Marais
En géographie, un marais est un type de formation paysagère au relief peu accidenté où le sol est recouvert, en permanence ou par intermittence, d'une couche d'eau stagnante, en général peu profonde, et couverte de végétations. On parle de zone humide.
La végétation des marais est constituée d'espèces adaptées au milieu humide. Sa composition varie selon la hauteur de l'eau, l'importance des périodes d'assèchement, et le taux de salinité. Les espèces dominantes sont les poacées (roseaux), typhacées (massettes), les joncacées (joncs), cypéracées (carex), et autres plantes herbacées et aquatiques, et des plantes ligneuses basses. Dans les marais d'eau saumâtre, on rencontre des espèces halophiles.
Il se distingue d'une mangrove, dominée par des arbres plutôt que des herbes ; et d'un étang par sa moindre profondeur de l'eau.
Le marécage désigne, quant à lui, un milieu humide dominé à plus de 25 % de sa superficie par une végétation ligneuse, c'est-à-dire arbustive ou arborescente[1].
Formation
Les marais se forment dans des zones mal drainées par le réseau hydrographique, et à sous-sol imperméable. On le trouve dans des zones peu accidentées, soit à proximité de cours d'eau ou de la mer, ou encore dans des creux dépourvus d'écoulement vers la mer (endoréisme).
Notons l'existence en France du marais halophyte de la source chaude du Plan de Phazy à 900 m d'altitude. Très saline, la source engendre en ses alentours une pré salé rarement rencontré hors des zones de littoral marin, et encore plus rare à cette altitude. L'eau ruisselle du flanc de montagne puis descend dans la faille de la Durance de 1 000 m de profondeur, se réchauffant alors à raison de 1° par 33 mètres descendant. La source émerge à la cassure entre les calcaires triasiques du Rocher de Barbein et le flysch de l'Embrunais (des schistes de Serenne) affleurant plus à l'ouest[2]. Faune et flore caractéristiques associées comprennent entre autres Plantain maritime (Plantago maritima), Carex à épis distants (Carex distans), Spergulaire marginée (Spergularia media), Puccinelle à épis distants (Pucinellia distans) pour la flore, et Agrion de Mercure et Sympetrum à nervures rouges pour la faune[3],[4].
Écosystème
L'eau d'un marais peut être fraîche, stagnante, ou plus ou moins salée. Les marais côtiers peuvent être associés à des estuaires ou à des lagunes littorales. Les conditions étant particulièrement réductrices du fait du manque de dioxygène par engorgement en eau, les éléments issus du sol et des matières organiques en décomposition se présentent sous des formes réduites très solubles et donc mobiles. Ces conditions anoxiques sont d'ailleurs propices à la formation de méthane par dégradation des glucides et d'hydrogène sulfuré par réduction du soufre (puanteur). Notre odorat est très sensible à ces gaz, l'hydrogène sulfuré devient nocif à partir du moment où sa concentration dans l'air est telle que le nerf olfactif est endormi, c’est-à-dire que si en progressant dans un marais l'odeur d’œuf pourri disparaît il est plus probable que loin d'avoir disparu, le gaz est en concentration suffisante pour avoir endormi l'odorat et donc qu'il devient nocif, en concentration modérée il provoque un engourdissement qui peut être la source d'accidents de la route par la suite : il vaut mieux quitter l'endroit.
L'eau venant des profondeurs du sol se charge en métaux, lorsqu'elle atteint la surface certains micro-organismes vivent alors de leur oxydation. L'eau prend des reflets métalliques, à la différence d'une pellicule d'huile qui se ressoude et indique une pollution, c'est un biofilm, qui se craquellera sans se ressouder si quelque chose le touche. C'est une sorte de super-organisme impliqué dans le cyclage des éléments, la dépollution de l'eau, et c'est un écosystème à lui seul. Ces biofilms sont une matrice d'ancrage générée par exemple par des milliards de bactéries agglutinées, qui flottent ainsi juste sous la surface de l'eau, ce ne sont pas des pellicules d'hydrocarbures, la seule similitude étant leur aspect métallique, généralement ce type de biofilm se présente déjà avec un aspect fracturé.
La teinte des biofilms, qui ne sont pas seulement en surface de l'eau mais aussi au fond de l'eau sous forme de couche visqueuse, varie en fonction de l'élément utilisé par les micro-organismes pour vivre. La couleur rouille indique évidemment l'oxydation du fer, une couleur bleutée indique une oxydation du cuivre, un vert-violacé celle du soufre, quant à un blanc vitreux, l'élément peut être de l'aluminium, du calcium ou du soufre également. Dans le cas de ce biofilm flottant, la couleur est bleutée puis change et devient pâle au fur et à mesure qu'il vieillit et se dégrade, jusqu'à devenir translucide juste avant de se désintégrer. Il n'indique pas forcément une haute concentration en métaux de l'eau, simplement une eau stagnante et une certaine acidité des sols.
Les marais abritent une importante vie sauvage. Poissons et amphibiens s'y reproduisent et s’y nourrissent des millions d'insectes qui émergent de ces eaux peu profondes. Hors de l'eau, ces insectes serviront aussi de ressource alimentaire aux oiseaux et chauves-souris jusqu'à plusieurs kilomètres de la zone, jouant un rôle considérable pour la faune locale.
