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Fayard (maison d'édition)

Fayard (maison d'édition)

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Fayard.
Librairie Arthème Fayard
Repères historiques
Création 1857
Fondateur(s) Jean-François Arthème Fayard
Fiche d’identité
Siège social Paris
 France
Direction Sophie de Closets
Langue(s) de
publication
Français
Société mère Hachette Livre, groupe Lagardère
Effectif 40
Site officiel www.editions-fayard.fr
Données financières
Chiffre d’affaires 10 à 15 millions d'euros

Fayard est une maison d'édition française fondée en 1857 par Jean-François Arthème Fayard. Le libellé complet du nom de l’entreprise est Librairie Arthème Fayard.

Histoire

Un éditeur de taille moyenne (1857-1900)

Petit-fils de notaire, Arthème Fayard[1] fonde en 1857 une maison d’édition qu'il nomme « Librairie Arthème Fayard ». Son premier ouvrage s'intitule Mémoires de Béranger de Camille Leynadier. Ses objectifs sont de toucher une clientèle la plus large possible en vendant des ouvrages à bon marché. Ses livres de vulgarisation, romans populaires et classiques en fascicules vendus 10 centimes, parfois illustrés, lui assurent un certain succès. Il lance la collection « Petit Bibliothèque universelle » puis la « Bibliothèque universelle de poche », des petits formats vendus 25 centimes proposant des romans populaires rédigés par Jules Boulabert ou Alexis Bouvier, entre autres. La maison reste cependant de taille moyenne jusqu’à sa mort en 1895.

À cette date, son fils Joseph-Arthème Fayard reprend la maison d’édition, rachète le fonds Édouard Dentu et poursuit les buts de son père en intensifiant la démarche commerciale[2]. Afin de conquérir de nouveaux marchés, il décide de lancer des magazines, d’abord de romans illustrés en feuilleton, puis des magazines humoristiques, deux genres alors en vogue. En 1897, il lance La Jeunesse amusante, son premier périodique pour enfants, contenant des caricatures et des récits illustrés, puis en 1899 et 1900 Le Bon Vivant et La Vie pour rire[3], à destination des familles. Le Bon Vivant accueille à partir de 1902 de plus en plus d’histoires en images, qui se révèlent plus attirantes que les traditionnelles caricatures et romans illustrés. Fayard rachète ensuite Le Petit Illustré amusant.

Fayard et l’industrialisation du marché

La naissance des « illustrés »

Encouragé par ce succès, Fayard décide de créer deux nouveaux hebdomadaires pour enfant, à dix centimes : La Jeunesse Illustrée en mars 1903 et Les Belles Images en avril 1904, « prototypes des illustrés modernes pour enfants et adolescents »[4]. À une époque où il n’existe que quatre hebdomadaires pour la jeunesse[Note 1] et quelques mensuels ou bimensuels mettant tous l’accent sur l’éducation et l’instruction plutôt que sur l’amusement pur, et privilégiant le texte, même si quelques histoires séquentielles apparaissent parfois, ces deux magazines innovent sur de nombreux points. Fayard fut aussi l'éditeur du Diabolo journal[5], qui absorbe en 1907 Le Bon Vivant et qui fut ensuite, en 1921, fusionné avec La Jeunesse illustrée.

Tout d’abord, ils présentent des nouveautés dans les formes : ils paraissent les jours de loisir des écoliers (jeudi et dimanche) et leurs prix sont très bas[Note 2], ce qui permet aux enfants de les acheter sans la présence de leurs parents ; leur format géant (imitant celui des images d'Épinal) et la prépondérance des histoires en images en couleurs les rendent très attractifs[6]. De plus, Fayard innove dans les fonctions de l’illustré, il ne s’agit plus d’« instruire en amusant » mais d’amuser avant tout, l’instruction pouvant venir par surcroît. Cependant, l’éditeur reste un homme de droite, et ses bandes, si elles sont peu didactiques (excepté une Histoire de France par l’image de Georges Omry), restent « toujours soucieuses de maintenir une moralité conforme aux valeurs dominantes et dont les enseignements soient sans ambiguïté », d’où des histoires qui restent assez moralisatrices et une bonne réception par les milieux catholiques[7]. Enfin, les deux journaux s’attachent « une équipe nombreuse et fidèle de créateurs[Note 3] » ce qui permet une grande variété de genres narratifs (dominés cependant avant 1914 par les histoires humoristiques, d’une part, « les contes, légendes et féeries, d’autre part », tous sous la forme de récits complets courts[Note 4])[8] et une grande diversité stylistique, qu’étouffe cependant « l’uniformité et la permanence des mises en pages » : quatre lignes de trois images muette[Note 5] accompagnées de textes dactylographiés, sur le modèle des images d’Épinal, afin de rassurer les parents et les éducateurs[9]. Face au succès de ce nouveau type de magazine, les autres éditeurs l’imitent : en 1904 et 1905 cinq autres journaux du même type sont lancés par les éditeurs concurrents[10] mais seuls ceux d’Offenstadt, privilégiant l’humour sur toute moralité, s’éloignent de la ligne Fayard[7].

