Traité d'athéologie
Le Traité d'athéologie est un ouvrage sur l'athéisme écrit par Michel Onfray, publié en 2005 aux éditions Grasset.
« Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l'intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d'un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine du féminin ; haine des corps, des désirs, des pulsions. En lieu et place de tout cela, judaïsme, christianisme et islam défendent : la foi et la croyance, l'obéissance et la soumission, le goût de la mort et la passion de l'au-delà, l'ange asexué et la chasteté, la virginité et la fidélité monogamique, l'épouse et la mère, l'âme et l'esprit. Autant dire la vie crucifiée et le néant célébré... »
— Michel Onfray, extrait du Traité d'athéologie, 2005, Grasset.
Analyse de l'œuvre
Le livre est dédié à Raoul Vaneigem.
Athéologie
Le terme d’athéologie est repris, d'après Onfray, d'un projet d'une série d'ouvrages écrits et rassemblés par Georges Bataille sous le terme La Somme athéologique, finalement jamais achevée.
Monothéismes
L' « idéal ascétique » est le point commun que Michel Onfray trouve entre le judaïsme, le christianisme et l'islam.
Judaïsme
« Yahvé parle à son peuple élu et n'a aucune considération pour les autres. La Torah invente l'inégalité éthique, ontologique et métaphysique des races. »
Christianisme
Dans sa Contre-histoire de la philosophie, il défend particulièrement la thèse mythiste : Jésus est pour lui un personnage conceptuel, tout comme le Zarathushtra de Friedrich Nietzsche ou le Socrate de Platon ; ce concept est repris de Gilles Deleuze. Il considère pour sa part que le christianisme, et à travers le christianisme l'idéalisme platonicien, a tellement profondément influencé l'épistémè occidentale que le refoulement de la thèse mythiste est simplement culturelle : la longue domination intellectuelle du christianisme durant le Moyen Âge et la Renaissance fait qu'il a fallu très longtemps pour que la thèse mythiste soit simplement envisageable.
Islam
« Et pour un Averroès, ou un Avicenne - ces prétextes tellement utiles... - combien d'imams hypermnésiques mais hypo-intelligents ? »
Théocratie
Onfray étudie l'enchevêtrement des religions et des pouvoirs judiciaires, étatiques et gouvernementaux.
Bibliographie
- Ouvrages cités
- Traité des trois imposteurs
- Dénonciation du faux document de la donation de Constantin par Lorenzo Valla
- Testament philosophique de Jean Meslier
Réception, commentaires
Le succès médiatique du Traité d'athéologie a conduit à faire penser que la question de la religion était centrale dans la pensée d'Onfray, voire qu'Onfray était avant tout un théoricien de l'athéisme. Si Onfray est athée, c'est la défense de l'hédonisme qu'il met d'abord au cœur de son travail. Le Traité d'athéologie avait été écrit en 2005 suite aux débats qui avaient suivi la parution de son ouvrage Féeries anatomiques dans lequel il remettait en question les a-priori chrétiens dans le domaine bioéthique.
Matthieu Baumier (it) avec L'Anti-traité d'athéologie[1], préfacé par Régis Debray et Irène Fernandez (philosophe et théologienne) avec Dieu avec esprit. Réponse à Michel Onfray[2] ont publié des réponses au traité d’athéologie. Ces ouvrages ont été bien reçus par le quotidien catholique La Croix qui souligne « le catalogue de raccourcis, d’approximations, d’amalgames, de contresens sur le christianisme qu’est le Traité d’athéologie[3] ». Pour le journaliste François Busnel de L'Express, ces deux ouvrages sont en revanche « très décevants[4] ».
Le Traité d’athéologie, vendu à plus de 300 000 exemplaires[réf. nécessaire], a clairement montré un regain d'intérêt, en France, en 2005, pour les questions d'athéisme. Le succès médiatique du Traité d'athéologie fait écho à celui d'autres livres athées publiés en anglais à la même époque, et qui ont été des très grands succès de publication, tels que The God Delusion de Richard Dawkins, Breaking the Spell: Religion as a natural phenomenon de Daniel Clement Dennett, The End of faith de Sam Harris ou God is not great: How religion poisons everything de Christopher Hitchens. Le succès éditorial de ces publications, particulièrement dans le monde anglo-saxon, conduit certains athées à penser qu’ils doivent être, en tant que citoyens, plus revendicatifs sur leurs droits à ne pas croire en une religion, à défendre la séparation des Églises et de l’État devant les menées des mouvements fondamentalistes (aux États-Unis), et doivent donc à cette fin être plus actifs en tant que mouvement.
Notes et références
- ↑ Matthieu Beaumier, L'Anti-traité d'athéologie, Presses de la Renaissance, , 243 p.
- ↑ Irène Fernandez, Dieu avec esprit. Réponse à Michel Onfray, Philippe Rey, , 163 p.
- ↑ « Les contradicteurs d’Onfray réagissent » : De plus il estime que « Dès lors, la clé du succès d’Onfray est simple : présenter des thèses « faciles », mais fausses, à un public finalement très crédule ».
- ↑ « Son Traité d'athéologie a ulcéré les tenants des cultes monothéistes - qui, d'ailleurs, n'ont toujours pas répondu autrement que par l'insulte ou l'idéologie : lire, si l'on y tient, sur ce sujet les deux très décevants ouvrages de Matthieu Baumier (it), L'Antitraité d'athéologie (Presses de la Renaissance), et d'Irène Fernandez, Dieu avec esprit (Philippe Rey) », François Busnel, « Pourquoi il faut lire Michel Onfray », .
Voir aussi
Bibliographie
- André Comte-Sponville, L'Esprit de l'athéisme - Introduction à une spiritualité sans dieu, Paris, Albin-Michel,
- Michel Onfray, Traité d'athéologie, Paris, Grasset, (ISBN 2246648017)
- Raoul Vaneigem, La résistance au christianisme. Les hérésies des origines au XVIIIe siècle, Paris, Fayard,
Articles connexes
- Athéisme
- Hédonisme
- Antichristianisme
- Pour en finir avec Dieu, par Richard Dawkins
- Néo-athéisme
Liens externes
- « D’Holbach redivivus ? De l’actualité d’une pensée athée », note critique à propos du Traité d’athéologie, sur le site du Groupe de Recherches Interdisciplinaires sur l'Histoire du Littéraire. Cet article d’Alain Sandrier développe les positions d’un compte-rendu publié dans la revue Critique sous le titre « Michel Onfray, d’Holbach redivivus ? », Critique, t. LXII, no 713, , p. 838-849.
- « Compte-rendu d'Alix Héricord » sur le site de l'Institut d'études de l'Islam et des sociétés du monde musulman de l'EHESS.
- Jean-Paul Baquiast, « Notes et présentation », sur le site de la revue Automates Intelligents
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