Université Al Quaraouiyine
Al Quaraouiyine | |||||||||||
Nom original | لقرويين Al Quaraouiyine | ||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Informations | |||||||||||
Fondation | 877 (date incertaine) | ||||||||||
Fondateur | Daoud Ibn Idriss | ||||||||||
Type | Université publique | ||||||||||
Régime linguistique | Arabe | ||||||||||
Localisation | |||||||||||
Coordonnées | 34° 03′ 52″ N 4° 58′ 24″ O / 34.064444, -4.97333334° 03′ 52″ Nord 4° 58′ 24″ Ouest / 34.064444, -4.973333 | ||||||||||
Ville | Fès | ||||||||||
Pays | Maroc | ||||||||||
Direction | |||||||||||
Recteur | Abdelwahab Tazi Saoud | ||||||||||
Divers | |||||||||||
Particularités | Mosquée | ||||||||||
Site web | http://www.alquaraouiyine.com/fr | ||||||||||
| |||||||||||
modifier |
|
La forme ou le fond de cet article est à vérifier. Améliorez-le ou discutez des points à vérifier.
Si vous venez d’apposer le bandeau, merci d’indiquer ici les points à vérifier.
|
Al Quaraouiyine (en arabe : القرويين) est une université située à Fès, au Maroc. Selon la tradition, sa construction débute en 859 sous le règne de la dynastie idrisside. Elle est considérée comme étant la plus ancienne université dans le monde, encore en activité[1].
Au XIIe siècle, toute une série de noms parmi les plus grands vont être associés d'une manière ou d'une autre à la Quaraouiyine : les grands précurseurs du soufisme, tels Ibn Hrizim, Abou Madyane, Abdeslam Ben Mchich Alami, les philosophes Avenpace et Averroès, le géographe Al Idrissi mais aussi Maïmonide et Ibn Khaldoun pour ne citer que ceux-là.
Histoire et fondation
La fondation de la Quaraouiyine
Elle a été fondée par Fatima al-Fihri, fille d'un riche homme d'affaires immigré de Kairouan (actuelle Tunisie), qui abritait la première mosquée de la Tunisie et de tout le Maghreb : la Grande Mosquée de Kairouan considérée comme un centre d'érudition important au Maghreb pendant des siècles, d'où l'appellation de l'université par Al Quaraouiyine (Les Kairaouinais)[réf. nécessaire].
La mosquée Al Quaraouiyine voit son architecture évoluer et s'agrandir. Elle devient, du Xe siècle au XIIe siècle, un important centre d'enseignement et une des premières universités au monde.
En raison du manque de sources, le contexte historique de la fondation de la Qarawiyyĭn ne pourrait être présenté qu’en quelques lignes. Henri Pérès dit « Il n’est pas douteux pourtant que Fes, à partir du IXe siècle, ait été, grâce à sa mosquée université d’al-Karawiyyin, « la demeure de la science et de la sagesse », comme l’avait prédit son fondateur. Alfred Bel tient à peu près le même discours [2]. Mais en plus de l’inexistence de sources parlant de la Qarawiyyin avant Ibn Abī Zarʻ (début VIIIe H./XIVe siècles), la malchance a voulu que les archives des awqāf (conservés à la Qarawiyyĭn) brûlent en 723H./1323… au moment précis où l’histoire des premiers Idrissides, des fondations de Fès et de la Qarawiyyĭn est en train d’être fixée par les Mérinides… La majorité des historiens contemporains attribue la fondation de la Qarawiyyĭn à Fāṭima al-Fihriya[3], comme l’affirme sereinement l’auteur d’Al-Anīs al-muṭrib.
Du lieu de culte au lieu d'enseignement « universel »
L'historien marocain Muḥammad al-Manūnī pense que c'est sous le règne des Almoravides que l'université s'ajouta réellement à la mosquée[4]. D'autres historiens comme Alfred Bel[5] et Lévi-Provençal[6] ne donnent à la Qarawiyyĭn le titre d’université qu’à l’époque mérinide, bien que le premier affirme qu'elle fut le cœur religieux et intellectuel du Maghreb depuis l'époque idrisside[7]
Mais c'est bien al-Manūnī qui est le plus proche de la réalité historique. En effet, il faut attendre la première moitié du VIè (Hegire)./XIIe siècle pour voir sortir de Fès de grands philosophes (à l'image d'Ibn Bāğa ou Avempace), mathématiciens (comme le Juif Ibn al-Yasmīne, inventeur du triangle, dit à tort, de Pascal), en plus de nombreux théologiens et personnalités littéraires. Cela signifie naturellement qu'à cette époque la ville de Fès est devenue capable de présenter des enseignements dans diverses branches (théologie, jurisprudence, philosophie, mathématiques, astrologie-astronomie, sciences de la langue...). Ces diverses branches qui, si elles sont concentrées dès l'époque à la Qarawiyyĭn avec logiquement des professeurs pour chaque matière, peuvent symboliser les futures facultés d'après les futures notions occidentales. Donc, l' « université » d'al-Qarawiyyĭn n'a tout simplement jamais existé à l'époque idrisside, comme le prétend la tradition. La Qarawiyyĭn idrisside ne fut qu'une mosquée parmi d'autres. Le prêche du vendredi n'y était même pas effectué.
