Accident de la route en France
L’observatoire national interministériel de sécurité routière (ONISR) édite chaque année un document d’information permettant de connaître l’évolution des accidents de la route en France. Ce document a pour objectif de faire la synthèse des principales données de l’accidentologie en France afin d’éclairer les décideurs dans les orientations à donner en matière de lutte contre l’insécurité routière[1].
Depuis 1960, au moins 350 000 personnes sont mortes des suites d'un accident de la route en France : la seule année 1972 comptabilise 18 034 morts officiels. Et depuis 1945, les chiffres sont aussi édifiants, car il faut parler d'au moins 500 000 morts, soit l'équivalent d'un grand conflit majeur.
Origine des données statistiques
Les sources découlent pour l’essentiel des bulletins d’analyse d’accidents corporels (BAAC) remplis par les forces de l’ordre après chaque accident corporel, versés au fichier national des accidents corporels de la circulation (dit « Fichier BAAC1 ») à des fins d'exploitation par l’Observatoire interministériel de la sécurité routière. Cette base comportait en 2013 454 372 accidents (440 695 pour la métropole et 13 677 pour les DOM) pour 775 422 véhicules présents dans les accidents (751 831 pour la métropole et 23 591 pour les DOM).
Une fois comparées et croisées, ces données permettent de mesurer la fréquence des accidents en fonction des situations. Dans la mesure du possible, elles prennent en compte l’exposition au risque, c’est-à-dire le nombre de kilomètres parcourus.
Un communiqué de presse de l'InVS du 6 mai 2008[2] indique que le nombre de blessés serait sous-estimé. L'InVS estime à 514 300 le nombre de blessés annuels.
Ces données (ex : Base de données accidents corporels de la circulation sur 6 années, Base de données véhicules impliqués) commencent à être mises en ligne sur le site Etalab par le Ministère de l'Intérieur (après anonymisation) dans le cadre des politiques françaises et européennes de données ouvertes (Open data))[3],[4].
Définitions
Afin de faciliter les comparaisons internationales, en France, le comité interministériel de la sécurité routière du 7 juillet 2004 a adopté le principe d’une harmonisation des définitions de la gravité retenues dans le fichier national des accidents corporels avec celles adoptées par nos principaux voisins européens. Ces définitions sont les suivantes :
Accident
Un accident corporel (mortel et non mortel) de la circulation routière est un accident qui :
- provoque au moins une victime, c’est-à-dire un usager ayant nécessité des soins médicaux ;
- survient sur une voie ouverte à la circulation publique ;
- implique au moins un véhicule.
Usagers
Un accident corporel implique un certain nombre d’usagers. Parmi ceux-ci, on distingue :
- les indemnes : impliqués non décédés et dont l’état ne nécessite aucun soin médical ;
- les victimes : impliqués non indemnes.
Parmi les victimes, on distingue :
- les tués : toute personne qui décède sur le coup ou dans les trente jours qui suivent l’accident ; avant 2004 les statistiques ne faisaient état que de tués dans les 6 jours. Pour comparer avec les voisins européens, on multipliait par le coefficient 1,057. Depuis 2005 ce coefficient a été revu à la hausse à 1,069.
- les blessés : victimes non tuées.
Parmi les blessés, on distingue :
- les blessés hospitalisés : victimes admises comme patients dans un hôpital plus de 24 heures ;
- les blessés légers : victimes ayant fait l’objet de soins médicaux mais n’ayant pas été admises comme patients à l’hôpital plus de 24 heures.
Synthèse générale
Le pic de la mortalité routière est atteint en 1972 avec 18 034 morts (tués à 30 jours, soit 0,716 tués pour 1 000 véhicules, le tiers des personnes décédées étant les piétons, cyclistes et motocyclistes[5]) et 386 874 blessés[6].
Sur une longue période, entre 1975 et 2001, la baisse moyenne annuelle du nombre des personnes tuées s’établissait à 2,3 %.
