Religion grecque antique
La religion grecque antique désigne un ensemble de rites et de pratiques de l'Antiquité grecque. À partir de l'époque archaïque, les caractères dominants de la religion grecque apparaissent : un polythéisme, des dieux (theoi) anthropomorphes munis d'attributs (foudre, trident, arc et flèches, égides, etc.), jouissant de pouvoirs pléthoriques, ayant des secteurs d'intervention, des modes d'actions propres, et dotés d'une mythologie avec ses héros. Mais chacune de ces divinités n'existe que par les liens qui l'unissent au système divin global[1].
Chacun d'eux peut être invoqué sous divers aspects en fonction du lieu, du culte et de la fonction qu'il remplit. Ces puissances dotées de pouvoirs surnaturels, sous le même nom, peuvent présenter une multiplicité d'aspects. Des épithètes culturelles (les épiclèses) signalent alors leur nature et leur domaine d'intervention. Il y a, par exemple, Zeus Kéraunos (du ciel, père de tous les Dieux), Polieus (gardien de l'ordre politique), Horkios (garant des serments et des pactes), Ktésios (protecteur de la propriété), Herkeios (gardien de l'enclos), Xenios (protecteur des hôtes et des étrangers). Les autres figures du panthéon grec suivent aussi ce schéma[1].
La religion n'est pas l'affaire d'une croyance privée ; elle est avant tout publique et concerne la communauté, d'où ses implications importantes avec la vie politique. En fait, elle ne se cantonne pas à certaines sphères de la vie quotidienne mais peut concerner tous ses aspects. En sorte, les Grecs de l'Antiquité n'établissaient pas vraiment de différence entre le domaine religieux et le profane : chaque moment de la vie peut être rythmé par un rite plus ou moins formel, une prière, une pratique religieuse. Ses principaux rites sont les prières, les offrandes, les sacrifices, les fêtes publiques et les jeux. Ces rites ne s'excluent pas, au contraire : une offrande s'accompagne d'une prière, un sacrifice également pour couronner une fête publique.
Cependant la société grecque antique étant radicalement différente de la nôtre. L'essentiel des croyances et des rites se structurent au moment où naît, à l'époque archaïque (VIIIe-VIe av. J.-C.), une forme d'organisation politique particulière : la cité (polis), avec pour corollaire la redécouverte et la diffusion de l'écriture (v.800-700 av. J.-C.)[1] Notre mot « religion » n'existe pas en grec ancien. Les concepts qui nous servent à décrire les phénomènes religieux contemporains ne sont pas forcément adaptés à l'analyse de ce qu'étaient pour les Grecs le divin[1]. Dans la société grecque, la religion est complètement imbriquée dans tous les domaines de la vie (familiale, publique et sociale). L'opposition entre le profane et le sacré, les limites que nous établissons entre le laïque et le religieux sont ici incertaines, voire non pertinentes. Les gestes, les comportements, les cérémonies de la vie familiale, sociale et politique comportent presque toujours un aspect religieux[1].
Histoire et historiographie
Le nom de la plupart des divinités apparaît déjà sur les tablettes mycéniennes, puis dans les textes d'Homère et d'Hésiode. Leur place et leur fonction y sont déjà en partie fixées. Le panthéon grec semble constitué dès le VIIIe siècle av. J.-C. À la fin de ce siècle, Hésiode, un poète béotien, dans sa Théogonie, présente une mise en ordre des rites et des mythes relatifs à la naissance du monde divin. Il dresse une histoire de la succession des générations divines, qui au terme de multiples conflits pour la souveraineté aboutit à la mise en place des dieux de l'Olympe autour de la figure de Zeus.
Les récits mythiques, comme ceux d'Hésiode, expliquent les pratiques culturelles (sacrifices, fêtes et concours) et les rites qui accompagnent la vie sociale et politique. Ils justifient les règles fondamentales qui régissent la collectivité, les rendent intelligibles aux hommes et en assurent la pérennité[1].
Il n'est pas aisé, en l'absence de témoignages directs — la majorité des sources étant littéraires — de se prononcer sur la nature réelle de la foi et du sentiment religieux du peuple grec. En un sens, il est impossible d'affirmer simplement que les Grecs croyaient en leurs mythes et accordaient un crédit réel à leurs pratiques. Deux faits sont cependant assurés par les textes :
- leur contenu était accepté par les Grecs de l'époque ;
- la piété (et non la foi) était réelle.
