psychomotrices et un soutien psychologique. Des expériences d’introduction de chiens dans les prisons aux États-Unis ont eu comme résultat des détenus plus calmes, avec moins de dépression et d’agressivité[réf. nécessaire].
Dans le monde
Suisse
En Suisse, depuis 1989, Pascal Bianchi, psychologue et zoothérapeute a dirigé plusieurs études sur les bienfaits, les troubles liés à la maladie d'Alzheimer et la répercussion favorable de l'animal pour les patients en soins palliatifs[réf. nécessaire]. Les résultats tendent à démontrer les effets physiologiques que provoque les petits animaux sont tout aussi important que ce que nous pouvons constater avec le chien. La formation en Suisse se déroule sur quatre ans avec des phases pratique et théorique[réf. nécessaire].
Québec
Dès les années 1990, il y a du mouvement au Québec en zoothérapie. Quelques acteurs font figurent de pionniers: l'Institut Canadien de zoothérapie (Montréal), l'Institut de zoothérapie du Québec (Québec, 1993), le Symposium de zoothérapie de l'hôpital Louis-Hyppolite-Lafontaine, Zoothérapie Québec, le module de thérapie assistée par l'animal de l'Hôpital Rivière-des-Prairies (TAPA) ainsi que celui de l'hôpital Douglas. Le Québec voit aussi naître (et se dissoudre) le Groupe d’intervention et de recherche sur la relation humain-animal (GIRRHA). L'année 2001 est l'année de fondation de l'Association québécoise de zoothérapie, une association ayant pour objet de regrouper et soutenir les principaux acteurs de la zoothérapie au Québec dans l'exercice de leur métier. Dissoute en 2010, ses dernières années furent marquées par le démarrage de la Corporation des zoothérapeutes du Québec (2006), une association ayant à peu près les mêmes visées. Toujours dans les années 2000, la Fédération d’équitation thérapeutique québécoise sera aussi créée. De plus, plusieurs programmes de formation privés se développent : formation en équitation thérapeutique à l’ITA de La Pocatière (programme autofinancé), École internationale de zoothérapie à Montréal, Zoothérapie Québec, Institut de zoothérapie du Québec à Québec, Amis-maux à Québec, Programme de formation professionnel en zoothérapie, Centre professionnel de zoothérapie, et Centre Humanimal.
Les curriculum de formation sont multiples et le nombre d'heures dispensées, variable. Le Québec connaît aussi alors l'essor de la pratique privée en zoothérapie ainsi qu'un intérêt grandissant du public. Ce n'est toutefois qu'en 2006 que le premier programme ayant une reconnaissance ministérielle (Ministère de l'éducation, du sport et du loisir) verra le jour au Québec. Il s'agit de l'Attestation d'études collégiales: Stratégies d’intervention en zoothérapie, offerte conjointement par le Cégep et l'ITA de La Pocatière. En 2010, l'AEC déménage son action vers la région de St-Hyacinthe. Les nouvelles cohortes s'y déroulent depuis. L'année 2013 démarre avec une autre première innovante : une nouvelle AEC en zoothérapie bâtie sur mesure à la réalité d'une seule discipline : l'éducation spécialisée. Toujours offerte par le Cégep de La Pocatière, cette formation permet le maillage étroit entre la technique d'éducation spécialisée et l'intervention assistée/facilitée par l'animal[1]. La première formation est créée en 2001 par Arielle Berghman, zoothérapeute[2],[3][réf. insuffisante]. Son concept d'enseignement de la zoothérapie en trois volets : psychologie humaine-animale-zoothérapie, est reprise depuis dans la plupart des écoles de formation.
France
En France, l'usage de la notion de zoothérapie est restée longtemps extrêmement controversée. Le débat vif engagé sur la notion de « thérapie » entre soignant et non soignant a conduit les professionnels à lui préférer les notions de médiation animale ou d'activités associant l'animal[4]. Se servir du concept de A.A.A. permet de différencier avec plus de précisions les objectifs de la rencontre entre l'homme et l'animal[5] : Les AAA sont associées à une intentionnalité, celle d’associer l’animal à un projet professionnel et/ou une compétence spécifique qu’il soit éducatif (AAA-E), social (AAA-S), thérapeutique (AAA-T) ou de recherche (AAA-R)[6]. Ce débat a conduit à un paradoxe : la zoothérapie pratiquée au Canada correspond en France aux Activités Associant l'Animal à visée thérapeutique. Mais en France, la zoothérapie correspond souvent à des Activités Associant l'Animal dont l'objectif serait thérapeutique[7].
