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Deep Blue

Deep Blue

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Deep Blue (homonymie).
Cet article utilise la notation algébrique pour décrire des coups du jeu d'échecs.
Un ordinateur IBM similaire à Deep Blue lors de son match de 1997, exposé au Musée de l'histoire de l'ordinateur de Mountain View en Californie.

Deep Blue est un superordinateur spécialisé dans le jeu d'échecs par adjonction de circuits spécifiques, développé par IBM au début des années 1990.

Perdant un match en 1996 (2-4) contre le champion du monde d'échecs de l'époque Garry Kasparov, Deep Blue (surnommé alors Deeper Blue) bat le champion du monde (3,5–2,5) lors du match revanche en 1997, mais hors des conditions exigées lors des championnats du monde.

Historique

Deep Blue est l'aboutissement du projet ChipTest, lancé par les étudiants Feng-hsiung Hsu, Murray Campbell et Thomas Anantharaman au laboratoire de l'Université Carnegie-Mellon en 1985. Renommé Deep Thought en 1988, le projet est devenu Deep Blue en 1993.

Le projet Deep Blue ne s'est pas toujours appelé ainsi. En effet, au moment de sa création, son nom était Deep Thought, une référence au livre Le Guide du voyageur galactique de Douglas Adams ; l'entreprise IBM étant familièrement appelée « Big Blue », le nom de l'ordinateur a ensuite évolué en Deep Blue.

1er match (1996)

Le , Deep Blue rencontre le champion du monde d'échecs en titre, Garry Kasparov. La machine remporte la première partie, mais Kasparov parvient à décrocher trois victoires, le match se soldant par un score de 4-2 en faveur du joueur humain (+3 −1 =2).

Le Deep Blue de 1996 mesurait près de deux mètres de haut et pesait 700 kg. Il s'agissait d'un supercalculateur IBM (RS/6000 Scalable POWERparallel Systems (en), ou SP) dont chacun des 32 processeurs consacrés au calcul pur était connecté à une carte comprenant 8 coprocesseurs dédiés aux échecs, soit au total 256 processeurs spécialisés fonctionnant en parallèle.

Première partie (gagnée par Deep Blue)

Article détaillé : Deep Blue - Kasparov, 1996, Partie 1.
Deep Blue - Kasparov 1996, 1re partie[1]

1.e4 c5 2.c3 d5 3.exd5 Dxd5 4.d4 Cf6 5.Cf3 Fg4 6.Fe2 e6 7.h3 Fh5 8.O-O Cc6 9.Fe3 cxd4 10.cxd4 Fb4 11.a3 Fa5 12.Cc3 Dd6 13.Cb5 De7 14.Ce5 Fxe2 15.Dxe2 O-O 16.Tac1 Tac8 17.Fg5 Fb6 18.Fxf6 gxf6 19.Cc4 Tfd8 20.Cxb6 axb6 21.Tfd1 f5 22.De3 Df6 23.d5 Txd5 24.Txd5 exd5 25.b3 Rh8 26.Dxb6 Tg8 27.Dc5 d4 28.Cd6 f4 29.Cxb7 Ce5 30.Dd5 f3 31.g3 Cd3 32.Tc7 Te8 33.Cd6 Te1+ 34.Rh2 Cxf2 35.Cxf7+ Rg7 36.Cg5+ Rh6 37.Txh7+ 1-0

Deuxième partie (gagnée par Kasparov)

Kasparov - Deep Blue, 1996, 2e partie[2]

1.Cf3 d5 2.d4 e6 3.g3 c5 4.Fg2 Cc6 5.O-O Cf6 6.c4 dxc4 7.Ce5 Fd7 8.Ca3 cxd4 9.Caxc4 Fc5 10.Db3 O-O 11.Dxb7 Cxe5 12.Cxe5 Tb8 13.Df3 Fd6 14.Cc6 Fxc6 15.Dxc6 e5 16.Tb1 Tb6 17.Da4 Db8 18.Fg5 Fe7 19.b4 Fxb4 20.Fxf6 gxf6 21.Dd7 Dc8 22.Dxa7 Tb8 23.Da4 Fc3 24.Txb8 Dxb8 25.Fe4 Dc7 26.Da6 Rg7 27.Dd3 Tb8 28.Fxh7 Tb2 29.Fe4 Txa2 30.h4 Dc8 31.Df3 Ta1 32.Txa1 Fxa1 33.Dh5 Dh8 34.Dg4+ Rf8 35.Dc8+ Rg7 36.Dg4+ Rf8 37.Fd5 Re7 38.Fc6 Rf8 39.Fd5 Re7 40.Df3 Fc3 41.Fc4 Dc8 42.Dd5 De6 43.Db5 Dd7 44.Dc5+ Dd6 45.Da7+ Dd7 46.Da8 Dc7 47.Da3+ Dd6 48.Da2 f5 49.Fxf7 e4 50.Fh5 Df6 51.Da3+ Rd7 52.Da7+ Rd8 53.Db8+ Rd7 54.Fe8+ Re7 55.Fb5 Fd2 56.Dc7+ Rf8 57.Fc4 Fc3 58.Rg2 Fe1 59.Rf1 Fc3 60.f4 exf3 61.exf3 Fd2 62.f4 Re8 63.Dc8+ Re7 64.Dc5+ Rd8 65.Fd3 Fe3 66.Dxf5 Dc6 67.Df8+ Rc7 68.De7+ Rc8 69.Ff5+ Rb8 70.Dd8+ Rb7 71.Dd7+ Dxd7 72.Fxd7 Rc7 73.Fb5 1-0

