Privacy Policy Cookie Policy Terms and Conditions

[HOME PAGE] [STORES] [CLASSICISTRANIERI.COM] [FOTO] [YOUTUBE CHANNEL]


Histoire sociale

Histoire sociale

L’histoire sociale est l’une des principales branches de la recherche historique ; elle s'intéresse à l'histoire de la société ou d'une de ses composantes.

L'histoire économique et sociale

Dans la première moitié du XIXe siècle, François Guizot, Augustin Thierry, Adolphe Thiers et Jules Michelet sont les premiers historiens à accorder dans leurs œuvres une place importante à l'histoire sociale. L'historiographie était jusque-là dominée par une vision politique. La lutte des classes chez Guizot, des races chez Augustin Thierry, du peuple chez Michelet remplacent les rois comme moteurs de l'histoire. Cette lecture ne donne plus le premier rôle au prince mais à un acteur collectif (la bourgeoisie, les Francs, les Gaulois...).

Marx reprend à Guizot l'idée de « lutte des classes ». Pour lui, tout phénomène historique peut être considéré comme l'expression de rapports conflictuels entre une classe dominante et une classe dominée. La classe étant définie d'un point de vue économique (elle possède ou non les moyens de production et d'échange) et sociologique (elle a conscience de son unité, de ses intérêts communs).

La vision marxiste donne donc la primauté à une lecture économique et sociale de l'histoire. Elle influence de nombreux travaux historiques en France. Dans sa thèse sur la crise de l'économie française à la fin de l'Ancien Régime, Ernest Labrousse constitue des groupes sociaux (fermiers, salariés des villes, propriétaires exploitants, propriétaires non exploitants...) à partir de leur niveau de fortune et de leur place dans les rapports de production. Il interprète le déclenchement de la Révolution française comme la conséquence de la dégradation de revenu chez certains de ces groupes. L'économique et le social sont donc intimement liés pour expliquer l'histoire politique.

Le paradigme labroussien séduit de nombreux historiens français après-guerre. Les thèses d'histoire économique et sociale, enrichies d'analyses statistiques, abondent : Pierre Goubert, Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730, 1960, Emmanuel Le Roy Ladurie, Paysans du Languedoc, 1966, Pierre Vilar, la Catalogne dans l'Espagne moderne, 1962, Pierre Chaunu, Séville et l'Atlantique (1504-1650), 1969, Gabriel Désert, une société rurale du XIXe siècle : les paysans du Calvados (1815-1895), 1971...

Le dynamisme de l'histoire sociale est symbolisée par le développement des recherches en démographie historique. Les états-civils sont dépouillés afin de dresser des tableaux statistiques sur la natalité, la mortalité, la fécondité, la nuptialité ou encore l'alphabétisation. En 1965, le premier numéro de la revue les Annales de démographie historique paraît.

Déclin du paradigme labroussien

Cette école de l'histoire économique et sociale est attaquée par la nouvelle histoire à partir des années 1980. Elle oublierait "l'individu comme si chacun est emporté par des forces plus fortes : la classe ou la conjoncture économique. À tel point qu'on peut se demander quelle est la part de liberté des hommes dans l'accomplissement de leur histoire".

À la fin des années 1980, l'effondrement du communisme provoque un discrédit de tout ce qui rappelle de près comme de loin le marxisme. Le paradigme labroussien devient l'objet de mépris. Beaucoup d'historiens français se détournent des concepts de classe et de lutte des classes. L'historien anglais George M. Trevelyan voit l'histoire sociale comme le point de transition entre l'histoire économique et politique : "Sans l'histoire sociale, l'histoire économique est stérile et l'histoire politique inintelligible"[1]. Bien que cette approche ait souvent été considérée négativement comme une histoire délaissant la politique, elle a également été défendue comme une "histoire qui met les gens au premier plan"[2].

Le glissement vers une histoire socio-culturelle

Comme d'autres branches de la recherche historique, l'orientation vers l'histoire des mentalités (devenue l'histoire culturelle) renouvelle l'histoire sociale dès les années 1960. Les groupes sociaux ne sont plus vus uniquement sous l'angle économique. Les historiens s'intéressent à leur culture, leurs pratiques, leurs croyances et leurs attitudes. On s'interroge sur les échanges culturels des classes populaires et celle des élites (la pratique de sports par exemple). On essaie de cerner la construction identitaire de certains catégories[3].

Autre mutation de l'histoire sociale : elle porte son attention sur des groupes dont le fondement n'est pas économique. Il s'agit aussi de groupes souvent oubliés de la recherche : les femmes[4], les immigrés[5], les personnes âgées[6], les banlieusards[7]...

Quelques historiens s'attaquent à la rigidité des classifications sociales. En étudiant la bourgeoisie parisienne du XIXe siècle, Adeline Daumard bouscule le postulat définissant la bourgeoisie[8]. Est-elle si monolithique ? A-t-elle véritablement une conscience de classe ? Jean-Luc Pinol cherche lui à s'extirper entièrement de ces classifications. Pour saisir la mobilité sociale dans la ville de Lyon, il se situe à l'échelle de l'individu (et non du groupe ou de la classe) et suit leur parcours tout au long de leur existence[9].

