Benoît XIV

Benoît XIV | ||||||||
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Biographie | ||||||||
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Nom de naissance | Prospero Lorenzo Lambertini et Prospero Lorenzo Lambertini | |||||||
Naissance | à Bologne, ![]() | |||||||
Décès | (à 83 ans) à Rome, ![]() | |||||||
Pape de l’Église catholique | ||||||||
Élection au pontificat | 17 août 1740 (65 ans) | |||||||
Intronisation | 25 août 1740 | |||||||
Fin du pontificat | 3 mai 1758 17 ans 8 mois et 16 jours | |||||||
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Cardinal de l’Église catholique | ||||||||
Créé cardinal |
19 décembre 1726 in pectore 30 avril 1728 publication par le pape Benoît XIII | |||||||
Titre cardinalice | Cardinal-prêtre de Sainte-Croix-de-Jérusalem | |||||||
Évêque de l’Église catholique | ||||||||
Consécration épiscopale | 16 juillet 1724 par le pape Benoît XIII | |||||||
Archevêque de Bologne | ||||||||
30 avril 1731 – 17 août 1740 | ||||||||
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Archevêque d'Ancône et Numana | ||||||||
20 janvier 1727 – 30 avril 1731 | ||||||||
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Archevêque titulaire de Theodosia | ||||||||
12 juin 1724 – 20 janvier 1727 | ||||||||
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Prospero Lambertini, né à Bologne le 31 mars 1675, est le fils de Marcello Lambertini et de Lucrezia Bulgarini. Il est élu pape en 1740 sous le nom de Benoît XIV (en latin Benedictus XIV, en italien Benedetto XIV). Il meurt le 3 mai 1758.
Jeunesse et carrière
Tout jeune, il se passionne pour la littérature : Dante, le Tasse et l'Arioste sont ses auteurs de chevet. Après des études de droit et de théologie, il est promoteur de la Foi de la Congrégation des rites de 1712 à 1728, année où il est nommé évêque d'Ancône. Benoît XIII le créé cardinal in pectore lors du consistoire du 9 décembre 1726. Sa création est publiée le 30 avril 1728 et il reçoit le titre de cardinal-prêtre de Sainte-Croix-de-Jérusalem. Puis il est nommé archevêque de Bologne, sa ville natale, en 1730. À la mort de Clément XII, il est élu pape à l'unanimité le 17 août 1740, après un des plus longs conclaves des derniers siècles : celui-ci ne dure pas moins de six mois et nécessite 254 scrutins.
Le pape des Lumières
Législateur de l'Église moderne, il a marqué le XVIIIe siècle par son long pontificat de dix-huit ans et par son ouverture d'esprit au siècle des Lumières. C'est un pape moderne qui tente de calmer les querelles religieuses, de ramener l'Église grecque et l'Église arménienne dans le giron de Rome, et, tout en confirmant la bulle Unigenitus, adoucit les rigueurs que l'on exerçait sur les jansénistes. Féru de sciences — en particulier de physique, de chimie, de mathématiques —, il autorise les œuvres sur les nouvelles représentations du monde (héliocentrisme à cette époque), et cela en deux temps :
- en 1741, devant la preuve optique de la trajectoire orbitale de la Terre apportée par James Bradley, il fait accorder par le Saint-Office l'imprimatur à la première édition des œuvres complètes de Galilée. Ce geste constitue une révision implicite des sentences de 1616 et 1633 ;
- en 1757, les ouvrages favorables à l'héliocentrisme sont autorisés, par un décret de la Congrégation de l'Index, qui retire ces ouvrages du catalogue des livres interdits.
Il crée à Rome une faculté de chirurgie et un musée d'anatomie, encourageant la dissection[1].
D'esprit ouvert, il témoigne un intérêt pour les relations interreligieuses en adressant une lettre au septième dalaï-lama, Kelzang Gyatso, qu'il remet au père capucin italien Francesco della Penna[2].
Il publie le 20 décembre 1741 la lettre apostolique Immensa pastorum, dans laquelle il déplore les mauvais traitements infligés aux Amérindiens.
Pontife, il écrit de nombreux ouvrages de droit canonique, introduisant plusieurs réformes liturgiques, notamment dans les sacrements de pénitence et de mariage. Il admet notamment la validité du mariage entre catholiques et protestants.
L’encyclique Vix pervenit[3], à l'adresse des évêques d’Italie, est la dernière prise de position doctrinale du magistère catholique au sujet du prêt à intérêt : une condamnation sans appel, qui n'a jamais été révoquée, même si, en 1830, le pape Pie VIII en assouplira la discipline, permettant aux confesseurs d'absoudre les usuriers prêtant de l'argent à intérêt. Ces mesures, bien que réaffirmées en 1917 par le pape Benoît XV, ne seront pas reprises dans le nouveau Code de droit canonique, en vigueur depuis 1983. L'interdiction du prêt à usure comme mesure juridique, ainsi que la condamnation de pratiques usuraires ont été reprises dans le nouveau Catéchisme de l'Église catholique promulgué en 1992 par Jean-Paul II.
À partir de 1746, année où il canonise Camille de Lellis, Benoît XIV poursuit la réforme des comptes pontificaux lancée par son prédécesseur. Il codifie les modalités de la canonisation équipollente.
Au début de son règne, il se montre favorable aux Lumières et entretient des relations avec Frédéric II de Prusse par l'intermédiaire du savant Maupertuis. Voltaire lui dédie en 1745 sa tragédie Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète. La lettre de remerciement du pape au philosophe témoigne l'excellence de leurs rapports. Voltaire admirait sincèrement ce pontife cultivé et ouvert aux idées de son temps.

