Élection présidentielle française de 2002
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Élection présidentielle de 2002 | ||||||||||||||||||||
21 avril et 5 mai 2002 | ||||||||||||||||||||
Type d’élection | élection, élection présidentielle | |||||||||||||||||||
Électorat et résultats | ||||||||||||||||||||
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Inscrits | 41 191 169 | |||||||||||||||||||
Votants au 1er tour | 29 495 733 | |||||||||||||||||||
71,60 % | 8,7 % | |||||||||||||||||||
Votants au 2e tour | 32 832 295 | |||||||||||||||||||
79,71 % | 11,3 % | |||||||||||||||||||
Jacques Chirac – Rassemblement pour la République | ||||||||||||||||||||
Voix au 1er tour | 5 665 855 | 10,8 % | ||||||||||||||||||
Voix au 2e tour | 25 537 957 | 350,7 % | ||||||||||||||||||
19,88 % | ||||||||||||||||||||
82,21 % | ||||||||||||||||||||
Jean-Marie Le Pen – Front national | ||||||||||||||||||||
Voix au 1er tour | 4 804 713 | 5,1 % | ||||||||||||||||||
Voix au 2e tour | 5 525 906 | 15 % | ||||||||||||||||||
16,86 % | ||||||||||||||||||||
17,79 % | ||||||||||||||||||||
Lionel Jospin – Parti socialiste | ||||||||||||||||||||
Voix au 1er tour | 4 610 113 | 35,1 % | ||||||||||||||||||
16,18 % | ||||||||||||||||||||
Président | ||||||||||||||||||||
Sortant |
Élu | |||||||||||||||||||
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modifier |
L'élection présidentielle française de 2002 a pourvu à l'élection, au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à deux tours, du président de la République française pour le premier mandat quinquennal de l'histoire. Le scrutin se tient les 21 avril et 5 mai 2002.
Cette élection intervient après cinq ans de cohabitation entre le Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, et le président de la République, issu du RPR, Jacques Chirac. Tous deux sont donnés favoris tout au long de la campagne, mais souffrent de leur grande proximité programmatique, notamment sur les sujets européens. Lionel Jospin affirme que son programme est « moderne, mais pas socialiste », ce qui continue de brouiller les lignes. Jacques Chirac axe sa campagne sur sa critique des prélèvements obligatoires et de l'insécurité[1].
Le « troisième homme » est un temps le souverainiste Jean-Pierre Chevènement[2], avant que la fin de campagne n'avantage le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, qui présente un programme nationaliste en seize points[3].
À la surprise générale, le premier tour place en tête Jacques Chirac (19,88 %) et Jean-Marie Le Pen (16,86 %). Lionel Jospin arrive en troisième position avec 16,18 % des voix. Ce résultat s'explique en partie par la division de la gauche plurielle et par les bons scores réalisés par l'extrême gauche. C'est la deuxième fois qu'un candidat de gauche n'est pas présent au second tour d'une élection présidentielle sous la Ve République et la première fois qu'un candidat d'extrême droite y figure.
Au second tour, Jacques Chirac l'emporte avec 82,21 % des suffrages, grâce au soutien massif de la gauche, qui applique le concept du front républicain face au candidat du Front national. La quasi-totalité des candidats éliminés au premier tour, de la société civile et des médias de masse avait appelé à voter Jacques Chirac, explicitement ou non.
Cette élection marque durablement la vie politique française. Au soir de sa défaite, Lionel Jospin annonce son retrait de la vie politique, puis présente la démission de son gouvernement. Après sa réélection, Jacques Chirac nomme un gouvernement dont les ministres proviennent de partis appelés à former l'UMP. Ce scrutin a par la suite favorisé le concept de vote utile, tandis que l'expression de « 21 avril », en référence aux résultats du premier tour de cette élection, s'est imposée.
Contexte
En 1997, après la victoire de la gauche plurielle aux élections législatives, le président Jacques Chirac nomme le premier secrétaire du Parti socialiste, Lionel Jospin, à la tête du gouvernement. C'est le début de la troisième cohabitation.
Le climat politique est, d'après les descriptions du moment, particulièrement négatif, sans enjeu réel, sujet à la contestation, sur fond d'affaires judiciaires et dans un paysage politique très éclaté[4],[5].
