Arabesque (beaux-arts)

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Sens premier: L’arabesque est un motif ornemental identifié en Occident au XVe siècle comme caractéristique des Arts de l'Islam et qui se trouve aussi dans d'autres cultures. Cet ornement graphique ou en relief, peut être conçu et réalisé dans tous les médiums visuels des Beaux Arts et des Arts décoratifs qui s'appliquent éventuellement dans les revêtements de l'architecture, au mobilier ou aux arts textiles. Son caractère ornemental provient d'effets de symétries ou de jeux de courbes qui évoquent des formes végétales, souvent entrelacées. Ces motifs sont parfois composés aussi de figures fantaisistes ou réelles stylisées (la représentation de ces dernières étant déconseillée par l'Islam on les trouve d'autant plus rarement dans l'art islamique).
Deuxième sens : ligne sinueuse. Dans le monde Occidental imprégné de l'héritage orientaliste le terme peut désigner des jeux de courbes libres, souples, flexibles en valorisant la sensualité et l'énergie générées par des courbes et contre-courbes provenant du monde végétal et plus généralement de la nature vivante mais de manière très stylisée.
Dans l'art islamique
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Arabesques végétales (IXe siècle) peintes en jaune doré sur fond bleu nuit ornant la demi-coupole du mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan, Tunisie
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Boîte de Zamora, hauteur : 17,7 cm, diamètre : 11 cm, ivoire et nielle (daté 964), Califat de Cordoue, Musée archéologique national de Madrid.
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Tondino à décor bleu et blanc de spirales, céramique d'Iznik siliceuse à décor peint sur engobe sous glaçure plombifère. Musée des beaux-arts de Lyon
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Lunette décorée en céramique d'Iznik (1570-1575), provenance mosquée Piyale Pasha (en) (architecte Sinan, Istanbul, Victoria and Albert Museum.
L'arabesque est l'une des particularités de l'art décoratif islamique et fut identifiée sous ce nom en Occident. Le choix des formes stylisées en structures plus ou moins géométriques et le choix de leur agencement découle d'une vision du monde propre à l'univers islamique. Pour un musulman, ces formes constituent des motifs dont la répétition s'étend au-delà du monde matériel visible : elles symbolisent la nature infinie - et dépourvue de centre - de la création. Comme l'iconographie chrétienne, l'arabesque en terre d'Islam est donc l'expression d'une spiritualité.
- Termes techniques connexes
Les arabesques, évoquant des feuilles et des fleurs entrelacées, peuvent être réalisées par des techniques utilisées dans l'ornementation des palais islamiques, tels le stuc, souvent ciselé, éventuellement peint ou les zelliges. Mais la céramique, les arts du métal, ciselé ou travaillé au repoussé ou recouvert d'émaux champlevés ou cloisonnés ou de nielle et l'ivoire travaillé.
Dans la culture occidentale
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Dessin d'un panneau d'arabesques réalisé en 1785 par Jean Guillaume Moitte (1746-1810) pour l'Hôtel de Salm à Paris
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Arabesque de Jean Bérain père (seconde moitié du XVIIe siècle).
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Première page de The Nature of Gothic, de John Ruskin, composée en Golden Type, mouvement Arts and Crafts, Kelmscott Press.
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Art nouveau, École de Nancy : vase à la libellule, pâte de verre, Émile Gallé (1900-1902).
- L'arabesque ou mauresque : malgré la présence musulmane en Espagne, c'est par les rapports commerciaux entre le Moyen-Orient et Venise que s'introduit dans l'art occidental, à la Renaissance italienne, le terme d'arabesque (bien que le terme d'entrelacs soit déjà utilisé). Il pouvait s’écrire aussi rabesques (Synonyme de moresque, aussi écrit mauresque, venant des Maures), il suggère clairement l’origine musulmane du motif.
- Si on en trouve trace dès 1308-1311 dans les tableaux de Duccio à Sienne, il faudra attendre le XVe siècle pour que le genre se diffuse dans les tableaux des peintres vénitiens Cima da Conegliano (1460-1465), Vittore Carpaccio (1525-1526) et Palma le Vieux. À partir de cette époque, on rencontre les arabesques dans les illustrations de livres, frappées sur les reliures, peintes sur la faïence, brodées sur les costumes, décorant des tapisseries et des objets en métal.
- Utilisée dans les plats des reliures des livres décorés à la feuille d’or appelé alla damaschina (comme un damasquinage) en Italie, les moresques seront utilisées en France dans les livres reliés pour le roi Louis XII (vers 1510) et le premier livre entièrement consacré aux mauresques est celui du Florentin établi en France, Francesco Pellegrino (1530) et ensuite, d'une façon originale en Europe, dans l'ornementation des illustrations des livres par les éditeurs de Lyon et de Paris : les encadrements de moresques par B. Salomon dès 1547 pour des livres publiés à Lyon celui de G. Paradin, Memoriae nostrae, (1548), La Métamorphose d’Ovide figurée, par Jean de Tournes (1557). Jacques Androuet du Cerceau (1563) en regroupera l'essentiel dans ses estampes.
- En Allemagne et en Angleterre, sont publiés des livres de modèles, en partie copiés d’après les Italiens.
- Ensuite, au XVIIIe siècle une confusion s'installe avec les grotesques (pourtant différentes par leur usage de figures humaines et animales, voire chimériques) et en détournera l'usage du mot arabesque ; ainsi dans les catalogues de vente, les dessins de grotesques des élèves de Raphaël sont décrits comme arabesques.
- Aux XIXe et XXe siècles, le nom d’arabesque est donné à tous modèles de jeu de lignes et il est recommandé d'utiliser le mot « moresque » pour éviter les confusions.
- L'arabesque, comme ligne sinueuse et comme jeu de courbes et contre-courbes, est un motif très employé dans les arts décoratifs et dans les beaux-arts de style Art nouveau à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, à tel point qu'elle en constitue un trait caractéristique essentiel.
- C'est à tort que l'expression d'arabesque est appliquée aux frises des édifices ou des objets des époques hellénistique et romaine, ou dérivés stylistiquement dans l'architecture du monde moderne, néoclassique et des styles historiques et éclectiques du XIXe siècle, le mot « rinceau » est le seul qui puisse caractériser ces enroulements réguliers[1].
Voir aussi
- Figures géométriques arabes
- Motifs décoratifs de l'art islamique
- Motifs décoratifs de l'art perse
- Rinceau
Bibliographie
- Arabesques : Panneaux décoratifs de la Renaissance, Paris, Les éditions du Carrousel, , 93 p. (ISBN 2-7456-0229-2).
- Jules Adeline, Lexique des termes d'art, Canada, Guérin, , 419 p. (ISBN 2-7601-4620-0)Réimpr. anastatique d'un ouvrage de la fin du XIXe siècle non daté.
- Aloïs Riegl, Questions de style. Fondements d'une histoire de l'ornementation, Paris, Hazan, 1992, 2002, 289 p. (ISBN 2-85025-831-8)Réédition d'une traduction des Stilfragen publiées en Allemand en 1893. Pages 207 - 275 : « Le rinceau ornemental sarrazin ».
On pourra aussi se reporter à la bibliographie succincte de l'article Arts de l'Islam, et la Bibliographie détaillée concernant l'art islamique.
Références
- ↑ Adeline 1997, p. 23
Liens externes
- L'association Elvira et l'artiste Santamaria, organisateurs du Festival de l'Arabesque à Prayssac en 2000
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