Hugues de Saint-Cher
Dominicain, exégète et théologien influent, créé cardinal en 1244, mort en 1263, Hugues de Saint-Cher est surtout connu pour avoir été le maître d'œuvre de la première concordance verbale.
Éléments biographiques
Issu de Saint-Cher (aujourd'hui Saint-Chef près de Vienne (Isère)) il revêt l'habit dominicain le 22 février 1225, au couvent Saint-Jacques de Paris. Qu'il soit élu provincial de France dès l'année suivante prouve que c'était déjà un homme remarqué.
Provincial de France de son Ordre de 1226 à 1230, puis de 1236 à 1244, il a un rôle important dans l'élection de Raymond de Peñafort comme maître général des dominicains en 1238.
Dans une société en pleine effervescence (émergence de l'université et déclin des écoles monastiques, amplification des relations internationales commerciales et culturelles) ce dominicain de la première génération déploie des talents d'organisateur et assume les nouvelles exigences intellectuelles de son temps. Ainsi il coordonne des travaux d'équipes pour systématiser le travail biblique (établissement du texte par ex.) et les outils nécessaires à ce travail. Il s'illustre particulièrement en produisant les premières concordances complètes du corpus biblique.
Le 28 mai 1244, le pape Innocent IV, après lui avoir confié plusieurs missions délicates, en fit le premier cardinal dominicain, attaché au titre de Sainte-Sabine.
En 1245 il intervient au concile de Lyon. Il est aussi choisi pour nommer le successeur d'Henri de Suse au siège de Sisteron, évêché problématique qui comptait deux chapitres suffrageants concurrents pour l'élection de leur évêque[1].
Envoyé comme légat du pape en Allemagne de 1251 à 1253, c'est lui qui officialise à Liège l'institution de la Fête-Dieu.
Il meurt finalement à Orvieto le 19 mars 1263.
Œuvres écrites
- Tractatus super missam sive Speculum ecclesiæ
- Traité sur la messe, traduit entre 1335 et 1350 par Jean de Vignay sous le titre « Le mirouer de l'Église » (ce qui est la traduction de la deuxième partie du titre « Speculum ecclesiæ » sous lequel il est souvent cité).
- Postillæ super « Historia scholastica »
- Sermones super epistolas et evangelia de tempore
- Scriptum sive Super sententias
- Il s'agit d'un commentaire des Sentences de Pierre Lombard. L'antériorité de ce commentaire sur la Somme de Roland de Crémone a été établie[2].
- Quæstiones
- Epistolæ
Mentionnons encore le De Doctrina Cordis, traditionnellement attribué à Gérard de Liège, qui serait en fait d'Hugues de Saint-Cher[3]
Notes et références
- ↑ Mariacristina Varano, Espace religieux et espace politique en pays provençal au Moyen Âge (IXe-XIIIe siècles). L'exemple de Forcalquier et de sa région, thèse soutenue à l'université d'Aix-Marseille I, 2011, p. 502.
- ↑ Voir Odon Lottin, « Roland de Crémone et Hugues de Saint-Cher » dans Recherches de Théologie Ancienne et Médiévale, t. 12, 1940, p. 136-143.
- ↑ Après un travail de G. Hendrix publié en 1980. Voir R. Aubert, « Hugues de Saint-Cher » dans le Dictionnaire d'Histoire et de Géographie Ecclésiastique.
Bibliographie
- R. Aubert, « Hugues de Saint-Cher », dans le Dictionnaire d'Histoire et de Géographie Ecclésiastique, T. XXV, fasc. 144-145, col. 287, Letouzey et Ané, Paris, 1994. (ISBN 2-7063-0191-0) (= Tome XXV). Consulté
- Louis-Jacques Bataillon, Gilbert Dahan et Pierre-Marie Gy (dir.), Hugues de Saint-Cher († 1263), bibliste et théologien, Paris, Centre d’études du Saulchoir, Actes du colloque 13-15 mars 2000, Brepols, coll. « Bibliothèque d’histoire culturelle du Moyen Âge », n°1, Turnhout, 2004, 524 p. (ISBN 2-503-51721-8)
- Recension de ce colloque par Max Lejbowicz, disponible en ligne dans le Cahier de Recherches Médiévales. Consulté
- Duval, A., « Hugues de Saint-Cher », dans Catholicisme, Paris, t. 5, 1963, col. 1039-1041. Consulté
- Thomas Kæppeli, Scriptores ordinis fratres prædicatorum Medii Ævi, éd. Sancta Sabina, Roma, t. 2, 1975, p. 269-281.
- Palémon Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris au XIIIe siècle, Vrin, Paris, 1933, t. 1, p. 43-51.
- Mangenot, E., « Hugues de Saint-Cher », dans Dictionnaire de théologie catholique, Paris, t. 7, 1930, col. 221-239. Consulté
- (it) Agostino Paravicini Bagliani, Cardinali di curia e familiae cardinalizie : dal 1227 al 1254, éd. Antenore, coll. « Italia sacra », Padoue, t. 1, 1972, p. 256-272.
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