Georges Gurvitch
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Naissance |
Novorossiisk (Russie) |
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Décès |
(à 71 ans) Paris |
Nationalité | Français |
Approche | sociologie de la connaissance |
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Travaux |
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Georges Gurvitch, né Guéorgui Davidovitch Gourvitch (en russe : Георгий Давидович Гурвич) le à Novorossiisk, alors dans l'Empire russe, et mort le 12 décembre 1965 à Paris, en France, est un sociologue français d'origine russe. Il a été naturalisé en 1928.
Biographie
Il suit des études de droit, et fréquente les universités de Heildelberg et de Leipzig. Il participe à la révolution russe. En 1920, il est nommé à l'université de droit de Tomsk en Sibérie occidentale. Puis il s'installe à Berlin, et soutient une thèse sur Fichte. De 1922 à 1924, il enseigne à la faculté de droit de l'Université russe de Prague.
En 1925, il s'installe en France, et participe à l'introduction de la phénoménologie. Il est naturalisé français en 1929. Il soutient ses thèses L'idée du droit social et Le temps présent et l'idée du droit social en 1932. En 1935, il succède à Maurice Halbwachs à l'Université de Strasbourg. Révoqué par le régime de Vichy, il parvient à quitter la France.
Exilé à New York, il participe, sous l'égide de la France Libre, à la fondation de l'École libre des hautes études, dont il dirige l'Institut français de sociologie. Revenu à l'Université de Strasbourg en 1945, il est élu à la Sorbonne en 1948, puis à l'École pratique des hautes études en 1950[1]. Il fonde en 1946 les Cahiers Internationaux de Sociologie et joue un rôle majeur dans la formation du CES (Centre d'études sociologiques), destiné à devenir un des hauts lieux de la formation des sociologues[2].
Il fonde le Groupe de Sociologie de la Connaissance, auquel ont collaboré R. Bastide, J. Berque, J. Cazeneuve, J. Duvignaud, L. Goldman. Il signe le Manifeste des 121 [3].
En 1962, l'O.A.S. déposa une bombe devant sa porte, provoquant une explosion destinée à tuer[4].
Il venait d'achever un ouvrage sur Proudhon, lorsqu'il fut emporté par un infarctus en 1965.
Apports à la sociologie
Quoiqu'il ait joué un rôle majeur dans le développement en France de la sociologie, G. Gurvitch n'est en rien un tenant de la "science normale". "Grand voyageur des espaces intellectuels" (G. Balandier), il se définissait lui-même comme un "exclu de la horde"[5], "chercheur travaillant contre le courant"[6].
Spécialisé dans la sociologie de la connaissance, il est un héritier de Marcel Mauss, à qui il emprunte la notion de phénomène social total. Il a aussi été un des précurseurs de la sociologie juridique, et a notamment inspiré Roscoe Pound. Les années 1930 sont très productives à cet égard. Puis il s'oriente vers la sociologie théorique avec son essai de "classification des formes de la sociabilité" (1937) et ses Essais de sociologie (1938).
Durant son séjour aux États-Unis, il découvre la sociologie américaine, qu'il contribuera à faire connaître en France, tout en développant une critique acerbe de son caractère "gestionnaire". Tous ses enseignements et publications iront désormais dans le sens d'une sociologie théorique critique. Pour lui, la sociologie ne pouvait être que dialectique et pluraliste. Les travaux qu'il impulse, en particulier dans le Groupe de sociologie de la connaissance, sont particulièrement novateurs : "Industrialisation et technocratie", avec notamment les recherches développées par Nora Mitrani ; "Sociologie des pays sous-développés", "Crise de l'explication en sociologie" ; "Signification et fonction des mythes dans la vie et connaissances politiques", Sociologie des mutations". Il n'eut de cesse, de 1950 jusqu'à sa disparition, à développer des instruments théoriques et méthodologiques à destination des jeunes générations de sociologues.
Il en résulte, entre 1958 et 1960, la publication de l'ouvrage collectif La vocation actuelle de la sociologie. La parution en 1962 de Dialectique et sociologie constitue le sommet de son œuvre. Son dernier ouvrage Les cadres sociaux de la connaissance est paru quelques mois après sa disparition en 1966. Son opposition farouche à tous les formalismes, y compris le structuralisme, explique pour une part l'éclipse qu'a connue sa pensée jusqu'à la fin du Xxe siècle. Mais les questions qu'il a soulevées autour de la sociologie de connaissance, les cadres sociaux de la technocratie et la multiplicité des temps sociaux, expliquent le regain d'intérêt dont son œuvre fait aujourd'hui l'objet.
Œuvres
- Fichtes System der concreten Ethik, Tübingen: Mohr, 1924.
- Les tendances actuelles de la philosophie allemande: E. Husserl, M. Scheler, E. Lask, N. Hartmann, M. Heidegger, préface de Léon Brunschvicg, Paris: J. Vrin, 1930.
- L'expérience juridique et la philosophie pluraliste du droit, Pedone, 1935.
- Essai de sociologie, Paris, 1938.
- Éléments de sociologie juridique, Paris, Aubier, 1940.
- Sociology of Law, New York et Londres, 1942.
- Morale théorique et science des mœurs, PUF, 1948.
- (dir.) Industrialisation et technocratie, Paris, Armand Colin, 1949.
- La vocation actuelle de la sociologie (2 tomes), PUF, 1re édition 1950, 4e édition 1969.
- Le concept des classes sociales de Marx à nos jours, 1954.
- Déterminismes sociaux et liberté humaine, PUF, 1re édition 1955, 2e édition 1963.
