Catherine Coquery-Vidrovitch
Catherine Coquery-Vidrovitch, FIG (2011)
Nom de naissance | Catherine Vidrovitch |
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Naissance |
+ à Paris + |
Nationalité(s) | France + |
Études |
Agrégation d'histoire Doctorat d'État |
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Formation | École normale supérieure de jeunes filles + |
Profession(s) | historien et professeur d'université + |
Approche | Histoire de l'Afrique coloniale et contemporaine |
Intérêts |
Enjeux politiques de la colonisation Histoire des femmes africaines |
Distinction-s | grand officier de l'ordre national du Mérite (d) et commandeur de la Légion d'honneur (d) + |
Catherine Coquery-Vidrovitch, née le dans le 16e arrondissement de Paris, est une historienne française, spécialiste de l'Afrique et professeure émérite de l'université Paris Diderot.
Formation et carrière universitaire
Catherine Coquery-Vidrovitch est ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres et agrégée d'histoire (1959). Elle soutient en 1966 une thèse de 3e cycle intitulée Brazza et la prise de possession du Congo. La mission de l'ouest africain, 1883-1885[1], sous la direction d'Henri Brunschwig, à l'École pratique des hautes études, puis elle réalise une thèse d'État, intitulée Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires : 1898-1930[2], en 1970.
Après divers séjours au Woodrow Wilson Center for International Scholars (1987), Shelby Cullom Davis Center for Historical Studies de l'université de Princeton (1992) ainsi qu'au Humanities Research Centre de l'université de Canberra (1995), elle devient professeure à l'UFR Géographie, histoire et sciences de la société (GHSS) de l'université Paris Diderot (1975-2002)[3].
Elle fonde et dirige, à la fin des années 1970, le laboratoire Connaissance du Tiers-Monde/Afrique, devenu d'abord SEDET, Sociétés en développement : études transdisciplinaires[4] puis, en 2014, composante du Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (CESSMA UMR 245)[5]. Elle prend sa retraite en 2001 et devient professeure émérite.
Elle a dirigé environ 175 thèses d'histoire, dont celles de nombreux universitaires et personnalités politiques, africains et français[6],[7].
Recherches scientifiques
Orientation de la recherche
Ses travaux portent sur l'Afrique, les enjeux politiques de la colonisation ainsi que sur le concept d'impérialisme et de capitalisme en Afrique[8]. Sa thèse d'État (1970) étudie la mise en place d'une « économie coloniale »[9] par la France en Afrique équatoriale entre 1898 et 1930. Elle considère que, durant ces trois décennies, une transition s'est opérée, d'une activité de traite exclusivement commerciale, qui s'accompagnait d'une occupation territoriale discontinue, essentiellement autour de postes côtiers (Libreville et Loango), ou situés le long des fleuves (Brazzaville, Ouesso), à une activité tournée vers les cultures de plantation, l'exploitation de ressources forestières, des gisements miniers, qui s'accompagnait de l'établissement d'une « administration coloniale ». Elle s'intéresse à l'étude des modalités politiques de cette transformation, à son impact sur les populations, notamment en termes de mobilité géographique, de la mise en place de « nouvelles structures économiques » qui ont, selon elle, configuré l'économie de l'Afrique contemporaine[10].
Elle s'intéresse également aux femmes dans le contexte colonial[11], essayant de mettre en valeur leur rôle et leur fonction dans la société[12]. La perspective de Catherine Coquery-Vidrovitch est double : à la fois chronologique, elle étudie la situation des femmes en Afrique précoloniale, à la campagne et à la ville, puis coloniale et postcoloniale, avec la transition urbaine, et thématique, elle étudie des questions liées à l'éducation des filles, la place des femmes en politique, le rapport à la sexualité et leur place dans les mouvement d'émancipation[13].
