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Économie du travail

Économie du travail

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L'économie du travail analyse le fonctionnement du marché du travail défini comme le lieu de rencontre des travailleurs et des employeurs.
Dans le cadre d'une économie capitaliste, les « offreurs » de force de travail sont les travailleurs et les demandeurs sont les employeurs. L'économie du travail cherche à analyser la fixation des salaires, le taux d'emploi et le chômage, et permet de déterminer les meilleures politiques de l'emploi à mettre en place.

Différentes approches d'analyse du marché du travail

Il y a deux approches possibles pour étudier le marché du travail. L'économie du travail peut être analysée à l'aide des techniques microéconomiques ou macroéconomiques. Les techniques microéconomiques étudient le rôle des individus sur le marché du travail. Les techniques macroéconomiques s'intéressent aux interactions entre le marché du travail et les autres marchés (bien, monnaie, commerce extérieur). Il s'agit de savoir comment ces interactions influencent les variables macroéconomiques tel que le niveau de chômage, taux de participation au marché du travail, revenu agrégé et le produit intérieur brut.

L'approche macroéconomique du marché du travail

La force de travail, qui provient des individus, est définie comme le nombre d'individus employés plus les chômeurs (c’est-à-dire les personnes sans emploi mais qui en recherchent un). Le taux de participation est le ratio force de travail sur la taille de la population adulte (ou de la population en âge de travailler). Le niveau de chômage est défini comme la force de travail moins le nombre de personnes actuellement employées. Le taux de chômage est défini comme le niveau de chômage divisé par la force de travail. Le taux d'emploi est défini comme le nombre d'individus actuellement employés divisé par la population adulte (ou par la population en âge de travailler).

Les variables comme le niveau d'emploi, le niveau de chômage, la force de travail et les départs non remplacés sont appelées des variables de stock parce qu'elles mesurent la quantité à un point dans le temps. Les variables de flux, quant à elles, mesurent la quantité sur une période donnée. Les changements de la force de travail sont dus à des variables de flux comme le taux de croissance démographique, l'immigration nette, les nouveaux entrants, et les départs à la retraite. Les variations du chômage dépendent des : employés perdant leur emploi et en cherchant un autre ; des personnes non-employées qui se mettent à chercher un emploi ; des personnes trouvant un emploi ; celles arrêtant de chercher un emploi.

Au niveau macroéconomique, plusieurs types de chômage ont été identifiés :

  • Chômage frictionnel — C'est le fait qu'il faut un délai entre le moment où une entreprise cherche à embaucher et l'embauche du travailleur. Les progrès technologiques réduisent le chômage frictionnel (par exemple : internet rend plus rapide les recherches d'emploi).
  • Chômage structurel — Il résulte des différences entre les qualifications des travailleurs et les demandes des employeurs. Les changements technologiques sont souvent un facteur de chômage structurel.
  • Chômage naturel — C'est la somme du chômage structurel et frictionnel. C'est le taux de chômage le plus bas qu'une économie peut espérer atteindre. Les économistes divergent sur le niveau du taux naturel de chômage.
  • Chômage involontaire — En théorie keynésienne, tout niveau de chômage au-dessus du taux naturel est expliqué par une insuffisance de la demande de travail. En période de récession, l'agrégat des dépenses est insuffisant entraînant une sous-utilisation des inputs (incluant le travail). Les dépenses agrégées (D) peuvent être augmentées, selon Keynes, en augmentant les dépenses de consommation (C), l'investissement (I), les dépenses publiques (G), ou le différentiel exportation moins importation (X-M)
    {D = C + I + G + (X-M)}

Analyse néoclassique et analyse keynésienne

Sur le marché du travail, la confrontation de l’offre et de la demande conduit à déterminer deux grandeurs : le salaire et le niveau d’emploi. La théorie néo-classique utilise ce mécanisme de marché pour démontrer que le chômage ne peut être durable. Il suffit en effet de diminuer les salaires pour que la demande de travail des entreprises s’accroisse et fasse disparaître le chômage. Le salaire, qui est la variable stratégique, permet la réalisation de l’équilibre. Cependant de multiples rigidités (intervention des syndicats par exemple), influencent les salaires (réel) qui s’éloignent du niveau d’équilibre, créant ce faisant un sous-emploi qui peut être important et durable.

Les économistes keynésiens ont contesté le mécanisme du marché car une baisse des salaires réduit le pouvoir d'achat des travailleurs et donc la demande des biens et services qui s’adresse aux entreprises, ces dernières ne seraient plus incitées à embaucher pour accroître leur production en bien et services. Les keynésiens affirment qu’il n’existe pas un véritable marché du travail car les quantités de travail demandées par les entreprises ne sont pas liées à court terme au prix du travail (à savoir le salaire), mais au niveau de la demande effective c'est-à-dire au niveau des ventes attendues par les entreprises.

