Norbert Casteret
Naissance |
Saint-Martory |
---|---|
Décès |
(à 89 ans) Toulouse |
Nationalité | France |
Autres activités |
Norbert Casteret (né en 1897, mort en 1987) est un spéléologue et un écrivain français.
Biographie
Norbert Casteret est né à Saint-Martory dans la Haute-Garonne le .
Son père Henry Casteret est avocat à Toulouse. La fratrie compte également Roger, décédé à quatre ans, Jean et Martial Casteret, médecin, qui accompagnera son frère dans certaines de ses explorations[1].
Au cours de la Première Guerre mondiale, en 1915, Norbert rejoint le régiment de son frère Jean. Démobilisé en 1919, il contracte la grippe espagnole. Du conflit, il conservera le casque de tranchée qu'il utilisera, muni d'une lampe, pour ses futures explorations spéléologiques.
Au retour du front, poussé par son père, il entame des études de droit et devient clerc de notaire, fonction qu'il abandonnera vite ; puis toujours sur commande paternelle, il s'engage dans l'agronomie sans toutefois y trouver un intérêt[1].
En 1924, il rencontre sa future épouse, Élisabeth, née en 1905 ; une fille de médecin qui se destinait à la médecine, mais qui ne poursuivra pas ses études après leur mariage célébré la même année.
Plus tard, elle accompagne Norbert dans nombre de ses explorations (grotte Casteret, expédition dans les monts Maudits de la vraie source de la Garonne…). Le couple aura cinq enfants, Gilberte, Raoul, Maud, Raymonde, Marie[1].
Malheureusement, Élisabeth meurt le de fièvre puerpérale, quelques jours après la naissance de la benjamine[1].
Norbert Casteret avait fait sienne la devise et locution latine « Ad augusta per angusta »[2] (vers de grandes choses par des voies étroites).
Norbert Casteret meurt à Toulouse le , peu avant ses quatre-vingt-dix ans.
Découverte de la grotte de Montespan
Comme chef Eclaireurs de France il a déjà pratiqué quelques descentes. En 1922, alors qu'il a quelques années d'expérience spéléologique dans les cavités pyrénéennes, Norbert Casteret s'engage dans la galerie d'une résurgence située au village de Montespan (Haute-Garonne).
Selon les déclarations des villageois, après une soixantaine de mètres la galerie est totalement inondée. Casteret parvient en effet à un siphon qu'il parvient à franchir en se risquant à plonger en apnée, sans éclairage, avant de faire aussitôt demi-tour. Le lendemain, il est de retour dans la galerie avec des allumettes et plusieurs bougies de réserve gardées à l'abri de l'eau, franchit de nouveau le siphon puis plus loin un second, mettant au jour le parcours souterrain de la rivière sur 1 500 m jusqu'à approcher sa perte en amont, toutefois infranchissable[3].
Un an plus tard, en 1923, accompagné d'un camarade, Henri Godin, il explore de nouveau la cavité. Dans une galerie sèche, il met au jour un silex taillé, ce qui lui indique que la grotte a été occupée par des hommes préhistoriques ; un outil abandonné si loin sous terre indique probablement que la cavité a été utilisée pour l'art pariétal. En effet, les deux explorateurs ne tardent pas à découvrir des statues moulées en argile, ainsi que des gravures[3].
La découverte a un écho considérable tandis qu'à l'époque seules sont connues deux statuettes de bisons mises au jour en 1913 par le comte Begouen au Tuc d'Audoubert (Ariège)[3]. La grotte de Montespan comporte une trentaine de représentations d'animaux en argile : chevaux, lions, ainsi qu'un corps d'ours des cavernes acéphale dont la tête est formée par un crâne d'ours. Ces statues comportent de nombreuses traces de sagaies. Une cinquantaine de gravures sont présentes sur les murs de la cavité. Tous ces vestiges sont rapportés au Magdalénien (-20 000 ans)[3].
Norbert Casteret relate cette découverte en 1933 dans son premier ouvrage Dix ans sous terre.