À la suite du référendum de 2000, le mandat du président de la République française passe de sept à cinq ans. Le gouvernement Jospin choisit ensuite de placer la présidentielle avant les législatives, afin de redonner la primauté au Président et de limiter les risques de cohabitation.
Candidats
Le Conseil constitutionnel présente, le , la liste des candidats dans un ordre tiré au sort[6]. Un record de seize personnalités parviennent à réunir les 500 présentations nécessaires pour se présenter à cette huitième élection présidentielle sous la Ve République.
Charles Pasqua, Pierre Rabhi, Dieudonné M'bala M'bala ou encore Renaud Camus font partie des candidats n'étant pas parvenus à recueillir les 500 présentations.
Extrême gauche
-
Daniel Gluckstein
Parti des travailleurs -
Arlette Laguiller
Lutte ouvrière
(1974 : 2,33 % – 1981 : 2,30 % – 1988 : 1,99 % – 1995 : 5,30 %) -
Olivier Besancenot
Ligue communiste révolutionnaire
Gauche
-
Christiane Taubira
Parti radical de gauche -
Noël Mamère
Les Verts -
Lionel Jospin
Parti socialiste
(1995 : 23,30 % et 47,36 %) -
Robert Hue
Parti communiste français
(1995 : 8,64 %) -
Jean-Pierre Chevènement
Pôle républicain
Centre droit
-
Corinne Lepage
Citoyenneté action participation pour le XXIe siècle -
François Bayrou
Union pour la démocratie française
Droite
-
Jacques Chirac
Rassemblement pour la République
(1981 : 18,00 % – 1988 : 19,96 % et 45,98 % – 1995 : 20,84 % et 52,64 %) -
Jean Saint-Josse
Chasse, pêche, nature et tradition -
Christine Boutin
Forum des républicains sociaux -
Alain Madelin
Démocratie libérale
Extrême droite
Les tensions présentes depuis plusieurs années au sein du Front national aboutissent à une scission à la fin des années 1990.
Lors du conseil national de décembre 1998, les partisans du délégué général du FN, Bruno Mégret, conspuent le président du parti depuis sa création, Jean-Marie Le Pen. Celui-ci fait exclure Bruno Mégret, qui cherchait à transformer le FN en parti de gouvernement et à nouer des alliances avec la droite parlementaire. En janvier 1999, Mégret fonde le Front national-Mouvement national, qui devient ensuite le Mouvement national républicain (MNR). Une majorité de cadres et d'élus du Front national décident alors de le suivre.
L'extrême droite se trouve fragilisée par ces divisions. Aux élections européennes de 1999, le FN arrive en huitième position avec 5,7 % des voix, contre 3,3 % à la liste conduite par Bruno Mégret.
-
Bruno Mégret
Mouvement national républicain -
Jean-Marie Le Pen
Front national
(1974 : 0,75 % – 1988 : 14,38 % –1995 : 15,00 %)
Sondages
Premier tour
- Premiers sondages
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En février 2002, un sondage donne un podium constitué de Chirac à 23 %, Jospin à 22 % et Chevènement à 12 %. Le Pen n'est alors qu'à 7 %, comme Arlette Laguiller. Au second tour, Jospin est donné gagnant avec 51 % des suffrages. Un autre sondage réalisé à la même époque donne le même résultat au second tour, mais diffère en ce qui concerne le premier tour. Chirac est donné à 24 %, Jospin à 22, Le Pen à 11, Chevènement à 10 et Laguiller à 7,5[7].
- Derniers sondages
Date de publication | Institut | |||
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Second tour
Date de publication | ||
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Premier tour
Le est inédit dans la vie politique française, puisqu'un représentant d'un parti classé à l'extrême droite de l'échiquier politique a réussi à se qualifier pour le second tour d'une élection présidentielle. Pour la deuxième fois sous la Cinquième République, la gauche n'est pas représentée au second tour d'une élection présidentielle (la première fois était en 1969 avec Georges Pompidou et Alain Poher).
Ce fut également le plus fort taux d'abstention observé au premier tour d'une élection présidentielle, et ce depuis le passage au suffrage universel direct en 1962 à la suite de l'Attentat du Petit-Clamart, avec 28,4 %.
À 20 heures, les estimations donnaient Jacques Chirac en tête avec 20 % des voix, contre 17 % à Jean-Marie Le Pen, lequel éliminait Lionel Jospin, donné à 16 % des suffrages. Ce dernier annonce le soir même son retrait de la vie politique.
