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Kwame Nkrumah

Kwame Nkrumah

Kwame Nkrumah
Portrait de Kwame Nkrumah lors de sa visite au président J. F. Kennedy, le 8 mars 1961.
Portrait de Kwame Nkrumah lors de sa visite au président J. F. Kennedy, le 8 mars 1961.
Fonctions
1er président de la République du Ghana

(5 ans 7 mois et 23 jours)
Élection
Prédécesseur Poste créé
Successeur Joseph Ankrah (président du Conseil national de libération)
1er Premier ministre ghanéen

(3 ans 3 mois et 25 jours)
Monarque Élisabeth II
Gouverneur Sir Charles Arden-Clarke
Comte de Listowel
Prédécesseur Poste créé
Successeur Kofi Abrefa Busia (indirectement)
Biographie
Nom de naissance Kwame Nkrumah
Date de naissance
Lieu de naissance Nkroful (Côte-de-l'Or)
Date de décès (à 62 ans)
Lieu de décès Bucarest (Roumanie)
Nationalité ghanéenne
Parti politique Convention People's Party
Conjoint Fathia Nkrumah
Profession Chargé d'enseignement
Religion catholicisme

Présidents de la République du Ghana

Kwame Nkrumah, né le à Nkroful (alors Côte-de-l'Or (colonie britannique) et actuel Ghana) et mort le à Bucarest (République socialiste de Roumanie), est un homme politique indépendantiste et panafricaniste qui dirigea le Ghana indépendant, d'abord comme Premier ministre de 1957 à 1960, puis en qualité de président de la République de 1960 à 1966.

Biographie

Les débuts en politique

Kwame Nkrumah, portrait photographique dans les Archives nationales (Royaume-Uni).

Il fait ses études en Angleterre et aux États-Unis. En 1945, il participe à l'organisation du Congrès panafricain. Il retourne en Côte-de-l'Or en 1947 et devient secrétaire général du parti indépendantiste, l'UGCC (United Gold Coast Convention), qu'il quitte pour fonder un autre parti : la Convention People's Party (CPP). Souhaitant l'indépendance, Nkrumah appelle au boycott et à la désobéissance civile, ce qui lui vaut d'être emprisonné par les autorités britanniques jusqu'en 1951.

Cette même année, les autorités britanniques organisent des élections législatives qui sont remportées par le CPP[1]. Nkrumah, libéré, est alors nommé Premier ministre et collabore étroitement avec les autorités britanniques[2]. Se basant sur la politique d’« Africanisation de l’administration, de panafricanisme et d’anticommunisme »[2], il décide de développer les infrastructures de son pays grâce aux excédents de l’Office de commercialisation du cacao[2]. Ainsi, le domaine de l’éducation[3] et celui de la santé enregistrent de véritables progrès.

Le père de l'indépendance du Ghana

Après les élections législatives de 1956, le CPP remporte les trois quarts des sièges. Nkrumah, fort de son succès, oblige alors le Royaume-Uni à concéder l’indépendance, qui est proclamée le [1]. La Côte-de-l'Or devient ainsi la première colonie à obtenir son indépendance après le Soudan (1956). Il se marie fin 1957 avec Fathia Rizk, une copte égyptienne. Le jour même de l’indépendance, Nkrumah décide d’abandonner le nom colonial du pays au profit de l'actuel, en hommage à l'Empire du Ghana [4]. Tout en demeurant dans le Commonwealth, le Ghana de Nkrumah devient, le 1er juillet 1960, une république[1].

L'artisan du panafricanisme

Ami personnel du père du panafricanisme, le caribéen George Padmore[2], Nkrumah organise avec lui les 6e et 7e conférences panafricaines en 1953 à Kumasi et 1958 à Accra, qui est également la première conférence des États Indépendants d'Afrique[5].

En plus de revendiquer l’indépendance immédiate de l’Afrique, il prône la formation d’une identité supranationale : les « États-Unis d’Afrique » qui permettrait au continent de devenir l’une des plus grandes forces du monde[6]. Dans ce but, il s’engage en 1958, à poursuivre avec ses homologues africains, « une politique africaine commune »[5].

En 1958, il est le premier à apporter son soutien à la Guinée indépendante de Ahmed Sékou Touré, en lui accordant un prêt de dix millions de livres sterling[7]. Il tente un premier pas vers une réalisation concrète du panafricanisme en formant le 1er mai 1959 une union avec la Guinée, rejoint le par le Mali. Mais si cette union n’est jamais dissoute, elle n’est que purement symbolique[8].

