El Jem
El Jem | |||||||||||||
Vue sur El Jem |
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Administration | |||||||||||||
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Pays | Tunisie | ||||||||||||
Gouvernorat | Mahdia | ||||||||||||
Délégation(s) | El Jem | ||||||||||||
Code postal | 5160 | ||||||||||||
Démographie | |||||||||||||
Population | 18 302 hab. (2004[1]) | ||||||||||||
Géographie | |||||||||||||
Coordonnées | 35° 18′ N 10° 43′ E / 35.3, 10.7135° 18′ Nord 10° 43′ Est / 35.3, 10.71 | ||||||||||||
Localisation | |||||||||||||
Géolocalisation sur la carte : Tunisie (administrative)
Géolocalisation sur la carte : Tunisie (relief)
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El Jem ou El Djem (arabe : الجم ) est une ville tunisienne située aux portes de la région du Sahel.
Rattachée administrativement au gouvernorat de Mahdia, elle constitue une municipalité comptant 18 302 habitants en 2004[1].
Fondée sur les ruines de la cité antique de Thysdrus ou Thysdritania colonia[2], elle est célèbre pour son amphithéâtre, le plus grand de l'Empire romain (entre 27 000 et 30 000 spectateurs[3]) après le Colisée de Rome (45 000 spectateurs) et celui de Capoue. Celui-ci accueille chaque été depuis 1985 le Festival international de musique symphonique d'El Jem.
Histoire
Histoire antique
Ancienne cité phénicienne, fondée par les Puniques et prospère sous Hadrien, elle reçoit, sans doute dès l'époque césarienne, le statut de colonie romaine puis acquiert le statut de municipe libre (municipia libera) sous le règne de l'empereur Septime Sévère[4]. Par la suite elle est intégrée à la province de Byzacène. Au cœur d'une région qui connaît une forte productivité agricole, la cité semble jouir d'une relative prospérité.
La cité de Thysdrus bénéficie d'une active politique de mise en valeur des terres et de développement économique : les empereurs Vespasien et Titus y amènent l'eau par l'entremise du proconsul d'Afrique. Ainsi, dès le IIe siècle, elle apparaît selon l'expression de Gilbert Charles-Picard comme la « capitale de l'huile » de Byzacène. Nœud routier des plus importants puisque six voies romaines y aboutissent[5], localisé au centre d'une région oléicole, Thysdrus dispose d'un marché agricole très dynamique.
Révolution de 238
Au début de l'an 238, Thysdrus est le cadre d'un litige qui doit avoir de fortes répercussions sur l'histoire de l'Empire romain. À la suite d'un différend survenu à la suite de la levée de nouveaux impôts, une révolte éclate. Le procurateur de l'empereur Maximin Ier le Thrace, doit affronter le peuple thysdritain et les habitants des campagnes environnantes. Le collège des iuvenes et les paysans semblent apparaître comme le fer de lance du mouvement.
Après l'assassinat du procurateur, les révoltés se rendent à la résidence du vieux proconsul d'Afrique, Gordien, qui réside à Thysdrus, dans le cadre de sa tournée provinciale, et le proclament empereur. Le nouvel empereur accompagné de son fils, Gordien II, associé au pouvoir, se rend à Carthage et procède à son adventus. La répression du légat de Numidie, Capelianus, est aussi rapide que brutale. Cependant, l'appui puis la reconnaissance de la lignée par le Sénat romain ainsi que par certaines provinces déclenche une brève guerre civile et une crise du pouvoir impérial.
Cette singulière révolte civile se solde par l'élimination de l'empereur Maximin et l'avènement du jeune Gordien III.
Édifices
Amphithéâtre
Si le troisième amphithéâtre d'El Jem compte parmi les monuments les plus célèbres de Tunisie, l'antique Thysdrus a possédé deux autres amphithéâtres, de moindre mesure.
Le premier serait datable du Ier siècle av. J.-C. et devait donc être rudimentaire, sans maçonnerie, mais avec une cavea « creusée dans le roc d'une colline, dont la typographie lui a imposé ses dimensions et ses contours »[6]. Il a dû être aménagé par des marchands ou des agriculteurs italiens immigrés pour les combats de gladiateurs. Il est d'une grande valeur documentaire car représentant un jalon unique dans son genre[7].
