Lettre sur l'humanisme
Lettre sur L'Humanisme Ueber den Humanismus | |
Auteur | Martin Heidegger |
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Genre | philosophie |
Traducteur | Roger Munier |
Éditeur | Aubier |
Collection | bilingue |
Pays d'origine | Allemagne |
Nombre de pages | 189 |
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La Lettre sur l'humanisme, Brief über den humanismus , est une œuvre assez courte, mais d'une redoutable difficulté d'interprétation de Martin Heidegger[1].
Pour espérer accéder à sa complexité et comprendre son importance majeure dans le parcours du philosophe, il faudrait la lire non seulement à l'aune des circonstances de sa rédaction, mais aussi, dans la perspective, que ne pouvaient soupçonner les contemporains, perspective qui a été ouverte par la publication en 1989 des traités impubliés, scellés depuis 1936, c'est-à-dire dans la perspective de l’Ereignis des Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis)[2]. Ce terme d’Ereignis, qui affleure à plusieurs reprises dans le texte couramment traduit par, « événement appropriant » (garder dans son essence, maintenir dans son élément), est depuis 1936, comme nous l'a appris la publication des traités, la nouvelle appellation cachée du déploiement de l'« être ».
Les commentaires directs sur cette Lettre sont en réalité peu nombreux[N 1], et encore moins nombreux ceux qui les ont fait dans l'éclairage qu'ont apporté la publication des traités « retenus » depuis 1936. C'est principalement à l'analyse de Gérard Guest dans ses conférences sur le site Paroles des Jours que nous nous référerons[3].
La Lettre se veut formellement une réponse de Martin Heidegger à Jean Beaufret (à qui l'on doit l'introduction de Heidegger en France) et date de 1946. La question de Beaufret, au sortir de la guerre, est la suivante : « Comment redonner un sens au mot Humanisme ? ». Heidegger ne se contente pas d'une réponse directe, il opère un détour complexe où affleurent bien des thèmes, qui restèrent incompris à la réception de la lettre, et dont la teneur ne sera explicitée qu'en 1989 avec la publications des traités retenus. Accessoirement, Heidegger semble avoir saisi l'occasion de répliquer au Sartre de « l'existentialisme est un humanisme » et de marquer ainsi sa différence[4].
Avec ce détour épistolaire Heidegger saisit l'occasion de situer l'homme par rapport à sa nouvelle pensée de l'Être et d'amener ses lecteurs à plonger leur regard « au cœur de ce qui est »[5]. Au cœur de ce qui est, et dont dépend l'être de l'homme, il y a l’Ereignis, le déploiement de cet événement méconnu par la Métaphysique, ses tours et détours, jusqu'à la possibilité du pire, selon l'expression de Gerard Guest dans ses conférences.
« Mit dem Heilen zumal esrscheint in der Lichtung des Seins das Böse. Avec l'Indemne tout ensemble apparaît dans l'éclaircie de l'Être, le mal »
— Heidegger, Lettre sur L'humanisme, Aubier, page 156
La Lettre sur l'humanisme qui intervient alors que les travaux et recherches qui la justifient sont encore cachés, est donc pour Heidegger l'occasion de faire quelques allusions sur l'état de ses réflexions, sur sa conception de l'essence de l'homme et sa compréhension de l'Être à travers la notion toute nouvelle d’Ereignis.
Le développement de la Lettre
Début de la Lettre
La Lettre commence par quelques considérations, de prime abord sans lien avec la question posée par Beaufret, sur la pensée le langage et l'Être, sauf que pensée et langage sont des attributs de l'homme et l'Être, nous le savons depuis Être et Temps, l'objet de sa préoccupation soucieuse du Dasein. Nous apprenons successivement, en suivant les pages référencées de l'édition bilingue de Roger Munier[1] :
- que le langage « est la maison de l'Être » (page 27).
- que la pensée serait moins un attribut de l'homme qu'une revendication de l'Être, qui vient de l'Être, à partir de l'Être, pour dire la vérité de l'Être (page 29).
- que la prétention scientifique de la philosophie se paie de l'abandon de l'essence de la pensée (page 31).
- que la logique reste une mesure inappropriée pour la pensée (page 31).
Corps de la Lettre
Ces considérations générales posées, Heidegger entreprend de répondre à la question « Comment redonner un sens au mot humanisme ? ».
- Heidegger (page 35), se demande d'abord, si, de telles étiquettes en « isme » sont encore utiles, sachant que les grecs les ignoraient. Ces étiquettes sont apparues lorsque la pensée est entrée, avec la métaphysique, en déclin. La techné a pris la place du désir, le langage sous l'empire de la subjectivité est devenu un moyen (page 39) de communication destiné à tomber sous la dictature du « On ».
- Avec le réveil de la « question de l'être », la réflexion sur l'essence du langage, qui n'est pour l'heure qu'un instrument de domination de l'étant doit être poussée plus avant (page 41 et 43).
- Si l'humanité de l'homme réside dans son essence, on doit se demander, à partir de quoi se détermine l'essence de l'homme. Marx voit cette essence dans la société, le chrétien dans son rapport à Dieu . Pour les romains, à la suite des grecs, l'essence de l'homme réside dans sa culture, c'est vers cet idéal que, périodiquement, tous les humanismes historiques successifs se sont retournés(page 49).
