Mouridisme
Mouridisme Confrérie des Mourides | ||||||||||||
![]() Mosquée de Touba |
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Région | ![]() | |||||||||||
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Création | Début du XXe siècle | |||||||||||
Type | Confrérie soufie | |||||||||||
Capitale spirituelle | Touba | |||||||||||
Coordonnées | 14° 52′ 00″ N 15° 52′ 00″ O / 14.86667, -15.8666714° 52′ 00″ N 15° 52′ 00″ O / 14.86667, -15.86667 | |||||||||||
Langue | arabe, wolof | |||||||||||
Effectifs | 2-3 millions | |||||||||||
Fondateur | Cheikh Ahmadou Bamba | |||||||||||
Calife | Cheikh Sidi Al Moukhtar Mbacke (depuis le ) | |||||||||||
Personnes clés | Cheikh Ibrahima Fall | |||||||||||
Affiliation | Islam, Soufisme | |||||||||||
Géolocalisation sur la carte : Sénégal (administrative)
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La confrérie des Mourides (Al mouridiyya) est une confrérie, la deuxième après la tijanisme au Sénégal, présente particulièrement au Sénégal et en Gambie. Elle est fondée au début du XXe siècle par le cheikh Ahmadou Bamba[1] et joue un rôle économique et politique important[1]. Le président Abdoulaye Wade, élu en 2000, est le premier président mouride du Sénégal[2].
La tradition mouride est grandement marquée par la culture africaine et plus précisément wolof. Les talibés effectuent un pèlerinage annuel dans la ville sainte de Touba, au centre du Sénégal. Le Magal est une fête qui coïncide chaque année avec la célébration du départ en exil, en 1895, de cheikh Ahmadou Bamba du fait de l'autorité coloniale.
Étymologie
Le terme « mouride » dériverait du verbe Irâda, puis de murīd qui signifient respectivement « la volonté » et « celui qui veut », « celui qui aspire à », sous entendu en quête de l'agrément de Dieu.
Théologie et organisation interne
Le mouridisme pour le colon ( Al mouridiyya) a été fondé par Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), un rénovateur apparu au Sénégal dans un contexte où la colonisation avait grandement perturbé l’équilibre social. Pour réformer la société sénégalaise, cheikh Ahmadou Bamba prôna l'orthodoxie envers les enseignements du Coran et de la tradition du prophète Mahomet, l'attachement aux préceptes du de l'Islam et la valorisation de la science et du travail.
Cette affirmation repose sur un hadith qui impliquerait que Dieu envoie un revivificateur de l'orthodoxie musulmane censé être l'héritier spirituel du prophète (qotb ou « pôle de sainteté ») tous les quatre cents ans. Cheikh Ahmadou Bamba serait donc de ces élus...
La théologie des mourides est influencée par celle des confréries Qadiriyya et Tidjane mais aussi de l'œuvre de Al-Ghazali, largement cité par Cheikh Ahmadou Bamba. Certains musulmans « orthodoxes » considèrent la dévotion extrême à Cheikh Ahmadou Bamba et à sa lignée de successeurs comme une forme d'idolâtrie[1].
Les Mourides, disciples du marabout Cheikh Ahmadou Bamba, assimilent à l'islam des traditions du peuple wolof. C'est ainsi qu'ils sanctifient le travail et poussent très loin les notions d'entraide et de solidarité. Chaque année, de nombreux mourides se rendent en visite pieuse dans leur ville sainte de Touba, au centre du Sénégal. Environ un million d'entre eux ont effectué cette visite en février 2008[3],[4].
Selon Emmanuel Brisson, la confrérie est « organisée selon une structure décrite par certains comme féodale, elle est fondée sur l’obéissance totale à une autorité spirituelle, le Khalife général, descendant en ligne directe du fondateur »[2].
Histoire du mouvement
Confronté à l'administration coloniale que sa popularité grandissante commençait à inquiéter, Ahmadou Bamba fut successivement déporté au Gabon (Afrique équatoriale) de 1895 à 1902, en Mauritanie de 1902 à 1907, puis retenu en résidence surveillée au Sénégal jusqu'à sa disparition en 1927.
Depuis la disparition d'Ahmadou Bamba en 1927, les « califes » sont ses fils, qui se succèdent du plus âgé au moins âgé:
- Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké, de 1927 à 1945
- Cheikh Mouhammadou Fadl Mbacké, de 1945 à 1968
- Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, de 1968 à 1989
- Cheikh Abdou Khadre Mbacké, de 1989 à 1990
- Cheikh Saliou Mbacké, de 1990 à 2007
- Cheikh Mouhammadoul Amin Bara Falilou Mbacké, de 2007 à 2010[5]
- Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké depuis le [6].
Après le décès de Cheikh Saliou Mbacké, dernier calife fils de Cheikh Ahmadou Bamba, vient l'accession des petits-fils de Cheikh Ahmadou Bamba au califat général des mourides. Cheikh Bara Mbacké était le plus âgé des petits-fils, Cheikh Mouhamadou Lamine Bara Fallilou Mbacké dit el hadji Bara. L'actuel calife est né en 1923 à Mbacke Cadior, jusqu'à son intronisation, il était calife de Serigne Bara Mbacke, fils de Cheikh Ahmadou Bamba et homonyme de défunt calife[7].
Pendant l'époque de Cheikh Amadou Bamba certains disciples réalisés ont eu à être nommés cheikh. Ce fut le cas par exemple de Mame Cheikh et Mame Thierno quand celui-ci fut exilé par les colons français. Mais ce processus de délégation s'estompa en 1912, année où fut consacré le dernier cheikh, qui fut Madiba Sylla à Diourbel. Exception faite de Béthio Thioune nommé par Cheikh Saliou en 1987.
