Hindutva
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L’Hindutva – hindouïté ou indianité l'expression a été inventée par Vinayak Damodar Savarkar – est un concept politique qui sous-tend l'action de différentes formations politiques et culturelles indiennes. C'est un terme pseudo-sanskrit. Depuis les succès politiques du Bharatiya Janata Party - le Parti du peuple indien - fondé en 1980, en Inde du Nord et qui a été porté au pouvoir, l’hindutva a pris une certaine importance dans la société indienne, selon une optique de protection du patrimoine indien, face aux « idéologies » venues de l'étranger, comme l'islam, le christianisme, le capitalisme et le communisme.
Parmi les organisations qui se réfèrent à l'Hindutva et qui se regroupent au sein du Sangh Parivar - la famille Sangh - on trouve le Rashtriya Swayamsevak Sangh ou RSS, l'association nationale des volontaires, l'organisation-mère, le Bharatiya Janata Party, la façade politique, le Vishwa Hindu Parishad ou VHP, le conseil hindou mondial, le front des formations activistes, le Shiv Sena, l'armée de Shivâjî, une organisation d'extrême-droite principalement présente dans le Maharashtra, le VHP of America, l'antenne d'outre-mer de l'Hindutva, et le Hindu Students Councils, la branche américaine étudiante du VHP.
Pour mémoire, Nathuram Vinayak Godse, l'assassin de Gandhi était membre du RSS, ce qui entraîna le bannissement de cette association et sa stratégie de diffusion par la création de nombreuses organisations satellites.
L'Hindutva affirme la fierté d'être hindou, une fierté qui a été bafouée, d'après eux depuis le début des invasions musulmanes en Inde et qui n'a cessé de l'être durant l'Empire moghol puis le Raj britannique(voir Subhash Chandra Bose). Elle s'intéresse à tous les domaines de la société, avec la tentation de réécrire l'histoire[réf. nécessaire] du sous-continent au filtre de son idéologie.
Le cadre juridique et intellectuel
Selon l’Encyclopedia Britannica, l’Hindutva, est « une idéologie qui a cherché à définir la culture indienne en termes de valeurs hindoues »[1].
Dans un arrêt de 1995, la Cour suprême de l'Inde a décrété :
« Normalement, Hindutva est compris comme un mode de vie ou un état d'esprit et ne doit ne pas nécessairement être synonyme ou assimilé à un fanatisme religieux hindou (...). C'est une illusion et une erreur de droit que de supposer (...) que l'usage des mots Hindutva ou hindouisme représente en soi une attitude hostile à toutes les personnes pratiquant une religion autre que l'hindouisme (...). Ces mots peuvent très bien être utilisés dans un discours promouvant la laïcité ou mettant l'accent sur le mode de vie du peuple indien et de la culture indienne ou de son ethos, ou critiquant l'action de tout parti politique vue comme discriminatoire ou intolérante[2]. »
La Cour voulait par là dénouer le lien que certains voulaient voir comme naturel entre les termes Hindutva ou hindouisme avec ce qu'elle qualifiait de « bigoterie religieuse hindoue fondamentaliste et étroite »[réf. nécessaire].
Cependant, dans la presse indienne de gauche, l'Hindutva s'identifie avec l'idéologie définie par le Rashtriya Swayamsevak Sangh, une organisation nationaliste hindoue. C'est ce sens d'Hindutva qui est traité dans le cadre de cet article.
Le credo de l'Hindutva
Les membres des partis qui suivent cette idéologie estiment que[réf. nécessaire] :
- Le sous-continent indien, incluant le versant sud de l'Himalaya et l'Hindū-Kūsh, le Pakistan, l'Inde, le Bangladesh et le Sri Lanka, y compris parfois l'Afghanistan, est la patrie des hindous.
- Sont considérés comme « hindous » ceux dont la religion est indigène à l'Inde. Ceci inclut les bouddhistes, les jaïns et les sikhs aussi bien que ceux communément appelés hindous.