Depuis 2001, on a constaté une accélération du processus avec des baisses successives de :
- 6,2 % en 2002 ;
- 20,9 % en 2003 ;
- 8,7 % en 2004 ;
- et 4,9 % en 2005.
En quatre ans, entre 2001 et 2005, le gain s’élevait à –35,6 % pour le nombre de personnes tuées et –29,6 % pour le nombre de blessés[1].
Entre 2000 et 2012, les trois quarts des tués étaient des hommes et un quart de femmes. Les hommes sont responsables de trois quarts des accidents[7].
Indicateur d'Accidentologie Locale
L'indicateur d'accidentologie locale (IAL) est calculé en rapportant le nombre de tués observé dans le département considéré au nombre de tués qui y aurait été enregistré si les risques encourus y avaient été les mêmes, par catégorie de réseau, que ceux mesurés au niveau France entière[8].
Évolution détaillée des accidents et victimes
Avant 2004, la France évaluait les tués à 6 jours. Le tableau détaillé d’évolution des accidents et des victimes en métropole est le suivant[9].
Accidents | Tués à 6 jours | Blessés graves | Blessés légers | Total blessés | Gravité | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Nombre | Évolution (en %) |
dont accidents mortels |
Nombre | Évolution (en %) |
Nombre | Évolution (en %) |
Tués pour 100 accidents corporels | ||||
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Depuis 2005, les statistiques recensent les tués à 30 jours. Pour 2004, un coefficient de 1,069 a été appliqué sur les données constatées.
Accidents | Tués à 30 jours | Blessés hospitalisés | Blessés légers | Total blessés | Gravité | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Nombre | Évolution (en %) |
dont accidents mortels |
Nombre | Évolution (en %) |
Nombre | Évolution (en %) |
Tués pour 100 accidents corporels | ||||
Évolution des tués et indice de circulation
L’indice de circulation est mesuré en kilomètres parcourus. Pour le calculer, le réseau est d’abord réparti en sections homogènes de trafic, puis on multiplie le trafic moyen journalier de chaque section par la longueur de cette section. On multiplie par 365 et on additionne le tout.
Dans le tableau ci-après l’unité de l’indice de circulation est le milliard de kilomètres parcourus par an[1].
On constate ainsi qu'en vingt ans, le nombre de tués a été divisé par plus de 2, alors que la circulation augmentait de près de 80 %.
Liste de catastrophes routières
- 27 septembre 1911 : par temps de pluie, un autobus glisse sur la chaussée puis le trottoir et bascule dans la Seine à la hauteur du pont de l'Archevêché à Paris, 11 victimes.
- 13 août 1923 : chute d'un autocar transportant des Hollandais à Luz-Saint-Sauveur, 22 morts, 1 survivant.
- 13 août 1954 : dans la descente de la 102 en Ardèche, au pied du col de la Chavade, un car perd ses freins en arrivant au pont de Mayres, enfonce le parapet et s'écrase en contrebas dans le lit de la rivière. Une plaque est placée à l'abord du pont en mémoire des 19 morts, dont 12 élèves du cours complémentaire, membres de l'amicale laïque de Meymac.
- 11 juin 1955 : 24 Heures du Mans à 18 h 28, catastrophe routière ou drame du sport auto, 82 victimes après qu'une partie du bolide de Pierre Levegh traversa la foule près des stands sur le circuit du Mans.
- 12 novembre 1957 : accident des rampes de Saint-Paul, à La Réunion, 27 morts.
- 11 juillet 1964 : à Port de Couze en Dordogne, sur la route du Tour de France un camion-citerne en traversant un petit pont sur le canal de Lalinde rentre dans la foule, 9 morts dont 3 enfants et 13 blessés dont la mémoire est commémorée par une stèle.
- 27 juillet 1964 : chute d'un autocar transportant un groupe folklorique à Haréville, 19 morts.