- (dir.) Traité de sociologie, 2 vol., Paris, PUF, 1re édition 1957 et 1960, 3e édition 1968.
- The Specturm of Time, 1958.
- Dialectique et sociologie, Flammarion, 1re édition 1962, 2e édition 1972.
- Proudhon, sa vie, son œuvre, PUF, 1965.
- Les cadres sociaux de la connaissance, PUF, 1966.
- Études sur les classes sociales, Paris, Denoël-Gonthier, 1966.
- La magie et le droit, préface de François Terré, Dalloz, 2004, 110 p.
Traductions à L'Harmattan
- Écrits allemands, I, Fichte, Textes traduits et édités par Christian Papilloud et Cécile Rol
- Écrits allemands, II, Philosophie du droit, Philosophie sociale et phénoménologie, Textes traduits et édités par Christian Papilloud et Cécile Rol (sociologie française en comparaison de la sociologie allemande)
- Écrits allemands, III, Sociologie, Textes traduits et édités par Christian Papilloud et Cécile Rol
- Écrits russes, Écrits de jeunesse, Textes traduits et édités par Cécile Rol et Mikhaïl Antonov
Articles
- « Sociologie de la connaissance et psychologie collective », L'Année sociologique, 3e série, t. 1, 1940-1948.
- « La sociologie du jeune Marx », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 3-4, 1947-1948 a.
- « Microsociologie et sociométrie », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 3-4, 1947-1948 b.
- « Psychologie collective et psychologie de la connaissance », L'Année sociologique, 3e série, 1948-1949.
- « Groupement social et classe sociale », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 7, 1949.
- « Réponse à une critique. Lettre ouverte au Pr Léopold von Wiese », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 13, 1952.
- « Hyper-empirisme dialectique », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 15, 1953.
- « Le concept de structure sociale », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 19, 1955.
- « La crise de l'explication en sociologie », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 21, 1956.
- « Réflexions sur les rapports entre philosophie et sociologie », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 22, 1957.
- « Continuité et discontinuité en histoire et sociologie », Annales, vol. 1, 1957.
- « Pour le centenaire de la naissance de Durkheim », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 26, 1959.
- « Mon itinéraire intellectuel ou l'exclu de la horde », L'Homme et la société, no 1, 1966.
Voir aussi
Articles connexes
- Dialectique | Empirisme | Méthodologie | Vie sociale | Macrosociologie | Microsociologie
- Sociologie juridique et Sociologie de la connaissance
- Théories du fascisme
Bibliographie
- « Georges Gurvitch (20 octobre 1894-12 décembre 1965) », Revue française de sociologie, Vol. 7, No. 1 (Jan. - Mar., 1966), p. 3-4
- Georges Balandier, Gurvitch, Paris, PUF, 1972
- Stéphan Soulié, « Gurvitch Georges », Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, Paris, Laffont, collections Bouquins, 2013
- Francis Farrugia:
- La reconstruction de la sociologie française (1945-1965), L'Harmattan, 2000
- « La “théorie de l'expérience intégrale de l'immédiat” ou la quatrième voie du “feu purificateur” », introduction au chapitre II de l’ouvrage de Morale théorique et science des mœurs. Leurs possibilités, leurs conditions, in SociologieS, mise en ligne le 20 novembre 2007 [lire en ligne]
- « Un grand danger pèse sur la sociologie », SociologieS, Découvertes / Redécouvertes, Georges Gurvitch et l'à-venir de la sociologie, mis en ligne le 3 février 2010 [lire en ligne]
- Fridolin Saint-Louis, Georges Gurvitch et la société autogestionnaire, préface de Francis Farrugia, L'Harmattan, 2005
- « Georges Gurvitch », Anamnèse, no 1, 2006
- Mikhaïl Antonov, Étienne Berthold, Claude Javeau, Laurent Vidal, Cahiers internationaux de sociologie, no 122 : Quarante ans après : Gurvitch, PUF, 2006, ISBN 2-13-055673-6
- (es) José Maria Perez-Agote Aguirre, « La sociologia en el Leteo : el largo adiós de Georges Gurvitch », Política y sociedad, 2005, vol. 42, no 2, p. 149-162.
- Giovanni Busino, "Matériaux pour l'histoire de la sociologie de la connaissance", Revue européenne des sciences sociales, 45(139), 2007, p. 57-190.
Notes et références
- ↑ Stéphan Soulié, "Gurvitch Georges", Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, Paris, 2013
- ↑ Soubiran-Paillet Francine, « Juristes et sociologues français d'après-guerre : une rencontre sans lendemain », Genèses 4/ 2000 (no 41), p. 125-142
- ↑ G. Balandier, "Gurvitch", Paris 1972, p. 9. Il figure sur la seconde liste des signataires, précise Stephan Soulié, op.cit.
- ↑ « Georges Gurvitch, signataire du "Manifeste des 121" », sur Fabrique de sens (consulté le 18 avril 2015)
- ↑ Gurvitch Georges. Mon itinéraire intellectuel ou l'exclu de la horde. In: L Homme et la société, N. 1, 1966. p. 3-12
- ↑ G. Balandier, Gurvitch, op.cit., p. 49.
Liens externes
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque nationale de la Diète
- [RTF] « Georges Gurvitch : les raisons d'un succès », par Jean-Christophe Marcel, Cahiers internationaux de sociologie, vol. 110, janvier-juin 2001, p. 97-119 (classiques.uqac.ca)
- [PDF] « Éléments biographiques et bibliographiques pour une étude de l’apport de Georges Gurvitch à la théorie et à la sociologie du droit » par Robert Cramer, Droit et Société, 4/1986 (www.reds.msh-paris.fr)
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