- Les « hindous » ont été, au cours de l'histoire, opprimés sur leur propre terre par les forces d'invasion des musulmans et des chrétiens.
- Les « hindous » sont devenus faibles sous l'influence du colonialisme britannique et de la pensée marxiste.
- Un État « hindou » doit être instauré pour protéger les « hindous » sur leur propre territoire.
Rapport avec les autres religions
L'Hindutva a toujours été profondément anti-communiste, anti-marxiste, décrivant les communistes comme des gens qui nient ou manipulent la vérité. Certains considèrent que l'Hindutva est anti-musulman et anti-chrétien[3].
Les membres de l'Hindutva soutiennent l'État juif d'Israël, Vinayak Damodar Savarkar lui-même ayant défendu Israël durant sa formation[4]. Le RSS soutient la politique israélienne et se déclare ouvertement pro-Israël[5],[6],[7].
Au niveau officiel, les penseurs de l'Hindutva préconisent de favoriser une « citoyenneté hindoue », qu'ils considèrent comme permettant l'« unité dans la diversité », par rapport à qu'ils conçoivent comme un communautarisme musulman et chrétien : les Indiens chrétiens et musulmans sont invités à adhérer à l'Hindutva (au BJP, RSS, VHP, etc.), en principe sans discrimination ni traitement spécial (et sans abandonner leur religion), l'« hindouïté » n'étant pas la religion hindoue au sens strict, mais l'acceptation et le respect de la culture indienne originelle sous toutes ses formes[8].
L'Hindutva critique sévèrement la laïcité telle qu'elle est pratiquée en Inde, qu'il appelle un pseudo-sécularisme, car au lieu de traiter tout le monde de façon identique, il crée des normes différentes pour les hindous, les musulmans et les chrétiens (voir Droit en Inde). Il refuse ce qu'il voit comme la tentative impossible et fallacieuse de créer un système « séparés-mais-égaux » ; certains y voient même une manipulation électorale du Parti du Congrès. L'idée d'un code civil uniforme, qui ôterait les dispositions spéciales prévues pour les musulmans et les chrétiens dans la Constitution, est l'un des chevaux de bataille de l'Hindutva.
L'Hindutva se considère comme un mouvement politique laïc, selon sa propre conception, qui voit l'hindouisme en tant que substrat culturel étranger à tout credo exclusiviste : « Au contraire [du Coran], l'hindouisme est une religion basée à 100% sur la laïcité où nous respectons toutes les confessions »[9].
Ses partisans affirment que dans une démocratie laïque, cela n'a pas de sens de permettre aux musulmans, par exemple, d'avoir plusieurs épouses tout en l'interdisant aux hindous. Les musulmans reçoivent une aide pour leur permettre d'effectuer leur pèlerinage à La Mecque, alors que rien n'est accordé aux hindous pour les aider dans leurs propres pèlerinages. Les chrétiens, de même, suivent une règle différente, et qui leur est particulière, concernant le divorce. De plus, l'amendement à la constitution indienne, destiné à contourner le jugement de la Cour Suprême, accordé sous la pression des fondamentalistes islamiques exaspère les partisans de l'Hindutva. Les loi amendées, plus en accord avec la Charia, annulant le droit que les femmes divorcées avaient auparavant.
La question des différents statuts personnels en fonction de la religion (voir droit en Inde ; bien que le mariage civil existe) fait débat; certains le soutiennent en affirmant que cela adapte le droit à la diversité ethnique et religieuse considérable des Indiens, tandis que plusieurs Hindutvadis et non-Hindutvadis affirment qu'un droit personnel fondé sur la religion augmente encore la désunion au sein des communautés religieuses importantes de l'Inde. La question de savoir si certains des citoyens peuvent recevoir des avantages civils et financiers basés sur leur appartenance cultu(r)elle est permanente en Inde.