- Parce que tout humanisme, quel qu'il soit, s'inscrit dans une certaine conception de l'homme, du monde et de la nature, il relève toujours de la métaphysique ; il en est ainsi de l'homme défini comme « animal rationnel »(page 53) qui a été une détermination dominante que Être et Temps avait déjà remis en cause.
- La métaphysique n'interroge pas vraiment, ni l'essence de l'homme, ni l'essence de l'animal, ni celle de Dieu. Repoussée anthropologiquement vers l'animalité, même habillée d'un esprit ou d'une âme, l'essence de l'homme est appréciée trop pauvrement (page 57).
- C'est dans la revendication de l'Être, que l'homme est vu comme « ek-sistant »(page 57).
- « L'essence de l'homme repose dans son ek-sistence » (page 61), qui signifie « ektase » en vue de la vérité de l'Être (page 65).
- « Le langage est la venue éclaircissante et célante de l'être lui même » (page 65).
- La manière selon laquelle l'homme dans sa propre essence est présent à l' être est l'instance extatique dans la vérité de l'être (page 75).
- L'homme est cet « être-jeté », dans la vérité de l'être, pour qu'en « eksistant » l'étant apparaisse comme l'étant qu'il est(page 77).
- La question de l' être n'est absolument pas une question qui porte « sur l'être » (page 79).
- Selon son essence, le langage est la « maison de l' être », advenue par lui et sur lui ajointé (page 85).
- Heidegger poursuit sur une interprétation d'une parole de Parménide ; « il « est en effet être », esti gar einai , qui ne serait pas encore pensé en son fond aujourd'hui encore, par des considérations complexes sur la « dimension » de l'« ek-statique » (pagede 89).
- l'être ne peut être pensé à partir de l'étant car il est l'éclaircie même (pagede 95).
- Dans l'éclaircie du « là », comme envoi de l' être, pensée à la manière d' Hölderlin, une telle éclaircie s'appelle « patrie », ce mot est à prendre dans un tout autre sens que le sens nationaliste, elle est le lieu, la dimension au sens métaphysique dans laquelle l'homme habite(page 97).
- Ici pour la première fois, Heidegger parle de dieux qui se refusent ; de dieux enfuis, de dieux furtifs que l'on retrouvera dans les Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis), (page 99).
- Marx, libèré des interprétations naïves du matérialisme, et compris métaphysiquement, notamment sous le règne de la Technique et de la volonté de puissance, atteint avec son concept d'aliénation, une dimension essentielle de l'histoire (page 103).
- L'échec d' Être et Temps, l'impossibilité de dire le simple (pages 111-113)
- La thèse célèbre « l'homme est le berger de l'être » ( der Hirt des Seins), intervient ici (page 109).
- Parce que l'être fait advenir l'homme comme celui qui « ek-siste » pour la vérité de l'être, l'essence de l'homme devient, en contrepartie, essentielle pour la vérité de l'être (page 119).
La pensée à venir
Une pensée qui se cherche, une pensée à venir selon l'expression de Françoise Dastur[6]
- Parce que cette pensée est contre tous les types d'humanismes antérieurs, contre la Logique, contre les valeurs, contre les opinions courantes, est-elle pour autant inhumaine, barbare ou nihiliste, comme on l'accuse, s'interroge Heidegger dans les (pages 121 à 131) ?
- Heidegger fait le constat, que l'irrationnalisme règne paradoxalement en maître dans la défense d'une « logique » qui croit pouvoir esquiver toute méditation sur le Logos, c'est-à-dire sur son origine (page 129).
- Dans la détermination de l'homme comme «être-au-monde», le monde n'est rien d'étant, mais ouverture de l'Être. L'homme n'est qu'en étant « ek-sistant » (page 131).
- Cette détermination de l'homme, comme «être-au-monde», est indifférente à la transcendance, c'est-à-dire, à la question de l'existence ou à de la non existence de Dieu ; elle est ni théiste, ni athée (page 133).
- La vérité ne sera plus une détermination du Dasein mais devient une détermination de l' être en tant que tel, désormais pensée comme domaine de l'ouvert, comme Alètheia pour laquelle Heidegger donne comme traduction Unverborgenheit, non occultation[7] .
- Où la dimension du Sacré, que seule permet d'approcher la vérité de l'Être, est invoquée pour traiter des dieux qui avancent ou se retirent que l'on reverra dans les Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis), sous la thématique du « dernier dieu » (page 137).
- Quant à la possibilité d'une éthique, si Heidegger en rejette la conception traditionnelle, qui en fait une discipline à côté de la logique et de la physique, il n'en reconnaît pas moins la nécessité (page 141).
- Faisant référence à une anecdote rapportée par Aristote au sujet d'Héraclite, assis en toute simplicité devant le four de son foyer, qui aurait déclaré à ses visiteurs étonnés « ici aussi les dieux sont présents » ; dans le séjour le plus familier la présence des dieux introduit mystère et incertitude selon l'interprétation qu'en donne Heidegger (page 149).
- Si le terme « Éthique » au sens grec désigne le séjour le plus simple de l'homme et non la loi morale, alors l'« ek-sistence » est déjà en elle-même l'éthique originelle (page 151).