Depuis novembre 2012, l'EAPAC (Éthologie Appliquée aux Animaux de Compagnie) est accrédité par l'État pour délivrer le diplôme de Comportementaliste-Médiateur pour Animaux de Compagnie[8]. Auparavant la formation initiale de l'intervenant n'était pas une spécialisation reconnue officiellement[9].
L'association française d'information et de recherche sur l'animal de compagnie (AFIRAC - une association appartenant à l'industrie des fabricants d'animaux) a été créée en 1976 avec pour objectif d'étudier le phénomène social que constitue la cohabitation entre l'animal familier et l'homme et de répondre aux questions suscitées par cette vie en commun. Elle a été présidée par le docteur vétérinaire Ange Condoret, le Professeur Hubert Montagner chercheur à l'Inserm, et depuis 2001, le docteur Didier Vernay, neurologue au CHU de Clermont-Ferrand. La Fédération internationale de thérapie et de relation d’aide par la médiation[10][réf. insuffisante] réunit des professionnels et des associations de la santé en vue de proposer une assistance par la médiation notamment animale aux personnes en mal être au sens large. La Fédération vise à garantir la qualité de ce type de thérapie au niveau européen et a été reconnu en tant qu'ONGI au sein du Conseil de l'Europe en 2007. Elle est à ce jour le seul organisme à avoir obtenu une reconnaissance supra étatique.
Animaux utilisés
Cheval
Trois pratiques à distinguer et qui induisent des formations différentes :
- Équithérapie : Soin psychique médiatisé par le cheval et dispensé à une personne dans ses dimensions psychique et corporelle (définition de la Société Française d’Équithérapie). À l’origine, terme générique désignant les différentes formes d’équitation à visée thérapeutique [référence insuffisante].
- Équitation adaptée : Référence au sport adapté. Désigne l’ensemble des activités équestres (disciplines : saut, voltige, dressage, attelage, etc.) pratiquées par des personnes handicapées physiques et/ou mentales (définition de l'association Résilienfance)[11][réf. insuffisante].
- Thérapie avec le cheval (TAC) : « Thérapie corporelle qui propose des possibilités de régression dans une dynamique évolutive de réaménagement des fonctions psychiques et physiologiques. Le remaniement des modalités psychiques s’appuie sur des expériences que la TAC induit largement. Elle introduit petit à petit l’imaginaire et le symbolique aboutissant à une communication passant par la réalité. Elle vise au remaniement des modalités relationnelles, de la communication à soi, à autrui, au monde extérieur »[12][réf. insuffisante]. Dans ce cadre, l’objectif n’est pas la monte. Il est accordé une importance aux rencontres à pied avec un cheval en liberté dans un manège ou lors du pansage (en box ou à l’attache).
- L’hippothérapie constitue une forme de physiothérapie qui tire profit des mouvements du cheval au pas[13]. Le cheval ressent ce que l'homme éprouve et, de ce fait, ne se comportera pas de la même façon avec un handicapé qu'avec une personne expérimentée. Par exemple, un handicapé physique et mental qui perd l'équilibre sur le cheval, ce dernier s'arrêtera de lui-même et attendra que la personne se soit remise en selle avec de repartir au petit pas [référence insuffisante].
Chien
Le chien n'incarne pas le rôle de thérapeute, mais simplement celui de médiateur afin de participer aux mieux-être des individus. Dans les hôpitaux, la chaleur de sa fourrure, sa présence affectueuse, son contact physique vont aider le thérapeute à améliorer l’état physique des malades en améliorant leur état moral [référence nécessaire]. Dans les maisons de retraite, il rassure par sa spontanéité et sa sincérité, il sécurise, il permet de communiquer avec les autres, il permet de renouer avec la vie et d’avoir un but, il redonne confiance en soi, et comble le vide [référence nécessaire].
