Décroissance démographique
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Une décroissance démographique ou un déclin démographique, est pour une zone ou un pays donné, une situation dans laquelle le nombre d’habitants diminue, que ce soit parce que le taux de mortalité est supérieur au taux de natalité, ou parce que les flux d’émigration nets sont supérieurs à l’accroissement naturel. Une forme importante du déclin démographique est le crash démographique.
La décroissance démographique est également une conception politique et sociale qui prône une diminution de la taille de l'humanité, en particulier pour faire face aux enjeux actuels de réchauffement climatique et de ressources non renouvelables.
Théories favorables à une décroissance
Le malthusianisme
Le malthusianisme est une politique prônant la restriction démographique, inspirée par les travaux de l'économiste britannique Thomas Malthus (1766–1834). Le terme a été utilisé pour la première fois par Pierre Joseph Proudhon en 1849. À l'origine, cette doctrine était hostile à l'accroissement de la population d'un territoire ou d'un État, et préconisant la restriction volontaire de la natalité, le mot malthusianisme désigne aussi par extension toute attitude craintive devant la vie et le développement.
Le néomalthusianisme
Le néomalthusianisme est une actualisation de la doctrine de Thomas Malthus et de sa prise de conscience des ressources limitées de la planète. Selon Malthus, l'augmentation démographique est beaucoup plus rapide que la croissance de la production alimentaire, ce qui nécessite une limitation de la natalité pour éviter les famines dues à la surpopulation.
La volonté de ses partisans est de réussir à maintenir à niveau stable la démographie mondiale en équilibrant au mieux le taux de natalité et le taux de mortalité. Cet équilibre démographique permettrait ainsi de ne pas trop consommer les ressources naturelles de la planète, de préserver la biodiversité et le climat via une diminution de la pollution, et par ce biais réduire les tensions géopolitiques, lié à l'accès aux ressources, la pauvreté, et enfin de maintenir un certain niveau de vie. Elle doit permettre l'accession à une démographie stabilisée dont le seuil est déterminé.
Différents philosophes, scientifiques ou organisations ont pointé du doigt une catastrophe démographique potentielle désormais jugée imminente : l'écrivain britannique Aldous Huxley, le professeur d'université de Stanford Paul R.Ehrlich, l'anthropologue américain J.Kenneth Smail, l'association Démographie Responsable, ou encore le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) dans son rapport de 2011[2].
Mesures politiques à travers le monde
Les seules mesures politiques de décroissance démographique prises sont de nature coercitive. Aucune mesure incitative ne semble avoir été envisagée à ce jour.
En Chine
Jusqu'au début des années 1970, la Chine connaissait une très forte croissance démographique. Afin de limiter la croissance de sa population, elle a adopté une réglementation limitant la taille des familles urbaines (à l'exception des minorités ethniques) à un enfant, à deux enfants pour les familles rurales ayant eu une fille comme premier enfant. Le taux de natalité est ainsi tombé de 21 pour mille en 1990 à 12,4 pour mille en 2003. L'accroissement démographique est quant à lui de 0,6 % en 2003 contre 1,44 % en 1990.
Le 28 mars 2006, Zhang Weiqing – responsable de la « Commission d'État pour la population et le planning familial » – a indiqué, dans une interview accordée au site internet du gouvernement chinois, que la politique du planning familial avait aidé la Chine à éviter la naissance de 400 millions de bébés au cours des trois dernières décennies. Il a fait remarquer que la Chine avait mis environ trente ans pour réaliser l'objectif du contrôle de la population, alors que cela en avait pris cent dans les pays développés. « L'objectif d'assurer au peuple chinois une vie relativement confortable n'aurait pas pu être réalisé si nous avions 400 millions de personnes supplémentaires » a souligné M. Zhang. La Chine faisant actuellement face à un nouveau pic de ses naissances, la politique de l'enfant unique ne sera pas changée dans un futur proche.
Cette politique n'est pourtant pas toujours appliquée rigoureusement, en particulier dans les campagnes reculées où le contrôle administratif est moins présent. Certaines familles privilégiées préfèrent aussi payer des amendes dont le montant n'a pas été réactualisé récemment.
Critiques
Comme le malthusianisme et la décroissance, la décroissance démographique a été très critiquée. Ainsi, certains comme le démographe Yves Montenay reprochent à ceux qui prônent une baisse de la population de ne pas tenir compte du fait qu'il sera impossible, en Europe et dans les conditions actuelles de règlementation, d'assurer le financement des retraites, celui-ci dépendant du nombre d'actifs et de l'activité économique[3].
Le président de la République tchèque et économiste Václav Klaus considère pour sa part que les tenants de la décroissance démographique sont « emprisonnés dans leurs préjugés malthusiens et leurs ambitions mégalomaniaques ». Pour Klaus, en voulant remettre en cause le droit des individus à avoir des enfants, les tenants de la décroissance nous entrainent sur « la Route de la servitude », vers le totalitarisme. C'est la liberté qui doit prévaloir et non la coercition, quelles que soient ses intentions[4].
Notons aussi que la plupart des partisans de la décroissance soutenable (c'est-à-dire uniquement au niveau économique et de l'empreinte écologique), sont fortement opposés au malthusianisme et la décroissance au niveau démographique. Le journal La Décroissance du mois de juillet 2009 incluait un dossier intitulé "La décroissance contre Malthus". La question a été étudiée plus rigoureusement dans l'ouvrage du généticien et partisan de la décroissance soutenable Albert Jacquard, L'explosion démographique (1994) qui conclut que la Terre n'est pas en surpeuplement, ni aujourd'hui ni avec les prévisions des démographes concernant le XXIe siècle. Paul Ariès, théoricien français de la décroissance écrit souvent dans ses articles ou ouvrages qu'"Il n'y a pas trop d'humains sur terre mais trop d'automobilistes", et défend la thèse que l'"on peut vivre à 9 milliards d'hommes sur terre mais pas avec le mode de vie occidental"[5].