Match revanche (1997)

En mai 1997, a lieu Le match revanche en six parties entre Deep Blue (dont les composants et le programme informatique sont améliorés ; parfois surnommé Deeper Blue à cette occasion) et Kasparov. Pour la première fois de l'histoire, le champion du monde doit s'incliner contre l'ordinateur, sur le score de 2½ à 3½ (+1 =3 -2).

En 1997, Deep Blue mesurait 1,80 m et pesait 1,4 tonne. Il fallait vingt personnes pour qu'il fonctionne. En juin 1997, il occupait la 259e place au TOP500 des supercalculateurs avec une puissance de calcul de 11,38 GFLOPS. Deep Blue calculait alors entre 100 et 300 millions de coups par seconde et pouvait calculer 12 demi-coups de profondeur en moyenne. Les grands maîtres d'échecs Miguel Illescas, John Fedorowicz, Nick De Firmian et Joel Benjamin aidèrent à sa conception, notamment à sa bibliothèque d'ouvertures.

Cette victoire a été contestée par Kasparov car l'équipe de programmeurs de Deep Blue avait accès à toutes les parties de Kasparov, tandis que celui-ci n'avait pas eu accès à la liste chronologique des parties jouées par Deep Blue. Kasparov a également prétendu que certains coups étaient l'œuvre d'un grand maître humain, sans toutefois pouvoir en apporter la preuve.

Une autre cause est à rechercher dans la stratégie de Kasparov, qui s'est écarté rapidement des sentiers battus de la théorie dans certaines parties, ce qui s'est retourné contre lui dans la dernière partie.

Grâce à son incroyable force de calcul, Deep Blue a joué lors de ce match quelques coups de la classe d'un grand maître, dont l'un, abondamment commenté dans les revues spécialisées, a complètement déstabilisé Kasparov. Ce fameux coup était en fait un bug et non une stratégie de l'ordinateur[3]. Il n'a pas cependant complètement convaincu de la supériorité des systèmes informatiques d'échecs, comme le montre la première partie.

En dépit des demandes de Kasparov, il n'a pas été possible d'organiser un match revanche, l'ordinateur ayant été démantelé et ses concepteurs assignés à d'autres projets.

Déroulement du match

  • Partie 1 : Deep Blue n'a pas commis d'erreur flagrante, mais a joué des coups dépourvus de vision stratégique, ce qui a permis à Kasparov de gagner la partie facilement. Cette partie illustre bien l'effet d'horizon (en anglais Horizon effect (en)) et l'absence de plan stratégique, typiques de la façon de jouer des logiciels d'échecs.
  • Partie 2 : À l'inverse de la première, la position est plus ouverte et c'est la force tactique de la machine qui a parlé. Garry Kasparov a été très surpris par le 36e coup (36.axb5!?), car le programme évite de capturer un pion et empêche ainsi Kasparov d'obtenir une attaque sur le roi ennemi. Kasparov abandonne prématurément après 45 coups, car après analyse, il rate un coup menant à un échec perpétuel, que la machine ne vit pas.
  • Partie 3 : Kasparov assure une nulle.
  • Partie 4 : Kasparov ne parvient pas à avoir un avantage tangible, et la partie aboutit à une finale de Tours nulle, après 5 heures de jeu.
  • Partie 5 : Une finale Tour + Cavalier, avec un pion passé pour Kasparov, mais la partie était nulle par échec perpétuel.
  • Partie 6 : Kasparov, fatigué physiquement et psychologiquement, sort de son répertoire d'ouvertures habituel, ce qui permet à Deep Blue de placer un sacrifice gagnant dans l'ouverture et forcer le champion du monde à abandonner après 19 coups à peine. Certains[Qui ?] affirment qu'il ne perdit pas cette partie parce que la machine était plus forte que lui, mais parce qu'il était trop fatigué[réf. souhaitée].

