Animal-machine
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L'Animal-machine est une hypothèse éthologique selon laquelle les animaux[1] sont des machines. Comme les machines, les animaux seraient des assemblages de pièces et rouages, dénués de conscience ou de pensée. Cette conception naît chez René Descartes au XVIIe siècle, et s'intègre dans une vision mécaniste du réel. Ses implications éthiques et religieuses en font une théorie controversée. Dès sa publication, elle est combattue par des penseurs comme Pierre Gassendi et plus tard par des empiristes comme Condillac dans son Traité des animaux. Elle est toutefois largement influente dans d'autres courants. Au XVIIIe, La Mettrie en propose une version radicalisée, où l'homme lui-même est assimilé à la machine (L'Homme Machine).
D'un point de vue religieux, l'application du mécanisme à la vie revient à nier l'âme des bêtes qui périssent donc entièrement au moment de leur mort[2]. Poussée à l'extrême, notamment par Nicolas Malebranche, cette conception implique que leurs cris et gémissements ne peuvent être que le reflet de dysfonctionnements dans les « rouages » plutôt que l'expression d'une souffrance.
Les animaux obéissent à leurs pulsions, et donc au principe de causalité : en effet, tel stimulus extérieur (par exemple l'odeur d'un prédateur) entraîne chez l'animal telle réponse comportementale prévisible (ici, la fuite). Descartes affirme donc que l'on pourra un jour créer une machine qui soit indifférenciable d'un animal. De nos jours, les progrès de la robotique permettent de se rapprocher de cette machine-animal. Cependant, les recherches actuelles sur le comportement des animaux (par exemple, les Bonobos) semblent montrer que ceux-ci auraient une certaine forme de pensée et donc ne pourraient jamais être fidèlement reproduits par une machine si, du moins, l'on arrive pas à recréer une conscience dans la machine. Ce qui falsifierait le dualisme métaphysique de l'homme proposé par Descartes dans les Méditations métaphysiques.
Sur le plan éthique, l'assimilation des animaux à des machines a conduit à des abus, vigoureusement critiqués par des courants philosophiques modernes, qui se réclament d'Arthur Schopenhauer, de Jeremy Bentham, d'Albert Schweitzer ou, plus récemment, de Peter Singer. Sans mettre en cause fondamentalement les bases matérielles du fonctionnement des organismes vivants, ces courants insistent sur le caractère d'« êtres sensibles » des animaux, fortement étayé par les résultats mêmes de la biologie et de la physiologie sensorielle. Les animaux doivent donc être considérés comme différents de la chose inerte[3], et susceptibles d'un traitement moral privilégié, voire de droits[4].
Hypothèse d'origine
L'expression "animal-machine" est inspirée des textes de Descartes, où le philosophe compare les animaux aux machines. Sa thèse s'expose notamment dans la Lettre au Marquis de Newcastle du 23 novembre 1646, dans la cinquième partie du Discours de la méthode ou encore dans la Lettre à Morus du 5 février 1649.
Contexte historique
Il est important de savoir que la naissance de cette hypothèse a lieu au moment où de nombreuses poupées articulées voient le jour, et où ces automates émerveillent et fascinent le monde entier. C'est à cette période que l'on s'est rendu compte que l'Homme était capable de concevoir de toutes pièces un objet ressemblant au vivant, mais qui ne l'était pourtant pas. Ces automates, sans conscience mais pourtant capables de se mouvoir, avaient donc des similitudes avec les animaux.
Notes
- ↑ Cette théorie s'opposait à l'idée aristotélicienne selon laquelle il existe trois types d'âme (végétative, sensitive et rationnelle) qui informeraient les corps des vivants, et que l'âme humaine comprendrait ces trois types. Descartes, lui, oppose un mécanisme absolu dans l'étendue (qui comprend donc tous les corps, y compris le corps humain) à l'âme rationnelle (que seul l'homme semble posséder), fondant ainsi un dualisme strict. La théorie des animaux machines est à ce titre bien plus une conséquence de son dualisme qu'une hypothèse indépendante sur la nature des animaux.
- ↑ Cf. Malebranche, Ier Entretien sur la mort dans Conversations Chrétiennes, Gallimard, col. Folio essais, 1994, pp. 534-538
- ↑ Georges Chapouthier, Le respect de l’animal dans ses racines historiques : de l’animal-objet à l’animal sensible, Bull. Acad. Vet. France, 2009, 162 (1), pp 5-12
- ↑ Georges Chapouthier, J.C. Nouët (editors), "The universal declaration of animal rights, comments and intentions", Éditions Ligue Française des Droits de l’Animal, Paris, 1998
Liens internes
- Mouvement mécaniste
- René Descartes
- Homme-machine
- Julien Offray de la Mettrie
Liens externes
- Lettre au Marquis de Newcastle, 16 novembre 1646
- Extrait du Discours de la Méthode sur les animaux
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