Les sources
La religion grecque n'existant plus en tant que telle, il faut, pour la connaître, s'appuyer sur un ensemble important de sources, qui sont principalement d'ordre littéraire, épigraphique et archéologique. Quelque riches et intéressantes qu'elles soient, toutes ces sources ne sont réellement pertinentes que considérées ensemble. La religion grecque nous est principalement connue à partir de trois types de sources, d'ordre littéraire, épigraphique et archéologique.
Croyances
Nature des divinités
Pour les Grecs, les dieux ne sont pas extérieurs au monde, ils n'ont pas créé l'univers ni les hommes, mais ont été eux-mêmes créés. Ils n'ont pas toujours existé ; ils ne sont pas éternels (sans commencement ni fin), mais seulement immortels (naissance sans mort). Cette immortalité se traduit par un mode de vie particulier. Ils se nourrissent d'ambroisie (substance délicieuse, neuf fois plus douce que le miel, disait-on), de nectar (breuvage) et de la fumée des sacrifices (voir à cet effet l'article Sacrifice dans la religion grecque antique). Dans leurs veines ne coule pas le sang des mortels mais un autre liquide, l'ichor. Ils sont soumis au destin et interviennent constamment dans les affaires humaines. Nés les uns des autres et fort nombreux, les dieux forment une famille, une société même, fortement hiérarchisée[1].
Mythologie
D'après Hésiode, la mythologie grecque est organisé de trois puissances : Chaos (la Béance), Gaia (la Terre) et Éros (le Renouvellement), qui donnent chacune naissance à d'autres puissances de façon indépendante. Puis de l'union de Gaia et d'Ouranos naissent les Titans (dont le plus jeune est Kronos), les trois Cyclopes et les trois Hécatonchires (Cent-Bras). Parmi les enfants de Gaia et d'Ouranos qui à leur tour engendreront des puissances divines, Kronos châtre son père, puis règne avec Rhéa sur les autres dieux. Pour qu'aucun de ses enfants ne devienne roi, il les avale dès leur naissance. Issu de lui, Zeus échappe à ses visées meurtrières. Devenu grand, il force Kronos à vomir ses enfants, le détrône et engage avec la génération de ses frères, les Olympiens, un combat contre les Titans. Désormais, les dieux s'organisent essentiellement autour de Zeus, souverain de l'Olympe (du ciel, de la région éthérée où vivent les dieux), qui a partagé le monde avec ses frères : à Hadès les enfers, à Poséidon la mer. Il répartit entre les Olympiens tous les honneurs (timai) et inaugure un règne de paix et de justice[1].
Piété (εὐ̓σέϐεια eusébeia)
La piété est le respect d'un juste milieu, la connaissance de limites à ne pas franchir avec les lois divines ; il s'agit avant tout de respecter les traditions des ancêtres et d'accorder aux dieux leur dû (offrandes, prières), quitte à accomplir les rites sans en connaître la signification profonde. La piété est avant tout civique (il faut aussi indiquer que la charge de prêtre, sauf dans de rares cas, est civile et qu'il n'existe pas de clergé) : chaque cité est protégée par une divinité tutélaire. Lui manquer de respect, c'est risquer qu'elle cesse d'assurer cette protection, danger qui concernerait tous les citoyens.
Les obligations de la communauté concernent d'abord le respect de la tradition ancestrale. Celles de l'individu sont multiformes. La participation aux cultes de la cité, l'abondance des offrandes dans les sanctuaires, la dévotion envers les morts de la parenté et les divinités protectrices de la famille, la générosité pour permettre aux rituels de se dérouler dans de meilleures conditions sont des exemples de manifestation de piété[1].
La religion grecque ne s'appuie sur aucune révélation. La cité grecque ne connaît ni Église. La piété n'est pas l'expression d'un sentiment de relation intime avec une divinité. La religion grecque ne semble donc pas avoir demandé une adhésion profonde en un dogme, qui n'existe d'ailleurs pas, mais le simple respect des rites. Les conduites religieuses, piété (eusébeia : respect des obligations envers les dieux) et impiété (asébeia : absence de respect des croyances et des rituels communs aux habitants d'une cité), n'ont pas un caractère défini et rigide. La piété semble avoir été le sentiment qu'avaient le groupe ou l'individu de certaines obligations. Être pieux, c'est croire en l'efficacité du système de représentations mis en place par la cité pour organiser les rapports entre les hommes et les dieux, et aussi y participer activement[1].