Entre-deux-tours
À l'exception du MNR, qui appelle au soutien du candidat Jean-Marie Le Pen et de Lutte ouvrière qui refuse de soutenir un candidat ou un autre, tous les candidats du premier tour appellent à voter pour Jacques Chirac.
Des manifestations se déroulent dans la nuit du 21 au 22 avril 2002, puis les 22 et 23 avril, dans les grandes villes françaises, pour protester contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour[9]. Ces manifestations se sont poursuivies durant tout l'entre-deux-tours atteignant leur apogée pour le 1er mai.
- Mercredi 24 avril : 60 000 personnes dans les rues des grandes villes.
- Jeudi 25 avril : 250 000 personnes dans les rues des grandes villes.
- Samedi 27 avril : 200 000 personnes dans les rues des grandes villes, dont 45 000 à Paris.
- Mercredi 1er mai : de 1 300 000 (chiffres du ministère de l'Intérieur) à 2 000 000 (selon les organisateurs) manifestants dans une centaine de villes (dont 400 000 à Paris, toujours selon le ministère de l'Intérieur[10]).
De son coté, le Front national mobilise, le 1er mai, entre 10 000 (selon la police) et 100 000 (selon les organisateurs) personnes au défilé annuel du parti à Paris en l'honneur de Jeanne d'Arc et pour soutenir Jean-Marie Le Pen[10]
Jacques Chirac refuse de débattre à la télévision avec Jean-Marie Le Pen. Un mouvement, lancé par des militants de gauche et d'extrême gauche sur internet, invite les électeurs de gauche à aller voter pour Jacques Chirac « avec des gants ou une pince à linge sur le nez ». Lors de son grand meeting de l'entre-deux-tours, Jean-Marie Le Pen a suggéré à ces électeurs de voter avec « une casserole sur la tête, ils auront ainsi l'air de ce qu'ils sont »[11].
Second tour
Jacques Chirac est réélu président de la République avec 82,21 % ; Jean-Marie Le Pen obtient 17,79 % des suffrages exprimés, avec 720 319 voix supplémentaires par rapport au premier tour, soit une progression de 15 %. Avec 19 872 101 voix supplémentaires par rapport au premier tour, Jacques Chirac réalise une progression de 350 %.
Les consignes de vote des candidats éliminés au premier tour et l'alliance de la quasi-totalité de la classe politique pour faire barrage au président du Front national permet à Jacques Chirac d'obtenir ce résultat. Il s'agit en effet du plus important score réalisé en France dans une élection présidentielle, Louis-Napoléon Bonaparte n'avait pas obtenu autant en 1848 (74,2 %).
Le 6 mai au matin, Lionel Jospin présente sa démission. Quelques heures plus tard, Jacques Chirac nomme Jean-Pierre Raffarin au poste de Premier ministre.
Résultats
Résultats détaillés
Premier tour le |
Second tour le | ||||||
Nombre | % des inscrits | % des votants |
Nombre | % des inscrits | % des votants | ||
Inscrits | 41 194 689 | 41 191 169 | |||||
Votants | 29 495 733 | 71,60 % | 32 832 295 | 79,71 % | |||
suffrages exprimés | 28 498 471 | 96,62 % | 31 062 988 | 94,61 % | |||
bulletins blancs ou nuls | 997 262 | 3,38 % | 1 769 307 | 5,39 % | |||
Abstentions | 11 698 956 | 28,40 % | 8 358 874 | 20,29 % | |||
Candidat Parti politique |
Voix | % des exprimés | Voix | % des exprimés | |||
Jacques Chirac Rassemblement pour la République, soutenu par le Parti radical, le Parti populaire pour la démocratie française et des dissidents de l'Union pour la démocratie française | 5 665 855 | 19,88 % | 25 537 956 | 82,21 % | |||
Jean-Marie Le Pen Front national | 4 804 713 | 16,86 % | 5 525 032 | 17,79 % | |||
Lionel Jospin Parti socialiste | 4 610 113 | 16,18 % | |||||
François Bayrou Union pour la démocratie française | 1 949 170 | 6,84 % | |||||
Arlette Laguiller Lutte ouvrière | 1 630 045 | 5,72 % | |||||
