Lycie
36° 23′ N 29° 47′ E / 36.38, 29.79
La Lycie est une région historique située au sud de la Lydie en Asie Mineure (actuelle Turquie).
Localisation
La Lycie est située au sud de la Lydie, bordée à l'est par la Pamphylie, au nord par la Pisidie, à l'ouest par la Carie, et au sud par la mer Méditerranée. La région est essentiellement montagneuse, les plaines côtières sont rares et la culture se fait surtout dans l'arrière-pays. La Lycie est traversée par un seul fleuve, le Xanthos ou Xantos.
Origines
La région est peuplée dès le IIIe millénaire, mais on ne dispose, à ce jour, que très peu de connaissance sur le début de son histoire. Elle est mentionnée ensuite dans les textes hittites du XVe siècle av. J.-C. (sous le nom de Lukka), puis après, beaucoup plus tard, lors de la domination perse achéménide.
Les Hittites, dans leurs textes, citent les Lukkas (ou Luka, ou Loukou), un peuple inconnu situé à l'extrême Ouest de leur empire, près de la mer, où un de leurs rois a mené une campagne militaire au cours de laquelle il aurait conquis les villes de : Myra, Patara, Arnna, etc. Les Lukkas auraient fait partie des peuples de la mer qu'on retrouve plus tard, lors de la bataille de Qadesh, comme alliés des Hittites qui s'opposaient au pharaon Ramsès II (-1279-1213 av. J.-C.). Les Égyptiens les citent sous le nom de « Ruku » ou « Luk », mais seul leur nom est connu, car les fouilles n'ont, à ce jour, révélé aucune trace matérielle de leur existence.
Lyciens
Le peuple des Lyciens apparaît cinq siècles plus tard. Selon l’historien grec Hérodote (484-v. 425 av. J.-C.), les premiers habitants se nommaient les Solymes, qui sont remplacés lors de l'invasion minoenne par une population originaire de la Crète, menée par Sarpédon, les Termyles. Ils auraient ensuite été soumis par Lycos, fils du roi d'Athènes Pandion I. Selon le poète grec du VIIIe siècle, Homère, les Lyciens étaient les alliés des Troyens et de leur roi Priam, pendant la guerre de Troie. L'étude de leur langue, typiquement anatolienne, montre une certaine parenté avec celle des Hittites.
Plus tard, vers le VIe siècle, les Lyciens forment une confédération avec pour principales cités Xanthos (Xanthe ou Xantos), Telmessos, Myra et Patara. La Lycie comme toutes les régions d'Asie mineure, va connaître l'invasion des Perses achéménides. Les Lyciens ont une réputation de pirates, et ils ne sont assujettis que très nominalement à l'empire perse. En 480 av. J.-C., ils participent à la campagne du roi Xerxès Ier (486-465 av. J.-C.) contre la Grèce continentale. La Lycie passe ensuite sous la domination du roi d'Halicarnasse, Mausole (377-353 av. J.-C.), jusqu'à la libération par Alexandre le Grand (336-323 av. J.-C.). Puis sous celle des Ptolémées, des Séleucides et enfin de Rhodes de 188 à 168 av. J.-C.. Lors de toutes ces occupations, les Lyciens vont conserver une certaine liberté et les villes vont même être assez prospères.
L'influence de la civilisation grecque chez les Lyciens se retrouve dans tous les domaines, le premier étant l'alphabet qu'ils se sont approprié et auquel ils rajoutèrent quelques signes. Dans le domaine religieux, ils ont adopté et adapté aux leurs des divinités grecques. Ainsi, le dieu anatolien de l'orage Tarchunt (présent aussi chez les Hittites) est assimilé à Zeus, etc. D'un autre côté, les Grecs eux-mêmes ont été influencés par les Lyciens dans la religion. Par exemple, le dieu lycio-pisidien Kakasbos était vénéré tant par les Grecs que par les Anatoliens, et l'iconographie d'Héraclès s'est vue considérablement modifiée en Lycie et en Pisidie lorsque le culte de Kakasbos était également présent[1].
Les Lyciens firent venir aussi des sculpteurs de Grèce pour orner les tombes royales. Mais cette culture grecque se perdra un peu à l'époque romaine, où l'on construira des forums, des thermes, etc. Le seul « savoir-faire indigène » qui les rendra célèbres, est la construction en pierre de leurs tombeaux dans une forme inhabituelle. Ceux de Myra et de Telmessos, sont des exemples splendides de tombes rupestres creusées à flanc de parois et décorées comme les temples Grecs.
Confédération lycienne
La Lycie va un moment se libérer de l'emprise de Rhodes et des Séleucides et, en 167 av. J.-C., retrouver momentanément son indépendance. Elle fonde alors une confédération de cités. Selon le géographe grec Strabon, cette confédération regroupait vingt-trois villes qui se réunissaient sur le site du Létôon afin d'y élire une assemblée et des juges. Sur ce site se trouvait également un sanctuaire où l'on vénérait le culte de Léto mère d'Apollon et d'Artémis. Des ambassadeurs d'Égypte et de Grèce venaient sur le site sacré où le culte se perpétua jusqu'au VIIe siècle apr. J.-C.
Province romaine puis byzantine
En 43 de notre ère, la Lycie est incorporée à l'Empire romain par l'empereur Claude (41-54) et réunie à la province romaine de Pamphylie.
Sous la domination romaine, la région achève de s'helléniser et se christianise au IVe siècle (la légende de saint Nicolas de Myre est à l'origine du mythe du « père Noël », ce qui, par extrapolation, fait dire aux agents de tourisme opérant dans la région que « la Lycie est la patrie du Père Noël »).
En 304-305, elle est coupée en deux provinces distinctes, par l'empereur Dioclétien (284-305), pour former une province romaine du diocèse d'Asie. La Lycie fournit à la flotte de l'Empire romain d'Orient bois et marins ; elle est intégrée au thème byzantin des Cibyrrhéotes.
Lycie turque
En 1176 de notre ère, l'ancienne Lycie est conquise par le Sultanat seldjoukide de Roum (« des Romains » en turc, c'est-à-dire « des byzantins ») puis échoit successivement aux sultanats turcs des Tekkéïdes et, après 1390, des Ottomans. Petit à petit, la population lycienne, qui était devenue grecque et orthodoxe durant le premier millénaire de l’ère moderne, devient turque et musulmane au fil des conversions (entre autres, pour ne plus payer le haraç : impôt sur les non-musulmans, et pour ne plus subir le devchirmé : enlèvement des garçons pour le corps des janissaires). Seuls les villages de pêcheurs de la côte restent grecs jusqu'en 1923, lorsqu'en application du Traité de Lausanne leurs habitants sont expulsés vers la Grèce (certains ont été repeuplés de Turcs, d'autres sont restés déserts). La Lycie est aujourd'hui partagée entre les provinces turques d'Antalya et de Muğla.
Notes et références
- ↑ Drouin, Mathieu, « Les cultes d’Héraklès et de Kakasbos en Lycie-Pisidie à l’époque impériale romaine – Étude des stèles dédiées aux dieux cavaliers à la massue », Québec, Université Laval, , 238 p.
Annexes
Bibliographie
- Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, éditions Bordas, 1978.
Articles connexes
Liens externes
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