L'approche microéconomique néoclassique du marché du travail

La première analyse adoptée pour rendre compte des relations économiques entre les employeurs et les travailleurs est d'appliquer les outils développés par la théorie économique standard. L'analyse néo-classique parle de « marché du travail ». Ainsi ce marché fonctionnerait comme les autres marchés (par exemple le marché des biens ou de la monnaie). L'ajustement du salaire permettrait d'égaliser les offres et demandes de travail.

Remarque sémantique : Afin de comprendre la suite de l'article, il est important de ne pas confondre l'offre de travail et l'offre d'emploi. L'offre de travail est définie par les travailleurs qui offrent leurs services aux entreprises qui en ont besoin. En conséquence, l'offre de travail équivaut dans le langage courant à la demande d'emploi, tandis que la demande de travail équivaut à l'offre d'emploi.

Modèle microéconomique néoclassique : offre de travail

Les ménages sont offreurs de travail. En théorie microéconomique, les individus sont par hypothèses rationnels et cherchent à maximiser leur utilité. Dans le modèle néo-classique d'économie du travail, leur utilité est déterminée par l'arbitrage entre le revenu et le loisir. Les ménages sont contraints par le nombre d'heure d'une journée.

Soit w le salaire horaire,
Soit k le temps disponible dans une journée pour le travail et le loisir (24h moins les heures
de repos...),
Soit L le nombre d'heures travaillées,
Soit π les revenus divers du ménage, 
Soit A le nombre d'heures de loisir.

La fonction d'utilité et la contrainte budgétaire peuvent s'écrire de la façon suivante:

max U(w L + π, A)
tel que L + A ≤ k

Cela peut être représenté par le graphique ci-dessous illustrant l'arbitrage entre l'allocation du temps aux activités de loisir et aux activités génératrices de revenu. Cette contrainte linéaire indique qu'il n'y a que 24 heures dans une journée, et que les individus doivent choisir la répartition de leur temps entre les deux activités (loisir et travail). (Il est généralement utilisé une journée de 16h) La courbe d'indifférence (IC) représente l'utilité retirée par l'individu pour un couple (travail, loisir) donné. L'équilibre de court terme du marché du travail (point A) est obtenu par la tangente de la courbe d'indifférence et la contrainte temporelle.


Si la préférence pour la consommation est mesurée par la valeur du revenu obtenu, plutôt que par le nombre d'heures travaillées, ce graphique peut être utilisé afin de montrer une variété d'effets. Cela provient du fait que la pente de la contrainte budgétaire devient le taux de salaire. Le point d'équilibre (A) reflète l'équivalence entre le taux de salaire et le taux marginal de substitution du loisir pour le revenu (la pente de la courbe d'indifférence). Parce que le taux marginal de substitution, du loisir pour le revenu, est égal au ratio de l'utilité marginale du loisir {U_m^L} sur l'utilité marginale du revenu {U_m^Y}, on peut conclure:

{{U_m^L}\over{U_m^Y}} = {{dY}\over{dL}}
Effets d'une hausse de salaire

Si le revenu augmente, la ligne de contrainte pivote vers la haut de X, Y1 à X, Y2. Le travailleur peut alors acheter plus de biens et services. Son utilité augmente du point A au point B. Pour comprendre l'effet de la hausse du revenu sur le nombre d'heures de travail, il faut étudier l'effet revenu et l'effet substitution.

L'augmentation du salaire peut être décomposée en deux effets séparés. L'effet pur du revenu est représenté par le passage du point A au point C dans le graphique suivant. La consommation augmente de {Y_A} à {Y_C} et - en faisant l'hypothèse que le loisir est un bien normal - le temps consacré aux loisirs augmente de {X_A} à {X_C} (le temps consacré au travail diminue de la même quantité; {X_A} vers {X_C}).

Graphique 3 à insérer

Mais ce n'est qu'une partie des effets. Avec l'augmentation du taux de rémunération, le travailleur va substituer des heures travaillées à des heures de loisir. Il travaillera plus pour profiter du taux de rémunération plus élevé, à cause d'un coût d'opportunité plus élevé. Cet effet substitution est représenté par le passage du point c vers le point B. L'effet net de ces deux effets est représenté par le passage du point A vers le point B. L'ampleur de ces deux effets dépend des circonstances. Dans certains cas, l'effet substitution est plus grand que l'effet revenu (dans ce cas plus de temps sera alloué au travail), mais dans d'autres cas l'effet revenu sera plus important que l'effet substitution (dans ce cas moins de temps sera alloué au travail). L'intuition derrière ce dernier cas est que le travailleur à atteint un point où son utilité marginale du loisir l'emporte sur son utilité marginale du travail. Dans des termes moins formalisés: ça ne sert à rien de gagner plus d'argent si vous n'avez pas le temps de le dépenser.