- L'ontologie qui pense l'être de l'étant, réduit l'être au concept et de ce fait ne pense pas la vérité de l'Être (page 153).
- La pensée travaille à construire la « maison » de l'Être (page 155).
- Toutefois ce n'est qu'à partir de la vérité de l'Être, pensée en ce qu'elle est, que nous pourrons un jour penser ce qu'est une « maison » (page 157).
Pensées ultimes de la Lettre
- Apparition de la question du mal et du néant en l'Être (voir « le danger en l'Être ») dans les Beitrage (page 157).
- Le « néantiser »(la puissance de ..), se déploie au sein de l'Être lui-même et non pas seulement dans ou à partir de la subjectivité humaine (page 161).
Une tentative d'interprétation de la Lettre
Heidegger saisit l'occasion de cette Lettre de 1946 pour résumer, et corriger là où une mauvaise interprétation le rendait nécessaire, sa pensée à l'intention d'un interlocuteur bienveillant (Jean Beaufret) ainsi que, le « tournant » qui s'y était plus ou moins souterrainement produit depuis Être et Temps. On discerne au fil du texte, une sévère mise en cause de la métaphysique, le rejet de tous les humanismes qui l'ont précédé et les éléments d'un nouveau départ de la pensée qui constitueront le Tournant.
La mise en cause de la métaphysique
Cette mise en cause est menée selon quatre axes principaux :
Une nouvelle vision de la question du monde
La thèse métaphysique traditionnelle, qui fait du monde le nom d'une région de l'étant, du terrestre par rapport au céleste, ou du mondain par rapport au spirituel (page 131), ne permet pas d'accueillir un « être-au-monde » qui se tient extatiquement dans l'ouverture de l'être[8].
Une thèse quant à l'être de la langue
Avec le réveil de la question de l'Être, la réflexion sur l' « être » du langage, qui n'est pour l'heure qu'un instrument de communication et de domination de l'étant, demande à être poussée plus loin (page 41 et 43).« Le langage est la venue à la fois éclaircissante et celante de l'Être lui-même », nous dit Heidegger[9]. L'homme n'est pas un vivant qui en plus possèderait le langage selon la définition courante. Selon son « être », au sens du mot allemand Wesen, le langage est par lui-même, déploiement, avènement dans l'éclaircie. Le langage devient la « maison de l'Être », en laquelle l'homme habite et en laquelle il sauvegarde son « ek-sistence »[10],[11]. De fait, constate Heidegger, la dévastation du langage s'étend partout avec rapidité en raison d'une mise en danger de l'essence de l'homme, qu'aucun soin attentif ne pourra pallier[12].
Que la vérité n'est pas le fruit de la logique
La Lettre (page 31 et sq) considère la Logique, qui dérive d'une interprétation technique de la pensée, mise au service du faire et du produire, et ceci à partir de Platon et d'Aristote, comme une mesure inappropriée à la pensée[13]. Il ne faut voir dans la logique qu'une invention de maîtres d'école qui signe le déclin de la pensée ce qui se voit confirmé par les définitions traditionnelles de la logique comme organon ou canon[14].
Un nouveau rapport de l'Être et du Temps
Le penser du rapport de l'Être et du Temps qui se fondait sur le Dasein à la recherche d'une unité transcendantale du sens de l'être a échoué (Lettre page 111) et doit être remplacée par celle d'une « vérité de l'être » en laquelle le Dasein se tient et à laquelle il doit correspondre[7]
Le rejet de tous les humanismes
Jusqu'ici sous le règne de la métaphysique, toutes les définitions de l'homme que ce soit animal raisonnable, être de culture, membre, de la communauté humaine, être politique, appartenance à un peuple à une race, définitions chrétiennes, marxistes, biologiques etc.. qui enferment les possibilités infinies de l'existence humaine dans un carcan de représentations et de valeurs sont des formes d'humanisme d'origine platonicienne à rejeter[15]. Dans sa Lettre, Heidegger va même jusqu'à disqualifier le reste d'essentialisme que contient le petit écrit de Sartre, L'existentialisme est un humanisme pour préférer, devant l'impossibilité de définir l'homme, user de belles métaphores « passeur d'infini », « être des lointains », « berger de l'être ».
- Pour Heidegger, la Métaphysique autrement dit la philosophie de son temps ne pense pas vraiment l’humanitas de l'homme, même quand elle fait de la raison sa différence spécifique avec l'animal[16]. « Toutes les formes connues de l'humanisme (chrétien, marxiste, sartrien, personnaliste) s'accordent sur ce point que l'humanitas est interprété à partir d'une interprétation déjà fixe de la nature, du monde, du fondement du monde »[17].
- Considéré comme un étant parmi d'autres étants, l'essence de l'homme (l'homme du cogito), que développe la métaphysique, est appréciée « trop pauvrement », il faut sauvegarder l'idée d'une provenance plus haute, une provenance essentielle qu'apportera, selon Heidegger, une détermination de l'humanité de l'homme comme « ek-sistence », dans sa dimension extatique auprès de l'Être[18]. De plus l'humanisme depuis Platon incarne l'idée, néfaste pour Heidegger, du règne où l'homme devient le point de mire de la nature ainsi que de la totalité de l'étant et s'en assure la maîtrise[19].