Liste d'États touchés par un déclin démographique
Pays | Année | Population (M) | Baisse naturelle (%)[6] |
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Biélorussie | 2012 | 9,5 | 0,3 |
Bosnie-Herzégovine | 2012 | 3,8 | 0,1 |
Bulgarie | 2012 | 7,2 | 0,5 |
Croatie | 2012 | 4,3 | 0,2 |
République tchèque | 2012 | 10,5 | 0,0 |
Estonie | 2012 | 1,3 | 0,0 |
Allemagne | 2012 | 81,8 | 0,2 |
Hongrie | 2012 | 9,9 | 0,4 |
Japon | 2012 | 127,6 | 0,2 |
Lettonie | 2012 | 2,0 | 0,5 |
Lituanie | 2012 | 3,2 | 0,2 |
Moldavie | 2012 | 4,1 | 0,0 |
Portugal | 2012 | 10,6 | 0,1 |
Roumanie | 2012 | 21,4 | 0,4 |
Serbie | 2012 | 7,1 | 0,5 |
Italie | 2012 | 60,9 | 0,1 |
Ukraine | 2012 | 45,6 | 0,4 |
NB : il s'agit d'une liste non exhaustive.
- La population de plusieurs de ces pays augmente grâce à l'immigration : c'est le cas de l'Allemagne ou de l'Italie.
- En 2013, la Russie connaît un accroissement naturel positif pour la première fois depuis 1992[7]. Le déficit démographique naturel de la Russie, qui était de 958 500 en 2000, a décru progressivement jusqu'à 2 500 en 2012[8] ; la population russe a reculé de 5,9 millions en 16 ans, de 148,6 millions en 1993 à 142,7 en 2009, puis a entamé une très lente remontée : 143,3 millions en 2013[9].
En France, le déclin démographique touche notamment les anciennes communes minières[10].
Personnalités en faveur de la décroissance
Liste non exhaustive de personnalités en faveur d'une décroissance démographique, ou tout au moins d'un contrôle de la démographie, par ordre chronologique :
- Thomas Malthus, penseur fondateur
- Paul Robin, qui a introduit en France les concepts du néomalthusianisme
- Octave Mirbeau, qui a popularisé dans la presse les idées néomalthusiennes
- Aldous Huxley, qui évoque la question dans un essai intitulé dans sa version française : "Retour au Meilleur des Mondes".
- Paul Leyhausen, qui a étudié les effets de la densité de population sur les communautés animales pour ensuite raisonner sur l'espèce humaine ; auteur de La communauté saine – Un problème de densité ? (1965)
- Paul R. Ehrlich, auteur du livre à succès The Population Bomb (1968)
Annexes
Bibliographie
- Alfred Sauvy, Théorie générale de la population, P.U.F., 1956
- Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes, Pocket, 1958
- Paul R.Ehrlich, La bombe P, 7 milliards d'hommes en l'an 2000, J'ai lu, 1971
- Albert Jacquard, L'explosion démographique, 1994
- Donella Meadows, Dennis Meadows et Jorgen Randers, Les Limites à la croissance : (dans un monde fini) [« The Limits to Growth, the 30-Year Update, paru en 2004 »], Paris, éditions Rue de l'échiquier, , 425 p. (ISBN 978-2-917770-35-1)
- Michel Tarrier, 2050, Sauve qui peut la Terre. Éditions du Temps, 2007. (ISBN 978-2-84274-385-7)
- Michel Tarrier, Faire des enfants tue. Éloge de la dénatalité, Éditions du Temps, 2008. (ISBN 978-2-84274-440-3)
- (en) Matthew Connelly, Fatal Misconception: The Struggle to Control World Population, Harvard University Press, 2008, [présentation en ligne]
Notes et références
- ↑ http://populationmondiale.com/ Consulté le 22 juin 2014
- ↑ rapport 2011
- ↑ Yves Montenay, Retraites, familles et immigration en France et en Europe, L'Harmattan, 2006
- ↑ Discours prononcé le 4 mars 2008 à la Conférence internationale sur le changement climatique à New York
- ↑ journal La Décroissance numéro 61, juillet-août 2009
- ↑ 2012 World Population Data Sheet, site du Population Reference Bureau.
- ↑ (en)Release dates - Vital statistics, site Federal State Statistics Service consulté le 9 juin 2014.
- ↑ (en)Vital statistics, site Federal State Statistics Service consulté le 9 juin 2014.
- ↑ (en)Population, site Federal State Statistics Service consulté le 9 juin 2014.
- ↑ « Des villes françaises en net déclin démographique. Le cas de communes anciennement industrielles », Laurent Chalard, Population et Avenir, n° 683, mai-juin 2007
Voir aussi
Articles connexes
- Dénatalité
- Surpopulation
- Migration de remplacement
- Halte à la croissance ?
- Croissance démographique
- Transition démographique
- Crash démographique
Liens externes
- Comité International de Coopération dans les Recherches nationales en Démographie
- Démographie Responsable
- Réduction de la population mondiale : faire face à l’inévitable
- Les limites de la croissance - Étude du MIT
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