Motet
Un motet (diminutif de « mot ») est une composition musicale apparue au XIIIe siècle, à une ou plusieurs voix, avec ou sans accompagnement musical, courte et écrite à partir d'un texte religieux ou profane.
Moyen Âge
Le motet est dérivé du procédé de l’organum, à l’origine de la polyphonie — l’une des bases de la musique occidentale.
XIIe et XIIIe siècles : Ars antiqua
Ce genre musical à deux voix atteignit son apogée à la fin du XIIe siècle, avec l’école de Notre-Dame-de-Paris et ses maîtres, Léonin et Pérotin. Le motet a remplacé le conduit — chant de procession — et résulte de l’ajout de paroles à l’organum.
La voix supérieure de l’organum — le cantus — devint de plus en plus ornementée et, vers 1240, on ajouta des parties supérieures qu’on appela « motet », latinisé en motetus, ce qui donna son nom à la composition. Pendant la deuxième moitié du XIIIe siècle, le motet devint la forme principale de la polyphonie en Europe. Au Moyen Âge, les motets étaient profanes ou religieux, composés en prose ou en vers, en latin ou en français et faisaient partie des pièces de fantaisie qui furent jouées dans les églises à côté du plain-chant traditionnel. Les pièces musicales des débuts de la polyphonie sont rares car l’écriture était difficile.
XIVe et XVe siècles : Ars nova
Au XIVe siècle, grâce à Philippe de Vitry, l’Ars nova — vers 1325 — a permis de codifier les hauteurs et les durées des notes. Les motets polyphoniques favorisaient alors la voix la plus élevée — le cantus —, et non plus la voix la plus grave — ténor. Avec les motets isorythmiques, plus mélodieux, Machaut introduisit une quatrième voix — dite contreteneur (contreténor ou haute-contre) — à une composition qui n’en comportait généralement que trois. Cela permit une plus grande expressivité — par exemple dans les motets de John Dunstable. Les derniers motets isorythmiques furent écrits par Guillaume Dufay au XVe siècle.
Renaissance
Au début du XVIe siècle, le motet s’enrichit grâce à Josquin Desprez et atteint son apogée avec Palestrina. Le nombre des voix était le plus souvent de quatre, mais pouvait atteindre six, huit, et même douze. À l'extrême, le motet Spem in alium de Thomas Tallis ne compte pas moins de 40 voix indépendantes. Les duos virtuoses du Magnificat du 3e ton de Roland de Lassus annoncèrent Giovanni Gabrieli et Claudio Monteverdi. Enrichis d’ornements vocaux, le motet se rapprocha de la cantate profane et de la musique dramatique. Le motet profane s’apparentait au lai, au madrigal et au rondeau, puis, devint une pièce de musique religieuse composée sur des textes latins ne concernant pas l’office — antienne, hymne, offertoire, psaume, répons.
Période baroque
En Italie, le motet engendra l’oratorio.
En France, le motet fut illustré, notamment, par Henry Du Mont et Pierre Robert, sous-maîtres de la Chapelle de Louis XIV ; sous l’égide de Louis XIV, Lully, puis Delalande, inaugurèrent le « grand motet » ou « motet à grand chœur », équivalent de l’antienne (anthem) des Anglais et de la cantate des Allemands. Lully composa le motet Plaude Laetare Gallia pour le baptême du Dauphin 1668. Le grand motet regroupait des morceaux variés sur un texte liturgique latin, pouvant être construits avec huit voix, instruments concertants, orchestre et basse continue. Exécuté chaque jour dans la Chapelle royale, le grand motet devint la pierre angulaire du répertoire du Concert Spirituel (1725). Le genre fut maintenu sous l’Empire par Jean Francois Le Sueur, à la chapelle des Tuileries. Parallèlement, les petits motets, à voix seule et basse continue, étaient joués dans les petites églises.
En Allemagne, Johann Sebastian Bach composa six grands motets vers 1730 : Singet dem Herrn ein neues Lied, Der Geist hilft unser Schwachheit auf, Jesu, meine Freude, Fürchte dich nicht, Komm, Jesu, komm !, Lobet den Herrn alle Heiden — BWV 225-230.
Le genre culmina au milieu du XVIIIe siècle avec les grands motets de Mondonville. Wolfgang Amadeus Mozart a écrit quelques motets très atypiques dont le plus connu reste son Exsultate, jubilate
Période romantique
À la fin du XIXe siècle, le renouveau de la musique religieuse a engendré des motets modernes tels ceux de la Schola Cantorum, ceux de Théodore Dubois ou du mystique Anton Bruckner.
Les principaux compositeurs de motets
- Guillaume de Machaut (1300-1375)
- Francesco Landini (ca. 1330-1397)
- John Dunstable (ca. 1390-1453)
- Gilles Binchois (ca. 1400-1460)
- Guillaume Dufay (ca. 1400-1474)
- Johannes Ockeghem (1420-1497)
- Josquin Desprez (ca. 1440-1521)
- Heinrich Isaac (ca. 1450-1517)
- Jean Mouton (ca. 1459-1522)
- John Taverner (ca. 1490-1545)
- Johannes Agricola (1494-1566)
- Thomas Tallis (1505-1585)
- Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594)
- Claude Lejeune (?1530-1600)
- Roland de Lassus (Orlando di Lasso) (1532-1594)
- William Byrd (1543-1623)
- Henry Du Mont (1610-1684)
- Pierre Robert (ca. 1625-1699)
- Jean-Baptiste Lully (1632-1687)
- Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)
- Michel-Richard Delalande (1657-1726)
- Alessandro Scarlatti (1660-1725)
- Henry Desmarest (1661-1741)
- Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
- Johann Sebastian Bach (1685-1750) : six motets
- Charles Levens (1689-1764)
- Laurent Belissen (1693-1762)
- Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772)
- Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
- Anton Bruckner (1824-1896)
- Théodore Dubois (1837-1924)
- Pierre Villette (1926-1998)
- Portail du baroque
- Portail de la musique classique
- Portail du catholicisme
- Portail du christianisme