Ces deux magazines évoluent très peu au long de leur 32 années d’existence : pendant la Première Guerre mondiale, les histoires anti-allemandes dessinée d’une manière réaliste dominent, dans les années 1920, les récits d’aventures et exotiques remplissent le journal, et le style Art déco commence à influencer les dessins, les histoires à suivre se multiplient dans les années 1920[11]. À partir de la fin des années 1920, les tirages, qui s’étaient maintenus depuis 1903, commencent à baisser, les deux magazines étant concurrencés par ceux d’éditeurs plus en phase avec les goûts de la jeunesse d’alors (usage des bulles, récits moins moralisateurs) : l’éditeur importe quelques séries américaines (en effaçant les bulles et réécrivant des textes sous les cases), les histoires sont plus proches de l’actualité, le sport fait son entrée, à partir de 1932 les titres des histoires sont dessinés, quelques pages plus déstructurées apparaissent[12]. Cependant, rien n’endigue la chute des ventes, d’autant que le Journal de Mickey (1934) et Hurrah (1935) détournent encore plus les jeunes des histoires en images à l’ancienne : en 1935 les deux magazines, dont les ventes ont été divisées par trois en dix ans, fusionnent, puis cessent de paraître en décembre 1936.

L’édition entre dans l’ère de masse

Cette ligne éditoriale connaît un succès considérable et est prolongée par l'édition de romans feuilletons (comme ceux qui paraissent alors dans Le Petit Journal, par exemple). Ainsi, il publie La Porteuse de pain de Xavier de Montépin, des romans de Paul Féval ou de Michel Zévaco. Son plus grand succès fut la série des Fantômas, de Pierre Souvestre et Marcel Allain, qui dépassera les 5 millions d'exemplaires.

De cette manière, « il fait entrer l’édition française dans l’ère de la production de masse » avec deux collections à bas prix mais à grands tirages (au moins 50 000 exemplaires) : la « Modern bibliothèque » en 1905, romans contemporains à 95 centimes ; le « Livre populaire », romans populaires à 65 centimes (Chaste et flétrie de Charles Mérouvel, les Fantomas de Pierre Souvestre et Marcel Allain, etc.)[13].

Des auteurs populaires et les collections historiques

Arthème Fayard fils poursuit la politique de son père, consacrée d'abord à l'édition de littérature populaire, et lui donne une nouvelle orientation dont le ton avait été donné par l'édition des œuvres complètes d'Alphonse Daudet (en raison de l'amitié d'Arthème fils avec Léon Daudet). Décidé à publier des auteurs célèbres de son temps, Fayard se met à éditer Maurice Barrès, Paul Bourget ou Marcel Prévost.

Après avoir dirigé la rédaction du quotidien l’Excelsior, il fonde au début des années 1920 une nouvelle collection, les « Grandes Études historiques », dirigée par l'historien maurrassien Pierre Gaxotte. Cette série est inaugurée par L'Histoire de France de Jacques Bainville, historien royaliste et cofondateur de l'Action française. Le volume du catalogue de cette série, où sont publiés des auteurs appartenant surtout à la droite nationaliste, sera considérable. Plus petite sera la collection les « Grandes Études politiques et sociales » éditant Maurras. En 1942, on y trouve la 76e édition de Ma Doctrine signée Adolf Hitler, parmi quelques auteurs moins célèbres.

Aujourd’hui

Claude Durand dirige les éditions Fayard de 1980 jusqu'en 2009, année où il prend sa retraite[14]. Il est remplacé par Olivier Nora, déjà PDG des Éditions Grasset & Fasquelle[15] qui appartiennent également au groupe Hachette. Le 6 novembre 2013, Olivier Nora cède sa place à Sophie de Closets, dont la fonction de PDG débute officiellement le 1er janvier 2014[16].