Dans les écoles, pédagogique, l’enseignant peut grâce au chien introduire l’apprentissage des pays selon l’origine des races, l’orthographe, les méthodes pour éduquer, les rapports sociaux corrects, etc [référence nécessaire]. Toutefois, dans les ZEP notamment, le travail se portera sur le développement des compétences socles (voir travaux du professeur Hubert Montagner[réf. nécessaire]). Le chien peut également se rendre utile pour apprendre le respect de l’autre et développer l’empathie chez les enfants des quartiers défavorisés [référence nécessaire]. Il peut participer à la réintégration sociale en établissant une relation symbiotique, il permet d’aller à la rencontre de l’autre. Remarquons que ce travail peut être appliqué à d'autres populations[14]. Un travail sur l'éveil et la psychomotricité peut être envisagé[13].
Dans l'accompagnement à la parentalité, Sandie Bélair de l'association Résilienfance précise « l’animal peut aider, peut favoriser ce lien et instaurer un climat de confiance entre les différents acteurs. Le professionnel va apporter le cadre, ce fameux cadre contenant et bienveillant. Car n’oublions pas que malgré toutes ses qualités, notre médiateur n’est pas une "baguette magique"[15]. »
Patricia Arnoux, fondatrice de l'association française Evi'dence, est précurseure dans le domaine des établissements pénitentiaires, en étant présente à la maison d'arrêt de Strasbourg depuis 2008. Avec ses chiens Sunny et Evi, mais aussi d'autres animaux (chat, rongeurs, oiseaux), son action consiste à apaiser les tensions entre détenus, avec les surveillants, et à préparer les détenus à leur réinsertion[16][réf. insuffisante].
Arielle Berghman[Qui ?] introduit en 2002 son approche d'intervention thérapeutique particulière avec des chiens dans les hôpitaux psychiatriques et des chevaux à L'Institut P.Pinel de Montréal[2].
Autres animaux
- Le grand dauphin (delphinothérapie)
- Les tourterelles, cochons d'Inde, lapins ou furets utilisés dans :
En établissement pénitentiaire, les animaux sont nourris et soignés par les détenus dans des « ateliers de médiation » spécialement aménagés dans les locaux de la prison[17].
Critique de la zoothérapie
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Dans son sens large, selon une recherche bibliographique de Madame Gaëlle Faure de l'École nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques de France, « la zoothérapie est un concept qui peut aussi bien désigner le fait de posséder un animal à la maison que des séances de thérapie institutionnalisées et encadrées par un professionnel de la santé ou un intervenant quelconque »[18]. Le vétérinaire américain Marty Becker, l’un des porte-paroles de cette industrie a résumé l’importance de la zoothérapie dans la vie des gens à l’occasion d’un symposium sur le bien-être des animaux : « Loin d’être un luxe, les animaux de compagnie sont de plus en plus nécessaires. Le rôle qu’ils jouent sur le plan thérapeutique, émotif et social est de plus en plus important […] La médecine vétérinaire reconnaît (et c’est ça le plus important!) que ce lien est une force vitale pour promouvoir le bonheur et la santé non seulement des animaux, mais des gens de tous les âges[19]. » L’appellation « zoothérapie » est donc un terme générique désignant non seulement l’impact positif des animaux sur les humains en général, mais aussi l’impact des humains sur les animaux, car il est unanimement convenu que la zoothérapie est aussi bénéfique pour les animaux que pour les humains[20]. Il est utile de le préciser dès le départ, car toute la promotion de l'industrie des animaux compagnie et de la zoothérapie s'appuie sur cette fausse allégation.
Problèmes méthodologiques
Les thèses de cette forme de thérapie récemment institutionnalisée grâce aux travaux de son inventeur, le pédopsychiatre américain, Boris Levinson[21],[22],[23],[24],[25],[26],[27],[28], s’appuient sur une variété de disciplines et de perspectives scientifiques (génétiques, biologiques, psychologie développementale, théorie psychanalytique, éthologie, etc.)[29]. La recherche dans ce domaine est prolifique. En 1997 déjà, le Dr Allen, un épidémiologiste américain, avait recensé plus de 1 000 études en anglais seulement[30].