En 1932, le spéléologue découvre des fresques gravées, à la grotte de Labastide dans les Hautes-Pyrénées.
La vraie source de la Garonne
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'origine de la Garonne est sujette à polémique. Selon la légende, la résurgence du Guelh de Joèu dans le val d'Aran, principale source de la Garonne, communique avec la perte du Trou du Toro, situé dans la haute vallée de l'Esera, dans les Pyrénées espagnoles, en Aragon. Cette thèse combattue par Émile Belloc finit par ne plus être admise, bien que E-A Martel conteste la méthodologie de Belloc, basée sur des flotteurs en bois et des colorants en quantité trop faible pour constituer une preuve[4].
Entre 1928 et 1931, après une longue étude du massif des Monts Maudits, des bassins versants et des affluents, Norbert Casteret est convaincu de l'hypothèse selon laquelle les eaux du Trou du Toro font résurgence dans le val d'Aran et constituent la Garonne naissante[4].
Le projet d'une compagnie espagnole de détourner les eaux du Trou du Toro pour créer une usine hydro-électrique presse le spéléologue de démontrer l'hypothèse, puisque le captage priverait en aval la Garonne de la moitié de son débit et aurait des conséquences importantes en France. Grâce au soutien de Alfred Lacroix, secrétaire de l'Académie des sciences, d'E-A Martel, à des subventions de l'Académie des sciences, du conseil général de Haute-Garonne et au montant du prix Martel reçu par Casteret, il réunit la somme nécessaire à l'achat d'une quantité suffisante de fluorescéine pour mener une expérience de coloration[4].
Le , soixante kilos de fluorescéine sont déversés au trou du Toro par Norbert et Elisabeth Casteret. À l'arrivée de l'équipe au val d'Aran quelques heures plus tard, ils découvrent la résurgence colorée en vert et prouvent ainsi la communication[4].
Les eaux de la Garonne parcourent ainsi quatre kilomètres sous terre pour passer du bassin versant de la Méditerranée à celui de l'océan Atlantique. L'expérience met un terme au projet de détournement[4].
Grotte de la Cigalère et gouffre Martel
En 1932, la compagnie Union pyrénéenne électrique charge Norbert Casteret d'enquêter sur un torrent qui échappe à un projet de barrage en Ariège, dans le cirque de Lez[5]. La résurgence située sous un éboulis étant impénétrable, Casteret explore les alentours et découvre le porche d'une grotte dans une falaise, qu'il baptise La Cigalère. Des explorations menées avec des membres de la compagnie électrique permettent de remonter plusieurs cascades et de découvrir une importante quantité de formations cristallines de gypse et de calcite, dont la beauté et l'abondance surprennent l'équipe. Le nombre des cascades – sept – et la température glaciale de l'eau rendent difficiles une exploration plus lointaine qui s'arrête au pied de la huitième cascade[5].
Le spéléologue déplace ses recherches vers la perte du torrent. À 2 710 mètres d'altitude, il trouve l'entrée d'un gouffre. Aidé de sa femme et de camarades, il l'explore jusqu'à une profondeur de 303 mètres ce qui constitue en 1933 le gouffre le plus profond de France. Cet abîme, que Casteret baptise gouffre Martel, communique avec la grotte de la Cigalère. Un tunnel souterrain est construit pour capter les eaux du gouffre Martel et permettre ainsi l'achèvement du projet de barrage[5].
Responsabilités et distinctions
Le , il participe à l'assemblée constitutive du Spéléo-Club de France, ancêtre de la Fédération française de spéléologie.
Norbert Casteret est élu mainteneur de l'Académie des Jeux floraux en 1937. Il fut également président de l'Académie Julien Sacaze.
