Jean-Denis Barbié du Bocage
Jean-Denis Barbié, dit Barbié du Bocage[1] , né le à Paris et mort dans cette ville le , est un géographe et cartographe français.
Biographie
D'une famille originaire de Normandie, orphelin de père dès l'âge de 9 ans, il fit ses études au collège Mazarin et travailla quelque temps dans l'étude d'un procureur où l'avait dirigé sa mère, avant de devenir, en 1777, l'unique élève de Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville (1697-1782), premier géographe du Roi, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1754) et de l'Académie des sciences (1773), qui le forma à la géographie.
En 1780, âgé de 20 ans, il débuta comme attaché au ministère des affaires étrangères puis, à partir de 1785, attaché au Cabinet des médailles de la Bibliothèque du roi alors dirigé par l'abbé Barthélémy, avant d'être chargé en 1792 de la partie géographie de la même bibliothèque, dont il fut chassé sous la Terreur, emprisonné comme suspect.
Sous le Directoire, en 1797, il est nommé membre du conseil de géographie du bureau du cadastre du ministère de l'intérieur. Sous le Consulat, en 1802, il est chargé au ministère de la guerre de divers travaux géographiques, dont la carte de Morée (Péloponnèse). De 1803 à 1809, il fut ensuite géographe du ministère des relations extérieures dirigé par Talleyrand jusqu'en 1807 dont il fut le chef du dépôt de géographie, puis devint le premier professeur de géographie de la Faculté de lettres de Paris de 1809 à 1825, devenant doyen de la Sorbonne en 1815 à la suite de Pierre-Paul Royer-Collardet. Il enseigna également à l'école normale.
Il fut en outre membre de l'Institut de France : sous le Premier Empire, il fut élu, le 7 novembre 1806 contre l’helléniste J. B. Gail, membre ordinaire de la Classe d'Histoire et de Littérature ancienne, en remplacement de l'abbé Louis-Pierre Anquetil-Duperron (1723-1806), historien. À cette occasion, Talleyrand salue la "justesse de son esprit" et "l'étendue de ses connaissances". Il est maintenu au moment de la seconde Restauration et nommé membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres reconstituée par l'ordonnance royale du 21 mars 1816. Il avait été fait chevalier de la Légion d'honneur en octobre 1814, sous la première Restauration.
Spécialiste de la cartographie de l'Antiquité, il a coopéré à presque toutes les entreprises géographiques de quelque importance faites en son temps et rassembla une importante collection de cartes et de documents géographiques, bibliothèque qui sera vendue, après sa mort, en février 1850. Il est surtout connu par son bel Atlas du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce (1788) de l'abbé Jean-Jacques Barthélemy (1716-1795) et par ses cartes du Voyage pittoresque en Grèce de Marie-Gabriel-Florent-Auguste Choiseul-Gouffier (1752-1817).
Il fut l'un des 217 fondateurs en 1821 de la Société de géographie, dont il présida la première réunion constitutive, en l'Hôtel de Ville de Paris, le 15 décembre 1821. Son portrait orne le grand escalier de l'Hôtel de l'Industrie, sis 4 place Saint-Germain-des-Près à Paris, où la Commission de la Société de géographie tenait ses séances de quinzaine entre 1872 et 1878. Il faisait également partie de plusieurs académies étrangères (Académie de Florence en 1807, Institut de Hollande en 1809, Académie ionienne en 1811, Société royale de Gottingue, Académie royale de Prusse) et de la Société des antiquaires de France.
Il avait épousé, le 16 février 1792, la fille de Guillaume-Nicolas de La Haye (1727-1802), premier graveur du Roi, lui-même élève du célèbre cartographe Guillaume Delisle (1675-1726). Ils eurent quatre enfants dont Jean Guillaume Barbié du Bocage (1793-1843) et Alexandre François Barbié du Bocage (1798-1835), qui embrassent, comme leur père, la carrière de géographe, tout comme leur petit-fils Victor-Amédée Barbié du Bocage (1832-1890).
Parmi leur descendance se trouvent, du côté de Guillaume, la famille Collin du Bocage, dont l'auteur dramatique Louis Verneuil (1893-1952), beau-fils de Georges Feydeau (1862-1921), et, du côté d'Alexandre, des alliances avec les familles de Preaulx, puis de la Tullaye.
La sœur de Jean-Denis, Marie Julie Barbié, avait quant à elle épousé le 12 février 1792 à Paris, Jacques-Louis Bance (1761-1847) qui devient un graveur et marchand d'estampes réputé, leur fils, Balthazar Bance (1804-1862), fondant la Librairie centrale d'architecture en 1849.
Il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise (11e division).
Source
- Hugues B. Maret, Une lettre de Talleyrand sur l'élection de Denis Barbié du Bocageà l'Institut en 1806, in: Journal des avants, juin 1928, pp. 238-241 (www.persee.fr)
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- Jacques-Alphonse Mahul, Annuaire nécrologique, ou Supplément annuel et continuation de toutes les biographies ou dictionnaires historiques, 6e année, 1825, Paris : Ponthieu, 1826, pp.13-19 .
- Philippe de la Renaudière, Éloge de M. Barbié du Bocage, lu lors de l'assemblée de la Société de géographie, le 1er décembre 1826.
- Alexandre Cioranescu, Correspondance de Daniel Démétrius Philippidès et de J.-D. Barbié du Bocage (1794-1819), Institute for Balkan studies, 1965.
- Dominique Lejeune, Les sociétés de géographie en France et l'expansion coloniale au XIXe siècle, Éditions Albin Michel, 1993.
- Frédéric Hitzel, Dictionnaire des orientalistes de langue française, Éditions Karthala, 2008.
- Frédéric Barbier, Le rêve grec de Monsieur de Choiseul (Les voyages d'un européen des Lumières), Armand Colin, 2010.
Notes
- ↑ on trouve aussi sur des documents d'époque son nom orthographié : Barbier du Bocage
Liens externes
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