Dème (Athènes antique)

Le dème (en grec ancien δῆμος / dêmos) est une circonscription administrative de base instaurée lors de la révolution isonomique de Clisthène qui eut lieu de 508 ou 507 à 501 av. J.-C. à Athènes. Le dème est directement lié à la marche d'Athènes vers la démocratie.
Les modes de partition
- Le territoire de la cité fut divisé en une centaine de parties (avec le temps leur nombre augmenta), la ville, la côte et l'intérieur se répartissant de façon égale le nombre de dèmes :
- Le découpage urbain correspond aux arrondissements ou quartiers formant aujourd'hui les villes : il est rationnel et ne s'appuie pas sur une organisation socio-géographique préexistante historiquement ; exemples de dèmes urbains : le Céramique, Collytos, Mélitè, Scambonide.
- Pour la campagne, il y eut prise en compte de l'existant et la répartition suivit plusieurs principes : la confirmation d'un dème homogène antérieur à la réforme, le rassemblement de plusieurs hameaux en un seul dème et la séparation en plusieurs entités de dèmes d'importance ; exemples de dèmes ruraux : Acharnes, Décélie, Marathon.
Caractéristiques du dème
Effectifs des dèmes
Evaluations basses | Evaluations hautes | |||
---|---|---|---|---|
citoyens et leurs familles | en ajoutant esclaves et métèques | citoyens et leurs familles | en ajoutant esclaves et métèques | |
Source 1 | 800 | 1200 | 1000 | 1500 |
Source 2 | / | / | 1300 | 5000 |
Source 1 : sur la base de 25 000 à 30 000 citoyens mâles adultes pour l'ensemble de l'Attique, avec leurs familles 80 000 à 100 000 personnes, auxquelles se greffent environ 10 000 métèques et 30 000 à 40 000 esclaves.
Source 2 : sur la base de 40 000 citoyens et 20 000 métèques (200 000 avec leurs familles) et 300 000 esclaves (très difficile à évaluer).
Fonctions locales et formatrice
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Le dème peut être comparé aux communes françaises du XXe siècle : un démarque (en grec ancien δήμαÏχος, chef ou président d'un dème), correspondant au maire moderne, est localement élu.
D'autre part, les membres d'un dème peuvent être tirés au sort de façon régulière afin de constituer la boulè : les bouleutes, représentants du peuple, sont en quelque sorte le pendant des députés modernes, mais au lieu de former une élite sociale ils sont réellement des représentants du peuple car tirés au sort.
Ainsi le dème est-il l'unité administrative mais aussi démocratique de base, sa population formant une assemblée, l'agora, exerçant des pouvoirs de police, de gestion des finances publiques, du cadastre et des cultes, tenant des registres d'état civil.
En participant à l'organisation locale du dème, les citoyens vivent un stage civique qui les prépare aux assemblées démocratiques centrales [réf. souhaitée].
Nouvelles reconnaissances sociales
L’homme politique Clisthène voulut mettre fin à la forte organisation de la noblesse en phratries et empêcher les classes sociales de se grouper par régions. Avec sa réforme, les cadres gentilices sont donc abandonnés au profit de circonscriptions créées d'après le domicile de chaque citoyen ; le dème prend alors une nouvelle importance : les noms de famille, de lignées, disparaissent au profit du nom du dème d'origine, apposé à vie aux noms des individus[1]. Le citoyen à l'époque de Périclès était ainsi désigné officiellement par son propre nom, celui de son père (patronyme) et celui de son dème (démotique) : par exemple Périclès, fils de Xanthippe, du dème de Cholarges[2]. Cette mesure est une marque forte du glissement de pouvoir de l'aristocratie vers le peuple (démos, anciennement laos), l'appellation du citoyen mettant alors plus en évidence les liens géographiques que les liens du sang.
De nombreux métèques résidents réguliers de l'Attique, des affranchis ou personnages au statut civique ambigu ont également pu accéder grâce à cette mesure à la qualité de citoyen, l’isonomie menant à la démocratie s'en trouvant renforcée.
Le dème, unité d'un ensemble plus vaste

Selon un ordre croissant, l'organisation sociale d'Athènes vers 500 av. J.-C. se trouva ainsi fixée :
La trittye est l'unité administrative intermédiaire entre le dème et la tribu ; 3 ou 4 dèmes contigus forment une trittye, cette dernière ne disposant pas de pouvoir politique réel mais ayant plutôt pour rôle de constituer un liant entre dèmes et tribus. Par exemple, la garde du feu sacré qui brûle dans la Tholos (ἡ Θόλος) est confiée aux prytanes d'une même trittye.
Robert Flacelière désigne un sous-ensemble du dème, la phratrie, équivalent à la famille[3].
Les dèmes nouvellement mis en place en cette fin de VIe siècle av. J.-C. font partie du train de mesures réformatrices mené par Clisthène : création des trittyes, de 10 tribus[Note 1], agrandissement de la boulè (de 400 à 500 membres), adoption d'un nouveau calendrier, démocratisation du fonctionnement de l'ecclésia, création de l'ostracisme afin d'éviter la tyrannie, établissement des postes de 10 fonctionnaires chargés de l'entretien et de la police de la ville (les astynomes), et de 10 sytophylaques, magistrats élus chargés de l'approvisionnement en grains, d'un nouvel archonte (secrétaire) et d'un collège de 10 stratèges.
Notes et références
Notes
- ↑ L'association de trois trittyes donna naissance à une tribu. On donna aux dix tribus les noms tirés de dix héros éponymes, dans l'ordre officiel : 1. Erechthéis ; 2. Aigéis ; 3. Pandionis ; 4. Léontis ; 5. Akamantis ; 6. Oinéis ; 7. Kékropis ; 8. Hippothoôntis ; 9. Aiantis ; 10. Antiochis.
Références
- ↑ Gustave Glotz, La Cité grecque, Albin Michel, 1970, p. 134.
- ↑ Robert Flacelière 1971, p. 50.
- ↑ Robert Flacelière 1971, p. 49.
Annexes
Articles connexes
- Damos
Bibliographie
- Michel Humbert, Institutions politiques et sociales de l'antiquité, éd. Dalloz, coll. « Précis Dalloz Droit Public », 2e éd., Paris, 1986, 507 pages (ISBN 2247051138)
- Robert Flacelière, La vie quotidienne en Grèce au siècle de Périclès, Paris, Hachette,‎ , 381 p. (ISBN 2012352367)
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