Jardin royal des Plantes médicinales
Le Jardin royal des Plantes médicinales est un jardin botanique situé à Paris, en France. Créé par Guy de La Brosse en 1635, il existe encore de nos jours quoique sensiblement agrandi et sous le nom de Jardin des Plantes. C'est sous ce nom qu'il est devenu en 1793 le siège de l'une des principales institutions de recherche et de vulgarisation des connaissances du monde entier : le Muséum national d'histoire naturelle. Avant 1793, le Jardin royal des Plantes médicinales était aussi connu comme le « Jardin du Roy », mais sous cet appellatif il ne doit pas être confondu avec un autre espace vert de même nom, le Jardin du Roi, un bosquet situé dans le Jardin de Versailles.
Le Jardin royal des Plantes médicinales a été le premier jardin botanique à qui on ait attribué le terme de jardin des plantes, un terme qui en France a par la suite servi pour baptiser d'autres jardins botaniques français, tout comme le terme « muséum » a aussi été étendu à d'autres musées ou cabinets d'Histoire naturelle à la suite de l’essor du Muséum national d'Histoire naturelle.
C’est l’un des plus anciens organismes scientifiques officiels français puisqu’il a ouvert un siècle après le Collège royal (1530) mais avant l’Académie des sciences (1666) et l’Observatoire de Paris (1672).
Historique
C’est dès 1633 que Guy de la Brosse (1586-1641), par son insistance auprès de Louis XIII dont il est le médecin, et grâce au soutien de Jean Héroard (1551-1628), et de Richelieu (1585-1642), obtient la création d’un jardin botanique à vocation médicale à Paris. Dans ce que l’on appelle alors le faubourg St-Victor (à cause de l’Abbaye Saint-Victor voisine), le roi acquiert la « Terre d'Alez » où Nicolas Houël avait déjà dispensé à ses élèves ses cours d'herboristerie. Guy de la Brosse commence les premiers travaux et ensemencements. Mais l’Édit qui l’instaure n’est publié qu’en 1635 et le jardin n’est officiellement inauguré qu’en 1640 sous le nom de Jardin royal des plantes médicinales. Il est ouvert au public en 1650.
Le projet suscite de nombreuses oppositions notamment de la part de la faculté de médecine de l’Université de Paris qui y voit un concurrent à son propre enseignement, d’autant que les cours sont ouverts à tous et donnés non en latin, mais en français. Ce n’est pas la seule nouveauté : certains sujets, comme la circulation du sang, y sont enseignés alors qu’ils sont encore critiqués par la faculté. Des enseignants viennent de l’Université de Montpellier, grande rivale de l’Université de Paris. Pour apaiser un peu les tensions, Louis XIII décide d’autoriser l’enseignement mais ne permet pas au Jardin d’y dispenser de diplômes, et le Jardin ne comptera, à la Révolution, que trois postes de professeurs : botanique, anatomie et chimie.
Après une période de déclin, Colbert prend en main l’administration du Jardin et le botaniste Fagon lui assure un grand succès scientifique, s’entourant d’une équipe brillante, dans laquelle figurent Christophe Glaser, Joseph Pitton de Tournefort, Antoine-Laurent de Jussieu, etc. Côté nord du jardin (bordé par l'actuelle rue Cuvier) les rois font construire une galerie (dont on peut toujours voir le bâtiment, restauré, à l'ouest de l'actuelle ménagerie: c'est l' Ancienne galerie d'anatomie comparée) où ils font déposer leurs collections de Curiosités naturelles. Ils plantent aussi en arboretum la « butte Coypeau » (ou « des Copeaux »), qui devient alors le « Labyrinthe du Jardin des Plantes », au croisement des actuelles rues Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire. En 1718, le Jardin royal des plantes médicinales devient le Jardin royal des plantes.
Buffon est nommé intendant du jardin en 1739, le fait largement agrandir et règne en maître sur les lieux pendant près de 50 ans. Il fait ériger un belvédère au sommet du Labyrinthe et, en contrebas, un grand amphithéâtre pour les cours. Lors de la Révolution française, le « Jardin des plantes » et ses installations (laboratoires, galeries, collections, amphithéâtres, bibliothèque...) ainsi que le « clos Patouillet », propriété de Buffon sur les deux rives de la Bièvre au sud du Jardin[1], deviennent le Muséum national d'histoire naturelle.
Surintendants
- 1640 à 1643 : Charles Bouvard, premier médecin du roi.
- 1643 à 1646 : Jacques Cousinot, premier médecin du roi.
- 1646 à 1652 : François Vautier, premier médecin du roi.
- 1652 à 1671 : Antoine Vallot, premier médecin du roi.
- 1671 à 1683 : Jean-Baptiste Colbert, surintendant des bâtiments.
- 1683 à 1691 : François Michel Le Tellier de Louvois, surintendant des bâtiments.
- 1691 à 1698 : Édouard Colbert, marquis de Villacerf, surintendant des bâtiments.
- 1699 à 1718 : Guy-Crescent Fagon, premier médecin du roi.
- 1718 à 1732 : Pierre Chirac, premier médecin du régent.
- 1732 à 1739 : Charles François de Cisternay du Fay.
- 1739 à 1788 : Georges-Louis Leclerc de Buffon.
- 1788 à 1791 : Auguste Charles César de Flahaut de La Billarderie.
- 1792 à 1793 : Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre.
Intendants
- 1635 à 1641 : Guy de la Brosse.
