Capital risque
Les investisseurs en capital risque (appelés « capital-risqueurs » ou venture capitalists[1]) apportent du capital, ainsi que leurs réseaux et expériences à la création et aux premières phases de développement d'entreprises innovantes ou de technologies considérées comme à fort potentiel de développement et de retour sur investissement. Parmi les succès récents les plus connus du capital-risque, on peut par exemple citer Google aux États-Unis et Skype en Europe.
Le terme « risque » utilisé en France n'a pas toujours d'équivalent dans les autres pays où l'on emploie souvent le terme d'opportunité (Venture capital). Au Canada, on utilise l'expression « capital de risque » plutôt que « capital risque ». On note tout de même l'allemand « RisikoKapital », l'espagnol « Capital riesgo », le portugais « Capital de risco »… Les professionnels français ont souvent cherché d'autres termes, plus proche de la traduction américaine en mettant moins l'accent sur le risque de l'investissement que sur les profits attendus : « Capital Aventure », « Capital Croissance ». Ces tentatives de communication ont eu un faible succès mais on parle de plus en plus de capital innovation. Une appellation bénéficie d'un usage régulier depuis quelques années : le capital d'amorçage dédié à la création d'entreprises.
Histoire
Le capital risque a connu sa plus forte période de croissance au cours des années 1990 aux États-Unis, grâce au succès de la bourse de croissance, le Nasdaq américain, lorsqu'il a bénéficié de la préférence boursière pour les jeunes sociétés, qui a offert des capitalisations boursières sans équivalent dans l'histoire à de nombreux sites Internet (AOL, Amazon, Yahoo et EBay), mais aussi des nouvelles sociétés de biotechnologies (Amgen, Genentech, Decode Genetics, 23andMe, Genset, et Transgene. Il a ainsi financé pour 11,8 milliards de dollars, soit 44 % de plus que le record atteint en 1995, la moitié des 692 introductions en Bourse réalisées aux États-Unis en 1996.
Les années 2000 ont ensuite vu un repli des sommes levées par les entreprises, qui en France restent plus modestes que dans les pays anglo-saxons. L'activité des fonds français de capital risque, a chuté de 38% en 2012, à 0,4 milliard d'euros, selon une étude de l'Association française des investisseurs pour la croissance (Afic) et du cabinet d'audit Grant Thornton[2].
Impératifs d'investissement
Un fonds de capital-risque doit générer une rentabilité élevée (comparativement aux prêts bancaires aux entreprises). Le portefeuille de ce type de fonds se compose de projets qui échouent ainsi que de projets qui réussissent et compensent donc les pertes réalisées sur les premiers. La réussite passe par la revente de la société financée (appelée en France société affiliée) à une autre société, ou par une introduction en bourse, par exemple sur Alternext, ou l'Eurolist à Paris.
On comprend donc que la sélection des projets (financer les meilleurs et écarter les projets aux perspectives moins prometteuses) soit essentielle dans ce secteur d'activité. Cette étape passe inévitablement par l'analyse du plan de développement de l'entreprise (business plan). Les investisseurs sont souvent prêts à partager les caractéristiques qu'ils utilisent pour évaluer des projets financiers[3].
La définition française du capital-risque inclut parfois à tort les LBO (leverage buy out), qui sont des opérations de rachat avec effet de levier (autrement dit avec une forte part d'endettement par rapport à la mise en capitaux propres), alors qu'aux États-Unis le venture capital n'inclut pas ce genre d'activités. La lisière avec le capital-développement (investissements minoritaires au capital de PME) est en revanche plus floue.
Le capital-risque se distingue par une plus forte composante technologique et une plus grande capacité à financer des pertes pour favoriser le développement de cette technologie. Ses domaines de prédilection ont été, jusqu'à présent, les technologies de l'information et de la communication (TIC) et les biotechnologies. Mais depuis quelques années (2004 en Californie, 2007 en France), les capital-risqueurs s'ouvrent de plus en plus aux technologies du développement durable (Cleantech ou Greentech), en misant notamment sur les énergies renouvelables.
Acteurs
Une soixantaine de sociétés d'investissement (corporate ventures) sont actives en France. La plupart se sont créées à partir de 1997, sous l'effet conjoint de la création de Fonds Communs de Placement à l'Innovation (FCPI) et de l'engouement pour les start-up Internet. On peut les classer en quatre familles:
- Sociétés historiques. Le plus ancien capital-risqueur français est Sopromec Participation, créé en 1964. En 1972 Sofinnova Partners fut créé, c'est le plus actif, avec 134 millions d'euros investis en 2007. Un petit peloton peut également se vanter de compter parmi les pionniers: Auriga Partners (héritier de Finnovelec), Banexi Venture Partners (relié à la BNP mais indépendant depuis 2004), Innovacom, Iris Capital (l'ancienne Part'Com de la Caisse des Dépôts et Consignations, qui a changé de nom en devenant indépendante) et Partech International (à l'origine la contraction de « Paribas Technologie » mais depuis longtemps sans relation avec la banque). De tous ces fonds, Partech International est le seul à s'être véritablement internationalisé avec des bureaux dans la Silicon Valley (Sofinnova Partners a aussi une entité aux États-Unis mais les deux entités sont largement indépendantes).