Les trois parties décisives du match

Première partie (gagnée par Kasparov)

Kasparov - Deep Blue, New York 1997, 1re partie[4]

1.Cf3 d5 2.g3 Fg4 3.b3 Cd7 4.Fb2 e6 5.Fg2 Cgf6 6.O-O c6 7.d3 Fd6 8.Cbd2 O-O 9.h3 Fh5 10.e3 h6 11.De1 Da5 12.a3 Fc7 13.Ch4 g5 14.Chf3 e5 15.e4 Tfe8 16.Ch2 Db6 17.Dc1 a5 18.Te1 Fd6 19.Cdf1 dxe4 20.dxe4 Fc5 21.Ce3 Tad8 22.Chf1 g4 23.hxg4 Cxg4 24.f3 Cxe3 25.Cxe3 Fe7 26.Rh1 Fg5 27.Te2 a4 28.b4 f5 29.exf5 e4 30.f4 Fxe2 31.fxg5 Ce5 32.g6 Ff3 33.Fc3 Db5 34.Df1 Dxf1+ 35.Txf1 h5 36.Rg1 Rf8 37.Fh3 b5 38.Rf2 Rg7 39.g4 Rh6 40.Tg1 hxg4 41.Fxg4 Fxg4 42.Cxg4+ Cxg4+ 43.Txg4 Td5 44.f6 Td1 45.g7 1-0

D'après Murray Campbell, un des ingénieurs ayant travaillé sur Deep Blue, interviewé par Nate Silver dans son livre The Signal and the Noise, un bug aurait eu lieu lors du 44e coup joué par Deep Blue (44... Td1), celui-ci effectuant alors un coup totalement aléatoire. Incapable de sélectionner un coup, le programme a eu recours à une tactique par défaut de dernier recours, consistant à choisir un coup complètement au hasard. Ce coup a pu induire Kasparov en erreur sur les capacités réelles de la machine, n'envisageant pas la possibilité d'un bug de la part de Deep Blue[5].

Deuxième partie (gagnée par Deeper Blue)

Deep Blue - Kasparov, New York 1997, 2e partie[6]

1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5 a6 4.Fa4 Cf6 5.O-O Fe7 6.Te1 b5 7.Fb3 d6 8.c3 O-O 9.h3 h6 10.d4 Te8 11.Cbd2 Ff8 12.Cf1 Fd7 13.Cg3 Ca5 14.Fc2 c5 15.b3 Cc6 16.d5 Ce7 17.Fe3 Cg6 18.Dd2 Ch7 19.a4 Ch4 20.Cxh4 Dxh4 21.De2 Dd8 22.b4 Dc7 23.Tec1 c4 24.Ta3 Tec8 25.Tca1 Dd8 26.f4 Cf6 27.fxe5 dxe5 28.Df1 Ce8 29.Df2 Cd6 30.Fb6 De8 31.T3a2 Fe7 32.Fc5 Ff8 33.Cf5 Fxf5 34.exf5 f6 35.Fxd6 Fxd6 36.axb5!? axb5 37.Fe4! Txa2 38.Dxa2 Dd7 39.Da7 Tc7 40.Db6 Tb7 41.Ta8+ Rf7 42.Da6 Dc7 43.Dc6 Db6+ 44.Rf1?! Tb8 45.Ta6?? 1-0 ??

Sixième partie (gagnée par Deeper Blue)

Article détaillé : Deeper Blue - Kasparov, 1997, Partie 6.
Deeper Blue - Kasparov, New York 1997, 6e partie[7]

1.e4 c6 2.d4 d5 3.Cc3 dxe4 4.Cxe4 Cd7 5.Cg5 Cgf6 6.Fd3 e6 7.C1f3 h6?! 8.Cxe6! De7 9.O-O fxe6 10.Fg6+ Rd8 11.Ff4 b5 12.a4 Fb7 13.Te1 Cd5 14.Fg3 Rc8 15.axb5 cxb5 16.Dd3 Fc6 17.Ff5 exf5 18.Txe7 Fxe7 19.c4! 1-0

Notes et références

  1. Deep Blue-Kasparov 1996, 1re partie.
  2. Kasparov-Deep Blue 1996, 2e partie.
  3. Gregor Brandy et Etienne Chaudagne, « Les jeux où l'homme bat (encore) la machine », Le Monde, (lire en ligne)
  4. Kasparov-Deep Blue New York 1997.
  5. « "A bug occurred in the game and it may have made Kasparov misunderstand the capabilities of Deep Blue," Campbell told me. "He didn't come up with the theory that the move it played was a bug." » « Nate Silver’s ‘The Signal and the Noise’ », Brad Plumer, sur le site du Washington Post, www.washingtonpost.com - 26 septembre 2012.
  6. Deep Blue-Kasparov New York 1997.
  7. Deep Blue-Kasparov New York 1997.
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Deep Blue (chess computer) » (voir la liste des auteurs).

Annexes

Bibliographie

  • Feng-hsiung Hsu, Behind Deep Blue, Princeton University Press, (ISBN 0691118183)
  • (en) Daniel King, Kasparov vs Deeper Blue, The Ultimate Man vs Machine Challenge, Batsford, 1997
  • (en) Nate Silver, The Signal and the Noise: Why Most Predictions Fail – But Some Don't., The Penguin Press HC, 2012.

Articles connexes

Autres superordinateurs d'échecs
  • Deep Thought
  • Belle
  • Hydra

Liens externes

  • (en) Kasparov-Deep Blue, site du match sur ibm.com
  • (en) The making of Deep Blue
  • Portail des échecs
  • Portail de l’informatique
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