Polémiques
L'historien Daniel Lefeuvre (1951-2013) conteste certains aspects des travaux de Catherine Coquery-Vidrovitch, sur la colonisation française dans le Maghreb dans un ouvrage intitulé Pour en finir avec la repentance coloniale. Il estime que la perspective de celle-ci, selon laquelle « le Maghreb allait à son tour remplir les caisses de l'État, et surtout des colons et des industriels intéressés, grâce aux vins et au blé d'Algérie, et aux phosphates du Maroc »[14] est discutable. Cet auteur soutient pour sa part « qu'à partir des années 1930, non seulement le Maghreb ne remplit pas les caisses de l'État, bien au contraire, mais encore que les colons subissent une crise de trésorerie dramatique qui aurait conduit la plupart à la faillite si la Métropole n'avait volé à leur secours »[15]. Il conteste également l'affirmation de C. Coquery-Vidrovitch selon laquelle « à partir des années 1950 […] l'Afrique noire à son tour, allait soutenir l’économie française[16], estimant quant à lui que la domination coloniale, loin d'avoir été un eldorado a été un « tonneau des Danaïdes » pour les contribuables français[17].
Responsabilités institutionnelles
Elle est membre du bureau du CISH (Comité international des sciences historiques) (2000-2005)[18].
Prix et distinctions
En 2008, elle devient commandeur de la Légion d'honneur[19]. En 2014, elle est élevée à la dignité de Grand officier de l'Ordre national du Mérite[20]. En 1999, elle reçoit le Distinguished Africanist Award décerné par l'association nord-américaine African Studies Association (en)[21].
Vie privée
Elle est l'épouse de Michel Coquery (1931-2011), géographe et ancien directeur de l'ENS Fontenay-Saint-Cloud[22].
Publications
Ouvrages
- Afrique noire : permanences et ruptures, Éditions Payot, 1985.
- Afrique noire. Permanences et ruptures (Payot 1985) 2e éd. révisée, L´Harmattan 1992 (ISBN 978-2738417831)
- Histoire des villes d´Afrique noire : Des origines à la colonisation, Albin Michel, 1993 (ISBN 9782226063304)
- Les Africaines. Histoire des femmes d'Afrique du XIXe au XXe siècle, Paris, Desjonquères, 1994 (ISBN 9782904227806)
- L´Afrique et les Africains au XIXe siècle, Paris, Colin, 1999 (ISBN 2200250576)
- Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires, 1898-1930, Paris, Éditions de l´EHESS, 2001 (rééd. de 1972) (ISBN 9782713212918), en ligne Tome 1 et Tome 2, thèse d'État.
- Des victimes oubliées du nazisme : les Noirs et l'Allemagne dans la première moitié du XXe siècle, Le Cherche-Midi, 2007 (ISBN 978-2-7491-0630-4).
- Enjeux politiques de l'histoire coloniale, Marseille, Agone, 2009 (ISBN 978-2-7489-0105-4)
- Petite histoire de l'Afrique : l'Afrique au sud du Sahara de la préhistoire à nos jours, La Découverte, 2010 (ISBN 978-2-7071-6713-2).
- Mission Pierre Savorgnan de Brazza / Commission Lanessan (préface), Le Rapport Brazza, Mission d'enquête du Congo, Rapport et documents (1905-1907), Paris, Le Passager clandestin, 2014 (ISBN 978-2-36935-006-4).
Publications collectives
- avec Henri Moniot, L’Afrique noire, de 1800 à nos jours, Paris, PUF, Nouvelle Clio, 2005 (1re éd. 1974)
- avec Hélène d'Almeida-Topor (éd.), L'Afrique et la crise de 1930 (1924-1938), Paris, Revue française d'histoire d'outre-mer, tome LXIII, no 232-233, 1976.
- avec Charles-André Julien et Magali Morsy (éd.) Les Africains, Paris, [Jeune Afrique], 1977.
- Sociétés paysannes du Tiers-Monde, Paris, L'Harmattan, 1991 (rééd.).
- avec Odile Goerg, L´Afrique occidentale au temps des Français, colonisateurs et colonisés, c. 1860-1960, Paris, La Découverte, 1992 (ISBN 2707121460)
- La découverte de l'Afrique : l'Afrique noire atlantique, des origines au XVIIIe siècle, L´Harmattan, collection Archives, 2003 (ISBN 9782747552585)
Voir aussi
Bibliographie
- Philippe Decraene, « Histoire économique du Congo », Le Monde, (lire en ligne).