Jean-Pierre Chevènement Mouvement des citoyens, soutenu par le Pôle républicain | 1 518 528 | 5,33 % | |||||
Noël Mamère Les Verts | 1 495 724 | 5,25 % | |||||
Olivier Besancenot Ligue communiste révolutionnaire | 1 210 562 | 4,25 % | |||||
Jean Saint-Josse Chasse, pêche, nature et traditions | 1 204 689 | 4,23 % | |||||
Alain Madelin Démocratie libérale | 1 113 484 | 3,91 % | |||||
Robert Hue Parti communiste | 960 480 | 3,37 % | |||||
Bruno Mégret Mouvement national républicain | 667 026 | 2,34 % | |||||
Christiane Taubira Parti radical de gauche | 660 447 | 2,32 % | |||||
Corinne Lepage Citoyenneté action participation pour le XXIe siècle | 535 837 | 1,88 % | |||||
Christine Boutin Forum des républicains sociaux | 339 112 | 1,19 % | |||||
Daniel Gluckstein Parti des travailleurs | 132 686 | 0,47 % | |||||
Sources : Site officiel du Conseil constitutionnel : premier tour, second tour |
Analyse générale
Le premier tour de l’élection présidentielle marque plusieurs succès pour Jean-Marie Le Pen :
- Le candidat du FN est bien concurrencé à sa droite par Bruno Mégret, n’ayant pas reçu le soutien du Mouvement national républicain ; cependant, son score de 16,86 % des suffrages est bien supérieur à ce que prévoyaient les sondages : 11,5 % à 14,5 % en mars, et enfin 15 % à la veille du premier tour, tandis que Mégret était crédité de 4,5 %. Un réflexe de vote utile aurait donc joué parmi les électeurs d'extrême droite, et aurait rajouté 2 % au candidat du FN.
- Il parvient à se qualifier pour le second tour et distance largement le candidat du MNR (qui ne recueille que 2,4 %) sur l’ensemble du territoire. Il est surtout arrivé en tête dans 35 départements, où il se hisse au-delà de 20 % dans plusieurs d'entre eux, comme en Alsace, où, dans le Bas-Rhin, il obtient 23,3 %, ou en Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, dans les Alpes-Maritimes, dans le Gard, le Var, le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône, l'Hérault, les Pyrénées-Orientales, l'Eure, la Franche-Comté, ainsi qu'en Lot-et-Garonne et Tarn-et-Garonne, dans la Loire, le Rhône, l'Ain, la Haute-Savoie, la Savoie, la Drôme et l'Isère.
Ce bon résultat de Jean-Marie Le Pen doit toutefois être resitué dans un contexte de forte fragmentation de l'offre politique (16 candidats), et de fort émiettement électoral. Le candidat du FN ne gagne en effet que 230 000 voix par rapport au résultat qu'il avait obtenu au premier tour de l'élection présidentielle de 1995. Les faibles résultats obtenus par les candidats du PS et du RPR ont indirectement favorisé le succès de Jean-Marie Le Pen, dont le socle électoral s'est avéré être beaucoup plus stable entre deux élections.
En ce qui concerne les deux « candidats sortants », leurs scores sont médiocres : Jacques Chirac ne réalise que 19,88 %, soit près d'un point de moins que son score de 1995 mais aussi le score de premier tour le plus faible pour un président sortant ; quant au Premier ministre du gouvernement de la Gauche plurielle, il essuie un fort recul par rapport à 1995, échouant de ce fait à se qualifier pour le second tour, et n'arrive en tête qu'en Seine-Saint-Denis, en Ariège, dans la Haute-Garonne, dans les Hautes-Pyrénées, dans l'Aude, dans le Gers, dans le Tarn, dans les Landes et dans la Nièvre. En conséquence, Lionel Jospin annonce le 21 avril même son retrait de la vie politique. Le score décevant du candidat socialiste a d'une certaine manière mis le voile sur la bonne tenue de la Gauche plurielle dans son ensemble, les candidats des Verts, du PRG, du PCF et du MDC cumulant plus de 15 % des suffrages exprimés.