Graphique 4 à insérer

Si l'effet substitution est plus grand que l'effet revenu, alors la courbe d'offre de travail va se pencher vers la droite, comme au point E par exemple. Ce travailleur va continuer d'accroître son offre de travail avec l'augmentation de son taux de rémunération. Au-delà d'un certain point (le point F), il va diminuer son offre de travail (par exemple jusqu'au point G où il ne travaille plus que {H_G} contre {H_F} au point F). Quand la courbe d'offre se penche vers la droite (c'est-à-dire une élasticité prix-offre de travail positive), l'effet substitution est plus grand que l'effet revenu. Quand la courbe d'offre se penche vers la gauche (c'est-à-dire une élasticité prix-offre de travail négative), l'effet revenu est plus grand que l'effet substitution. Le sens de l'inclinaison peut changer plus d'une fois pour un même individu, et la courbe d'offre de travail peut varier entre les individus.

D'autres variables affectent la décision de travailler comme la taxation, les aides sociales et l'environnement du travail.

Modèle microéconomique néoclassique : demande de travail

Jusqu'ici nous avons présenté une courbe d'offre de travail qui associe à chaque taux de salaire la quantité d'heures maximum qu'un travailleur est prêt à offrir aux employeurs pour une période de temps donnée. Il est aussi nécessaire de déterminer la quantité maximum de travail qu'un employeur est prêt à demander selon le taux de rémunération.


La demande de travail d'une entreprise est basée sur sa productivité marginale du travail. C'est défini comme la quantité additionnelle produite en augmentant d'une unité de travail les facteurs de production. Si vous n'êtes pas familier avec ces concepts, vous devez vous reporter aux éléments de bases de la théorie de la production avant de continuer la lecture de cet article.

Dans nombre de secteurs économiques arrivés à maturité (voir cycle de vie des secteurs et produits), et sauf révolution technologique ou commerciale, la productivité marginale du travail est décroissante. C'est-à-dire que plus sont utilisées des unités de travail, plus la production additionnelle décroît. Cela est représenté par la pente de la courbe de PmL du schéma ci-dessous. En multipliant la productivité marginale du travail par la valeur du produit, on obtient la valeur marginale du travail:

PmL * PQ = VmL
Graphique 5 à insérer

La valeur marginale du travail (VMPPL) est la valeur de la quantité additionnelle produite par une unité de travail supplémentaire. Cela est représenté dans le graphique par la courbe VMPPL située au-dessus de MPPL.

En situation de concurrence parfaite, la VMPPL est identifiée par le revenu marginal du travail (MRPL). Cela vient du fait que sur un marché concurrentiel, le prix de marché est égal au revenu marginal qui est défini comme le produit de la productivité marginale et du revenu marginal (MRP = MPP * MR).

Le revenu marginal du travail peut être utilisé comme la courbe de demande de travail de l'entreprise à court terme. En marché concurrentiel, l'entreprise fait face à une élasticité parfaite de l'offre de travail qui correspond au taux de rémunération et au coût marginal du travail (W = SL = MFCL). En concurrence imparfaite, le graphique doit être changé car MFCL sera égal au taux de rémunération divisé par le coût marginal. Parce que l'allocation optimale des ressources requiert que le coût marginal des facteurs soit égal au revenu marginal de la production, cette entreprise demandera L unité de travail comme indiqué dans le graphique.

Graphique 6 à insérer

Modèle microéconomique néoclassique : équilibre

La demande de travail de cette entreprise peut être sommée avec la demande de travail de toutes les autres entreprises présentes dans l'économie afin obtenir la demande agrégée de travail. De même pour l'offre de travail des travailleurs qui sont sommées afin d'obtenir l'offre agrégée de travail. Ces courbes d'offre et de demande de travail peuvent être analysées de la même manière que les courbes d'offre et de demande d'autres marchés. Ces deux courbes permettent de déterminer le salaire et le niveau d'emploi d'équilibre.

Règlementation du marché du travail

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L'OCDE, le FMI et divers think tank[Qui ?] recommandent de dérèglementer le marché du travail afin de réduire les divers phénomènes de friction du marché du travail[réf. nécessaire].

Voir aussi

Articles connexes

Auteurs

  • Paul Sultan
  • William Phillips
  • Hugues Puel

Liens externes

  • [PDF] Cours d'économie du travail 1 et 2e cycle, Université de Cergy-Pontoise
  • Cours d'économie du travail 3e cycle, Université de Cergy-Pontoise
  • Cours d'économie du travail

Sources

  • Pierre Cahuc et André Zylberberg, Économie du travail. La formation des salaires et les déterminants du chômage, 608 pages, De Boeck Université, 1996 (ISBN 2-8041-2425-8)
  • Pierre Cahuc, André Zylberberg, Microéconomie du marché du travail, 124 pages, La Découverte, 2003 (ISBN 2-7071-3877-0)
  • Portail de l’économie
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