En 1999, les éditions Pauvert deviennent une filiale des éditions Fayard.

De 2004 à novembre 2009, Patrick Raynal y dirige la collection Fayard Noir.

En 2010, le siège de Fayard est situé au 13, rue du Montparnasse, à Paris.

Annexes

Documentation

Ouvrages

  • Histoire de la librairie Arthème Fayard, Fayard, 1952
  • Sophie Grandjean, La Maison d’édition Fayard de 1855 à 1939, thèse de doctorat d’Histoire sous la direction de Jean-Yves Mollier, Université de Saint-Quentin en Yvelines, 1996
  • Jean-Étienne Huret, Le Livre de demain de la Librairie Arthème Fayard : étude bibliographique d'une collection illustrée par la gravure sur bois, 1923-1947, Tusson, Éditions du Lérot, 2011 [avec notices bio-bibliographiques des artistes p. 162-220]

Articles

  • Annie Renonciat, « Les magazines d’Arthème Fayard et la promotion de l’histoire en images « à la française » », dans 9e Art n° 7, Centre national de la bande dessinée et de l'image, janvier 2002, p. 36-43
  • Sophie Grandjean, « Fayard », dans Dictionnaire encyclopédique du livre, Paris, Cercle de la librairie, 2005, tome II (E-M), p. 192-194.

Lien externe

  • Site officiel

Notes et références

Notes

  1. Le Petit Français illustré d’Armand Colin, Le Saint-Nicolas et l'Écolier illustré de Delagrave et Le Noël de La Bonne Presse.
  2. Grâce à l’impression sur des rotatives, l’usage du procédé Ben Day pour le coloriage et d’encres et papiers à bas prix pour la fabrication, l’insertion de quelques publicités et surtout des tirages très élevés : 140 000 exemplaires pour le premier d’entre eux dès 1903
  3. Parmi lesquels, avant 1914, Jean Plumet, Ricardo Florès et Louis Valvérane (qui signait Zed), par ailleurs peintres, les illustrateurs Jean d'Aurian, Carsten Ravn, Georges Delaw, Jules Depaquit, Joseph Hémard, Jean Villemot, Charles Pourriol, Maurice Radiguet, Guy Dollian ou Pierre Falké, les dessinateurs satiriques Luc Leguey, Moriss, Mauryce Motet, Raoul Thomen, Léon Kern, les anciens du Chat Noir comme Falco, Benjamin Rabier, Henri de Sta, Thélem, etc., puis dans les années 1920 Carrizey, Félix Jobbé-Duval, Pierre Soymier. Le « noyau dur de l’équipe », restant, jusqu’à la fin de la parution des magazines en 1935 et 1936, Asy, Paul d'Espagnat, Falco, George Edward, Leguey, Moriss, Motet, G. Ri, Paul Sellier, Thélem, Valvérane et Ymer.
  4. Seules trois histoires à suivre sont publiées avant 1914.
  5. Sauf rares exceptions sans rôle narratif dans les premières et dernières années de publication

Références

  1. Jean-François Lemerle, dit Arthème Fayard (18 mars 1836 - 3 juin 1895).
  2. Pour ce paragraphe, Renonciat (2002), p. 36-7
  3. La Vie pour rire avait été fondé par E. Dentu en 1888.
  4. Pour ce paragraphe, sauf précision, Renonciat (2002), p. 36
  5. Diabolo Journal, en ligne sur Gallica.
  6. Renonciat (2002), p. 38
  7. 1 2 Renonciat (2002), p. 39
  8. Renonciat (2002), p. 40
  9. Renonciat (2002), p. 41
  10. Renonciat (2002), p. 37
  11. Renonciat (2002), p. 40-41
  12. Renonciat (2002), pp. 40-42
  13. Renonciat (2002), p. 36
  14. Claude Durand quitte la présidence des éditions Fayard au profit d'Olivier Nora dans Le Monde du 23 mars 2009]
  15. Olivier Nora, nouveau PDG de Fayard : la vengeance de Grasset ? , Hubert Artus, rue89.com, 23 mars 2009]
  16. Sophie de Closets devient PDG de Fayard, Le Monde, 6 novembre 2013]
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