Ouvrages
- Dix ans sous terre, Perrin, 1933
- Au fond des gouffres, Perrin, 1936
- Mes cavernes, Perrin, 1940
- En rampant, Perrin, 1943
- Martel, explorateur du monde souterrain, Gallimard, 1943
- Paysages souterrains (album), Arthaud, 1943
- La Terre ardente (roman d'aventures), Didier, 1945
- Une vie de chauve-souris (roman), Didier, 1945. Rééd. sous le titre Mémoires d'une chauve-souris, Perrin, 1961
- La Longue Course (roman sportif), Didier, 1946
- Histoires au-dessous de tout (anecdotes spéléologiques), Didier, 1947. Rééd. Denoël, 1979
- Exploration, Perrin, 1949
- Ce que j'ai vu sous terre (album), Arthaud, 1949
- Profondeurs, Perrin, 1949
- Ténèbres, Perrin, 1952
- Dans les glaces souterraines les plus élevées du monde (album), Perrin, 1953
- Trente ans sous terre, Perrin, 1954
- Sondeurs d'abîmes, Perrin, 1955
- Au pays des eaux folles, Perrin, 1958
- L'Appel des gouffres, Perrin, 1959
- Ma vie souterraine, Flammarion, 1961. Rééd. Rombaldi, 1966
- Aventures sous-terre, Perrin, 3 vol. (vol. 1: Flambeau au poing, 1961 ; vol. 2 : Abîmes et cavernes, 1961 ; vol. 3 : Profondeurs, 1962)
- Secrets et merveilles du monde souterrain, Perrin, 1966
- La Montagne creuse (roman), Gérard, 1962
- Les Cailloux du Petit Poucet (souvenirs), Perrin, 1963
- Mission centre terre (roman), Perrin, 1964
- Un demi-siècle sous terre (extraits réédités), Éditions G.P., 1965
- Muta, fille des cavernes (roman préhistorique), Perrin, 1965
- Dans la nuit des temps (roman préhistorique), Perrin, 1966
- Les Pierres qui parlent (vulgarisation géologique), Perrin, 1967
- Ma spéléologie de A à Z, Perrin, 1968
- Dans la nuit des cavernes (récits imaginaires), Nathan, 1970
- Les Grandes Heures de la spéléologie, Perrin, 1973
- Aventures sous terre (extraits réédités), Gallimard, 1975
- Sous terre, Marabout Junior, no 2
- La Grotte tabou (récits imaginaires), Perrin, 1982
- Norbert Casteret raconte, Éditions Privat, 1984
Sources et références
- « Les grandes figures disparues de la spéléologie française », Spelunca (Spécial Centenaire de la Spéléologie), no 31, juillet-septembre 1988, p. 36-40
- Delanghe, Damien, Médailles et distinctions honorifiques (document PDF), in : Les Cahiers du CDS no 12, mai 2001.
- Association des anciens responsables de la fédération française de spéléologie : In Memoriam.
- 1 2 3 4 Vie de Norbert Casteret par sa fille : http://speleoclpa.free.fr/depot/norbert%20casteret.pdf
- ↑ norbertcasteret.net Norbert Casteret : « Ad augusta per angusta » (vers de grandes choses par des voies étroites).
- 1 2 3 4 Les plus vieilles statues du monde, Dix ans sous terre, Norbert Casteret, Librairie académique Perrin, 1933
- 1 2 3 4 5 "Découverte de la vraie source de la Garonne", Dix ans sous terre, Norbert Casteret, Librairie académique Perrin, 1933.
- 1 2 3 "Le gouffre Martel", Au fond des gouffres, Norbert Casteret, Librairie académique Perrin, 1941
Voir aussi
Norbert Casteret est devenu le nom du Collège de Puyguillen a ruelle en Charente.
Liens externes
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation
- Site officiel
- (fr) « Norbert CASTERET (1897 St Martory, Hte Garonne / 20 juillet 1987, St Gaudens) », sur le site du Club loisirs et plein air (C.L.P.A.), section spéléo, de Montpellier (consulté en 24 mars 2014)
- (fr) « Norbert CASTERET », sur le site JuraSpéléo (consulté en 24 mars 2014)
- Portail de la littérature française
- Portail de la préhistoire
- Portail des Pyrénées
- Portail de l’alpinisme et de l’escalade