Les problèmes méthodologiques associés à cette recherche sont par contre importants et persistants dans la durée[29],[31],[32],[33],[34],[35],[36],[37],[38],[39]. En 1984, dans un article de synthèse, les scientifiques américains A.M. Beck et A.H. Katcher ont relevé les failles méthodologiques couramment identifiées dans ce domaine de recherche[38] et, bien qu'ils aient complètement démenti les thèses de la zoothérapie, la recherche continue dans ce domaine, avec les mêmes lacunes rapportées il y a trente ans[33],[32],[31].
Si plusieurs études de recherches sont publiées dans des revues scientifiques à comité de lecture, selon les règles de l’art, à quelques rares exceptions près, les études en question, y compris celles du psychiatre Boris Levinson, le père de la zoothérapie moderne, sont majoritairement des études de cas. Or, bien que ce type d'études soit important pour ouvrir des voies de recherches et identifier des phénomènes nouveaux, elles sont, sur l’échelle des critères de validité scientifique, à ranger sur l’échelon le plus bas. En d’autres termes, ce type d’étude ne démontre absolument rien[40].
Pour valider une hypothèse correctement, il faut avoir recours à des recherches quantitatives autorisant le recours aux statistiques, comme des études épidémiologiques de grande envergure ou des essais cliniques avec répartition aléatoire. C’est grâce à une combinaison d’études de différents types, qualitatives et quantitatives, que les chercheurs réussissent à se prononcer sur un sujet avec un degré de certitude qui dépend directement de la qualité de ces études, et aussi de leur nombre. C’est idéalement à ce stade-ci, lorsque les résultats des recherches sont relativement fiables, c’est-à-dire reproductibles, que la recherche sur les applications est effectuée[41],[42].
Or, en zoothérapie, les études comme celles qui viennent d'être décrites sont pour ainsi dire absentes. Aucune des 1 000 études évoquées ci-dessus par le Dr Allen ne compare la magnitude des effets des cas cités avec un groupe témoin sans animaux ou avec le public en général[30]. Selon les scientifiques américains Krugger et Serpell, « bien qu’impressionnante par leur variété et leur étendue, aucune de ces théories n’a été testée adéquatement par des études quantitatives, et la plupart de celles qui l’ont été ont donné des résultats équivoques ou contradictoires[29]. » Un constat corroboré en 2008 par les scientifiques Lilienfeld, Scott O. et Arkowitz, Hal[43], en 2010 par les scientifiques Anna Chur-Hansen, Cindy Stern et Helen Winefield[33] et en 2011 par le scientifique Harold Herzog qui conclut ceci : « l'existence d'un "effet animal" généralisé sur la santé physique et mentale de la population est une simple hypothèse sans aucun fondement [...] Bien que les médias soient remplis d’articles vantant les bénéfices sur la santé des animaux, les études qui démontrent que les animaux n’ont aucun impact ou qu’ils ont des effets négatifs sur la santé mentale et physique font rarement les manchettes[44]. »
L'efficacité de cette thérapie s'appuie uniquement sur l'autorité des intervenants et des institutions qui en font la promotion à l'aide d'une pléthore de déclarations sensationnalistes et sans fondement scientifique. Le mot fraude est sans doute un peu fort, mais disons que la méthode soulève une forte suspicion de non-neutralité, voire de malfaisance, du même ordre que celle soulevée par de plus en plus de chercheurs, notamment du domaine de la médecine et de la pharmacologie humaines[45],[46],[47],[48],[49],[50],[51]. Selon Beck et Katcher les études de David Lee sur les effets de la zoothérapie sur les délinquants et les prisonniers, par exemple, « ont été montées en épingle par les médias à partir de films documentaires, de communiqués personnels ou de documents internes, fournis par les chercheurs eux-mêmes et qui n‘ont donc jamais été soumis à la critique scientifique[38]. » Sur son site Internet, la FACCO cite des « études » présentées dans des conférences internationales organisées par des associations fédérées appartenant à cette industrie. Il n’est pas spécifié, par contre, si ces études ont été publiées dans des revues scientifiques en bonne et due forme[52].