Au VIIIè H./XIVe siècle et au-delà (époques wattasside, saʻdienne, alaouite), la plupart des grands savants et lettrés du Maghreb et de ce qui restait de l’Andalousie sont passés à Fès et sa Qarawiyyĭn en tant qu’étudiants, professeurs ou simples auditeurs (Ibn al-Ḫaṭīb, Ibn Ḫaldūn, Ḥasan al-Wazzān ou Léon l'Africain, al-Yūsī…), alors qu’à l’époque idrisside, et en gros avant l’an Mil, les quelques chroniqueurs, juristes et poètes que devaient compter ces mêmes régions ne devaient connaitre au mieux la Qarawiyyĭn que de nom, une mosquée parmi tant d’autres
L'université sous la dynastie alaouite
Moulay Chérif entretenait avec les Oulémas (savants et érudits) de Fès. Son fils Moulay Rachid portait un réel intérêt pour le domaine scientifique et en fit profité l'université Al Quaraouiyine. Il y attira des Oulémas d’autorité venus sous le nom de « Achcharratine » et institua la tradition dite « Soltane Tolba » (sultan des étudiants) ; manifestation qui avait lieu chaque année durant les vacances du printemps sous le Patronage de l’Etat et du Roi lui-même, et au cours de laquelle la masse des étudiants choisissait un Sultan, désignait son gouvernement pour une période de quinze jours.
À cette occasion, on organisait des colloques scientifiques, des débats autour des questions cruciales ; on prononçait des discours et on lisait des poèmes. Une élite de notables de la ville honorait de sa présence cette manifestation et entourait de sa sollicitude le « sultan des étudiants ».
Cette manifestation qui revêtait les aspects d’une fête populaire mais d’un type particulier était aussi marquée – événement rare - par la visite du sultan alaouite qui à l’occasion, offrait des cadeaux aux étudiants, écoutait leurs doléances et veillait à ce que leurs vœux fussent satisfaits. C’était le témoignage le plus sûr et la preuve la plus directe que le sultan pût apporter de son intérêt pour la science et ses promoteurs attitrés et à venir ; un geste qu’on n’enregistrât nulle part ailleurs, du moins sous cette forme, dans le monde entier.
L’action des Alaouites au profit de l’université Al Quaraouiyine continua en la personne de Sidi Mohammed Ben Abdellah (Mohammed III) dont l’intervention infléchit de façon décisive les efforts de l'université pour réorganiser ses enseignements, voire les adapter aux besoins et attentes des étudiants qu’elle accueillait. Il ouvrit ainsi un dossier consacré à l'université Al Quaraouiyine et promulgua un dahir royal en l'an 1203 de l'Hégire (1789 de l’ère chrétienne) où il demanda au cheikh d’Al Quaraouiyine de définir les matières enseignées et d’en indiquer les ouvrages de référence.
À cette époque, plusieurs sources s’accordent sur l’existence à Fès d’une centaines de chaires d’enseignement dont vingt étaient établies à l’université Al Quaraouiyine et les autres disséminées à travers la ville dans ses différentes dépendances ou annexes. Les mêmes sources font état d’un grand nombre de bibliothèques autant publiques que privées[8].
Architecture
Tous les matériaux nécessaires furent extraits d'une carrière établie sur le terrain même. L'eau fut fournie par un puits creusé également au même lieu.
La mosquée mesurait alors 150 empans (environ 35 mètres) de longueur du nord au sud. Elle comprenait quatre nefs, une petite cour, un mirhab ainsi qu'un minaret peu élevé.
La mosquée compte 270 colonnes formant 16 nefs de 21 arcs chacune. Chaque nef contient 4 rangées de 210 fidèles, soit 840 ce qui donne pour les 16 nefs 13 440. Ajoutons 160, nombre des fidèles pouvant se placer au besoin devant les colonnes ; 2700 autres peuvent trouver place dans la cour et 6000 dans la galerie, les vestibules et les seuils des portes. Au total, pas moins de 22 700 fidèles peuvent entendre la prière à la fois.
L'université moderne
L'université Quaraouiynes s'est institué en université moderne à partir des années 1960. Les études aujourd'hui enseignées sont fortement orientées vers la religion (histoire et exégèse), la littérature (Critique littéraire, la Philologie, la Linguistique, les Méthodes de recherche) et le droit(étude de la théologie islamique) et les langues dans une moindre mesure. L'université est subdivisée en facultés réparties sur plusieurs villes du Maroc (Fès, Agadir, Tétouan, Marrakech). L'université délivre des diplômes visés par l'État marocain[9].