- Dans cette optique, la Lettre met en garde contre une lecture subjective du Dasein, qui doit être compris, non comme un sujet mais à partir de la relation extatique à la clairière de l'être[20]. Ici note Heidegger « tout se retourne », c'est la Kehre, le Tournant dans la pensée qui a fait l'objet de multiples interprétations (reniement, retournement, voire oppoortunisme chez ses détracteurs)[N 2]
- Par ailleurs, la Lettre souligne expressément l'impuissance de la langue métaphysique à exprimer la nouvelle pensée.
- L'humanisme de Heidegger ne peut plus être celui d'origine anthropologique, celui d'un homme uniquement pensé par rapport à lui-même, mais de façon plus radicale et décisive encore, dans son rapport à l'Être et au monde ; l'humanisme du Dasein[21].
Le Tournant dans la Lettre
La première apparition publique de l'idée de Tournant dans la pensée de Heidegger se trouve dans la Lettre sur l'humanisme[22],[N 3] Avec la Lettre, des formules, nouvelles, propres à frapper les esprits vont être utilisées pour la première fois, comme :
- « l'homme est le berger de l'Être » ou « l'essence de l'homme n'est rien d'humain », et aussi« le langage est la maison de l'Être », et d'autres encore, à travers lesquelles un profil nouveau de l'homme va se dessiner qui va trancher sur l'humanisme ambiant, celui de Karl Jaspers comme celui tout différent de Jean-Paul Sartre[23], infléchir la compréhension du Dasein que l'on aurait pu retirer d'une lecture superficielle de Être et Temps, ainsi qu'un nouveau cours à la question de l'Être.
Le dépassement de l'ontologie fondamentale
Ce dépassement implique un retour critique sur Être et Temps, avec une réinterprétation du concept d'existence que Heidegger effectue à plusieurs reprises par touches successives dans le cours de la Lettre[24].
L'abandon du concept d'« ontologie fondamentale »
- L'effacement de l'homme, sa soumission au règne de l' Être interdit dorénavant de donner au Dasein le rôle de fondement, au sens d'un « construire sur », qui lui avait été attribué dans Être et Temps, note Pierre Caye[25], qui va conduire à l'abandon définitif de l'expression « ontologie fondamentale » dans l'œuvre ultérieure.
- Avec le Tournant, Die Kehre, la pensée est en train d'abandonner la subjectivité note Jean Grondin[26].
- Si dans Être et Temps l'accent est mis sur le « Sein » de Dasein, avec le Tournant, c'est au contraire le « Da », c'est-à-dire l'expérience spatio-temporelle qui prime[27].
- Pierre Caye dans sa contribution, va jusqu'à assimiler l' « être-là », le Dasein, privé de son rôle de fondement, à une copule qui articule, et n'advient elle-même, à l'être, que par et dans son opération d'articulation[27]. À noter que pour lui, loin de dévaloriser la place de l'homme la copule qui articule, la constellation de l'Être, soit des dieux, de la terre et du ciel, va lui donner une place sur-éminente.
- Au bout du chemin l'homme ne peut plus être saisi dans la métaphysique c'est-à-dire « comme un vivant au milieu d'autres étants, mais commune possibilité, comme un étant qui n'existe pas mais a « à être » »[28].
Le nouveau statut de l'homme
- L'homme garde pour autant un statut privilégié, car sans lui, même pour un Dasein, sans feu ni lieu, « l'ouverture de l'Être », « l'Être comme ouverture », « le don de l'Être », autrement dit, l'articulation de la constellation, n'auraient aucun sens. L'Être n'advient, ne se destine que dans le « là », que l'homme assume dans « l'ek-sistence »[29].
- Gerard Guest, en introduction de sa conférence consacrée à la Lettre, souligne le glissement de la notion d'ouverture du Dasein vers celle d'éclaircie de l'Être[30].
- On assiste aussi, dans la Lettre, à un glissement du concept d'existence, qui n'est plus seulement l'étant extatique centré sur le « monde du Soi » d'Être et Temps, vers un être « ek-sistent »[N 4], hors de soi, qui devient le « là » (le lieu, le topos) de l'éclaircie de l'Être (page 61). Quelques pages plus loin (pages 131-132) Heidegger précise le monde de l' être-au-monde « devient l'éclaircie de l'être dans laquelle l'homme émerge du sein de son essence jetée »[31].
- Dans son contenu, « ek-sistence » signifie exposition, « ek-tase », en vue de la vérité de l'Être[32],[31]. Du statut de configurateur de monde, plus ou moins teinté de subjectivisme dans Être et Temps, le Dasein devient collaborateur de l'Être[31].
- Exposé à l'Être, l'homme est au surplus, comme il est dit à plusieurs reprises dans le texte, « revendiqué par l'Être » selon la remarque de Danielle Moyse[33],[N 5].
- Pour Gerard Guest, le Dasein « ek-sistant », qui « donne lieu à ouverture », à l' « Il y a », parle naturellement d'un lieu qui est celui du « là » du Dasein mais il présente aussi, un « caractère d'événementialité » qui fait signe vers l Ereignis des Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis)[30].