Impiété (ἀσέϐεια asébeia)
Il est généralement considéré comme impie tout ce qui va à l'encontre de la tradition, en matière de religion, toute innovation : l'introduction dans la cité de dieux qui ne sont pas encore officiellement acceptés, des conceptions qui mettent en cause des croyances traditionnelles, la modification de rites ancestraux. De même, toute atteinte à l'intégrité du patrimoine divin (vol au détriment d'un temple, mutilation d'arbres sacrés, mise en culture, sans bail du fermage, du domaine du dieu), toute profanation, imitation ou contrefaçon d'une cérémonie religieuse, des violences commises contre les desservants d'un culte sont des actes impies[1].
L'impiété, c'est-à-dire une absence de respect à l'égard des rites d'une cité, est considérée comme un crime passible d'une condamnation devant les tribunaux. De même, l'on jugeait impies les excès de « piété », comme la superstition. Ainsi, à supposer que les sectateurs d'une nouvelle religion ou d'un dieu nouveau pour la cité désirent pratiquer leur culte, ceux-ci doivent en demander l'autorisation, qui sera soumise au vote. À l'issue de ce vote, l'intégration, ou non, du dieu ou du culte se fera. C'est pour cette raison que l'« impiété » de Socrate (circa 469-399 avant notre ère) l'a conduit à la peine capitale, prononcée par la cité d'Athènes. Celui-ci, en effet, avait été jugé impie pour avoir introduit dans sa cité un culte sans respecter les rites religieux et civiques d'intégration. La gravité de la peine infligée à Socrate peut s'expliquer qu'en introduisant illégalement de nouveaux cultes, il risquait de vexer les dieux de la cité et d'affaiblir leur protection.
Le sacré
Le sacré en tant que tel n'existe pas dans la religion grecque. Trois notions proches, cependant, sont à connaître, qu'il convient de ne pas confondre.
ἱερός / hierós
Ce terme renvoie aux choses qui permettent la mise en œuvre des conditions nécessaires à la réalisation du rite. Il s'agit des formes casuelles ou circonstancielles, et non pas essentielles, du sacré. Ainsi, un lieu peut devenir sacré le temps d'une cérémonie (le lieu d'un sacrifice), de même un objet de la vie quotidienne (le couteau pour égorger la victime sacrificielle) ou encore un homme (l'officiant). En effet, le prêtre (ou ἱερεύς / hiereús) n'est pas un homme en dehors de la société civile : le clergé n'apparaît pas à proprement parler comme une caste sociale mais mieux comme une fonction administrative de la société athénienne. Souvent, le prêtre n'est effectivement qu'un fonctionnaire tiré au sort ou élu pour un an, la prêtrise apparaissant comme une charge d'État, essentiellement éphémère (celle du prêtre d'Éleusis étant la plus célèbre). Pendant son mandat, le prêtre n'est investi de ses fonctions que lors des actes liturgiques, et non pas en dehors de ces moments. Il n'existe d'ailleurs pas de clergé grec hiérarchisé et organisé comme institution autonome, la prêtrise apparaissant comme une fonction essentiellement publique, voire politique.
Cet aspect essentiellement occasionnel du ἱερός / hierós aide alors à la compréhension du substantif pluriel τὰ ἱερά / ta hierá qui peut renvoyer aussi bien selon le contexte aux « actes du culte », aux « lieux du culte » ou encore aux « objets du culte », ou globalement « aux choses consacrées au culte ».
ἅγιος / hágios
Ce terme pourrait être traduit par l'adjectif saint. Il caractérise ce qui est définitivement éloigné de la vie quotidienne et du monde commun par sa pureté. Il s'oppose en cela au ἱερός hierós. Il est notable que c'est le terme qu'on utilise en grec moderne pour désigner les saints chrétiens. Un lieu peut être définitivement ἅγιος hágios, c'est alors le τέμενος témenos, terme dérivé du verbe τέμνω, témnô, « couper », et signifiant littéralement « retranché ». Le téménos est en effet une zone, un lieu, un endroit de taille variable que l'on a séparé du domaine humain, revenant ainsi définitivement aux dieux. Souvent, un lieu devient téménos après une théophanie, apparition ou manifestation divine, pouvant être réalisée par un phénomène naturel comme la foudre, un prodige quelconque, ou tout événement ou phénomène simple auquel on attribue des traits vertueux par pure interprétation. L'espace du téménos, parce qu'il ne doit pas être souillé, est rigoureusement délimité, souvent grossièrement par des pierres ou la pose de bornes. On ne peut y entrer que dans un état de pureté et dans le respect des interdits, variables d'un lieu à l'autre ; un sanctuaire apparaît dès lors systématiquement comme téménos. Originellement, le téménos (c'est là son premier sens chez Homère) désignait aussi une portion de terre réservée au héros ou au monarque de façon à lui assurer des revenus ; il s'agit, toutes proportions gardées, du fief médiéval.
