Griffon (mythologie)
Le griffon ou grype est une créature légendaire présente dans plusieurs cultures anciennes. Il est imaginé et représenté avec le corps d'un aigle (tête, ailes et serres) greffé sur l'arrière d'un lion (abdomen, pattes et queue), et muni d'oreilles de cheval. Avec quelquefois des variantes le griffon gardera de tout temps la particularité reconnaissable d'être hiéracocéphale.
Le griffon dans l'Histoire
Le griffon dans l'Antiquité
Le griffon apparaît en Élam à la fin du IVe millénaire av. J.-C. et en Égypte vers -3000, avec un corps de lion, une tête et des ailes d'aigle. Tout au long de son histoire antique, cette forme première ne cesse d'être nuancée par divers apports iconographiques, notamment dans les cultures mésopotamienne, grecque puis romaine.
Le griffon se voit souvent associé aux divinités et héros locaux (Gilgamesh, Ningishzida, Seth, rois égyptiens, Apollon, Dionysos, Éros ou encore Némésis),
- en train de tirer des chars (l’attelage du dieu des Tempêtes mésopotamien, d'Éros, d’Artémis, de Dionysos, ou de Malakbel de Palmyre),
- de porter des personnages sur son dos (la divinité féminine mésopotamienne exhibant des serpents dans ses mains, Dionysos, Apollon et parfois une Néréide, ainsi que les défunts),
- participer à des scènes de chasse, combattre héros, guerriers et ennemis (dont en particulier les Arimaspes et les Amazones),
- s’attaquer à des animaux sauvages, communs ou fantastiques (Sphinx, Scylla, centaures et tritons),
- se camper face à un congénère de part et d’autre d’un élément (l’arbre de vie et la palmette orientaux remplacés dans l'art romain par un candélabre, un vase, une lyre ou un trépied d’Apollon),
- s'abreuver ou enfin se lier au culte funéraire (comme animal psychopompe ou comme gardien du monde des morts).
En Grèce, Hérodote mentionne plusieurs fois brièvement les griffons dans son Enquête, sans les décrire[1]. Au livre III, il rapporte une tradition selon laquelle des griffons vivent près des gisements d'or importants situés au nord de l'Europe ; le peuple des Arimaspes, des hommes qui n'ont qu'un œil, doit combattre ces griffons pour leur arracher l'or[2]. Hérodote, dans ce passage, refuse de croire que les Arimaspes n'ont qu'un œil et ne se prononce pas explicitement sur les griffons. Au livre IV, il mentionne les griffons dans le même rôle lorsqu'il rapporte le voyage qu'Aristéas de Proconnèse affirme avoir fait dans le Nord et qu'il rapporte dans son poème épique, les Arimaspées[3].
Le griffon au Moyen Âge
Le griffon intègre sans difficulté le monde du Moyen Âge. Il est en effet considéré comme un animal réel appartenant au genre des oiseaux, et personne ne parait douter de son existence. Il se rencontre très tôt dans l’art et la littérature chrétienne. Il gagne ensuite l'ensemble des formes d’art et des régions occidentales, fait l’objet de nombre de commentaires savants dans les bestiaires et encyclopédies médiévales, et parcourt même plusieurs œuvres littéraires romanesques. Citons, entre autres, le commentaire d'Isidore de Séville dans ses Étymologies, qui trouve des répercussions durant tout le Moyen Âge, ou encore certaines versions du Roman d'Alexandre. Le griffon ne bénéficie que d'un symbolisme réduit.
Vers la fin du Moyen Âge, le griffon est utilisé dans des armoiries. Nombreux sont les écussons ornés de têtes, ou de corps complet représentant le griffon. Armundal, baron de Navarre, y ajouta ces phrases : « Bonne instance, mon royaume et mon chez moi, se doivent de s'enorgueillir du protecteur qu'il se doit. »
Il est également gravé par Martin Schongauer et Albrecht Dürer.
Le griffon à la Renaissance
Au cinquième jour de La Sepmaine, le poète gascon Guillaume du Bartas le décrit ainsi :
- « […] l'Indois Griffon aux yeus estincelans,
- A la bouche aquiline, aux ailes blanchissantes,
- Au sein rouge, au dos noir, aux griffes ravissantes,
- Dont il va guerroyant et par monts et par vaux
- Les lyons, les sangliers, les ours, et les chevaux :
- Dont il fouille pillard le feconde poictrine
- De nostre bisayeule, et là dedans butine
- Maint riche lingot d'or, pour apres en plancher,
- Son nid haut eslevé sur un aspre rocher :
- Dont il deffend, hardi, contre plusieurs armees
- Les mines par sa griffe une fois entamees »
Du Bartas suit les Anciens : Élien (4, 27), Pline l'Ancien (7, 10), alors que de son temps, Pierre Belon (Histoire naturelle des oiseaux) et André Thevet (Cosmographie., 12, 6) considèrent cet oiseau comme un animal fabuleux. Le commentaire de ce passage par Pantaléon Thévenin indique en manchette : « Le Grifon. Thevet et Belon nient y en avoir. »
Famille
L'opinicus et l'hippogriffe sont de la même famille que le griffon. Le premier lui est semblable, mis à part ses pattes avant qui sont celles du lion. Le second est le résultat d'une idylle entre un griffon et une jument et a le corps d'un cheval à la place de celui du lion. Le Garuda apparenté au phénix étant une créature hiéracocéphale, certains bestiaires s'accordent sur le point qu'il est de la même famille.
Bibliographie
- (it) Maria Bisi, Il grifone. Storia di un motivo iconografico nell' antico oriente mediterraneo, Rome, Centro di studi semitici, Istituto di Studi del vicino oriente universtà,
- Christiane Delplace, Le Griffon : de l'archaïsme à l'époque impériale. Étude iconographique et essai d'interprétation symbolique, Bruxelles, Institut historique belge de Rome,
- R. Lefebvre, Le Griffon dans l’art roman. Traditions littéraires et iconographiques, Université Libre de Bruxelles, En deux volumes, non publié
- Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du Merveilleux, Paris, Le Pré aux clercs, (ISBN 978-2-84228-321-6)Illustrée par Sandrine Gestin et Alain-Marc Friez
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
- Aristée de Proconnèse
- Hippogriffe
Lien externe
- Portail de la mythologie grecque
- Portail des créatures et animaux légendaires