Une étrange sorte d'humanisme
« Ein Humanismus seltsamer Art », c'est l'expression que Heidegger lui-même utilise note Jean-François Marquet[34] pour décrire sa propre position quant à la question de l'homme. Face à l'Être évoqué dans toute sa dimension, l'homme se présentait sous un profil nouveau qui tranchait sur l'humanisme ambiant de Jaspers et de Sartre[35]. Pour Heidegger « ce que l'on appelle traditionnellement humanisme, n'est que le masque de l'éternelle perpétuation de l'animalité à travers l'acculturation intellectuelle, l'éducation morale et la libération politique de l'homme » écrit Pierre Caye[36].
La radicalisation de la Finitude
C'est à travers le thème de la « Finitude » que prend corps ce que l'on a appelé l'anti-humanisme heideggerien. Déjà, au moment de la La controverse de Davos de 1929, Heidegger s'était appliqué, contre le néo-kantien Ernst Cassirer, à disqualifier un certain humanisme qui, à travers les œuvres de l'esprit prétendait transcender, contre la vision de Kant lui-même, la Finitude[37]. Avec l'angoisse, la déchéance, la mort, la Finitude, sans être expressément nommée, joue dans Être et Temps un rôle de premier plan[38], au point que c'est grâce à elle, selon Hans-Georg Gadamer que pourront seulement être compris tous les modes dérivés de la métaphysique classique le Monde, le Temps, l'Objectivité, le Sujet[39]. L'assomption de notre propre mort, et non plus l'intellect[25] , va devenir pour l'étant que nous sommes, le véritable critère de partage entre l'homme et l'animal. En reconnaissant le pouvoir de la mort sur nous, nous reconnaissons que nous ne sommes pas à l'origine de notre « être-au-monde », que nous ne sommes pas les maîtres de l'être et donc pas des « sujets »[40].
Toutefois, Jean Grondin[41], note que la très grande importance accordée à la Finitude allait remettre en question « in fine », les ambitions même d'Être et Temps, qui dans sa recherche d'un sens unitaire de l'Être, croyait encore pouvoir s'en emparer par la clarté du concept[42]. S'enquérir du sens de l'Être, c'est encore entretenir une visée que la Finitude, poussée jusqu'à ses limites, ne peut que fragiliser et avec elle tout l'échafaudage d 'Être et Temps.
La Lettre intervient dans cet espace où la dynamique de la Finitude entraîne le recul de la problématique du sens de l'Être au profit de celle de la vérité de l'Être qui se donne ou se dissimule selon sa propre loi. Les critiques acerbes contenues dans la Lettre à l'encontre des prétentions de la Logique et celles à l'égard de la dégénérescence du langage en sont l'expression (page 39)[43] .
L'homme sans chez soi et sans substance
Par son « extaticité », l'homme de la Lettre se trouve privé de toute substance il n'est même plus fondement comme l'était encore le Dasein de Être et Temps et son Je qu'une décision arbitraire[44]. Il ne se tient en lui-même, qu'en tant que « surgissant extatiquement dans la vérité de l'Être », ce qui revient à introduire une espèce de Transcendance que Derrida reprochera à Heidegger[45].
C'est à deux occasions que la Lettre fait état de l'absence de « chez soi ».
- Heidegger à la suite Hölderlin, appelle « patrie » la proximité de l'Être qui est en même temps le « là » de « l'être-là », ce que le mouvement de retrait de l'être, perceptible notamment, dans l'usure de la langue conduit à penser comme une situation d'« absence de patrie »
- La Lettre donne l'occasion à Heidegger, en reprenant un « dire » de Héraclite, [fragment èthos anthropô daimôn] de revenir sur l'une des thèses les plus obscures d’Être et Temps, celle qui affirme que la familiarité est un mode de l'étrangeté, de l'Unheimlichkeit au sens où le Dasein ne trouve jamais son chez soi et que le « ne pas être chez soi » appartient essentiellement à son être au monde[46],[47]. Ce qui est rapporté d’Héraclite c'est son dire sur la présence du divin, y compris au séjour le plus familier de l'homme, c'est-à-dire selon l'interprétation de Heidegger que, là aussi, il y a de l'insolite et de la déchirure dont l'homme ne peut absolument pas se défaire et qui empêche à jamais la vie de jouir en toute quiétude d'elle-même. La pensée qui pense ainsi le séjour inquiét de l'homme comme errance et ouverture à l'étrangeté est la vérité de l'Éthique; l'homme ne peut constitutivement se renfermer sur lui-même.
Mais ce n'est qu'après la publication des « traités impubliés », en 1989, et notamment des Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis) que la dimension proprement révolutionnaire de la Lettre a été perçue[48].
La Lettre inaugure un humanisme de l'habiter
Paradoxalement ce n'est donc pas dans la Lettre sur L'humanisme qu'il faut chercher la position ultime de Heidegger sur la question de l'homme, qui inaugure un humanisme de l'« habiter », dans une espèce de retour à l'éthos (ἦθος) grec, contre un humanisme traditionnel de l'« essence », ou de l'homme pensé comme sujet[49]. L'expression Das Wesen des Menchen apparaissant à plusieurs reprises dans le cours de la Lettre, plutôt que d'être traduite par essence de l'homme, comme le fait encore Roger Munier, doit être prise au sens propre du vieil allemand qui fait signe vers l'« habiter » et le « séjour de l'homme », comme nous l'apprendra un autre cours[50]. La parole va être considérée comme l'élément, le propre de l'« habiter » de l'homme, et le langage sa « maison ».