Multiplication des sujets, éclatement de l'histoire

Dans la même idée, Antoine Prost constate que l'histoire sociale évolue vers la reconstitution d'univers colorés, chaleureux, savoureux, donnant lieu à une description presque anthropologique. Les monographies nous font pénétrer dans l'intimité d'un fonctionnement social ou individuel. C'est en effet l'objet d'un courant historique appelé la microstoria. Carlo Ginzburg nous entraîne par exemple dans l'univers d'un meunier de la Renaissance et Giovanni Levi dans celui d'un exorciste de village[10]. En France, Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot (1998) d'Alain Corbin se situe dans la même veine puisqu'il propose de récréer l'environnement d'un inconnu : un simple sabotier du Perche. Dans ce genre, l'explication, la recherche des causes devient moins intéressante.

Dans l'histoire en miettes (1987), François Dosse regrette cette évolution. Les historiens de l'histoire sociale ne prétendent plus à une explication globale des sociétés. Ils tentent rarement de grandes synthèses comme dans les années 1970 et 1980 (Histoire de la France rurale, histoire de la France urbaine, Histoire économique et sociale, Histoire des Français) et s'attardent au contraire sur des microcosmes. Ils n'osent plus se lancer dans des histoires totales qui embrasseraient les aspects politiques, culturelles, sociaux et économiques mais préfèrent étudier des sujets de portée réduite.

Exemple

  • Histoire sociale de l'Algérie française

Notes

  1. (en) G. M. Trevelyan, English Social History: A Survey of Six Centuries from Chaucer to Queen Victoria, Londres, Book Club Associates, , 2e éd. (ISBN 978-0-582-48488-7, LCCN 77014065), « Introduction »
  2. (en) Mary Fulbrook, The People's State: East German Society from Hitler to Honecker, London, Yale University Press, , 1e éd., poche (ISBN 978-0-300-14424-6, LCCN 2005932990), « Introduction: The people's paradox », p. 17
  3. Jean-Louis Robert, Les ouvriers, la patrie et la révolution, 1914-1919, Paris, 1995.
  4. Georges Duby et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, Paris, Plon, 1992.
  5. Gérard Noiriel, Le creuset français. Histoire de l'immigration, 1988.
  6. Vincent Gourdon, Histoire des grands-parents, 2001.
  7. Alain Faure, Les premiers banlieusards, aux origines de la banlieue de Paris, 1860-1940, 1991.
  8. Adeline Daumard, La bourgeoisie parisienne de 1815 à 1848, 1969.
  9. Jean-Luc Pinol, Les mobilités de la grande ville, Lyon, fin XIXe siècle-début XXe siècle, 1991.
  10. Carlo Ginzburg, Le fromage et les vers. L'univers d'un meunier du XVIe siècle, 1976, 1980 en France et Giovanni Levi, Pouvoir au village, carrière d'un exorciste dans le Piémont du XVIIe siècle, 1985, 1989 en France.

Voir aussi

Bibliographie

  • Marie-Paule Caire-Jabinet, L'histoire en France du Moyen Âge à nos jours : introduction à l'historiographie, Paris, Flammarion, 2002 (ISBN 2-08-083022-8)
  • (en) Jonathan Dewald, Lost Worlds: The Emergence of French Social History, 1815-1970, Pennsylvania University Press, University Park, 2006, 257 p. (ISBN 0-271-02890-4)
  • Francis Haskell, Mécènes et Peintres : l'art et la société au temps du baroque italien, trad. de l'anglais par F. Durand-Bogaert, A. Lyotard-May et L. Evrard, Paris, Gallimard, 1991, 798 p. (ISBN 2-07-072103-5)
  • Antoine Prost, Douze leçons sur l'histoire, Paris, Éditions du Seuil, 1996 (ISBN 2-02-028546-0)

Article connexe

  • Chronologie de la politique sociale en France
  • HOPE - Heritage of the People's Europe, projet de valorisation du patrimoine et de l'histoire sociale des peuples européens
  • Portail de l’histoire
This article is issued from Wikipédia - version of the Tuesday, April 28, 2015. The text is available under the Creative Commons Attribution/Share Alike but additional terms may apply for the media files.
Contents Listing Alphabetical by Author:
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z Unknown Other

Contents Listing Alphabetical by Title:
# A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W Y Z Other

Medical Encyclopedia

Browse by first letter of topic:


A-Ag Ah-Ap Aq-Az B-Bk Bl-Bz C-Cg Ch-Co
Cp-Cz D-Di Dj-Dz E-Ep Eq-Ez F G
H-Hf Hg-Hz I-In Io-Iz J K L-Ln
Lo-Lz M-Mf Mg-Mz N O P-Pl Pm-Pz
Q R S-Sh Si-Sp Sq-Sz T-Tn To-Tz
U V W X Y Z 0-9

Biblioteca - SPANISH

Biblioteca Solidaria - SPANISH

Bugzilla

Ebooks Gratuits

Encyclopaedia Britannica 1911 - PDF

Project Gutenberg: DVD-ROM 2007

Project Gutenberg ENGLISH Selection

Project Gutenberg SPANISH Selection

Standard E-books

Wikipedia Articles Indexes

Wikipedia for Schools - ENGLISH

Wikipedia for Schools - FRENCH

Wikipedia for Schools - SPANISH

Wikipedia for Schools - PORTUGUESE

Wikipedia 2016 - FRENCH

Wikipedia HTML - CATALAN

Wikipedia Picture of the Year 2006

Wikipedia Picture of the Year 2007

Wikipedia Picture of the Year 2008

Wikipedia Picture of the Year 2009

Wikipedia Picture of the Year 2010

Wikipedia Picture of the Year 2011