François Simiand
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Envoi de F. Simiand à Maurice Halbwachs sur Le Salaire. L'évolution sociale et la monnaie (1932).
Ouvrage conservé à la Bibliothèque de sciences humaines et sociales Paris Descartes-CNRS.
Naissance |
+ Gières + |
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Décès |
+ |
Nationalité | |
Formation |
École normale supérieure + |
Activités |
économiste, historien de l'économie, statisticien, sociologue, professeur + |
A travaillé pour |
collège de France (-) + |
Distinction |
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signature
François Joseph Charles Simiand, né le 18 avril 1873 à Gières (Isère) et décédé le 13 avril 1935 à Saint-Raphaël (Var), est un sociologue, historien et économiste français. Il est considéré comme l'un des fondateurs de l'école sociologique française.
Le philosophe Henri Bergson tenait Simiand, fils d'instituteur, pour l'élève le plus brillant de sa classe au lycée Henri-IV. De fait le jeune homme fut reçu second au concours d'entrée à l'École normale supérieure, en 1892, et premier à l'agrégation de philosophie, en 1896.
Selon L. Frobert [1], il fut « l'un de ces intellectuels français qui ont su alterner la réflexion théorique et les responsabilités concrètes d'un service ministériel ou d'un organisme public. Il a été aussi un enseignant ayant professé au sein de plusieurs institutions. (...) Comme il le déclare dans la leçon inaugurale au Collège de France, sa réflexion avait un seul but : le conduire au cœur des questions économiques et des problèmes du travail de son temps. » « D'où l'importance presque obsessionnelle qu'il réserve à la méthode (...) comme si cela constituait la garantie d'une pensée qui avait le sceau de la scientificité. » [2]
Simiand est soucieux d'appliquer à l'étude des phénomènes économiques les principes d'analyse des faits sociaux exposés par le sociologue Émile Durkheim. Selon lui, les raisons que se donne l'homme pour expliquer sa conduite expriment rarement les causes véritables des institutions : « C'est un préjugé de croire que l'action humaine est consciente de ses vraies raisons. »
Sa démarche valorise l'usage des données statistiques et manifeste son désir constant d'ancrer la science économique dans l'histoire. Trois thèmes sont particulièrement étudiés par lui : le cycle du charbon, les cycles économiques sur longue période et le progrès, ainsi que la monnaie en tant que « réalité sociale ».
Œuvre
À partir de 1900, il suscite la création d'une bibliothèque de sciences sociales au ministère du Commerce, qui sera ultérieurement regroupée avec le Centre de documentation économique (voir l'article Bibliothèque centrale de l'Institut national de la statistique et des études économiques). En 1903, il participe à une vive polémique dans laquelle il accuse l'histoire, en dépit des prétentions de Seignobos, de ne pas suivre des règles méthodologiques qui puissent lui permettre de s'établir en tant que discipline scientifique (voir Robert Leroux, Histoire et sociologie en France -- de l'histoire-science à la sociologie durkheimienne, Paris, PUF, 1998).
Dans sa thèse, publiée en 1911 [3], à l'encontre des théories usuelles de la productivité, il établit en analysant les faits que « le salarié s'efforçait avant tout de défendre son niveau de vie auquel il était parvenu. Et que sa productivité était donc plus forte en période de dépression, alors qu'il était menacé d'une baisse de salaire, qu'en période de prospérité où il aurait pu espérer un salaire plus élévé[4]. »
Il expose ses méthodes d'analyse des phénomènes économiques dans La Méthode positive en sciences économiques (1911). À l'opposé des tendances conservatrices illustrées par Le Play, Simiand promeut en économie l'école sociologique – positiviste et socialisante – fondée par Durkheim à la fin du XIXe siècle, selon laquelle les faits sociaux présentent une autonomie propre et doivent être étudiés comme des «choses». Ses études sur les salaires montrent effectivement les avantages de la méthode sociologique et psychologique mais aussi ses limites [5] lorsqu'elle « prétend traiter les faits sociaux comme des faits chimiques, superposant statistiques sur statistiques, comme on met différents corps en présence pour constater leurs réactions. » Ainsi Le Salaire, l'évolution sociale et la monnaie (1932), représente une tentative d'établir une théorie des salaires sur la base d'observations statistiques.
