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Mètis (Grèce antique)

Mètis (Grèce antique)

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Métis (homonymie).

La mètis ou métis (en grec ancien Μῆτις / Mễtis, littéralement « le conseil, la ruse ») est une stratégie de rapport aux autres et à la nature reposant sur la « ruse de l'intelligence ».

Elle n'est pas désignée par un autre terme courant dans la langue française mais par cette expression. Elle a alors valeur de concept d'analyse, elle permet de produire du sens sur des situations littéraires complexes, où règnent le conseil et la ruse, mais aussi permet de décrire la complexité du héros.

Mais la pertinence de ce concept est telle qu'il est parfois utilisé dans d'autres activités aussi diverses que l'anthropologie (les travaux de Paul Radin), l'économie (en lien tant avec les stratégies économiques que financières), la psychologie (relations intra-personnelles, ou à soi-même, par exemple dans les travaux de Jung sur « le fripon divin » à l'intérieur de nous-même) ou l'art de la guerre (la ruse de guerre).

Origine du concept

Article détaillé : Métis (mythologie).

Dans la mythologie grecque archaïque, Métis est une Océanide, fille d'Océan et de Téthys, qui est la personnification de la sagesse et de l'intelligence rusée.

La mètis consiste en particulier à « se mettre dans la peau de l'autre », à adopter un instant sa « vision du monde » pour imaginer ce qu'il ne va pas voir, ce qui va lui échapper. Une condition nécessaire au déploiement de la mètis est le plus souvent la nécessité de « sauver sa peau ».

Julian Jaynes identifie la naissance de la mètis dans le texte de l'Odyssée et son absence dans celui de l'Iliade.

Par exemple Ulysse « invente » la mètis ou a recours à la mètis pour gagner la guerre contre les Troyens (Cheval de Troie), pour échapper au Cyclope, etc. Ulysse est célèbre pour sa mètis (que l'on peut comprendre comme intelligence rusée), qui rend son conseil très apprécié lors de la guerre de Troie.

Le concept dans les œuvres

Le concept a été utilisé pour de nombreux travaux littéraires dont certains ont connu une gloire populaire.

Ainsi en s'intéressant à d'autres cultures, Paul Radin a mis à jour la figure du Trickster : littéralement « farceur ».

On retrouve l'usage de la mètis au sens Grec du terme à travers le monde dès le Moyen Âge. Cette figure se retrouve dans Till l'espiègle, un personnage de saltimbanque malicieux et farceur de la littérature populaire du Nord-Ouest de la Belgique. Évidemment, dans Le Roman de Renart  : Renart. Le renard, le goupil espiègle, personnage principal de ces récits. Complexe et polymorphe, il incarne la ruse intelligente liée à l'art de la belle parole. On rencontre aussi la mètis de manière plus contemporaine puisque des personnages de créations contemporaines la font vivre. Elle est incarnée notamment par Zorro (renard en espagnol), le redresseur de torts ou Robin des Bois.

"Mêtis" apparaît également, avec l'orthographe francisée, dans le roman Le Passager de Jean-Christophe Grangé, paru en 2011 aux éditions Albin Michel. Présentée comme la déesse de la "sagesse" (rôle habituellement dévolu à sa fille Athéna dans la mythologie classique), elle sert de titre à une mystérieuse compagnie pharmaceutique.

La mètis des grecs en question

Marcel Detienne et Jean-Pierre Vernant (1974) décrivent en résumé la Mètis des Grecs, comme une espèce d’habileté et de prudence avisée, fondée sur « la délibération en vue d’un bien ».

Selon François Jullien (1989), elle a beau se le dissimuler, la philosophie a un problème avec la sagesse. Au départ pourtant, le partage paraissait acquis, la hiérarchie bien établie, la sagesse demeurait l’idéal et c’est par une honorable pudeur que la philosophie s’en serait tenue à distance. Modeste philosophie… Ou plutôt ruse de la philosophie, tant de retenue, nous dit Nietzsche, n’aurait servi qu’à masquer les ambitions de la philosophie naissante alors qu’elle s’apprêtait déjà, et déjà chez Platon, à reléguer la sagesse dans l’inconsistance de tout ce qui n’est pas un savoir démontré (ou révélé) ; et ce dédain ne pouvait qu’aller croissant avec le développement de la philosophie (page 29).