En mars 1963, il participe activement à la rédaction de la charte de l’Organisation de l’unité africaine, même si son idée de créer un gouvernement central africain n’est pas retenue[7].

La période libérale

L’indépendance du pays n’apporte pas de changement radical au système hérité de l’ancien colonisateur. Certes, les infrastructures connaissent un développement significatif : l'érection du barrage hydroélectrique d'Akosombo Barrage d'Akosombo (912 MW), la réalisation à Tema d’un grand port en eau profonde relié à la capitale par une autoroute[9], les fruits de cette industrialisation naissante ne sont pas directement perceptibles par la population [2].

De plus, cette modernisation du pays entraîne une détérioration de la situation économique : le déficit public et celui de la balance des paiements s’accroissent et, bien qu’ayant adopté une économie d’inspiration libérale, les investissements étrangers sont quasi nuls. Et, si jusque-là l’inflation est contenue, en revanche les salaires des planteurs de cacao ne font que régresser depuis 1954, accentuant ainsi la crise[2]. Cet échec économique, imputé à Nkrumah, se transforme en crise politique.

Les dérives dictatoriales

Déjà en 1959, Nkrumah restreint la démocratie en emprisonnant certains membres de l’opposition, ou bien en les forçant à l’exil, comme le chef de l’opposition unie Kofi Busia[10]. Mais ce n’est qu’à partir d’octobre 1961, après une tournée de deux mois (juillet-août) dans les pays du bloc de l'Est[7], que Nkrumah oriente réellement le Ghana vers une dictature.

En effet, en septembre sont organisées des grèves qui, tout en revendiquant des hausses de salaires, manifestent également leur opposition au régime[11]. Nkrumah les réprime impitoyablement[2], et décide d’arrêter les principaux leaders syndicalistes[12].

Puis, peu de temps après, il arrête tous les membres parlementaires de l’opposition[2] et censure la presse[13].

L’adoption du socialisme

Portrait de Kwame Nkrumah sur un timbre soviétique de 10 kopeck datant de 1989.

Tandis que la répression sur la droite s’accentue[2] et que les relations avec les pays occidentaux se dégradent[1], Nkrumah rejoint, officieusement, le camp socialiste (bien que se déclarant non-aligné), en juillet 1962, en optant pour le marxisme lors de la XIe conférence du CPP[14]. Sous la doctrine du « consciencisme »[2] (ou « nkrumahisme »), une économie planifiée est mise en place, qui va être marquée par un gaspillage des ressources naturelles, un accroissement de la corruption[9], une montée du chômage et la faillite économique du secteur agricole[7]. Cette nouvelle politique économique entraîne une augmentation du coût de la vie de 48 % entre 1963 et 1966, ainsi que la désorganisation des marchés provoquant marché noir et ruptures de stocks[2].

L’isolement

Devant ce désastre économique, le climat intérieur se détériore ; Nkrumah échappe à deux tentatives d’assassinat en août 1962 et en janvier 1964 qui vont le plonger dans une véritable paranoïa[15]. Ne croyant plus en personne, ne supportant plus aucune critique[7], Nkrumah se met à durcir son régime[1], tandis qu’il promeut un véritable culte à sa personnalité[6], se faisant appeler l’ « Osagyefo » (le « Rédempteur »).

En 1963, il restreint l’indépendance du pouvoir judiciaire[16] et érige, le 26 janvier 1964[17], le monopartisme avec le CPP, instituant ainsi une dictature de parti unique[18]. Puis la même année, se proclame président à vie[6].

Isolé à l’intérieur de son pays, il l’est également, de plus en plus, à l’extérieur. Son orientation socialiste lui vaut de se mettre à dos les pays occidentaux mais également certains dirigeants africains qui le soupçonnent, dans ses projets de panafricanisme, de vouloir propager le communisme en Afrique[6].

La chute et l’exil

Le , alors qu'il est en voyage en Chine, Nkrumah est renversé, sans aucune résistance[2], par un coup d’État militaire. Il se réfugie alors en Guinée, chez son ami Sékou Touré qui lui propose vainement la coprésidence du pays[7]. Il fonde alors, dans son pays d’exil, une maison d’édition qui publie ses théories révolutionnaires et ses livres sur l’Unité africaine[7]. Le , il décède dans un hôpital de Bucarest, de la suite d’un cancer de l’estomac[7].