Les marais abritent ainsi de très nombreuses espèces rares, dont ils sont alors souvent les seuls habitats. C'est le cas de la gratiole officinale ou du piment royal par exemple pour la flore, du butor étoilé, des marouettes ou de la sarcelle d'été pour les oiseaux, du campagnol amphibie et autres pour les mammifères.
Dans les régions défavorisées ils sont souvent insalubres à cause du paludisme, maladie grave due à un parasite du sang dont le cycle de vie passe par un moustique piqueur, l'anophèle (la larve de l'anophèle vit dans les eaux douces stagnantes). C'était le cas en France pour la Sologne, le Gâtinais, la Puisaye, la Brenne, les Landes, la plaine d'Alsace, les Flandres et bien d'autres régions jusqu'à la diminution de l'occurrence de cette maladie à partir du milieu du XIXe siècle, jusqu'à sa quasi-disparition juste avant la Première Guerre mondiale[5]. L'assainissement des marais permet de lutter efficacement contre le paludisme mais la perte de biodiversité globale du marais asséché est irremplaçable.
Adaptations des plantes à l'environnement palustre
Les plantes palustres vivent tantôt sous l'eau et tantôt hors de l'eau. Leur génome leur confère des adaptations leur permettant de modifier rapidement leur métabolisme en cas d'immersion, de même pour les graines ou spores[6]. Certains arbres présentent aussi des adaptations à l'ennoiement plus ou moins long des racines ou des pousses ou des graines[7],[8].
L'inondation ou l'exondation est souvent chez ces espèces l'un des stimuli de levée de dormance[9].
Le gestionnaire de forêts inondables peut tirer parti de ces adaptations [10].
Valorisation par l'homme
Depuis longtemps l'homme a commencé à assécher les marais - en priorité ceux difficiles à exploiter et réputés insalubres[5]. L'impact sur la faune et la flore mais aussi sur le cycle de l'eau est aujourd'hui considérable et la plupart des milieux humides qui n'ont pas été détruits font l'objet aujourd'hui de mesures de protection.
Localement, sur certaines zones humides aux sols plus légers et où les eaux des inondations apportent chaque hiver de nombreux éléments nutritifs, l'homme a développé des cultures très productives. C'est l'origine du maraîchage[5].
Voir aussi
Articles connexes
- Polder - Tourbière
- Liste des marais français
- Feu follet
- Marais maritime
- Marais salants
- Yeun Elez
- Palud (marais)
Liens externes
- Pôle-relais zones humides intérieures
- Portail zones humides
- Présentation du marais de Stors
- Programme Life marais de Rochefort
- Pôle-relais zones humides littorales - Forum des Marais Atlantiques
- Cartographie des zones humides
- Le blog des Vacances en Deux-Sèvres vous dévoile ses coups de cœur sur le Marais poitevin
Références
- ↑ Adeline Bazoge, Identification et délimitation des milieux humides du Québec méridional, Québec, , 64 p. (lire en ligne), p. Marécage – Site dominé par une végétation ligneuse, arbustive ou arborescente (représentant plus de 25% de la superficie du milieu) croissant sur un sol minéral de mauvais ou de très mauvais drainage. Le marécage riverain est soumis à des inondations saisonnières ou est caractérisé par une nappe phréatique élevée et une circulation d’eau enrichie de minéraux dissous. Le marécage isolé, quant à lui, est alimenté par les eaux de ruissellement ou par des résurgences de la nappe phréatique.
- ↑ site geol-alp, nombreuses données de base sur la géologie des Alpes.
- ↑ Page internet sur la fontaine pétrifiante de Réotier. Présente des informations sur la géologie du lieu.
- ↑
- 1 2 3 La disparition du paludisme dans la France rurale et la régression des terres humides - Exemple de la Sologne. Par Pierre-Olivier Fanica, dans étude et Gestion des Sols, Volume 13, 1, 2006 - pages 53 à 61.
- ↑ Expression in situ de gènes en réponse à l’ennoyage chez les plantes
- ↑ Parent C. (2008) Étude de la réponse à l’ennoyage chez le chêne sessile (Quercus petraea) et le chêne pédonculé (Quercus robur) : Implication de l’hémoglobine non-symbiotique (An Overview of Plant Responses to Soil Waterlogging ) ; Thèse de doctorat, Université de Franche-compté ; Spécialité : Sciences de la vie ; École doctorale : Homme, Environnement, Santé ; soutenue le 05 décembre 2008, PDF, 179 pages
- ↑ Skoglund, J. (1989). Regeneration, Establishment and Distribution of Quercus robur in relation to a flooding and light gradient. Studies in Plant Ecology.Gérard, B. (2008). Recherche de marqueurs physiologiques de tolérance à l'ennoyage chez le chêne pédonculé (Quercus robur L.) et chez le chêne sessile (Quercus petraea [Matt] Liebl.) (Doctoral dissertation, Université de Franche-Comté).
- ↑ Ducerf, G conditions de levée de dormance des principales plantes bio-indicatrices. Promonature-livre nature.
- ↑ Hervé Piégay, Guy Pautou, Charles Ruffinoni (2003 ) "Les forêts riveraines des cours d'eau: écologie, fonctions et gestion" Forêt privée française, - 463 pages (avec Google Books)
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