En 1933, son essai Monnaie et réalité sociale défend une vision nominaliste de la monnaie :
- « La monnaie n'est plus qu'une création de l'opinion et la décision de l'État ne fait que renforcer celle-ci. Ainsi toute monnaie est fiduciaire. L'or n'est que la première des monnaies fiduciaires[6]. »
Dans Les Fluctuations économiques à longue période et la crise mondiale (1933) il interprète la crise des années 1930 à la lumière de sa théorie des cycles longs.
L'accroissement de la quantité de monnaie (que ce soit du fait de nouvelles découvertes de mines d'or ou d'argent, en régime d'étalon métallique, ou du fait de la fabrication de papier monnaie et de l'octroi de crédits) engendre une phase de croissance longue, tandis que les restrictions monétaires génèrent une phase de ralentissement prolongé de l'activité économique.
Simiand crée une revue Notes critiques, collabore à L'Humanité et donne des cours dans des universités populaires. Il entretient une controverse célèbre l'opposant aux tenants de l'histoire traditionnelle représentés par Charles Seignobos.
De 1919 à 1935 François Simiand fut professeur au Conservatoire national des arts et métiers [7], chargé de conférences à la IVe section de l'École pratique des hautes études (1924) et titulaire de la chaire d'histoire du travail au Collège de France de 1932 à 1935[8].
Ouvrages
- Le Salaire, l'évolution sociale et la monnaie, essai de théorie expérimental du salaire, 3 vol., PUF 1932.Dans sa préface aux Paysans de Balzac, l'historien Louis Chevalier le cite parmi les historiens qui ont pris en considération les apports historiques et sociaux du roman[9].
- Les Fluctuations économiques à longue période et la crise mondiale. PUF 1933.
- De l'échange primitif à l'économie complexe, éd. de la Pensée ouvrière, 1935.
- Inflation et stabilisation alternées : le développement économique des États-Unis, Domat-Montchrestien 1934
Bibliographie
- Lucien Gillard et Michel Rosier (dir.) : François Simiand (1873-1935). Sociologie. Histoire. Économie, Amsterdam, éditions des Archives Contemporaines, 1996
- Robert Leroux, Histoire et sociologie en France -- de l'histoire-science à la sociologie durkheimienne, Paris, PUF, 1998
- Gérard Noiriel : L'éthique de la discussion chez François Simiand. À propos de deux conférences sur l'Histoire (1903-1906), in Penser avec, penser contre. Itinéraires d'un historien, Paris, Belin, 2003, p. 47-61.
Notes et références
- ↑ L. Frobert, Le Travail de F. Simiand, Economica, 2000
- ↑ L. Frobert, op. cit
- ↑ Les Salaires de ouvriers des mines de charbon, Th Lettres 1911
- ↑ Pensée économique et théories contemporaines, A Piettre, Thémis 1979
- ↑ R Marjolin, «Prix, Monnaie et Production» 1941; p. 800
- ↑ A. Piettre op. cit.
- ↑ Voir C. Fontanon, A. Grelon (sous la direction de), Les Professeurs du Conservatoire national des arts et métiers, vol. 2, INRP, 1994, p. 567-576.
- ↑ Annuaire du Collège de France, 2008-2009, p. 41.
- ↑ Louis Chevalier, préface des Paysans, Gallimard, Folio classique, 2006, p. 23-24, (ISBN 2070366758)
Liens externes
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque nationale d'Espagne • Base Léonore • WorldCat
- De nombreux textes de François Simiand. sur le site Les Classiques des sciences sociales.
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