Arrivé 4e au premier tour, François Bayrou obtient 6,84 % des suffrages exprimés, un score se situant dans la fourchette haute de ce que pouvaient lui laisser espérer les instituts de sondages avant l'élection, avec des intentions de vote plus proches des 5 %. Le candidat de l'UDF fait ainsi mieux qu'Arlette Laguiller et Jean-Pierre Chevènement, qui étaient crédités de scores supérieurs au cours de la campagne. Son score, le plus médiocre jamais atteint par l'UDF, s'explique notamment par la concurrence à la droite de Bayrou d'Alain Madelin, ex-UDF libéral qui recueille de son côté 3,91 % des suffrages exprimés.
L'élection présidentielle de 2002 a également été marquée par une forte poussée de l'extrême gauche trotskyste : la candidate de LO et le candidat de la LCR obtiennent chacun le meilleur score de leur parti :
- D’une part, Arlette Laguiller, à sa 5e candidature, réalise le score le plus haut de Lutte Ouvrière depuis l’élection de 1974, et s'impose comme la candidat la mieux placée à la gauche du Parti socialiste et de Lionel Jospin ;
- Olivier Besancenot obtient également un très bon score pour son parti : 4,25 % des voix, faisant ainsi mieux qu’Alain Krivine en 1969 (1,06 %) et 1974 (0,36 %).
Robert Hue, avec 3,4 % des suffrages, obtient un résultat historiquement mauvais pour le PCF, très éloigné du score qu'il avait obtenu à l'élection présidentielle de 1995 lors de laquelle il avait obtenu près de 9 % des suffrages. Il est outre devancé tant par Arlette Laguiller que par Olivier Besancenot, ce qui constitue une inversion de tendance historique dans la famille de l'extrême-gauche française. Noël Mamère fait, quant à lui, le meilleur score historique en France pour l'écologie, surpassant même les cinq pour cent. Ce relatif bon score lui permet d'être le seul écologiste à avoir sa campagne remboursée. Celui qui avait fait le meilleur score écologiste, en 1988, Antoine Waechter, est surpassé de presque 1,5 %.
Conséquences
Politiques
De nombreux médias ayant appelé à voter Chirac à contre-cœur emploient les termes de « claque » ou de « coup de tonnerre » pour qualifier le 21 avril 2002. Ce jour marquerait la naissance de la conscience politique d'une partie de la génération née dans les années 1980 et 1990[12], tout comme le 10 mai 1981[12], fêté par la classe ouvrière et plus tard symbole de l'écart avec les gouvernés.
Ce résultat provoque une recomposition du paysage politique. Après la démission du gouvernement Jospin, Jean-Pierre Raffarin est nommé Premier ministre par Jacques Chirac. La droite parlementaire entreprend alors de se réunir dans un mouvement d'abord appelé Union pour la majorité présidentielle, qui deviendra ensuite l'Union pour un mouvement populaire (UMP). Aux élections législatives de juin 2002, la droite l'emporte largement, tandis que le Parti socialiste obtient un mauvais score.
Vote utile
La présence du Front national au second tour renforce le débat sur le vote utile pour les élections suivantes[13]. Celui-ci est considéré par certains comme anti-démocratique, le premier tour devant représenter fidèlement les sensibilités politiques de l'ensemble des votants, et par d'autres comme une nécessité pour contrer la présence au second tour de tel ou tel candidat/parti jugés dangereux selon leurs critères.
Pendant la campagne pour l'élection présidentielle de 2007, le souvenir du « 21 avril » fut largement rappelé afin d'appeler à voter « utile », c'est-à-dire pour l'un des deux candidats favoris.
Le principe de l'élection primaire se diffusa en conséquence : il permet de mettre en compétition les candidats d'une même famille politique sans risque d'élimination par les Le Pen. Elle fut d'abord chez les socialistes fermée (2006) puis ouverte (2011), et devrait être mise en place à droite en 2016.
Ainsi, en 2007 et 2012, les candidats des deux écuries ont réalisé de bien meilleurs scores et, à l'exception de François Bayrou qui réussit une campagne de 2007 contre le vote utile, tous les petits partis ont perdu des voix[14]. Seul le Front national est revenu au niveau de 2002. Pendant la campagne de 2012, plusieurs sondages ont prévu un « 21 avril à l'envers ».