ὅσιος / hósios
Ce dernier terme connote l'idée de permission. Est ὅσιος / hósios ce qui est prescrit ou permis par la loi divine. Un être devenu impur à cause d'une souillure, donc exclu des rites et interdit d'entrée dans un téménos, redevient hósios après s'être lavé de cette souillure. Au pluriel et substantivé, l'expression τὰ ὅσια tà hósia (« les choses hósios ») désigne « les lois divines », par opposition à τὰ δίκαια tà díkaia, « les lois humaines ».
Le pur et l'impur
La pureté, dans la religion grecque, n'est pas morale mais matérielle. Son importance est capitale car l'on ne peut participer aux rites et pénétrer dans un téménos, sanctuaire ou non, qu'en état de pureté. Pur se dit καθαρός katharós, qui signifie tout aussi bien propre ; l'on comprend pourquoi, dans certains rites, le lavage de mains est prescrit. Les notions de pureté et d'impureté dépendent entièrement du contexte : tel objet considéré pur peut être impur dans un autre contexte.
C'est le cas du sang ; celui-ci n'est intrinsèquement ni pur ni impur, tout dépendant du rite envisagé : le sang de la victime sacrifiée est pur, celui d'un mort tombé à terre impur. C'est pour cette dernière raison que tout meurtrier, qu'il soit mortel ou non, doit être « lavé » de sa souillure après le combat, même si celui-ci était loyal ou dans l'intérêt de la Cité. De la même manière, la mort d'un proche (même non sanglante) ou l'enfantement sont sources de souillure, qui empêchent d'assurer la charge de prêtre, de participer à certaines cérémonies et de pénétrer dans un téménos.
L'on trouve des traces de ce rapport ambigu au sang dans la mythologie :
- Oreste, après avoir vengé dans le sang le meurtre de son père Agamemnon (ce que l'on considérait être son devoir), doit expier sa souillure en étant pourchassé par les Érinyes. Ce n'est qu'après un acquittement par Athéna puis une quête imposée par Apollon (consistant à rapporter de Tauride en Athènes une statue d'Athéna) que celui-ci est lavé du sang de ses victimes et trouve le repos des Furies ;
- l'île de Délos, alors errante (comme de nombreuses îles mythologiques), fut la seule terre à accueillir Léto, mère d'Apollon et Artémis, pour qu'elle y accouche. Héra, en effet, encore une fois trompée par son époux, Zeus, père des jumeaux de Léto, avait interdit à toute terre d'accepter sa « rivale ». Devenue le berceau des deux dieux, l'on accorda à Délos l'immobilité et l'île devint sacrée. Pour la rendre exempte de toute souillure, l'on décréta qu'il était interdit d'y naître ou d'y mourir ; on alla même jusqu'à exhumer les cadavres enterrés sur l'île auparavant afin d'en garantir la pureté (consulter pour plus de détails l'article Apollon) ;
- Apollon lui-même dut, après avoir tué le monstre Python, se purifier de son meurtre. C'est pourtant par cet acte violent que le dieu a fondé l'une des villes les plus pieuses du monde grec.
Cette ambiguïté entre pureté et impureté peut entraîner une confusion entre les deux états, ce qu'une paronymie fortuite peut expliquer : souillure peut se dire ἄγος / ágos (bien que le terme le plus fréquent soit μίασμα míasma, passé en français sous la forme miasme), mot que les Anciens ont rapproché de ἅγιος hágios saint. L'impureté avérée peut, dans certains cas, devenir une forme de sacré. C'est le cas pour Apollon, qui préside à la pureté mais aussi à certaines formes de souillures, comme la peste. De même, le sang de porc, considéré impur quel que soit le contexte, est cependant utilisé dans les mystères (cultes ésotériques) d'Éleusis.
Rites et pratiques
Les dieux sont vénérés par des rites à observer, par des offrandes à porter, par des jeux organisés en leur honneur, par certains mystères, et par l'oracle de Delphes qu'il faut consulter. « La piété, écrit Platon dans Euthyphron, consiste à savoir prier et sacrifier en disant et en faisant ce qui est agréable aux dieux : elle assure le salut des familles et des États ».
