Médersa

Médersa, ou madrassa (arabe : مدرسة, madrasa pl. مدارس, madāris), est le terme arabe désignant une école, qu'elle soit laïque ou religieuse, quelle que soit la confession. Ce terme peut aussi désigner spécifiquement une université théologique musulmane, cependant, c'est principalement un lieu où l'on étudie le droit. Certes, celui-ci est basé sur la Charia, la loi islamique telle qu'expliquée dans le Coran, mais dans le monde islamique, il faut se rendre compte que le Coran régit la plupart des aspects de la vie quotidienne. Les madrasas enseigne un ou plusieurs des quatre rites orthodoxes (hanafite,chaféite, malékite et hanbalite), qui correspondent à quatre écoles de droit, légèrement différentes sur certains aspects canonique et traditionnel. De plus, on enseigne également dans les madrasas la philologie, la linguistique arabe, la science (sauf la médecine, qui est enseignée dans des écoles spécialisées). Souvent, la madrasa sert de mosquée de quartier, et vice versa. Elles sont toujours administrées en waqf (fondation pieuse).
Cette appellation est à rapprocher de l'hébreu Midrash (מדרש ), dont la racine signifie examiner, interroger en profondeur.
On trouve les formes :
Histoire
C'était un établissement d'enseignement (proche des universités médiévales) fondé pour la première fois aux alentours du Ve siècle de l'Hégire pour assurer l'enseignement supérieur religieux en général et diffuser les doctrines sunnites en particulier. Habituellement, les élèves étaient logés dans l'établissement, et les services du waqf les prenaient en charge pour leur permettre de se consacrer à leurs études. Une autre de leurs caractéristiques est que les enseignants y étaient nommés par l'État.
La première madrasa fut fondée à Bagdad au XIème siècle de l'ère chrétienne par Nizam al-mulk.
Développement
Mis à part en Iran, on trouve des madrasas en Anatolie sous les Seldjoukides puis sous les Ottomans, en Syrie et en Égypte sous les Ayyoubides et les Mamelouks, et auMaghreb à partir des Mérinides.
Les madrasas anatoliennes de la période seldjoukide se caractérisent par leur matériau, la pierre et par leur cour étroite, voire inexistante en raison du climat froid de la région. Le portail est généralement prétexte à une débauche de décor sculpté. La tradition de la madrasa se poursuit en Anatolie aux xive et xve siècles, puis sous les Ottomans, ces édifices sont intégrés à d'immenses complexes.
Les Ayyubides fondèrent de nombreuses madrasas pour extirper le Chi’isme après la disparition des Fatimides en Égypte. Salah al-Din notamment, en fit construire de nombreuses au Caire et en Syrie, comme la madrasa Firdaws à Alep (1243). On trouve peut-être encore des influences anatoliennes dans ces bâtiments.

C'est sans doute à l'époque mamelouke que naquit le concept d'un iwan par rite, comme cela est expliqué dans l'acte de waqf du complexe de Sultan Hasan. À cette époque, les madrasas étaient bien évidemment liées aux grands complexes sultaniens et émiraux. C'est dans celui de Qala'un que se trouve la première madrasa mamluke bien conservée, mais celle du complexe de sultan Hasan est sans doute la plus belle.
À Ispahan se trouve la plus ancienne madrasa conservée, la Shah-i Mashhad datée de 1175. On en connaît de nombreuses dans tout le grand Iran et en Inde, jusqu'auxviie siècle au moins. Dans ces régions particulièrement troublées, elles servaient mieux qu'ailleurs à diffuser les diverses propagandes. On en connaît aussi bien desSunnites que des Chi'ites.
Medersa Bou Inania de Meknès1350-1355.
L'apparition de la madrasa au Maghreb est tardive (pas avant la dynastie Mérinide), et a lieu dans un contexte de soufismevivace. De rite principalement malikite, ces établissements servent principalement à étendre les Sufismes à des populations nomades souvent encore non islamisées. On en trouve de nombreux exemples magnifiques notamment à Fez, comme lamadrasa Attarin, la madrasa Bu' Inaniyya, ou encore à Tlemcen avec la Medersa Khaldouniya.
En Espagne, l'enseignement avait lieu principalement dans les mosquées. On ne connaît donc qu'une seule madrasa dans cette région, qui dénote d'une importante influence mérinide : la Madrasa Yusuf Ier à Grenade, décorée de magnifiques stucs peints.
Exemples
Cas des Comores
Dans la République fédérale islamique des Comores (RFIC), puis dans l'Union des Comores, les medersas sont vues comme un modèle possible d'éducation démocratique[1] sans discrimination car touchant supposément tout le monde. Aussi à partir de 1976, les autorités des îles indépendantes y ont fait inscrire des activités d'éveil pour les jeunes préscolaires. Depuis 1994, il existe un projet pour étendre les disciplines d'enseignement mais les maîtres s'y refusent sans contreparties financières.
Illustrations
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Deux des trois madrasas du Régistan à Samarcande (Ouzbékistan)
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Medersa Bou Inania de Meknès
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Détail d'une calligraphie coufique dans la cour de la medersa Bou Inania de Meknès[1]
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La cour intérieure de la Madrasa Ben Youssef de Marrakech
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Portes des cellules des étudiants de la médersa Mohammed Rahim Khan de Khiva
- arabe : baraka muḥammad, بركة محمد, bénédiction sur Muhammad
Notes
- ↑ Enquête à indicateurs multiples (MICS 2000), Ministère du Plan de la RFIC
Voir aussi
Articles connexes
- Université Al Quaraouiyine à Fès
- Université Zitouna à Tunis
- Medersa Ben Youssef de Marrakech
- Medersa Bou Inania de Meknès
- Daara
Liens externes
- (fr) Voyage à l’intérieur des madrasa pakistanaises, William Dalrymple, Le Monde diplomatique, mars 2006
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