- 1641 à 1646 : Michel Bouvard.
- 1646 à 1653 : William Davisson.
- 1672 à 1693 : Antoine d'Aquin, premier médecin du roi.
- 1693 à 1698 : Guy-Crescent Fagon, premier médecin du roi.
Chaire de botanique
Chaire principale : Chaire de professeur
- 1635 à 1643 : Jacques Cousinot.
- 1643 à 1664 : Jean Bourgoin.
- 1664 à 1673 : Louis-Henri-Thomas d'Aquin.
- 1673 à 1708 : Pierre d'Aquin.
- 1708 : Joseph Pitton de Tournefort.
- 1709 à 1710 : Antoine-Tristan Danty d'Isnard.
- 1710 à 1758 : Antoine de Jussieu.
- 1758 à 1786 : Louis-Guillaume Le Monnier.
- 1786 à 1793 : René-Louiche Desfontaines.
Chaire secondaire : Chaire de démonstrateur
- 1635 à 1662 : Vespasien Robin.
- 1664 à 1671 : Denis Joncquet.
- 1671 à 1708 : Guy-Crescent Fagon.
- 1708 à 1722 : Sébastien Vaillant.
- 1722 à 1777 : Bernard de Jussieu.
- 1777 à 1793 : Antoine-Laurent de Jussieu.
Chaire de chimie
Chaire principale : Chaire de professeur
- 1635 à 1665 : Urbain Baudinot.
- 1665 à 1672 : Guy-Crescent Fagon remplaçant.
- 1672 à 1686 : Guy-Crescent Fagon.
- 1686 à 1695 : Simon Boulduc.
- 1695 à 1707 : Antoine de Saint-Yon.
- 1707 à 1709 : Louis Lémery remplaçant.
- 1709 à 1712 : Claude Berger.
- 1712 à 1730 : Étienne François Geoffroy.
- 1730 à 1743 : Louis Lémery.
- 1743 à 1771 : Louis-Claude Bourdelin.
- 1771 à 1784 : Pierre Joseph Macquer
- 1784 à 1793 : Antoine-François Fourcroy.
Chaire secondaire : Chaire de démonstrateur
- 1648 à 1651 : William Davisson.
- 1652 à 1660 : Nicaise Le Febvre.
- 1660 à 1671 : Christophe Glaser.
- 1671 à 1680 : Moyse Charas.
- 1680 : Antoine Josson.
- 1681 à 1684? : Sébastien Matte La Faveur.
- 1695 à 1729 : Simon Boulduc.
- 1729 à 1742 : Gilles-François Boulduc.
- 1743 à 1768 : Guillaume-François Rouelle.
- 1768 à 1779 : Hilaire-Marin Rouelle.
- 1779 à 1793 : Antoine-Louis Brongniart.
Chaire d’anatomie
Chaire principale : Chaire de professeur
- 1635 à 1669 : Marin Cureau de La Chambre (1594-1669).
- 1671 à 1680 : François Cureau de La Chambre (1630-1680).
- 1682 à 1718 : Joseph-Guichard Duverney (1648-1730).
- 1718 à 1729 : Emmanuel-Maurice Duverney (1688-1761).
- 1730 à 1742 : François-Joseph Hunauld (1701-1742).
- 1743 à 1751 : Jacques-Bénigne Winslow (1669-1760).
- 1751 à 1769 : Antoine Ferrein (1693-1769).
- 1769 à 1778 : Antoine Petit (1722-1794).
- 1778 à 1793 : Antoine Portal (1742-1832).
Chaire secondaire : Chaire de démonstrateur
- 1727 à 1748 : Christophle dit Jacques-François-Marie Duverney.
- 1748 à 1764 : Antoine Mertrud.
- 1764 à 1787 : Jean-Claude Mertrud.
- 1787 à 1793 : Antoine-Louis-François Mertrud.
Sources et références bibliographiques
- Jean-Paul Contant, L’Enseignement de la chimie au Jardin Royal des plantes, Cahors, Université de Strasbourg, 1952.
- Stéphane Déligeorges, Alexandre Gady et Françoise Labalette, Le Jardin des Plantes et le Muséum national d'histoire naturelle, Monum, Paris, 2004, 64 p., ISBN 2-85822-601-6.
- E.-T. Hamy, « William Davisson », dans Nouvelles archives du Muséum, Paris, Masson et Cie, 1898.
- Philippe Jaussaud et Édouard-Raoul Brygoo, Du Jardin au Muséum en 516 biographies, 630 p., Muséum national d'histoire naturelle, Paris, 2004, ISBN 2-85653-565-8.
- Yves Laissus, Jean Torlais, Le Jardin du Roi et le Collège Royal dans l’enseignement des sciences au XVIIIe siècle, Paris, Hermann, 1986.
- Christine Lecornu-Lehman, Gabriel-François Venel (1723-1775). Sa place dans la chimie française du XVIIIe siècle, Paris X Nanterre, Épistémologie, histoire des sciences et des techniques, Paris, 2006.
- Adrien Moisan, L’Expertise au cœur des affaires d’empoisonnements de la fin du XVIIe siècle. Un miroir de l’apothicairerie parisienne entre 1672 et 1682, Paris I - Panthéon-Sorbonne, Laboratoire d'Histoire des Sciences, rue Mahler, Paris, à consulter sur : .
Notes et références
Articles connexes
- Cabinet d'Histoire du jardin des plantes;
- Liste des chaires du Muséum national d'histoire naturelle.
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