Débat sur les sondages
Il s'ensuit un débat concernant les techniques de sondages, leurs résultats et leurs interprétations. Si les résultats des derniers sondages étaient relativement fiables pour la majorité des candidats[15], les instituts réalisant les enquêtes ainsi que les journalistes et les personnalités politiques n'avaient pas anticipé la possible présence du Front national au second tour. Un duel RPR/PS semblant acquis, des bulletins de vote au nom de Lionel Jospin ont même été imprimés par l'équipe de celui-ci avant le premier tour[16].
Notes et références
- ↑ Encadré programme Jacques Chirac, journal de France 3
- ↑ « Popularité : Jospin double Chirac », IPSOS, 13 mars 2002
- ↑ Programme de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national et candidat à l'élection présidentielle 2002, intitulé : "Pour un avenir français", avril 2002.
- ↑ « Chirac et Jospin par défaut », par Christophe Barbier, Elise Karlin, Éric Mandonnet, le 21 mars 2002
- ↑ « Présidentielle : la volonté d'élimination l'emporte », Pierre Giacometti, Directeur général d'IPSOS, 5 mars 2002
- ↑ http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2002/liste-candidats-premier-tour-2002/decision-liste-candidats-premier-tour-2002-du-04-avril-2002.683.html
- ↑ « Sondage: 51 % pour Jospin au second tour », Libération, (consulté le 13 décembre 2011)
- ↑ « Historique des élections présidentielles » 2002 » (consulté le 18 décembre 2011)
- ↑ Source : Libération du 1er mai citant les chiffres du ministère de l'Intérieur.
- 1 2 Succès du 1er mai anti-Le Pen.
- ↑ http://www.humanite.fr/node/440006
- 1 2 L.EQ., « Chacun ses souvenirs politiques : pour certains, le 10 mai 1981, nous c’est le 21 avril », Libération, (lire en ligne)
- ↑ L'effet de vote utile peut se mesurer à la quantité de voix reçues au premier tour par les deux candidats en ballotage : de 36 p. 100 en 2002, la part monte à 57 en 2007 et 55 en 2012.
- ↑ Nonna Mayer, Les votes Le Pen du 21 avril 2002 au 22 Avril 2007, CEVIPOF, coll. « Le Panel Électoral Français 2007 : 1re vague – 29 mars - 21 avril 2007 » (lire en ligne), p. 2
- ↑ Selon certains sondages du 17 au 18 avril, Jacques Chirac était crédité de 19,5 % des voix, Lionel Jospin de 18 %, Jean-Marie Le Pen de 12,5 %, François Bayrou de 6 %
- ↑ leparisien.fr et AFP, « Présidentielle : «On imprime beaucoup plus de bulletins de vote pour certains candidats» », leparisien.fr, (consulté le 20 avril 2012)
Bibliographie
- La Politique du peuple : racines, permanences et ambiguïtés du populisme, Roger Dupuy, 2002 (ISBN 222613428X)
- Les Dessous d'une présidence, Jean-Pierre Thiollet, Anagramme éditions, 2002 (ISBN 2-914571-14-3)
- Aimer, s'aimer, nous aimer : du 11 septembre au 21 avril, Bernard Stiegler, 2003
Voir aussi
Engagement des artistes
Durant la nuit du premier tour, Saez compose et enregistre un titre en téléchargement gratuit, Fils de France.
Sur l'album Révolution.com, No One Is Innocent dénonce l'abstentionnisme dans la chanson Où étions-nous ?
Fiction
- Bande dessinée : cycle en cours de parution Dantès (6 volumes). Dans les milieux de la Bourse Christophe Dantès -inspiré d'Edmond Dantès, comte de Monte-Cristo- dans sa lutte vengeresse, attaque un de ses trois ennemis, qui arrive contre toute attente en tête au premier tour de l'élection présidentielle du 21 avril 2002. Il s'appelle Charles de Salers, et est président de Nation Française dont le siège se trouve à Saint-Cloud. À l'instar de son modèle, il a une fille, Justine, engagée dans son combat.
Articles connexes
- Élections présidentielles sous la Cinquième République
- Financement des campagnes présidentielles en France
- Affaire Paul Voise
- Front républicain (Ve République)
- 21 avril (expression politique)
Liens externes
- Sur quelques énigmes des élections françaises du printemps 2002, numéro de la Revue française de science politique (Vol. 52–2002/5-6)
- Vidéo : Résultats du premier tour sur France 2
- Vidéo : Résultats du second tour sur France 2
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