Enfin, l'implication prépondérante des psychologues soulève un sérieux problème de crédibilité et de compétence, car la psychologie en général ne suit pas les critères de scientificité. Selon Jacques Forget, vice-doyen à la recherche en sciences sociales à l’Université du Québec à Montréal, « une psychologie qui se prétend scientifique devrait utiliser une méthode de recherche scientifique. Toutefois, dans bien des cas, on préfère s’appuyer sur l’autorité. […] De plus, en psychologie professionnelle, c'est la recherche qualitative qui est souvent privilégiée; […] Pourtant, et en dépit de son intérêt, l'estimation qualitative ne peut remplacer la recherche quantitative, basée sur des données probantes et reposant sur de nombreuses expériences ou études[53]. »
Doutes sérieux sur l'efficacité réelle
L’efficacité de la zoothérapie serait due selon certains adeptes aux animaux en soi qui posséderaient des propriétés uniques dont la nature n’est cependant pas précisée[29]. Or, cette allégation est infondée. Il est prouvé — sans équivoques — que des robots conçus à cette fin font aussi bien l’affaire avec les problèmes en moins (cette technologie qui se développe à une vitesse éclair principalement au Japon va bientôt rendre obsolète l'usage des animaux pour cette raison)[54].
En 1998, puis en 2007, les scientifiques Marino Lori et Lilienfield Scott, les plus grands spécialistes au monde des dauphins[55], ont dénoncé dans les médias grand public, la piètre qualité de la recherche sur les bienfaits thérapeutiques des dauphins sur les enfants autistes[32]. Selon Lori et Scott, « cette thérapie n’offre aucune amélioration palpable dans l’état des enfants atteints d’un déficit mental. […] fréquemment associée à des blessures et à des infections, cette thérapie est aussi dangereuse pour les enfants que pour les dauphins qui font l’objet d’une chasse effrénée, aussi méconnue que cruelle[36],[32]. » Les rares études fiables comme celles qui sont répertoriées par Tracy Humphries sont unanimes : nager avec les dauphins n’a aucun effet durable sur la condition psychologique des autistes ni sur qui que ce soit d'ailleurs[56],[57],[43].
Les études servant à étoffer les bienfaits allégués des autres espèces comme le cheval ne sont, quant à elles, guère plus édifiantes[58],[59]. Et il n’y a aucune raison de croire que les autres espèces comme le chien qui sont de plus en plus utilisées à cette fin sont plus efficaces. Les observations de Marino Lori et Lilienfield Scott sont transposables de facto à la zoothérapie en général[43]. À ce jour, après plus de 50 ans de « recherche » intensive et des centaines, voire des milliers de publications dans des revues « scientifiques », il n’existe aucune preuve tangible de son efficacité. Toutes les recherches dignes de ce nom qui sont cités en partie dans cette critique de la zoothérapie sont unanimes : cette « thérapie » ne sert à combattre aucune forme de maladie et de handicap physique ou mental. Certaines études d'envergure ont montré des effets négatifs sur la santé mentale et physique de la population[60].
Certaines personnes âgées en maison de retraite, par exemple, ressentent un réconfort indéniable lors de la visite des chiens thérapeutes, mais ce regain de vie est surtout dû à l’enthousiasme suscité par la visite des accompagnateurs et tout le brouhaha qui l’accompagne ; certains accompagnateurs, les plus populaires, sont très habiles à faire de cet évènement une véritable fête. En d’autres mots, la visite de la famille, d’amis ou de bénévoles, les activités sociales organisées par le centre de retraite sont aussi efficaces, sinon plus, car rien n’est plus intéressant pour des êtres humains relativement normaux que le contact avec leurs semblables[38]. Une étude du Pew Research Center, sur 3000 américains a montré que les propriétaires d'animaux n'était pas plus heureux que les autres[61]. Une conclusion corroborée par des chercheurs anglais[62].
