Homo antecessor
Éléments de crâne (portions d'os frontal
et de maxilaire) d’un même individu,
de la sierra d’Atapuerca (Espagne)
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Ordre | Primates |
Famille | Hominidae |
Sous-famille | Homininae |
Genre | Homo |
Homo antecessor
Bermudez de Castro, Arsuaga et al., 1997
Homo antecessor est le nom donné à des restes humains découverts à Atapuerca en Espagne. Il s'agirait d'une espèce éteinte du genre Homo ayant vécu en Europe méridionale entre 1,2 et 0,7 million d’années avant notre ère.
Découverte
L’espèce a été définie à partir de 86 fragments osseux correspondant au moins à six individus, découverts en 1994 et 1995 dans la couche TD6 de Gran Dolina à Atapuerca (Espagne), par une équipe dirigée par Juan Luis Arsuaga, Eudald Carbonell et J.M. Bermudez de Castro. Le paléomagnétisme indique que l’âge de cette couche est supérieur à 780 000 ans. Le fossile type est composé du maxillaire et du frontal d’un individu de 10-11 ans.
En mars 2008, l'équipe d'Eudald Carbonell (Université Rovila i Virgili de Tarragone) publie dans la revue Nature un article relatant la découverte à Atapuerca d'un petit fragment de mâchoire d'hominidé vieux de 1,1 à 1,2 million d'années[1]. Ces vestiges constitueraient les plus anciennes traces de la présence de représentants du genre Homo en Europe occidentale. La datation aurait été possible grâce à la proximité d'outils de pierre et d'ossements d'animaux.
Phylogénie
D'après ses découvreurs, Homo antecessor serait un descendant d’Homo ergaster. Selon les dernières recherches phylogénétiques, il serait en outre l'ancêtre direct commun d’Homo heidelbergensis et d’Homo rhodesiensis, lesquels seraient respectivement les ancêtres directs de l’Homme de Néandertal et d’Homo sapiens.
Caractéristiques physiques
L’Homo antecessor possédait une capacité crânienne d’environ 1100 cm3 (1100 à 1700 cm3 pour Homo sapiens). Cette valeur reste à confirmer du fait du nombre réduit des restes crâniens retrouvés. Les modalités de développement et d’éruption des dents est pratiquement identique à celui des populations modernes. La morphologie faciale est également identique à celle d’Homo sapiens, avec une orientation coronaire et une légère inclinaison vers l’arrière de la plaque infraorbitale qui détermine la présence d'une fosse canine très marquée. Le bord inférieur de cette plaque est horizontal et légèrement plié. La morphologie de la mâchoire rappelle celle de certains hominidés du Pléistocène moyen, de l’espèce Homo heidelbergensis, comme ceux de la Sima de los Huesos d’Atapuerca.
Le squelette postcrânien indique une certaine gracilité, en comparaison avec la plus grande robustesse de l’homme de Néandertal de la seconde moitié du Pléistocène Moyen. Les fossiles retrouvés démontrent que la taille moyenne de l’Homo antecessor était comparable à celle de l’Homo sapiens actuel. Ses hanches étaient en revanche plus larges et son nez moins saillant que le nôtre.
Culture matérielle
Les restes d'Homo antecessor étaient associés à une industrie lithique abondante rappelant l’Oldowayen et qualifiée de « Mode 1 » (industrie à galets taillés), comme Homo erectus. L'Acheuléen ou « Mode 2 » (industrie à bifaces) existait déjà chez les populations africaines depuis plusieurs centaines de milliers d’années.
Anthropophagie
Homo antecessor pratiquait l’anthropophagie. Plusieurs des fragments de squelette retrouvés présentent des traces d’outils lithiques, montrant clairement que les défunts ont été dépecés.
L'étude de ces fragments montre qu'ils auraient consommé la chair humaine pour s'alimenter et non par rituel. Selon J. M. Bermudez de Castro, leur consommation n'est pas due à un manque de nourriture et n'est pas ponctuelle : ils se nourrissaient de rivaux de façon répétée. L'étude montre également qu'ils mangeaient principalement des jeunes enfants et des adolescents[2].
Doutes
La validité de l’espèce a été remise en question par certains chercheurs, du fait précisément que l’individu type était juvénile[réf. nécessaire]. En effet, les traits spécifiques sont souvent moins accusés chez les jeunes individus et les restes attribués à Homo antecessor pourraient relever d’une autre espèce déjà connue. Une partie de la communauté scientifique ne considère Homo antecessor que comme une simple dénomination des fossiles découverts à Atapuerca, fossiles qui pourraient appartenir à Homo heidelbergensis voire à une forme d’Homo erectus. Néanmoins, selon le professeur Antonio Rosas, directeur du Museo Nacional de Ciencias Naturales, le spécimen adolescent d’Homo ergaster retrouvé à Nariokotome, au Kenya, présente des caractères très accusés[réf. nécessaire].
Notes et références
Voir aussi
Publications
- Cervera, José; Arsuaga, J.L. y Trueba, J. 1998: Atapuerca. Un millón de años de historia. PLOT Ediciones, S.A. Madrid.
- Bermúdez de Castro Risueño, José Mª.; Arsuaga, J. L.; Carbonell, E.; Rosas, A.; Martínez, I. y Mosquera, M. 1997: « A Hominid from the Lower Pleistocene of Atapuerca, Spain: Possible Ancestor to Neandertals and Modern Humans ». Science 276: 1392-1395.
Liens externes
- Homo antecessor {es}
- Les habitants de Atapuerca {es}
- Conférence en ligne en français, audio (.rm) par Eudald Carbonell i Roura, Professeur à l'Université de Tarragone
- Jean-Luc Goudet, « Le plus vieil hominidé d'Europe de l'Ouest a 1,2 million d'années », sur Futura-Sciences,
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