- 18 juillet 1973 : chute d'un autocar belge dans un virage de la RN 85 au bas de la rampe de Laffrey près de Vizille (Isère), 43 morts.
- 2 avril 1975 : au même endroit que l'accident du 18 juillet 1973, chute d'un autocar sans frein en bas de la descente, 29 morts.
- Décembre 1976 : un car de ramassage scolaire se perd dans le brouillard et tombe à l'eau au port Édouard Herriot à Lyon. L'enceinte du port était mal balisée. 14 enfants morts.
- 23 mars 1980 : en dérapant sur le verglas, un car du ski-club de la base d'Istres défonce le parapet du pont du Pas de la Tour au Lauzet-Ubaye et s’écrase au fond du ravin. 17 morts et 4 blessés.
- 31 juillet 1982 : accident de Beaune. Carambolage sur l'autoroute A6 à Beaune, de nuit et par temps de pluie, au niveau d'un rétrécissement de chaussée, impliquant deux autocars et deux voitures, causant 53 morts dont 44 enfants ; le propriétaire d'un car est condamné à de la prison avec sursis et à une amende pour défaut d'entretien du car, un des chauffeurs est condamné à de la prison avec sursis, à une suspension de permis et une amende.
- 10 novembre 1993 : carambolage sur l'autoroute A10 au niveau du pont de Mirambeau (Charente-Maritime), par temps de brouillard, impliquant 52 véhicules dont 6 camions, causant 15 morts et 53 blessés ; début octobre 2002, la cour d'appel de Poitiers a condamné une quinzaine d'automobilistes à des peines légères, considérant qu'ils roulaient trop vite et n'avaient pas maîtrisé leurs véhicules en fonction des conditions météorologiques.
- 10 juillet 1995 : un autocar double étage espagnol reliant Barcelone à Amsterdam se renverse sur la glissière centrale après avoir touché un camion lors de son évitement, sur l'autoroute A9 entre l'aire de Tavel et l'échangeur de Roquemaure, il est 1 h 15. L'accident fait 22 morts et 32 blessés dont 18 graves, de nationalités différentes. L'un des conducteurs et les dirigeants ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Nîmes à trois ans de prison dont un an ferme[11]. Les enregistrements sur disques font apparaître de très nombreuses infractions durant les derniers jours précédant l'accident, autant de circonstances aggravantes à l'encontre du conducteur qui se verra également suspendre son permis de conduire et écoper d'une forte amende.
- 29 septembre 1997 : carambolages en série sur l'autoroute A13, au niveau de Bourg-Achard, par temps de brouillard, impliquant une centaine de véhicules, causant 12 morts et 94 blessés ; le , la cour d'appel de Rouen a condamné 2 conducteurs à des peines de prison avec sursis et 8 à des amendes et suspensions de permis de conduire.
- 29 novembre 2002 : 5 sapeurs pompiers ont été tués et un autre blessé, fauchés par un octogénaire en excès de vitesse, alors qu'ils étaient en train de terminer le balisage des lieux d'un premier accident près de Loriol (Drôme) sur l’autoroute A7. Le responsable de l'accident a été condamné à 5 ans de prison mais il a été libéré au bout d'un an en raison de son grand âge par une décision de la cour d'appel de Lyon. Une stèle a été érigée devant la nouvelle caserne de Loriol. En raison de la violence du choc qui avait projeté deux pompiers dans le Rhône, un corps a été découvert le 20 juin 2013 à environ 10 km du lieu de l'accident, le corps ayant été amené par cours d'eau. Le véhicule circulait à une vitesse supérieure à 150 km/h selon les résultats de l'enquête de gendarmerie alors que la vitesse était limitée à 90 km/h à cet endroit pour cause de travaux[12].
