Ronald Coase
Naissance |
Willesden ( Royaume-Uni) |
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Décès |
(à 102 ans) Chicago ( États-Unis) |
Nationalité | Britannique |
Champs | Économie |
Institutions |
Université de Chicago Université de Virginie |
Diplôme | London School of Economics, Université de Londres |
Renommé pour | Théorie des coûts de transaction, analyse économique du droit, économie des institutions. |
Distinctions | Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel (1991) |
Ronald Coase (né le à Willesden, dans la banlieue de Londres, mort le à Chicago[1]) est un économiste britannique. Considéré comme le père fondateur de la Théorie des coûts de transaction (sous-branche de la nouvelle économie institutionnelle) et lauréat du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel en 1991, il fait partie des économistes qui ont fait naître l'économie des institutions et les théoriciens de l'analyse économique du droit se référent souvent à ses écrits sur la création de ce courant.
Biographie
Ses parents étaient tous les deux employés de Poste[2]. Enfant doué, il commence par s'orienter vers des études scientifiques, qu'il abandonne pour se consacrer à l'économie[3]. Il étudie alors à la London School of Economics où il rencontre Lionel Robbins et surtout Arnold Plant. Sous l'influence de ces rencontres et de la lecture d'Adam Smith, il change progressivement d'idées politiques et abandonne le socialisme pour se rapprocher du libéralisme[3],[4]. Il obtient en 1931 son Bachelor of Science à la LSE. Il est un temps professeur dans son pays natal et commence un travail de recherche sur les entreprises : il obtient une bourse pour étudier les entreprises et industries aux États-Unis. Ces travaux lui inspireront l'article célèbre qu'il publie en 1937, The nature of the firm (La nature de l'entreprise)[5].
Il obtient un doctorat en économie de l'université de Londres en 1951 et émigre aux États-Unis la même année pour enseigner à l'Université de Buffalo. Il rejoint en 1958 l'Université de Virginie où il côtoie G. Warren Nutter, James M. Buchanan et Gordon Tullock. L'université est cependant assez peu satisfaite de leur travail et considère qu'ils nuisent à la réputation de l'université[4]. Deux d'entre d'eux obtiendront pourtant le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel.
Il rejoint enfin le département de droit de l'Université de Chicago en 1964 dont il ne bougera plus par la suite. La même année, il devient rédacteur en chef de la Journal of Law and Economics, revue académique étudiant les rapports entre droit et économie. Il y remplaçait Aaron Director.
Il obtient en 1991 le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel « pour la découverte et la clarification de l'importance des coûts de transaction et des droits de propriété dans la structure institutionnelle et dans le fonctionnement de l'économie »[6]
Il est conseiller du Ronald Coase Institute. Il est membre de la Société du Mont Pèlerin.
Travaux
L'œuvre de Coase se caractérise par une recherche de simplicité et en particulier le refus de recourir à des modélisations mathématiques complexes. Ainsi, le Financial Times écrivit lorsqu'il reçut le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel : « ce prix pourrait être le début de l'antidote à l'impression largement répandue que les principaux honneurs en économie vont à ceux qui s'intéressent à l'exploration mathématique de chemins de traverse pour leur unique satisfaction personnelle[2] ».
Il développa en particulier les thèmes suivants :
Coûts de transaction
Dans son célèbre article The Nature of the firm (1937), Coase s'attache à répondre à la question suivante : pourquoi émergent dans l'océan de la coopération inconsciente qu'est le marché des îlots de pouvoir conscient que sont les firmes ? Autrement dit, pourquoi existe-t-il des entreprises ?
Selon Coase, le recours au système néoclassique des prix a un coût (remettant en cause l'hypothèse néoclassique d'information parfaite), et ce coût explique la formation de structures collectives comme les entreprises ou les administrations, qui contribuent à la réduction de ces coûts de transaction.
Les exemples-type du coût de transaction, longtemps oubliés par la théorie économique, sont les coûts de prospection afin de rassembler un maximum de prix disponibles sur le marché, le temps nécessaire à la rencontre des clients potentiels et la rédaction du contrat optimal puis sa révision une fois arrivé à son échéance... Le mérite de Coase a été de mettre l'accent sur ces différents obstacles à l'utilisation idéale du système des prix.
La postérité de l'analyse en termes de coûts de transaction a été l'avènement du courant néo-institutionnaliste en économie avec comme figure de proue Steven Cheung ou Oliver Williamson, Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel en 2009.
Théorème de Coase
Il existe un grand nombre de théorèmes de Coase et chaque économiste a sa version du théorème. Cependant, la version issue du Chicago des années 1960 implique que, quelle que soit l'attribution initiale des droits de propriété entre les participants aux marchés, un système d'équilibre général débouchera ex post sur l'allocation optimale des ressources.
D'autres versions posent aussi qu'en l'absence de coûts de transaction et avec une répartition claire des droits de propriété, la négociation entre les agents aboutit à une allocation efficace des ressources.
Le but de cette démonstration était essentiellement de montrer que la mauvaise définition de droits de propriété était à l'origine d'inefficacités, auxquelles on tentait de remédier par un coûteux travail règlementaire. Ce résultat est conceptuellement identique à l'hypothèse d'un système complet de marchés nécessaire aux théorèmes du bien-être et à la théorie de l'équilibre général d'Arrow et Debreu.
Souvent vu comme une arme de l'économie politique libérale contre les systèmes juridiques contemporains et contre toute forme de règlementation étatique, il s'oppose fortement aux conclusions de Pigou qui jugeait l'État nécessaire pour limiter les « externalités négatives » a aussi été utilisé par les tenants de l'interventionnisme sur les motifs que, si la répartition initiale des droits importe peu, alors l'État a un grand rôle à jouer pour limiter les inégalités ex ante.
