Livre de Tobit
Le livre de Tobit, parfois appelé livre de Tobie — Tobie étant le fils de Tobit —[1], est un livre deutérocanonique de l'Ancien Testament. Il raconte l'histoire d'un Israélite de la tribu de Nephthali nommé Tobit, déporté à Ninive, qui devient aveugle après avoir reçu de la fiente d'oiseau dans les yeux et qui envoie son fils Tobie recouvrer une dette en Médie.
Rédigé initialement en hébreu ou araméen, le texte original a été perdu, puis retrouvé en 1947, parmi les Manuscrits de la mer Morte. Ce livre ne figure pas au canon des écritures hébraïques. Il figure dans la Septante et la Vulgate et dans le canon deutérocanonique de l'Église catholique tout comme dans celui des Églises orthodoxes.
Récit biblique
L'ange Raphaël - désigné ultérieurement comme l'archange Raphaël par les catholiques et les orthodoxes - conduit Tobie à Ecbatane où il pêche un poisson dont il extrait le cœur, le foie et le fiel.
Il rencontre sa future femme, Sara, que tourmente un démon, Asmodée, qui a fait périr successivement ses sept maris pendant leur nuit de noces.
L'ange Raphaël qui avait expliqué précédemment à Tobie qu'il devait prendre cette femme pour épouse, lui indique comment la délivrer du démon. Sara, de son côté, prie le Seigneur pour être guérie.
Avec le fiel d'un poisson, comme le lui indique l'Archange, qui l'accompagne, Tobie retourne à la maison paternelle et guérit la cécité de son père.
Reconnaissance du livre
Ce livre affirme l'existence de Raphaël, le troisième archange reconnu par l'Église catholique, dont il est le seul à parler. Et de fait, quoiqu'il s'agisse sans doute d'un récit dont l'historicité n'est pas prouvée, il laisse supposer que les Hébreux de l'époque de la rédaction du livre croyaient à l'existence de Raphaël.
Toutefois, ce livre est sujet à controverse en raison de ses inexactitudes et du fait qu'il est un écrit deutérocanonique. À ce titre, il est exclu des canons hébraïque et protestant. Par contre, il est pleinement reconnu par l'Église catholique.
La période que couvre la vie de Tobie va de la révolte des tribus du Nord, qui a eu lieu en -997 avant l'ère chrétienne, après la mort du roi Salomon (Tobie 1:4,5), à la déportation de Ninive de la tribu de Tobie en -740 avant l'ère chrétienne, soit 257 ans. Pourtant, (Tobie 14:1-3) parle de la mort de Tobie à l'âge de 103 ans. Toutefois, le comput des années est lui-même sujet à controverse. Ce qui prime dans le livre, c'est avant tout la leçon spirituelle, qui consiste dans la fidélité au Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, la foi de Tobie, alors que le Royaume d'Israël, dont il est originaire, a largement succombé au polythéisme des peuples environnants, contrairement au Royaume de Juda qui, pour sa part, restera largement fidèle à cette foi.
Composition
Datation
L'histoire que raconte le livre de Tobit est placée au VIIIe siècle av. J.-C., et on a pensé traditionnellement qu'il avait été écrit à cette époque[2]. Cependant, un certain nombre d'erreurs historiques excluent une création contemporaine[3], et aujourd’hui la plupart des érudits préfèrent situer la composition de Tobit entre 225 et 175 av. J.-C.[4] La citation directe du Livre d'Amos dans Tobit 2:6 (« Vos fêtes seront changées en deuil, et tous vos rires en lamentations »[5]) indique que non seulement les livres prophétiques avaient été fixés, mais qu’ils faisaient autorité, ce qui indique une date post-exilique[6] Par ailleurs, la référence au Livre de Moïse (6:13, 7:11-13) et à la «Loi de Moïse" (7:13) renvoient une phraséologie identique à celle des Livres des Chroniques, dont certains croient qu’ils ont été composés après le IVe siècle av. J.-C.[7]. Si l’on se fonde sur le contexte, renvoyer la composition de Tobit après 175 av. J.-C. pose problème, du fait que l'auteur ne semble rien savoir des tentatives des Séleucides pour helléniser la Judée (à partir de 175 av. J.-C.) ni de la Révolte des Maccabées contre les Séleucides (165 av. J.-C.), et qu’il n’épouse pas les attentes apocalyptiques ou messianiques qui sous-tendent les écritures plus tardives[8]. Et pourtant certains spécialistes adoptent une date ultérieure pour la composition d'au moins certaines parties de Tobie[9].
Localisation
Il n'existe pas de consensus scientifique sur le lieu de la composition, et « presque toutes les régions du monde antique semblent pouvoir être candidates[10]. » Une origine mésopotamienne semblerait logique du fait que l'histoire se déroule en Assyrie et en Perse, de même que l'invocation du démon persan « aeshma daeva », dont Tobit fait « Asmodée »[10]. Mais des erreurs importantes dans les détails géographiques (comme la distance d’Ecbatane à Rages et la topographie des deux villes) rendent douteuse une telle origine[11]. Il existe aussi des arguments pour et contre une composition en Palestine ou en Égypte[12].
Références
- ↑ Article d'Encyclopædia Unversalis
- ↑ Miller, p. 10
- ↑ Miller, p. 11
- ↑ Fitzmyer, p. 51
- ↑ Tobit 2:5-7 & Amos 8:10
- ↑ Fitzmeyer, p. 51
- ↑ Fitzmyer, p. 51 ; Miller, p. 11
- ↑ Fitzmyer, p. 51-52 ; Miller, p. 11-12
- ↑ Fitzmyer, p. 52
- 1 2 Miller, p. 12-13
- ↑ Miller, p. 13
- ↑ Miller, p. 12-15
- Fitzmyer, Joseph A., "Tobit", (de Gruyter, 2003), Commentaries on early Jewish literature, ISBN 3-11-017574-6
- Miller, Geoffrey David, Marriage in the Book of Tobit, p. 10–15 (Walter de Gruyter 2011), ISBN 978-3-11-024786-2
Articles connexes
- Tobie dans différentes représentations de l'Ange dans l'art.
Liens externes
- Le texte en grec de la Septante (ΤΩΒΙΤ) avec traduction en Anglais de King James Apocrypha
- Le texte en latin de la Vulgate (LIBER TOBIAE), sur le site The Latin Library
- Le texte en français, traduction par Augustin Crampon, sur le site Catholique.org
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