Influence politique et économique
La confrérie des mourides est en expansion et possède une influence forte sur la politique du Sénégal[2]. Son leader spirituel est consulté par les politiciens de tous bords[2].
Aux plans économique et social, « ils assurent logement, nourriture et apprentissage intellectuel -par l’enseignement coranique- à des enfants. Ils ont aussi des détracteurs, qui leur reprochent leurs irrigations, leurs cultures intensives, et leurs aides sociales. (...) Les califes mourides sont en général très influents parce qu'ils sont non seulement les guides spirituels d'adeptes estimés de 2 à 3 millions, mais aussi de facto chefs temporels de la ville de Touba, la capitale spirituelle des mourides devenue peu à peu la deuxième ville du Sénégal du fait de son poids démographique et économique.
D'autres fils ou petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba ont été aussi influents que les califes, bien que n'ayant pas accédé au califat. C'est le cas de :
- Cheikh Ahmadou Mbacké Gaïndé Fatma, connu pour son engagement pour l'éducation et le développement socio-économique des masses, ainsi que par son influence auprès de dirigeants politiques africains engagés, il est décédé en 1978 ;
- Cheikh Mouhamadou Mourtada Mbacké, le « marabout de la diaspora », connu aussi pour avoir initié bénévolement de nombreuses structures scolaires à travers le Sénégal, il est décédé en 2004. Actuellement, son fils et successeur Serigne Mame Mor Mbacké est en train de perpétuer son œuvre en y ajoutant d’autres structures nouvelles mais conformes avec sa vision progressiste de la modernité. Avec lui le mouridisme traverse une phase importante au sein de la diaspora.
Hétérodoxie
Un des plus célèbres disciples d'Ahmadou Bamba fut Cheikh Ibrahima Fall. Il lança une communauté de vie appelée les Baye Fall qui substitue le travail manuel, la mendicité et le dévouement à une piété usuelle comme la pratique des prières et le jeûne, ce qui leur vaut de nombreuses critiques de la part d'autres musulmans. Du fait de leurs dreadlocks, les Baye Fall sont souvent confondus par les touristes avec les rastas[1].
Notes et références
- 1 2 3 4 Emmanuel Brisson, Reportage sur les Mourides, 2008, sur le site de Grand reportage.
- 1 2 3 4 Emmanuel Brisson, Reportage (page 3) sur les Mourides, 2008, sur le site de Grand reportage.
- ↑ « "Sénégal : des pèlerins musulmans à Touba" », sur SaphirNews.com,
- ↑ « "Touba fait le plein en conjurant soif et maladie" », sur Nettali.net,
- ↑ « Le Sénégal en deuil : Serigne Saliou n'est plus », Wal Fadjri, (lire en ligne)
- ↑ « Décès de Cheikh Mouhamadou Lamine Bara Mbacké », APS, 1er juillet 2010 (lire en ligne)
- ↑ « Serigne Cheikh Sidi Al Moukhtar Mbacké devient le nouveau khalife général des mourides. », Politico, 1er juillet 2010 (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
- (en) O’Brien Donal B. Cruise, The Mourids of Senegal. The Political and Economic Organization of an Islamic Brotherhood, Oxford, Clarendon Press, 1971, XXII-321 p. (Publication d'une thèse de 1969)
- Omar Ba, Cheikh Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927)
- Jean Copans, Les marabouts de l’arachide. La confrérie mouride et les paysans du Sénégal, Paris, Sycomore, 1980, 263 p. (Thèse Paris, EHESS, remaniée)
- Momar Coumba Diop, La confrérie mouride : organisation politique et mode d’implantation urbaine, Lyon, Université de Lyon, 1980, 273 p. (Thèse de 3e cycle)
- Youssouf Diop, « La signification du mouridisme dans l'actuel contexte socio-politique du Sénégal », Université de Dakar, 1983, 118 p. (Mémoire de Maîtrise)
- Ousmane Kane, « Les marabouts sénégalais et leur clientèle aux États-Unis. Une économie spirituelle transnationale », Afrique contemporaine, 2009/3, no 231, p. 209-228
- Mamadou Mbodj (dit) Pape Coumba, Le mouvement des jeunes dans la confrérie religieuse des mourides. Essai d’analyse et d’interprétation, Dakar, Université de Dakar, 1980, 149 p. (Mémoire de Maîtrise)
- Oumar Mbaye, Le mouridisme sous le khalifat de Cheikh Mohamed Fadilou Mbacké (1945-1968), Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 2000, 98 p. (Mémoire de Maîtrise)
- Amadou Ndiaye, La confrérie mouride et ses rapports avec le pouvoir politique au Sénégal de 1960 à 2000 : Contribution à l'histoire de l'islam au Sénégal, Université de Perpignan, juillet 2011 (thèse de doctorat)
- Cheikh Tidiane Sy, Traditionalisme mouride et modernisation rurale au Sénégal. Contribution à l’étude des rapports entre socialisme et islam en pays sous-développés, Paris, EPHE, 1965, 236 p. (Thèse de 3e cycle, publiée sous le titre La confrérie sénégalaise des Mourides. Un essai sur l’islam au Sénégal, Paris, Présence Africaine, Université de Paris, 1969, 353 p.
- Samba Sy, Le mouridisme à l'Université : essai sur l'association des étudiants mourides, Université de Dakar, 1984, 85 p. (Mémoire de Maîtrise)
Filmographie
- La Confrérie des Mourides est un film documentaire réalisé par Samba Félix Ndiaye en 1976.
Articles connexes
- Religions et croyances au Sénégal
- Confrérie du Sénégal
- Confréries soufies
Liens externes
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