Cette citation nous incite à penser que la sagesse a été reléguée par Platon et ses successeurs, dans le camp de la Mètis. Mais François Jullien nous dit que le choix de la Vérité en Grèce ne s’est pas seulement imposé pour des raisons philosophiques, mais plutôt pour « un tas de raisons » (p. 107) sur des plans biens différents allant de la structure de la justice à la conception du discours dans la cité, fondé sur le face-à-face, l’affrontement et la compétition dans l’agora.

Platon condamne la Mètis, car ses expressions semblent toutes aux antipodes des vertus que la Cité des Lois exige de ses citoyens. La Mètis ne serait-elle rien d’autre que la Sagesse, incluant la raison ? De plus on retrouve la Mètis dans le monde animal, (celui que l’on appelle le monde des bêtes), et pas seulement chez les chasseurs. L’intelligence du coup ne serait plus le propre de l’homme, ce qui pour certains est singulièrement dérangeant sauf s’il s’agit de leur chien… de chasse.

La mètis pour les dirigeants publics et privés au XXIe siècle

Selon Didier Schwint (2002), la mètis de l'artisan est le savoir précis et intime de la situation :

  • savoir de l'imbrication entre les partenaires de la scène de fabrication : outils, corps et matières ;
  • savoir global ne séparant pas conception et exécution, théorie et pratique, intelligible et sensible ;
  • savoir fondé sur la création de stratagèmes et le jeu avec le temps.

Selon Mohamed Nabil El Mabrouki (2011), la mètis révèle une forme d'intelligence engagée dans l'action, orientée vers le succès. Elle se manifeste chez l'Homme quand les situations sont incertaines, ambigües et relatives à des terrains instables et risqués. Elle met en perspective le passé, le présent et le futur en offrant une combinaison inédite de l'expérience, de la connaissance et de la vigilance. La mètis de l'Homme est, d'une certaine manière, comparable à la pratique de l'intelligence économique, telle que la souhaitent les dirigeants d'entreprises : l'association de l'expérience, des connaissances accumulées et d'une analyse tournée vers le futur (prospective) pour piloter l'organisation dans ses environnements.

Au XXIe siècle, les dirigeants publics et privés prennent des décisions dans un monde global, interconnecté et qui évolue à très grande vitesse. Ils se trouvent confrontés à des problèmes nouveaux en permanence, que seule l'observation attentive de l'environnement peut aider à résoudre.

Dans ces conditions, il y a sans doute un enjeu pour ces dirigeants du XXIe siècle à faire preuve de mètis, en complément de leur culture philosophique. Pour y parvenir, les dirigeants des grands groupes font le plus souvent appel à une fonction dans l'entreprise dénommée « business intelligence » ou « intelligence stratégique » ou encore « intelligence économique ». Pour les entreprises de taille intermédiaire et les petites et moyennes entreprises, c'est souvent le dirigeant lui-même et ses proches collaborateurs qui occupent cette fonction.

Références bibliographiques

  • Radin, The Trickster: A Study in Native American Mythology, 1956 (ISBN 978-0805203516).
  • Marcel Detienne, Jean-Pierre Vernant, Les Ruses de l’intelligence, la Mètis des grecs, Flammarion, coll. « Champs », 1974.
  • Pietro Pucci, « Les figures de la Métis dans l' Odyssée », Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens, vol. 1, no 1-1, p. 7-28, 1986. [lire en ligne]
  • Dominique Cotte, « Leurres, ruses et désorientation dans les écrits de réseau. La métis à l'écran », Communication et langages, vol., no 139, p. 63-74, 2004. [lire en ligne]
  • Didier Schwint, « Le savoir artisan, l'efficacité de la mètis », Collection Logiques sociales, L’Harmattan, 2002.
  • Mohamed Nabil El Mabrouki, « L'intelligence économique et stratégique en pratique, la mètis de l'entreprise ? », Éditions universitaires européennes, 2011.
  • Françoise Frontisi-Ducroux, "Dédale Mythologie de l'artisan en Grèce ancienne", la Découverte, 2000.

Les recherches menées par Detienne et Vernant dans Les Ruses de l'intelligence ont en partie fait l'objet de publications antérieures en revue, dont :

  • Marcel Detienne, « Le navire d'Athéna », Revue de l'histoire des religions, vol. 178, no 178-2, p. 133-177, 1970. [lire en ligne]
  • Jean-Pierre Vernant, « Mètis et les mythes de souveraineté », Revue de l'histoire des religions, vol. 180, no 180-1, p. 29-76, 1971. [lire en ligne]

Voir aussi

  • Portail de la Grèce antique
  • Portail de la philosophie antique
  • Portail de l’anthropologie


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