Selon une étude australienne importante (2005) sur 2 551 personnes âgées, la possession d'un animal est plutôt associée à une mauvaise santé physique et à la depression[63]. Une étude anglaise (2011) a montré que les personnes âgées très attachées à leur animal étaient plus déprimées que ceux qui ne dépendaient pas d'un animal[64]. Une étude épidémiologique suédoise sur 40 000 personnes, financée par les fonds publics, a montré quant à elle que les propriétaires d'animaux avaient beaucoup plus de problèmes psychologiques (dépression, anxiété, insomnie, fatigue chronique) que ceux qui n'en avaient pas[65]. Enfin, dans une étude épidémiologique de grande envergure sur 21 000 personnes (2006), une des très rares études quantitatives non chapeautées par les fabricants d’aliments pour animaux, les scientifiques finlandais Koivusilta Leena K. et Ojanlatva Ansal ont montré que les propriétaires d’animaux sont plus souvent malades. En outre, ils font moins d’exercices que la moyenne: 26 % de ceux qui possèdent des animaux de compagnie font de l’embonpoint, contre 21 % des gens qui n’en ont pas. Quant à l’exercice, 16 % des propriétaires d’animaux en faisaient moins d’une fois par mois, contre 2 % des autres. Le risque de problème de santé est de 10 % à 20 % plus élevé, même en tenant compte de facteurs comme l’âge ou le niveau socioéconomique. Il s’agit d’une augmentation du risque considérable, comparable à celle qu’ont les célibataires, les veufs et les divorcés[31].
Quant à l'étude de Friedman sur les effets anxiolytiques des animaux[66], l'une des plus citées par les adeptes de cette thérapie, elle est peu concluante[67],[31] : « Ce type d'études suggère que la présence d'un animal peut faire baisser notre pression sanguine et notre niveau de stress, mais sans nous dire pourquoi. De plus, cette étude ne nous dit pas si nos autres substituts préférés comme notre poupée favorite ou un quelconque porte-bonheur n'ont pas un effet similaire[43],[68]. »
Une étude beaucoup plus scientifique (2010) sur 425 victimes d'un infarctus, une étude totalement ignorée par les médias, a montré que les propriétaires d'animaux couraient plus de risques que les autres d'avoir une rechute ou de mourir au cours de l'année[69]. Des résultats corroborés par plusieurs autres études[70],[71],[72],[73].
Les animaux étant généralement perçus comme des modulateurs de bonne conduite[74], les parents achètent des animaux à leurs enfants non seulement pour les mettre en situation de responsabilité, mais aussi en pensant que le contact avec un animal les aidera à devenir de meilleures personnes, plus tolérantes, compatissantes et généreuses; il est également admis qu’ils apprendront à mieux aimer autrui et à mieux respecter les autres espèces et la nature. L’Église catholique attribue par ailleurs aux animaux un pouvoir rédempteur, dans l’esprit de l’hagiographie des saints comme François d’Assise[75]. Or, si la responsabilité d’un animal peut en théorie inciter certains enfants à être plus disciplinés et à mieux organiser leur temps en fonction des besoins de leur animal, l’histoire ne dit pas si en pratique ce ne sont pas les parents, notamment la maman, qui finissent éventuellement par assumer cette tâche à la place de l’enfant. Enfin, les enfants élevés avec des animaux ne sont pas meilleurs que les autres moralement et spirituellement, au moins une étude le confirme[76]. Si on tient compte, par ailleurs, des penchants animaliers de Hitler[77], Pol Pot, Charles Manson et Jim Jones, il n’est pas absurde de penser que ce terrain est fort glissant. Si vous pensez par ailleurs que le rapport aux animaux peut apprendre aux enfants à mieux aimer autrui, les autres espèces et la nature, encore là, détrompez-vous. Le problème se situe dans le concept même d’animal de compagnie. Comme en fait foi une documentation fort étoffée (voir ci-dessous, les abandons et les effets sur les animaux, la nature, les enfants et la société en général), Il est en effet parfois cruel d’être bon[78].