Le renouvellement de la question de l'être
De la Lichtung à l'éclaircie de l'être
L'homme est « projet-jeté » dans l'existence, il lui revient d'y donner sens à la mesure du don qui lui est fait de l'éclaircie Lichtung de l'Être. L'Être, qui est l'éclaircie elle-même, y arrive à l'homme et rend possible l'éclaircie (ouverture dans Être et Temps) de l'être-le-Là (voir Dasein) de l'y approprier, l'appropriement étant l'autre nom de l'Ereignis dans les Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis), que les lecteurs de 1946 ne pouvaient pas connaitre.
La coappartenance de la pensée et de l' être
La Pensée qui est toujours pensée de l'être, à partir de l'être, n'est pas la chose exclusive de l'homme[51]. La pensée est impliquée dans un événement qui la précède, un événement qui la rend possible, le déploiement de l'être. L'être fait arriver le penser, il n'en est pas seulement l'origine. Il le fait arriver et se déployer par le langage, le langage est le langage de l'Être, et pas seulement la poésie. L'Être fait arriver le penser à l'homme par le langage et corrélativement, le penser par le langage est l'advenue de l'Être[52].lEtre et la pensée sont dans une relation dite amoureuse, et cet Amour, qui survient à la relation (qui n'est, du coup, plus l'essentiel), est ce qui détermine le « déroulement» de cette relation.
Du Dasein au « berger de l'être »
La perspective qui faisait du Dasein un véritable configurateur de Monde change progressivement après Être et Temps; l'homme perd ce qui lui restait de caractère auto-centré pour devenir, dans son Dasein, le lieu où peut se déployer l'événement de l'être : l'Ereignis; il se fait « gardien de la vérité de l'être »[53],[54]. Mais berger n'est pas passivité, l'homme redevenu « mortel » dans la langue du philosophe, comme l'expose Françoise Dastur[55], participe dans une relation de réciprocité essentielle avec l'être. L'homme n'est dorénavant plus compris comme le « fondement-jeté » de l'éclaircie (Être et Temps), mais comme celui qui se tient en elle et qui lui est redevable de son propre être[56]
Cette dépendance inversée de l'homme à l'être est exacerbée et portée à son point le plus extrême avec la thèse que l'homme est par essence Unheimlich, sans abri et sans foyer, livré sans défense aux turbulences de l'être, thèse que Heidegger retire de la lecture des tragédies de Sophocle, notamment d'Œdipe roi, interprétation qui sera reprise avec force dans la Lettre.
L'histoire de l'être
Alors que pour Hegel il y a aussi une méta-Histoire de l'être, ou Esprit[57], il n'y a pas chez Heidegger dévoilement progressif de l'Idée mais une libre et imprévisible suite d'époques ou d'éclipses. Il arrive que l'être présente un visage tout à fait inattendu. Le Nihilisme du XIXe siècle et XXe siècle en est une manière de dispensiation de l'Être inconnue jusqu'alors[58].
L'affleurement de l' Ereignis dans la Lettre
La lettre parle en outre, à ses premiers lecteurs, une langue obscure, Dominique Janicaud[59] parle de Palimpseste, dont on comprendra, plus tard, qu'elle laisse « affleurer » au moins à cinq reprises le thème même de l'Ereignis, c'est-à-dire le thème de l'Evènement de l'advenue de l'Être, qui est secrètement l'axe caché autour duquel tournent tous les traités, alors encore impubliés, et notamment du second maître livre de l'auteur, les Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis) encore scellés à l'époque de la publication de la Lettre sur l'humanisme.
Influence de la Lettre sur l'humanisme
La Lettre sur l'humanisme n'a eu véritablement d'influence, notamment en France, qu'après sa traduction par Roger Munier soit avec un retard de onze ans sur la publication du texte allemand Uber den Humanismus, Brief an Jean Beaufret, à Berne en 1947. Lacan, Foucault, Althusser et même Derrida, pour ne citer qu'eux, ont bien souvent pris appui, directement ou d'une manière allusive sur la Lettre sur l'humanisme, pour alimenter, ou soutenir leurs propres critiques du concept d'humanisme et du rôle de la subjectivité, mais en déplaçant en leur faveur (c'est-à-dire dans un sens plus ou moins structuraliste ou déconstructionniste) le propos heideggerien[60].
Parce que cette Lettre formule la thèse que l'humanisme ne situe pas assez haut l' humanitas de l'homme, elle a été lue depuis l'origine comme un pamphlet anti-humaniste[61], alors que l'intention de l'auteur est de porter plus haut encore que ne l'a jamais fait aucune autre espèce d'humanisme, l'être de l'homme qui « reste entièrement à penser »[62].
Références
- 1 2 Martin Heidegger, Lettre sur l'humanisme, trad. franç. de Über den Humanismus par Roger Munier, Paris, Éditions Montaigne, 1957, 189 p. (texte suivi d'une Lettre à Monsieur Beaufret, de l'auteur, datée du 23 novembre 1945, en allemand avec traduction française).