Le mouvement Hindutva commença à étendre largement son audience parmi la classe moyenne hindoue après 1989, à la suite du départ de 400 000 kashmiri hindous, connus généralement comme les pandits kashmiri – communauté dont est issue d'ailleurs la famille Nehru – de la vallée du Cachemire sous la pression des fondamentalistes islamiques.
Le travail social
Les associations proches de l'Hindutva sont souvent actives dans les zones de catastrophes naturelles, par exemple lors du tremblement de terre du Goujerat en 2001. Elles coordonnent aussi des programmes éducatifs et de santé publique auprès des communautés tribales, dont certaines n'ont pas été hindouisées au cours des siècles, et ce à travers toute l'Inde.
Hindutva et hindouisme traditionnel
l'hindouisme orthodoxe ne reconnaît pas le nationalisme ou le patriotisme comme des doctrines pouvant se concilier avec l'hindouisme traditionnel[10].
Le nationalisme ou patriotisme « hindous » sont vus par les brahmanes comme des idéologies occidentales greffées sur la politique indienne, et qui, bien que se revendiquant de symboles hindous dans le cadre de leur refus principal du communautarisme islamique, ne reconnaissent pas et ne respectent pas les traités brahmaniques et n'ont pas pour but de promouvoir les valeurs de l'hindouisme classique[10] : les membres de l'Hindutva croient à la notion de « Nation » (Rashtra), alors que les défenseurs de l'hindouisme orthodoxe la refusent complètement (puisque notion issue de l'Occident, absente des traités/shastra brahmaniques), le principe de « Devoir/Vertu » (Dharma) étant la référence première de l'hindouisme authentique et valable en tout lieu, pays, en tout temps et pour n'importe quel peuple ou nation[10].
Notes et références
- ↑ http://global.britannica.com/EBchecked/topic/64033/Bharatiya-Janata-Party-BJP#ref789897
- ↑ Analyse de la Cour suprême de l'Inde : Ordinarily, Hindutva is understood as a way of life or a state of mind and is not to be equated with or understood as religious Hindu fundamentalism ... it is a fallacy and an error of law to proceed on the assumption ... that the use of words Hindutva or Hinduism per se depicts an attitude hostile to all persons practising any religion other than the Hindu religion ... It may well be that these words are used in a speech to promote secularism or to emphasise the way of life of the Indian people and the Indian culture or ethos, or to criticise the policy of any political party as discriminatory or intolerant.
- ↑ http://zenit.org/article-16571?l=french
- ↑ Hindu-Zion
- ↑ The Hindu
- ↑ Rediff
- ↑ Press spotlight on Sharon's India visit,BBC
- ↑ http://www.rss.org//Encyc/2012/10/23/Basic-FAQ-on-RSS.aspx
- ↑ http://hinduunity.org/aboutus.html : Hinduism on the other hand is a religion based on 100% secularism where we respect all faiths.
- 1 2 3 Approche de l'hindouisme, Alain Daniélou (et Jean-Louis Gabin), éditions Kailsh.
Bibliographie
- Vinayak Damodar Savarkar: Hindutva. Bharati Sahitya Sadan, Delhi 1989 (1923).
- Koenraad Elst: Decolonizing the Hindu Mind. Ideological Development of Hindu Revivalism. Rupa, Delhi 2001.
- Koenraad Elst: The Saffron Swastika. The Notion of "Hindu Fascism". New Delhi: Voice of India, 2001, 2 Vols., ISBN 81-85990-69-7
- Sita Ram Goel: Perversion of India’s Political Parlance. Voice of India, Delhi 1984.
- Sita Ram Goel: Time for Stock Taking. Whither Sangh Parivar? 1996.
- Arun Shourie: A Secular Agenda. HarperCollins, New Delhi 1998, ISBN 81-7223-258-6.
Annexes
Articles connexes
- BJP
- Conflits inter-communautaires en Inde
- Ayodhya, le temple de Râma et la mosquée de Bâbur
- la théorie de l'invasion aryenne et l'origine de l'hindouisme
- Violences au Gujarat en 2002
Liens externes
- http://www.bharatvani.org/
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