Danger pour les animaux et la nature
Cette forme de néopathie s’estompe rapidement, une fois passé l’intérêt du nouveau. Les animaux ont un effet placebo indéniable chez environ 30 % des gens, comme tous les autres placebos, à une différence près : contrairement à la prière et au cachet de sucre, les animaux sont des êtres vivants qui ne répondent pas toujours aux caprices et aux attentes de leurs maître. Un fait qui expliquerait en partie le nombre phénoménal d’abandons. Selon un sondage réalisé en 2008 par la firme Léger Marketing (un sondage refait par la même firme en 2014 avec les mêmes résultats) les Québécois, par exemple, ont fait détruire en 2007, 575 000 chiens et chats, soit 25 % d’un cheptel de 2,3 millions[79]. Ces chiffres n’incluent ni les animaux exotiques, qui sont aussi nombreux que les autres catégories d’animaux de compagnie, ni les animaux qui sont détruits au tout venant dans les cliniques vétérinaires et ni ceux qui meurent de leur belle mort. En comparaison, au Québec, chez les humains, on dénombrait en 1998, 55 000 décès toutes causes confondues dans l’ensemble de la population québécoise, soit 0,78 % de la population par année, c’est-à-dire 32 fois moins que le nombre d’« enfants » abandonnés dans les fourrières pour être détruits. « Des chiffres, selon l’Association des médecins vétérinaires du Québec, qui ont de quoi laisser perplexe (sic)[33],[43],[80],[81],[31],[82],[83]. »
Les soutiens financiers de l’industrie de la zoothérapie sont notamment accordés aux études sur les bienfaits de la zoothérapie sur le bien-être animal[84]. Il est en effet important pour une question d'image que les animaux soient bien traités. Or, les conditions de vie des animaux de compagnie s’apparentent bien plus à un esclavage qu’au paradis familial que les médias nous renvoient en boucle fermée[85],[86],[87]. Leurs propriétaires ne leur accordent souvent qu’une attention minimale et les laissent seuls durant de longues périodes dans un espace trop réduit. Les soins sont souvent inadaptés et conduisent à l'abandon ou à une mort prématurée de l'animal. La situation est encore pire pour les animaux sauvages capturés adultes, tels les oiseaux et les reptiles, et privés soudain d'une liberté nécessaire à leur bien-être. Un grand nombre meurt dans d’horribles conditions durant leur transport, faute de soins et de nourriture appropriée, de stress ou à la suite de mauvais traitements. Arrivés chez le consommateur, ils ne s’habitueront probablement jamais à être emprisonnés dans une cage, à la merci du bon vouloir d’un maître qui ignore souvent tout de ses besoins réels. Sans parler des retombées écologiques multiples et d’envergure planétaire[88],[89],[90],[91],[92],[86],[93],[94],[95],[96],[97],[98] quand cet engouement encourage le braconnage d'espèces menacées ou la diffusion d'espèces invasives.
Danger pour les enfants et la société en général
Les blessures infligées par les animaux sont un danger particulièrement grave pour les jeunes enfants. Aux États-Unis, par exemple, on rapporte plus de 5 millions de morsures par année[99]. Selon le Centre de documentation et d’information de l’assurance (France CDIA), il y aurait 500 000 cas de morsures déclarés en France, entrainant 60 000 hospitalisations par année[100]. Ces chiffres ne sont qu’un pâle reflet de la réalité, car ne sont pas inclus les incidents mineurs qui ne nécessitent pas de soins ou qui ne font pas l’objet d’une plainte comme c’est notamment le cas lorsque la victime est le maître ou un membre de sa famille. Selon la vétérinaire Bonnie Beaver, Il est possible que le nombre réel de morsures soit 50 fois plus élevé que le nombre rapporté[101]. Il n’existe malheureusement aucune statistique relativement aux blessures ou aux agressions attribuables à d’autres espèces, comme le dauphin, le chat, le perroquet, le cheval, les rongeurs, les lagomorphes, le furet, l’iguane, des animaux qui peuvent infliger des blessures parfois très graves. La plupart des victimes sont des garçons de moins de treize ans et le visage est la cible la plus fréquente[102]. Les chiens de type molossoïde comme le pitbull ne sont pas les seules races dangereuses. Madame Dinoire la première greffée du visage a été mordue par un labrador[103].
Selon les scientifiques A. M. Beck, et A. H. Katcher de même que les scientifiques Lilienfeld, Scott O. et Hal Arkowitz, également cités ci-dessus, ces thérapies ont ce que les économistes nomment un « coût d’opportunité » : l’argent et l’énergie que les parents dépensent sur une « thérapie » qui ne donne aucun résultat tangible ne sont plus disponibles pour investir dans des moyens plus éprouvés et sécuritaires comme ceux qui sont offerts par l’assistance publique et divers autres organismes à vocation caritative.