Par suite de la détérioration de cet amphithéâtre et au développement économique et urbanistique de Thysdrus, et après plusieurs tentatives de restauration, il est décidé à l'époque flavienne de réaménager complètement la même colline — la seule de la région — en « la comblant de remblais sur une hauteur de plus de deux mètres, [pour] allonger le grand axe de l'arène, qui atteignit les proportions de 60 mètres sur 40 mètres »[8].
Une tribune est ajoutée sur le petit axe, des gradins construits sur des remblais tassés, deux carceres (cellules et pièces où les gladiateurs et les bêtes sauvages attendent l'entrée en scène) sont mis en communication avec l'arène. Si l'édifice gagne en solidité et fonctionnalité, c'est sans préoccupation d'ordre esthétique. Malgré leur proximité, ce deuxième amphithéâtre est distinct du premier par l'emplacement et le style de construction, notamment les éléments essentiels que sont la cavea et l'arène qui « divergent totalement par le choix de leur modèle »[9]. Ce nouvel amphithéâtre est comparable à de nombreux autres présents en Tunisie, comme à Thuburbo Majus, avec une structure adossée à une butte naturelle partiellement aménagée[8].
El Jem est « unique au monde » par le fait de posséder trois édifices appartenant chacun à l'une des trois grandes catégories connues d'amphithéâtres, tous trois étant civils et non militaires, puisque la ville n'a jamais eu de garnison[10].
Musée archéologique
À la périphérie de la ville, le musée archéologique présente de nombreuses mosaïques issues des fouilles dans les villas romaines de Thysdrus. Nombre de pièces retrouvées sur le site sont conservées au Musée national du Bardo et au musée de Sousse.
Jouxtant le musée, la villa d'Africa est une reconstitution à portée didactique d'une maison romaine. Elle comporte deux mosaïques remarquables : la première représente la déesse Africa, surmontée d'une dépouille d'éléphant et entourée de bustes représentant les quatre saisons. La seconde est une représentation symbolisée de Rome et de ses provinces.
El Jem accueille aujourd'hui un festival de la mosaïque[11].
Références
- 1 2 (fr) Recensement de 2004 (Institut national de la statistique)
- ↑ (fr) Victor Guérin, Voyage archéologique dans la régence de Tunis, éd. Plon, Paris, 1862, p. 98
- ↑ Hédi Slim, El Jem, l'antique Thysdrus, éd. Alif, Tunis, 2007, p. 89
- ↑ (fr) Antonio Ibba et Giusto Traina, L'Afrique romaine : de l'Atlantique à la Tripolitaine (69-439 ap. J.-C.), éd. Bréal, Paris, 2006, p. 107
- ↑ (fr) Antoine Héron de Villefosse, « Lettre à M. le Docteur Carton sur une inscription de Thysdrus », Bulletin de la Société archéologique de Sousse, n°1, 1903, p. 35
- ↑ Ammar Mahjoubi, Villes et structures urbaines de la province romaine d'Afrique, éd. Centre de publication universitaire, Tunis, 2000, pp. 167-168
- ↑ Hédi Slim, « Les amphithéâtres d'El-Jem », CRAI, vol. 130, n°3, 1986, p. 469
- 1 2 Ammar Mahjoubi, op. cit., p. 168
- ↑ Hédi Slim, « Les amphithéâtres d'El-Jem », p. 462
- ↑ Hédi Slim, « Les amphithéâtres d'El-Jem », p. 468
- ↑ (fr) « Festival international de la mosaïque d'El Jem : une identité artisanale locale et un créneau prometteur de développement », Investir en Tunisie, 11 mai 2010
Bibliographie
- Gilbert Charles-Picard, La civilisation de l'Afrique romaine, éd. Études augustiniennes, Paris, 1990
- Hédi Slim, El Jem : l'antique Thysdrus, éd. Alif - Les éditions de la Méditerranée, Tunis, 1996
- Hédi Slim et Latifa Slim, Vie et artisanat à Thysdrus, El Jem, ville d'Africa, IIe-IIIe siècles : Exposition au musée archéologique de Nice-Cimiez, éd. Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 1996
Voir aussi
- Festival international de musique symphonique d'El Jem
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