- Jean-Pierre Chrétien, « Catherine Coquery-Vidrovitch, Afrique noire. Permanences et ruptures », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, no 6 - 40e année, , p. 1408-1411 ([http;//www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1985_num_40_6_283244_t1_1408_0000_002 lire en ligne]).
- Alfred Sauvy, « Catherine Coquery-Vidrovitch. Afrique noire. Permanences et ruptures », Le Monde, (lire en ligne).
- Sophie Dulucq, « Catherine Coquery-Vidrovitch, Les Africaines. Histoire des femmes d'Afrique noire du XIXe au XXe siècle, Paris, Desjonquères, 1994, 291 p. », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, vol. 6, (lire en ligne).
- Mélanges. Chantal Chanson-Jabeur, Odile Goerg (dir.) « Mama Africa », mélanges en hommage à Catherine Coquery-Vidrovitch, Paris, L'Harmattan, 2005 (ISBN 978-2747595551), 482 p.
- Daniel Lefeuvre, Pour en finir avec la repentance coloniale, Éditions Flammarion, .
- Julie Clarini, « La violence de l'esclavage n'a pas encore été saisie dans toute son ampleur », Le Monde, (lire en ligne).
Articles connexes
Liens externes
- Page personnelle, Université Paris Diderot
- Notice sur data.bnf.fr
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat
Notes et références
- ↑ Thèse de 3e cycle, notice Sudoc.
- ↑ Thèse d'État, 1970, notice Sudoc, consultée en ligne le 15.06.15.
- ↑ Fiche BNF, consultée en ligne, 16.06.15.
- ↑ Laboratoire SEDET, page consultée en ligne le 16.06.16.
- ↑ Site du laboratoire universitaire CESSMA, page consultée en ligne le 15.06.15.
- ↑ Pierre Boilley, Achille Mbembe, Laurent Gbagbo, Ferdinand Nahimana, Facinet Béavogui, Jean-Louis Triaud, Jean-Jacques Vigoureux, Sumda Nurukyor, Muya Bia-Lushiku-Lumana, Mohamed Mbodj, Idrissa Kimba, Pierre Boussoukou-Boumba, Monique Lakroum, Jean-Didier Alavo, Serge Nédelec, Bernard Salvaing, Odile Goerg, Ibrahima Thioub…
- ↑ Liste des directions de thèses, notice Sudoc.
- ↑ Biographie de Catherine Coquery-Vidrovitch, Société française d'histoire d'outre-mer, consulté sur sfhom.free.fr, le 15 juillet 2010
- ↑ Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires, 1898-1930, p. 12
- ↑ Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires, 1898-1930, p. 13.
- ↑ Femmes et genre en contexte colonial, colloque Centre d’histoire de Sciences Po, comité scientifique, 2012, page consultée en ligne le 16.06.15.
- ↑ Les Africaines. Histoire des femmes d'Afrique noire du XIXe au XXe siècle, Paris Desjonquères, 1994.
- ↑ Sophie Dulucq 1997, Clio. Histoire‚ femmes et sociétés.
- ↑ C. Coquery-Vidrovitch, «Vendre : le mythe économique colonial», dans P. Blanchard et al., Culture coloniale, 1871-1931, Paris, Autrement, 2003, p. 167
- ↑ Blog de Daniel Lefeuvre, 24 juin 2007
- ↑ Vendre : le mythe économique colonial, p. 169
- ↑ Lefeuvre 2006.
- ↑ Liste des membres du bureau du CISH 1926-2010, consultée en ligne le 15.06.15.
- ↑ Réception de la Légion d'honneur, 14.04.2008, discours de C. Coquery-Vidrovitch, consulté en ligne le 16.06.15.
- ↑ Décret 14 mai 2014 Grand officier de l'Ordre du Mérite.
- ↑ Liste du prix, consultée en ligne le 16.06.15
- ↑ Armand Frémont, Michel Coquery, géographe, ancien directeur de l'ENS de Fontenay-Saint-Cloud, Le Monde, 29.11.11.
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