- 17 mai 2003 : un car à étage venant d'Allemagne pour la Costa Brava, dérape sur la chaussée glissante au petit matin sur l'autoroute A6 à Dardilly près de Lyon et s'écrase en contrebas, 28 morts (dont les deux conducteurs) et 46 blessés.
- 22 juillet 2007, chute d'un autocar polonais en bas de la rampe de Laffrey sur la RN 85 (au même endroit que les accidents du 18 juillet 1973 et du 2 avril 1975), 26 pèlerins tués.
- 2 juin 2008 : un autocar sur la route départementale 233 de Haute-Savoie, transportant une cinquantaine d’éleves de classe de cinquième d'un collège de Margencel, est percuté par un TER. Sept enfants ont été tués, 18 personnes blessées dont 4 grièvement. L'accident a eu lieu à Mesinges, un lieu-dit de la commune d'Allinges.
- 23 octobre 2015 : accident de Puisseguin. Un car percute un semi-remorque de transport de bois, vide au moment du choc[13], et dont le conducteur a perdu le contrôle[14], à Puisseguin en Gironde, aux alentours de 7 h 30. Cet accident a fait 43 morts[15], 8 personnes blessées (dont 4 dans un état grave). Le chauffeur du car fait partie des 8 personnes rescapées. Le car transportait principalement des personnes âgées originaires de Petit-Palais parties pour la journée en voyage touristique dans le Béarn.
Notes et références
- 1 2 3 Synthèse 2007 de l’ONISR [PDF]
- ↑ Sur les routes françaises, autant de blessés avec séquelles majeures que de tués - Communiqué de presse de l'InVS, 6 mai 2008
- ↑ Base de données accidents corporels de la circulation sur 6 années, provenant d'un service public certifié
- ↑ Base de données annuelles des accidents corporels de la circulation routière de 2010 à 2014, publié par le Ministère de l'intérieur
- ↑ Daniel Coulaud, L'automoville : Ville, automobile et mode de vie, Éditions L'Harmattan, 2010 (lire en ligne), p. 135
- ↑ « 1972-2012 Les Français et la Sécurité routière », sur www.securite-routiere.gouv.fr (consulté le 25 mai 2015).
- ↑ « 76% des personnes tuées sur la route sont des hommes : nous pouvons toutes agir pour que ça change », sur Sécurité routière, (consulté le 29 octobre 2015)
- ↑ « Un nouvel indicateur d'accidentologie locale »
- ↑ Bilan 1987-2007 (ONISR) [PDF]
- 1 2 Site sécurité-routière.gouv.fr : PDF de bilan annuel
- ↑ « Prison ferme pour le chauffeur et les propriétaires du car »
- ↑ Drôme : onze ans après le drame de Loriol, le corps d'un pompier retrouvé, Le Parisien, 21/6/2013
- ↑ « EN DIRECT. Accident mortel en Gironde : ce que l'on sait », sur Le Point, https://plus.google.com/+LePointfr (consulté le 23 octobre 2015)
- ↑ (fr) « Accident mortel en Gironde : les différents scénarios », sur Le Point, https://plus.google.com/+LePointfr (consulté le 23 octobre 2015)
- ↑ « Accident mortel en Gironde : le corps d'un enfant retrouvé dans le camion », sur lepoint.fr, (consulté le 23 octobre 2015)
Voir aussi
Articles connexes
- Accident de la route
- Accident de la route en Europe
- Loi Badinter (indemnisation des victimes d'accidents de circulation)
- Prévention et sécurité routières
- Traumatologie routière
- Assurance automobile en France
- Sécurité routière en France
Liens externes
- Mortalité annuelle par type d'usagers entre 1960 et 1999
- [PDF] Bilan de l'ONISR pour 2010
- Documents de travail des années 2008 à 2010 de l'ONISR
- Base de données européenne CARE (Community database on Accidents on the Roads in Europe)
- Estimation de la morbidité routière, France, 1996-2004, BEH no 19, 6 mai 2008, InVS
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