- ↑ écouter Gérard Guest dans Parole des Jours 13 séance http://parolesdesjours.free.fr/seminaire13.htm
- ↑ Conférences de Gérard Guest http://parolesdesjours.free.fr/sommaire_seminaire.htm
- ↑ Dominique Jannicaud Heidegger en France Pluriel 2005 page 115
- ↑ Gerard Guest Séminaire de Paroles des jours quatorzième séance du 11/2009 vidéo no 4: http://parolesdesjours.free.fr/seminaire14.htm
- ↑ Dastur 2011
- 1 2 Françoise Dastur Heidegger Espace, Lieu, Habitation dans Heidegger. Qu'appelle-t-on le Lieu? Les Temps Modernes n 650 juillet-octobre 2008 page 149
- ↑ Dastur 2011, p. 28
- ↑ Lettre sur l'humanisme, p. 65
- ↑ Lettre sur l'humanisme, p. 84-85
- ↑ Gerard Guest Séminaire de Paroles des jours quinzième séance du 01/2010 vidéo n14:http://parolesdesjours.free.fr/seminaire15.htm
- ↑ Lettre sur l'humanisme, p. 41
- ↑ Dastur 2007, p. 131 et 144
- ↑ Dastur 2007, p. 131
- ↑ Pierre Aubenque contribution citée page 232
- ↑ Dastur 2011, p. 91
- ↑ Lettre sur l'Humanisme Aubier page 51
- ↑ Luca Salza Et si la nature devenait le nom de l'Être ? Giordano Bruno versus Martin Heidegger dans Heidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 page 95
- ↑ Jean Grondin Le tournant dans la pensée de Martin Heidegger Epiméthée PUF 1987 page 18
- ↑ Jean Grondinibid 1987 page 19
- ↑ Pierre Caye Destruction de la Metaphysique et accomplissement de l'homme Heidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 page 158
- ↑ Jean Grondin Le tournant dans la pensée de Martin Heidegger Epiméthée PUF 1987 page 16
- ↑ Heidegger et la question de l'Humanisme collectif sous la direction de Bruno Pinchard Avant propos Themis PUF 2005 page 10
- ↑ Gerard Guest Séminaire sur Heidegger Paroles des Jours 23/01/2010 15e séance http://parolesdesjours.free.fr/seminaire15.htm
- 1 2 Pierre Caye Destruction de la Metaphysique et accomplissement de l'homme dans Heidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 page 160
- ↑ Jean Grondin Le tournant dans la pensée de Martin Heidegger op cité page 94
- 1 2 Pierre Caye ibid 2005 page 161
- ↑ Dastur 2011, p. 91
- ↑ Préface Roger Munier Martin Heidegger, Lettre sur l'humanisme, trad. franç. de Über den Humanismus par Roger Munier, Paris, Éditions Montaigne, 1957, 189 p. (texte suivi d'une Lettre à Monsieur Beaufret, de l'auteur, datée du 23 novemeidegger bre 1945, en allemand avec traduction française
- 1 2 Gerard Guest conférence citée
- 1 2 3 Dastur 2011, p. 92
- ↑ Lettre sur L'humanisme éd Aubier page 65
- ↑ Danielle Moyse à la rencontre de Martin Heidegger sous la direction de Alexis Lavis OXUS littérature 06/2013 page 28
- ↑ Jean-François MarquetUne étrange sorte d'humanisme dans Heidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 page 257à266
- ↑ Roger Munier Avant popos Heidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 page 10
- ↑ Destruction de la métaphysique et accomplissement de l'homme, p. 159
- ↑ Pierre Aubenque Du débat de Davos(1929) à la querelle parisienne sur l'humanisme (1946-1968) : genèse, raisons et postérité de l'anti-humanisme heideggérien dans Heidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 page229
- ↑ Jean Grondin op cité 1987 page 87
- ↑ Hans-Georg Gadamer Les Chemins de Heidegger Textes Philosophiques VRIN 2002 page 151
- ↑ Dastur 2011, p. 93
- ↑ Jean Grondin op cité 1987 page 92
- ↑ Jean Grondin op cité page 95
- ↑ Voir Grondin op cité chapitre intitulé Le tournant dans l'être page 101 à 117
- ↑ Pierre Aubenque dans Heidegger et la question de l'humanisme op cité page 234
- ↑ Pierre Aubenque page 235
- ↑ Dastur 2011, p. 129
- ↑ Lettre sur l'humanisme p. 145 et sq
- ↑ Gerard Guest Séminaire Paroles des Jours, séance 11 de 02/2009 http://parolesdesjours.free.fr/seminaire11.htm vidéos 4 à 9
- ↑ Jean-François Marquet Une étrange sorte d'humanisme dans Heidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 page 257à266
- ↑ Jean-François Marquet Une étrange sorte d'humanisme op cié page 258
- ↑ Lettre sur l'humanisme pages 34-35
- ↑ Gerard Guest Séminaire de Paroles des jours quinzième séance du 01/2010 vidéo n12:http://parolesdesjours.free.fr/seminaire15.htm
- ↑ Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis).
- ↑ Gourdain 2010, p. 90.
- ↑ Dastur 2011, p. 92-93.