En décembre 2010, le président John Evans Atta Mills a inauguré la mise en production d'un nouveau champ pétrolifère offshore ; celui-ci permet au Ghana d'accéder au statut de pays exportateur de pétrole. Le navire de soutien logistique (FPSO) associé à ce champ a été rebaptisé le Kwame Nkrumah[19].

Œuvres et publications

  • Le Consciencisme, Paris, Éditions Présence Africaine, 1976, 141 p. (ISBN 978-2708703247)
  • Ghana, New York, NY, USA, International Publishers Co, 1989, 320 p. (ISBN 978-0717802944)
  • L'Afrique doit s'unir, Paris, Éditions Présence Africaine, coll. « Textes politiques », 2001, 256 p. (ISBN 978-2708705791), première édition : anglais : 1963 ; français : 1964
  • Le néo-colonialisme : Dernier stade de l'impérialisme, Paris, Éditions Présence Africaine, coll. « Le panafricanisme », 2009, 268 p. (ISBN 978-2708707948)
  • Kwame Nkrumah, Autobiographie, Paris, Éditions Présence Africaine, coll. « Le panafricanisme », 2009, 291 p. (ISBN 978-2708707962);

Bibliographie

  • (en)} Boyon Jacques, « Kwame Nkrumah. Consciencism, Philosophy and ideology for decolonization and development with particular reference to the African revolution », [Traduit de anglais par L. Jospin], Revue française de science politique, 1966, vol. 16, n° 5, pp. 991-993, Texte intégral.
  • (en) Ralph Kent Rasmussen, Modern African political leaders, Facts on file, 1998.
  • Lilyan Kesteloot, « Kwame Nkrumah », in Anthologie négro-africaine. Histoire et textes de 1918 à nos jours, EDICEF, Vanves, 2001 (nouvelle éd.), p. 230-233
  • Cécile Laronce, Nkrumah, le panafricanisme et les États-Unis, Éditions Karthala, 2000.
  • Isabelle Sciamma, « Nkrumah, père du panafricanisme », Article intégral en ligne, 2003.
  • Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, de Kenyatta à Sankara, Paris, La Découverte, 2014, (ISBN 9782355220371).

Notes et références

  1. 1 2 3 4 5 Ghana. In Encyclopédie Universelle Larousse. Edition 2005.
  2. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 AMIN Samir. Ghana. In Encyclopédie Universalis. Edition 1999.
  3. VERLET M. Langue et pouvoir au Ghana sous Nkrumah p.2
  4. Le Ghana devient indépendant
  5. 1 2 LUSAKA : LES HABITS NEUFS DU PANAFRICANISME
  6. 1 2 3 4 Kwame Nkrumah. In Encyclopédie Encarta
  7. 1 2 3 4 5 6 7 8 Kwamé Nkrumah 3e partie (4 août 2006), Émission de RFI « Archives d'Afrique »
  8. Les initiatives d’intégration en Afrique
  9. 1 2 Laurent Gaba, , L'état de droit, la démocratie et le développement économique en Afrique..., Éditions L'Harmattan. 2000, 399 p.
  10. The Way of a P.M. (Article du Time)
  11. Pays du monde : Ghana. In Encyclopédie Bordas, Mémoires du XXe siècle. édition 1995. Tome 17 « 1960-1969 »
  12. Cas de la liberté syndicale n°303, rapport n°83 (Ghana)
  13. On to Dictatorship (Article du Time)
  14. VERLET M. Langue et pouvoir au Ghana sous Nkrumah p.2
  15. The architect of Ghana's independence
  16. Ghana. In Encyclopédie Encarta
  17. Chronologie du Ghana
  18. Kwame Nkrumah. In Encyclopaedia Britannica
  19. Sweet Oil Flows

Annexes

Articles connexes

Liens externes

  • Kwame Nkrumah dans le site de l'Ambassade de France à Accra.
  • L’émergence de Kwame Nkrumah par Elikia M'Bokolo, dans le site de rfi.
  • Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel International Standard Name Identifier Bibliothèque nationale de France Système universitaire de documentation Bibliothèque du Congrès Gemeinsame Normdatei Bibliothèque nationale de la Diète WorldCat
  • Portail de la politique
  • Portail du Ghana
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