Acronymie
Un acronyme[alpha 1] est un sigle formé des initiales (OTAN, ovni, MEDEF) ou des éléments initiaux (Benelux, radar) de plusieurs mots, éventuellement composés (sida), et se prononçant comme un mot normal et non pas lettre par lettre[1]. Ainsi sont exclus la plupart des mots-valises — motel, progiciel, etc. — car ils contiennent des éléments qui ne sont pas initiaux dans les mots d'origine : hôtel, logiciel.
Usage
Un acronyme peut s'écrire, selon le cas :
- comme les autres sigles, entièrement en capitales[2],[3], sans points de séparation[2],[3], s'il est constitué d'initiales. Par exemple l'ADEME, l'ENA, le TAF ou la FIFA ;
- comme un nom propre, muni d'une majuscule, s'il n'est pas uniquement constitué d'initiales. Par exemple : Benelux ou Afssaps ;
- comme un nom commun, en minuscules, s'il est lexicalisé[alpha 2]. Par exemple : laser, ovni, radar, sida, pacs, etc..
Certaines entreprises créent des acronymes qui « sonnent » bien puis cherchent a posteriori une signification pour chacune des lettres. Ce sont des cas particuliers de rétroacronymie. Un des cas les plus célèbres est celui du nylon, créé en 1938, qui a donné lieu à des rétroacronymies plus ou moins fantaisistes.
L'acronyme peut également être formé en abrégeant les mots par leur syllabe initiale (par exemple Benelux)[4].
L'acronyme peut également être utilisé comme moyen mnémotechnique.
- Dans l'aviation, l'acronyme ACHEVER est parfois utilisé pour lister tout ce qu'il ne faut pas oublier de vérifier avant de décoller : A pour Atterrisseur - C pour Commandes, Compensateur, Carburation (réchauffage froid), Carburation (mélange plein riche), Contact - H pour Huile, Harnais - E pour Essence - V pour Verrière, Volets - E pour Électricité, Extincteur - R pour Réglage, Radio[5].
Les acronymes ne portent pas la marque du pluriel, sauf lorsqu'ils ont été lexicalisés comme des noms communs[6] : des radars, des lasers.
Dérivation
L'acronyme peut être dérivé, et servir de racine pour donner ainsi naissance à de nouveaux termes lexicaux (noms, adjectifs et verbes), par ajout de préfixes ou de suffixes : ufologie, smicard, onusien. Dans ce cas, des diacritiques peuvent, au besoin, être ajoutés au radical des dérivés : médefiste[7].
Usage littéraire
Des écrivains se sont rapidement approprié ce procédé pour en jouer :
- Raymond Queneau modifie leur graphie : achélème (acronymisation de HLM, qui est le sigle de « habitation à loyer modéré »)[7] ;
- d'autres auteurs inventent des acronymes originaux (en ne suivant pas exactement leur règle de formation et en insérant parfois des lettres supplémentaires sans signification) : par exemple le SDREDRERARLO, le Syndicat des empêcheurs de rire en rond à l'opéra, pour R. Ducharme[7].
Record
L'acronyme russe Niiomtplaboparmbetzhelbetrabsbomonimonkonotdtekhstromont (en cyrillique : Нииомтплабопармбетзелбетрабсбомонимонконотдтехстромонт) est le plus long du monde (56 lettres mais 54 en alphabet cyrillique) et signifie : « Laboratoire pour des opérations de couverture, de renfort, de béton et de béton armé pour les constructions composites-monolithiques et monolithiques du Département de la technologie des opérations du bâtiment assemblé de l'Institut de recherche scientifique de l'Organisation pour la mécanisation de bâtiment et l'aide technique de l'Académie du bâtiment et de l'architecture de l'Union des républiques socialistes soviétiques »[8].
Notes, références et bibliographie
Notes
- ↑ Francisation, apparue en 1970, de l'anglais acronym (sigle), du grec ἄκρος / ákros, « au bout, extrême » et ὄνομα / ónoma, « nom », littéralement nom formé d'extrémités (c'est-à-dire d'initiales). Cf. Jean Tournier, Les mots anglais du français, Belin, 1998, p. 99.
- ↑ On parle de lexicalisation lorsque l'usage de l'acronyme se généralise au point de ne plus être distingué d'un nom (et ne plus nécessairement être attaché à sa signification initiale).
Références
- ↑ « Acronyme », sur www.orthotypographie.fr
- 1 2 Imprimerie nationale française, Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale, p. 159-160.
- 1 2 Groupe de Lausanne de l'association des compositeurs à la machine, Guide du typographe romand, 4e éd., 1982, p. 61.
- ↑ Bernard Dupriez, Gradus : les procédés littéraires, Union générale d'éditions, 2004, 540 pages.
- ↑ ACHEVER par cœur, sur le site de l'aéroclub de Montpellier.
- ↑ Marque du pluriel sur francite.net
- 1 2 3 Bernard Dupriez, Gradus, p. 24.
- ↑ Source : Guinness Book des records du monde.
Bibliographie
- Bernard Dupriez, Gradus, Les procédés littéraires (Dictionnaire), éd. 10/18, coll. « Domaine français », 1984.
- Georges Himelfarb, Sigles et acronymes, éd. Belin, coll. « Le français retrouvé », 2002.
- Patrice Cartier, Le langage des sigles, éd. La Martinière, 2009.
Voir aussi
Articles connexes
- Abréviation
- Mot-valise
- Rétronymie
- Sigle
- Acronyme postal de la Seconde Guerre mondiale
Liens externes
- (en) Acronym Geek - Compiling the Largest Acronyms Database
- Marie-Françoise Mortureux, « Siglaison-acronymie et néologie lexicale », Linx, 1994, vol. 30, fasc. 30, p. 11-32.
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