Facultés :
- Faculté Chariâa (Théologie) à Fès
- Faculté Allogha Al Arabia (Langue arabe) à Marrakech
- Faculté Oussoul Addine (Théologie) à Tétouan
- Faculté Chariâa (Théologie) à Agadir
- Faculté des Sciences de la Chariâa (Théologie) à Smara
Diplômes :
Depuis 2003, la nouvelle organisation pédagogique de l’Université Al Quaraouiyine s’inscrit dans le cadre du Système « LMD » (Licence-Master-Doctorat) des formations supérieures.
- Certificat Universitaire d'Études Littéraires (CUEL)
- Al Ijaza Oulya (Licence)
- At takhssiss (DES)
- Al A’limya (Doctorat d’État)
Publications périodiques :
- Revue Al Quaraouiyine
- Revue de la faculté Al Logha al Arabia (Marrakech)
- Revue de la faculté Ach-charia (Fès)
- Revue de la faculté Ach-chariat (Agadir)
- Revue de la faculté Ossouleddine (Tétouan)
Statistiques (1996-1997) :
- Étudiants : 6 178
- Enseignants : 123
- Personnel administratif : 226
Références
- ↑ The Guinness Book Of Records, Published 1998, ISBN 0-553-57895-2, p. 242
- ↑ Al-Jaznaï, Zahrat al-Âs, trad. Alfred Bel, Publications de la faculté des lettres d’Alger, fascicule 59, 1923, p.85, note 1.
- ↑ Parmi les historiens contemporains qui ont attribué la fondation de la Qarawiyyin à Fāṭima al-Fihriya : Edmond Pauty, Le plan de l’Université Qarawiyin à Fès, Hespéris, IV, 1923, p. 539. L’article concernant l’histoire de la Qarawiyyĭn sur le site www.qantara-med.org (consulté le 21/11/09) reprend mot pour mot le récit d'Ibn Abī Zarʻ. Du côté des historiens marocains, Fāṭima al-Fihriya est considérée comme un symbole exceptionnel de l’ouverture d’esprit de l’islam, femme pionnière dans l’histoire de l’humanité. Parmi ces derniers, il est possible de citer Muḥammad al-Muntaṣir Bi-Allāh al-Kattānī, Aḥmad a-Risūnī… ‘Abd al-Hādī a-Tāzī essaie de marier les deux versions de Fāṭima et de Dawwūd.
Il faut aussi noter que Ibn Khaldoun parle brièvement de la fondation de la Qarawiyyĭn, en citant Ibn Abī Zarʻ et en confondant les informations présentées par ce dernier (par exemple lorsqu'il dit que Fāṭima faisait partie de la tribu des Huūra, alors qu'Ibn Abī Zarʻ dit que c'est le propriétaire de la terre de la future mosquée qui l'était…). Voir : Ibn Ḫaldūn, Kitāb al-'ibar wa dīwān al-mubtada' wa al-ḫabar fī ayyām al-ʻarab wa al-ʻajam wa al-barbar wa man ʻāṣarahum min dawī a-sultān al-akbar, Dār al-kutub al-ʻilmiya, Beyrouth, sans date, tome IV, p. 18. - ↑ Gaston Deverdun, al-Karawiyyîn, Encyclopédie de l'Islam, E.J.Brill/Maisonneuve & Larose, Leyde/Paris, 1971, volume IV, p. 659.
- ↑ Al-Jaznaï, Zahrat al-Âs, trad. Alfred Bel, Publications de la faculté des lettres d’Alger, fascicule 59, 1923, p. 7.
- ↑ Lévi-Provençal, Les historiens des Chorfas suivi de La fondation de Fès, Maisonneuve, Paris, 2001.
- ↑ Al-Jaznaï, Zahrat al-Âs, trad. Alfred Bel, Publications de la faculté des lettres d’Alger, fascicule 59, 1923, note 1, page 85 de la traduction)
- ↑ http://www.alquaraouiyine.com/fr/index.php/2014-02-17-15-19-20/historique
- ↑ http://www.alquaraouiyine.com/fr/index.php/2014-02-17-15-19-20/presentation-universite-alquaraouiyine
Bibliographie
- Roudh el Cartas par Abou Mohammed Saleh Ben Abd el Halim, 1325 (traduction d'Auguste Beaumier, 1858).
- Monographie sur Fez par le Capitaine Thomas, 1892-1893, papiers La Martinière.
- Article sur l'histoire Idrisside dans la revue anglaise al-Masaq (Publication of The Society of The Medieval Mediterranean)
Voir aussi
Articles connexes
- Mosquée des Andalous
Liens externes
- Université Quaraouiyine
- Portail du Maroc
- Portail de l’islam
- Portail des universités
- Portail des records