- ↑ Dastur 2011, p. 62
- ↑ Lettre sur L'humanisme éd Aubier page 88-89
- ↑ Gerard Guest Séminaire de Paroles des jours quinzième séance du 01/2010 vidéo no 15:http://parolesdesjours.free.fr/seminaire15.htm
- ↑ Dominique JanicaudDu bon usage de la Lettre sur l'humanisme à Heidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 page 223
- ↑ Dominique JanicaudDu bon usage de la Lettre sur l'humanisme à Heidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 page 222
- ↑ Pascal David Heidegger et la Récusation de la question Quid est Homo ? dansHeidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 page 304
- ↑ Pascal David op cité 2005 page 305
Notes
- ↑ Lire particulièrement l'avant propos riche et dense de Roger Munier traducteur de la Lettre sur l'humanisme, Roger Munier,Lettre sur l'Humanisme ibid Aubier 1970 page 7 à 21
- ↑ Une étude fouillée, accessible sur le Net de Olivier Huot-Beaulieu expose la compréhension que Hannah Arendt avait de ce Tournant voir Nietzsche et le Tournant dans la pensée de Martin Heidegger ; Examen d'une thèse de Hannah Arendt- Olivier Huot-Beaulieu http://www.academia.edu/784608/Nietzsche_et_le_tournant_dans_la_pensee_de_Martin_Heidegger_Examen_dune_these_de_Hannah_Arendt
- ↑ « Ici tout se retourne. La section en question (de Être et Temps) ne fut pas publiée parce que la pensée échoua dans l'énonciation suffisante de ce tournant et n'en vint pas à bout à l'aide de la langue de la métaphysique...Ce tournant n'est pas une modification du point de vue de Être et Temps, mais en lui seulement la pensée qui s'essayaitparvient à la localité de la dimension à partir de laquelle Être et Temps est éprouvé, et justement éprouvé à partir de l'expérience fondamentale de l'oubli de l'être. »Lettre sur l'humanisme op cité page 69
- ↑ « L'existence, qui désignait dans Être et temps, l'être du Dasein en tant que celui-ci se rapporte à lui-même, s'écrit maintenant ek-sistence et signifie le rapport du Dasein non plus à soi-même mais à l'ouvert, l'exposition à la désoccultation de l'étant comme tel » Dastur 2011, p. 61-62
- ↑ « La métaphysique se ferme à la simple notion essentielle que l'homme ne se déploie dans son essence qu'en tant qu'il est revendiqué par l'Être. C'est seulement à partir de cette revendicationation qu'il a trouvé cela même où son essence habite »cité par Danielle Moyse op cité page 28
Liens externes
- François Fédier 26 cours de François Fédier donnés en classe de Khâgne au Lycée Pasteur de Neuilly-Sur-Seine entre octobre 2000 et juin 2001 : Lettre sur l’humanisme de Martin Heidegger.http://www.philosophies.tv/evenements.php?id=614
- Gerard Guest Séminaire sur Heidegger Paroles des Jours 23/01/2010 15e séance http://parolesdesjours.free.fr/seminaire15.htm
Bibliographie
- Martin Heidegger (trad. Roger Munier), Lettre sur l'humanisme-Über den Humanismus, Paris, Aubier éditions Montaigne, coll. « bilingue », , 189 p. (texte suivi d'une Lettre à Monsieur Beaufret, de l'auteur, datée du 23 novembre 1945, en allemand avec traduction française).
- Bruno Pinchard (dir.), Heidegger et la question de l'humanisme : Faits, concepts, débats, Paris, PUF, coll. « Themis philosophie », , 388 p. (ISBN 2 13 054784 2)
- Pierre Caye, « Destruction de la métaphysique et accomplissement de l'homme (Heidegger et Nietzsche) : Faits, concepts, débats », dans Bruno Pinchard(dir.), Heidegger et la question de l'humanisme, Paris, PUF, coll. « Themis philosophie »,
- Dominique Janicaud Du bon usage de la Lettre sur l'humanisme dans Heidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 isbn 2130547842.
- Pierre Aubenque Du débat de Davos(1929) à la querelle parisienne sur l'humanisme (1946-1968) : genèse, raisons et postérité de l'anti-humanisme heideggérien dans Heidegger et la question de l'humanisme Faits, concepts débat direction Bruno Pinchard Themis Philosophie PUF 2005 isbn 2130547842.
- Françoise Dastur, Heidegger et la pensée à venir, Paris, Vrin, coll. « Problèmes et Controverses »,
- Françoise Dastur, « La question de l'être de l'homme dans l’Introduction à la métaphysique », dans Jean-François Courtine (dir.), L'Introduction à la métaphysique de Heidegger, Paris, Vrin, coll. « Études et Commentaires », , 240 p. (ISBN 978-2-7116-1934-4), p. 213-234
- Jean Grondin Le tournant dans la pensée de Martin Heidegger Epiméthée PUF 1987
- Danielle Moyse à la rencontre de Martin Heidegger sous la direction de Alexis Lavis OXUS littérature 06/2013
- Sylvaine Gourdain, « Heidegger et le « Dieu à venir » : s'il y a être pourquoi dieu? », Klêsis-Revue philosophique, no 15 « Später Heidegger », , p. 89-103 (lire en ligne)
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