Ce théorème a été à la base de l'émergence de l'analyse économique du droit qui a foisonné depuis sous l'impulsion de théoriciens comme Guido Calabresi et Richard Posner.
Biens communs
Depuis les travaux de Pigou, la théorie libérale acceptait l'idée que le marché soit inefficient face au phénomène des externalités. L'action de l'État était alors jugée nécessaire pour taxer les agents responsables d'externalités négatives et subventionner les agents producteurs d'externalité positives. Dans The Problem of social cost (1960), Coase condamne cette intervention qui modifie la répartition de revenus. Il suffit pour Coase d'attribuer aux agents du marché des droits de propriété sur les biens publics (ou communs), droits échangeables sur le marché. Par exemple, il faudrait instituer des droits de disposer d'air pur : si une entreprise pollue, les ménages environnants peuvent soit exiger l'arrêt de la pollution, soit vendre leurs droits à l'entreprise. Pour Coase, seul le marché est efficace pour gérer les externalités et l'État doit seulement garantir le respect des droits de propriété. L'État retrouve alors son rôle traditionnel, limité à la police et la justice.
Dans son article de 1974, The lighthouse in economics (Le phare dans l'économie), il remet en cause la vision classique de la tragédie des biens communs en prenant l'exemple souvent utilisé des phares. Il rappelle qu'en 1820, trois quart des phares anglais étaient gérés par des opérateurs privés et que la nationalisation ne date que de la fin du XIX[7]. Se prononçant sur l'intérêt de la réglementation, il déclarait en 1997 ne pouvoir en trouver aucune qui ait eu de bons effets[4].
Œuvres principales
- 1937, The nature of the firm, Economica, 4, 386-405. ([PDF]version en-ligne)
- 1946, The Marginal Cost Controversy, Economica, 13, p. 169.
- 1960, The Problem of Social Cost, Journal of Law and Economics, 3(1), 1-44. (version en ligne)
- 1972, Durability and Monopoly, Journal of Law and Economics, 15, p. 143.
- 1974, The Lighthouse in Economics, Journal of Law and Economics, 17, p. 357.
- 1975, Marshall on Method, Journal of Law and Economics, 18, p. 25.
- 1978, Economics and Contiguous Disciplines, Journal of Legal Studies, 7, p. 201.
- 1984, The New Institutional Economics, Journal of Institutional and Theoretical Economics,
- 1988, The Firm, the Market and the Law, 1988.
- 1992, The Institutional Structure of Production, 1992, AER. (Allocution pour le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel) (version en ligne)
- 1993, Law and Economics at Chicago, Journal of Law and Economics, 36, p. 239.
- (en) Bibliographie de Ronald Coase sur RePEc/IDEAS
Textes disponibles en français
- La nature de la firme, in Revue française d'économie, vol. II/1, 1987, pp. 133–163. (Première traduction en français de : The nature of the firm, 1937)
- Ronald Coase, L'Entreprise, le marché et le droit, Paris, Editions d'organisation, coll. « Ed Organisation », , 245 p. (ISBN 978-2-7081-2000-6)[8].
- [PDF] Table des matières
- [PDF] Chapitre 1 : L'entreprise, le marché et le droit (pp. 17–50).
Notes et références
- ↑ (en) Laurence Arnold, « Ronald Coase, Nobel Winner Who Studied Corporations, Dies at 102 », sur bloomberg.com le 2 septembre 2013
- 1 2 Dominique Roux, Nobel en économie, Economica, 2e édition, pp.321-332
- 1 2 Présentation de la firme, le marché et le droit, Cnam.fr
- 1 2 3 (en) Looking for results, Reason, janvier 1997
- ↑ (en)[PDF]The nature of the firm
- ↑ Annonce officielle 1991 du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel, Nobelprize.org
- ↑ Le phare ou la question des « biens collectifs », Mickaël Mithra, Québécois libre
- ↑ Traduction de The Firm, the Market and the Law, 1988, ce recueil d’articles comprend les traductions, entre autres, de : The nature of the firm, 1937 ; The Marginal Cost Controversy, 1946 ; The Problem of Social Cost, 1960 ; The Lighthouse in Economics 1974.
Bibliographie
- Coriat B., Weinstein O. (1995), Les nouvelles théories de l'entreprise, Le Livre de Poche
- Robé, Jean-Philippe, The Legal Structure of the Firm, Accounting, Economics, and Law: Vol. 1 : Iss. 1, Article 5, Available at: http://www.bepress.com/ael/vol1/iss1/5 (2011).
- Fiches sur les lauréats du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel réalisé par Problèmes économiques, la Documentation française.
Liens externes
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Union List of Artist Names • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque nationale de la Diète • WorldCat
- (en) Ronald H. Coase, « Autobiography », sur http://nobelprize.org'', Tore Frängsmyr (Nobel Foundation),
- (fr) Arnaud Parienty, « Présentation de L'Entreprise, le marché et le droit », sur www.alternatives-economiques.fr, Alternatives Economiques, pratique n° 21, novembre 2005
- (fr) Olivier Baloucoune, « Fiche de lecture L'Entreprise, le marché et le droit », sur www.cnam.fr, chaire DSO
- (en) Thomas W. Hazlett, « Looking For Results ; Nobel laureate Ronald Coase on rights, resources, and regulation (entretien) », sur www.reason.com, Reason Magazine,
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