Tout acte religieux commence par un rite de purification, par un geste de pureté, propre à éliminer la souillure dont le profane est atteint. C'est ainsi qu'on se lave les mains avant de présenter une offrande, qu'on se baigne dans la fontaine de Castalie avant de consulter l'oracle d'Apollon. Purifié, le fidèle peut adresser sa prière au dieu qu'il invoque, prière verbale. L'Antiquité ne connaît pas la prière muette pas plus que la lecture silencieuse. Il faut se faire entendre par son dieu ou sa déesse. Cette prière doit s'accompagner d'une offrande. Les dons modestes sont déposés dans un sanctuaire rustique, libations matin et soir ou avant les repas, présents qui dans les grands sanctuaires sont conservés dans des bâtiments appelés « Trésors ». Tout cela afin de se concilier les bonnes grâces du dieu.
Avec le temps, ces offrandes prennent d'énormes proportions. Elles ornent en tant qu'ex-voto les sanctuaires d'Olympie, de Delphes ou d'ailleurs. Les dieux ne sont pas seulement invoqués par une cité ou un particulier, ils sont aussi remerciés pour des bienfaits reçus, des victoires remportées, un oracle rendu, une faveur obtenue. En faisant don au sanctuaire d'un objet précieux ou d'un monument harmonieux, la cité ou le Grec fait acte de soumission et d'allégeance aux dieux. Ces actes de piété manifestaient la religiosité tant des Grecs des temps géométriques que des Grecs des temps classiques, même s'ils furent entachés d'orgueil ou de jalousie, chaque cité ou simple citoyen s'efforçant de surpasser son voisin. Les cités surtout, manifestaient ainsi leur influence, leur force ou leur victoire, encombrant les sanctuaires de renom d'œuvres ou de monuments de toute espèce dont la plupart, hélas ont disparu ou ont pris le chemin des musées. Le particularisme, même dans le domaine religieux, éclatait au grand jour car on ne célébrait pas seulement les victoires sur l'ennemi commun mais aussi, et peut-être surtout, les victoires d'une cité sur une autre : Sparte célébrant sa victoire sur Athènes dressera à Delphes son ex-voto en face de celui d'Athènes, ou Thèbes en face de celui de Sparte, également à Delphes, chacun étant persuadé que les dieux se mêlaient à ces disputes ou ces guerres fratricides.
Dans tous les cas, il s'agissait de respecter les rites et de bien les respecter, si on ne voulait pas encourir la colère de dieux, c'est pourquoi la fonction sacrificielle était réservée à un prêtre, établi par la cité, qui sacrifiait sur l'autel, toujours élevé en dehors du temple. Les gros sacrifices, lors de grandes fêtes en l'honneur de tel ou tel dieu, s'accompagnaient d'une procession ou d'un cortège, donnant à ces fêtes un éclat particulier que les citoyens recherchaient avec avidité, comme le cortège des Grandes Panathénées à Athènes.
Les oracles
Les oracles constituent un aspect fondamental de la religion et de la culture grecques. L'oracle est la réponse donnée par un dieu que l'on a consulté à une question personnelle, concernant généralement le futur. De tels oracles ne peuvent être rendus que par certains dieux, dans des lieux précis, sur des sujets déterminés et dans le respect de rites rigoureusement respectés. Le principal dieu devin est Apollon, dont l'oracle est à Delphes.
Bibliographie
- Encyclopédie des Religions de Gerhard J. Bellinger ;
- La Cité antique de Fustel de Coulanges.
- Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae (LIMC)
- Homo Necans. Rites sacrificiels et mythes de la Grèce ancienne, Walter Burkert, Belles Lettres, coll. « Vérité des mythes », 2005 (ISBN 2251324372),
- Les Cultes à mystères dans l'Antiquité, Walter Burkert, Belles Lettres, coll. « Vérité des mythes », 2003 (ISBN 2251324364).
- La Cuisine du sacrifice en pays grec, Marcel Détienne et Jean-Pierre Vernant, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 1979 (ISBN 207028655X).
Référence
- 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 d'après l'Encyclopédie des Religions de Gerhard J. Bellinger ISBN 2253131113
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Voir aussi
Articles connexes
- Orphisme
- Religion romaine
Liens externes
- LIMC-France (LIMC) : corpus numérique d'objets antiques liés à la Mythologie gréco-romaine.
- Le Musée vivant de l'Antiquité, partie « Religion », site pédagogique de l'Académie de Versailles, très complet et qui développe des aspects qui ne sont ici qu'évoqués.
- Présentation des religions antiques
- Andrew Lang, Un côté négligé de la religion grecque, Études traditionnistes, Vol. VI, traduit par Henry Carnoy, Édition J. Maisonneuve, Paris, 1890, p. 46-56.
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