Les enfants, et leurs parents, la cible préférée des zoothérapeutes, sont particulièrement vulnérables à des idées comme celles-ci véhiculées dans les médias : « La présence valorisante et stimulante d’un animal, et plus particulièrement d’un chien, en milieu scolaire peut être un déclencheur de bonne conduite, mais aussi un modificateur comportemental pour les jeunes », écrit dans le quotidien La Presse du 23 août 2003 le vétérinaire chroniqueur François Lubrina, dans un article sur Zoothérapie Québec, un groupe de psychologues solidement implanté dans les écoles primaires du Québec à la façon des multinationales comme Coca Cola, avec leur slogan « Vivre sans un animal! Vous n'y pensez pas! Un animal c'est indispensable! En leur compagnie, tous les jours, les gens esseulés retrouvent un peu de vie, de joie et d'affection »[104].
En ce qui concerne la solitude, ce substitut ne règle pas les problèmes sous-jacents, et peut même les exacerber en donnant l’illusion que le problème est réglé ou est en voie de l’être[105],[106],[60]. En devenant à la fois contents d'eux et coupés de leurs émotions, ceux qui trouvent un réconfort psychologique en s’évadant dans un substitut quelconque au lieu d’assumer leurs problèmes et les régler à la source, se privent d'une vulnérabilité indispensable à leur maturation psychologique. Ce qui peut se traduire, dès lors où cette fuite en avant se systématise à grande échelle à tous les échelons de la société, par une infantilisation massive de la population et un immobilisme dangereux qui peut conduire à la morosité et à un malaise social généralisé[107],[108]. Comme le dit l’ethnologue Jean-Pierre Digard, « la projection de ses émotions et de ses attentes sur un animal qui ne peut vous démentir peut en outre favoriser une hyperdépendance émotionnelle et la perte d’intérêt pour toute relation avec un partenaire social[109].
Enfin, comme le pense notamment l’ethnologue français André G. Haudricourt, « la domination des hommes sur les créatures inférieures a fourni l’analogie mentale sur laquelle bien des arrangements politiques et sociaux sont fondés.[…] C’est ainsi que la domestication est devenue l’archétype d’autres formes de subordination sociale[110]. » Selon cette version des choses, la condition animale est une transposition de la condition humaine, selon le mot de l’ethnologue français Jean-Pierre Digard, « le moule en creux et en relief ou le contretype, en positif et en négatif, des relations entre les hommes[111]. » Dès lors, ce qu’un enfant risque d’apprendre à travers la zoothérapie, ce sont les règles de la domination. Au lieu d’instiller le respect et l’amour des autres espèces et de la nature, il apprendra à les mépriser. Toutes ses relations futures seront fondées sur ces traits de caractère. À l’intérieur des limites permises par la société, il agira avec ses semblables, en essence et non dans la forme, comme il agit avec les animaux. Ce qui veut dire qu'il traitera son futur conjoint, ses futurs enfants, employés, amis, citoyens et sur une échelle plus grande, les autres races, les autres nations et l’environnement, comme des animaux. Et c’est précisément le problème : les méfaits de cette relation de propriétaire à propriété passeront inaperçus, car il n’aura pas dans sa psychologie d’autres points de références comportementales pouvant servir de comparaison.
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Voir aussi
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Articles connexes
- Agnotologie
- Anthropomorphisme
- Bien-être animal
- Delphinothérapie
- Droit des animaux
- Équithérapie
- Médecine non conventionnelle
- Syndrome de Noé
Liens externes
- Charles Danten Le point sur la recherche en zoothérapie, publié dans Le Québec sceptique, no 76, pages 44 à 51. Revue de l'Association Les Sceptiques du Québec
- Charles Danten Le mythe de l'animal-roi, publié dans Le Québec sceptique, no 75, pages 40 à 49. Revue de l'association Les Sceptiques du Québec.
- Charles Danten Remise en question de la zoothérapie, publié dans Le Quebec sceptique, n° 68, pages 22 à 31. Revue de l'association Les Sceptiques du Québec
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