- Investisseurs internationaux actifs en France. Avec 31,5 millions d'euros investis en 2007, le britannique 3i Group Plc est le capital-risqueur non français le plus présent dans l'Hexagone. Les principaux VCs européens sont toutefois tous directement présents, comme le flamand Gimv, ou susceptibles d'investir dans des entreprises françaises: on peut par exemple citer Accel, Advent, Atlas Venture, Index Ventures, Intel Capital, Wellington Partners… Certains Américains, comme Draper Fischer Jurvetson (DFJ) et Bessemer Venture Partners ont connu des succès importants en Europe, et notamment la création de Skype. Les capital-risqueurs américains les plus prestigieux, cependant, comme Kleiner Perkins, Sequoia ou Benchmark, n'ont pas investi récemment sur le Vieux Continent.
- Capital-risqueurs créés à partir de 1996: le plus important est CDC Innovation, en train de négocier son indépendance avec la Caisse des Dépôts et Consignations. De nombreuses autres sociétés se sont créées, certaines affiliées à des groupes comme Ventech (intégrée à Natixis Private Equity) et le plus souvent indépendantes: Alven Capital, I-Source Gestion, Elaia Partners, CapDecisif Management, Newfund, etc.
- Sociétés créées à l'occasion du lancement des FCPI. On retrouve ici les départements et filiales de capital-risque de la plupart des grandes banques françaises : BNP Paribas (BNP PE), Viveris Management (anciennement Caisses d'épargne), Omnes capital, Crédit mutuel (CM-CIC Capital Privé), Natixis Banques populaires (Seventure Partners)… On trouve, de même, de grandes compagnies d'assurance comme Axa. De grands réseaux sont en effet nécessaires pour commercialiser ces produits d'épargne défiscalisés. De nombreuses sociétés indépendantes se sont cependant créées, s'appuyant sur des banques privées ou des conseillers en gestion de patrimoine. Parmi celles-ci, on peut citer Truffle Capital et OTC AM (qui s'appuie sur Tocqueville Finance), deux des principaux investisseurs en capital-risque en France, mais aussi des sociétés comme Alto Invest ou Turenne Capital Partenaires, qui se sont tournées largement vers le capital-développement. On citera également Idinvest Partners, l'ancienne équipe de Private Equity du groupe Allianz qui a pris son indépendance en 2010, et est devenu avec plus de 4 milliards d'actifs sous gestion un des leaders du financement de PME, et est classé parmi les acteurs les plus actifs du marché par Chausson Finance depuis plus de 5 années de suite. Idinvest a racheté l'activité private equity d'Oddo AM en avril 2011. Citons enfin La Banque Postale, qui confie la plupart des FCPI qu'elle lève à une société reliée à La Poste, XAnge Private Equity.
- Un nouveau type d'acteurs de micro-capital-risque se développe également depuis la crise financière de 2008 et le durcissement de l'accès aux crédit bancaires. Ces acteurs concentrent leurs actions sur des investissements minoritaires de petite taille, généralement inférieurs à 50 000 euros. Ce type de financement, similaire à l'action des business angels, s'illustre dans le capital-risque de proximité, essentiellement organisé par régions (Alsace Création, IDF Capital, Midi-Pyrénées Création,…) et est aujourd'hui complété par une offre professionnelle et présente sur l'ensemble du territoire français (Embryo Capital, Fondelia…).
Notes et références
- ↑ Traduction venture capitalist
- ↑ "Le capital-investissement français va mal, très mal", par L'Expansion du 10 avril 2013
- ↑ Que cherchent les investisseurs dans une jeune entreprise RFID?, Radio RFID
Voir aussi
Articles connexes
- Société de capital risque
- Capital-investissement
- Capital économique
- Business Angel
- Fondation Ashoka
- Offre de capital-risque
Bibliographie
- Dubocage E., Rivaud-Danset D., 2006, Le capital-risque, n°445, La découverte
- Hervé Lebret, Start-Up : ce que nous pouvons encore apprendre de la Silicon Valley CreateSpace 2007, ISBN 1-4348-1733-4
- Vanina Paoli-Gagin et Véronique de Lalande, Le Capital-Risque, Acteurs, Pratiques et Outils, 2e éd., Gualino 2003
- François-Denis Poitrinal, Guide juridique et fiscal du capital-investissement, Revue Banque Edition, ISBN 978-2-86325-406-6
Presse professionnelle
- CFnews
- Capital Finance (groupe Les Echos)
- Décideurs
- Private Equity Magazine
- Le Magazine des Affaires
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