Benoît XIV proclame 1750 année sainte et charge — en vain — l'évêque de Mirepoix de faire cesser l'adultère du roi Louis XV.
Il tient en très haute estime le jésuite Francisco Suarez qui prône le retour à la pensée théologique de saint Thomas d'Aquin.
Dans la seconde moitié de son pontificat, il se montre plus « conservateur » : soupçonneux à l'égard des initiatives missionnaires des Jésuites, il condamne les Réductions du Paraguay et met fin à la querelle des rites en interdisant définitivement les rites chinois et malabars qu'il juge imprécis, par les lettres apostoliques Ex quo singulari (1742) et Omnium sollicitudinum (1744).
En outre, il renouvelle les réserves pontificales à l'égard de la franc-maçonnerie, condamnée en 1751 dans la bulle Providas romanorum.
Par ailleurs, il soutient la prédication de saint Léonard de Port-Maurice.
Le 22 février 1755, il béatifie l'enfant Anderl von Rinn, qu'on prétendait avoir été assassiné par des juifs, et en 1758 il innocente les juifs de Yanopol accusés d'un crime rituel, suivant ainsi le rapport que lui a présenté Lorenzo Ganganelli, conseiller du Saint-Office et futur pape Clément XIV.
La croyance aux vampires
L'archevêque de Léopol ayant écrit sérieusement au pape sur l'existence des vampires reçoit de lui cette réponse :
« C'est sans doute la grande liberté de la Pologne qui vous donne le droit de vous promener après votre trépas. Ici, je vous l'avoue, nos morts sont aussi tranquilles que silencieux et nous n'aurions besoin ni de sbires, ni de barrigel[4], si nous n'avions qu'eux à craindre. L'Impératrice Reine de Hongrie, a dû vous détromper sur l'article des Vampires, que vous nommez communément Eupires. M. Vanswieten, son médecin, d'autant plus croyable qu'il est très instruit, nous apprend que la rougeur de certains cadavres, n'a d'autre cause qu'une espèce de terre qui les gonfle et qui les colore.
Vous avez à Kiovie même, une multitude de corps parfaitement conservés et qui joignent à la souplesse des membres des visages enluminés. J'ai dit à ce sujet, dans mon ouvrage sur la canonisation des Saints[5], que la conservation des corps n'est point un prodige. C'est à vous, comme étant archevêque, qu'il appartient surtout de déraciner ces superstitions. Vous découvrirez, en allant à la source, qu'il peut y avoir des prêtres qui les accréditent, afin d'engager le peuple, naturellement crédule, à leur payer des exorcismes et des messes. Je vous recommande expressément d'interdire, sans différer, ceux qui seraient coupables d'une telle prévarication; et je vous prie de bien vous convaincre qu'il n'y a que les vivants qui ont tort dans cette affaire[6]. »

Le mécénat
Ce pape érudit protège les sciences et l'industrie, ainsi que les lettres, qu'il cultive lui-même. Il s'attache à embellir Rome qui lui doit la superbe façade de la basilique Sainte-Marie-Majeure et déclare le Colisée sanctuaire des martyrs (bien qu'il ne soit pas prouvé que les chrétiens aient été suppliciés en ce lieu), car il veut mettre un terme à son démantèlement. Il fait également reconstruire l'église Saint-Apollinaire.
Il a laissé un grand nombre d'ouvrages, publiés à Bassano en 1788, quinze volumes in-folio. Les principaux sont les traités de la Béatification, du Sacrifice de la Messe, des Synodes.
Il meurt le 3 mai 1758 à l'âge de 83 ans et Clément XIII lui succéde. Les Romains regrettèrent « il papa Lambertini » qui parcourait à pied les rues de Rome se mêlant à la foule comme le plus humble des pasteurs.
Œuvres
Cette liste des œuvres de Lambertini a été prise de : Tarcisio Bertone, Il governo della Chiesa nel pensiero di Benedetto XIV, éd. L.A.S., Rome, 1978, et de Lazzaro Maria De Bernardis, Le opere giuridiche di Prospero Lambertini, dans Benedetto XIV (Prospero Lambertini): Convegno internazionale di studi storici, Cento, 6-9 dicembre 1979, organisé par Marco Cecchelli :
- Raccolta di alcune notificazioni, editti e istruzioni, pubblicate per il buon governo della sua Diocesi dall’Em.no e Rev.mo Sig. Cardinale Prospero Lambertini …, Bologne, 1733, 1735, 1740 ; Rome, 1742 ; Venise, 1749, 1760, 1762, 1771, 1790 ; Turin, 1852 ; traduction en latin sous le titre Institutiones ecclesiasticae, Rome, 1747 ; Ingolstadt, 1751 ; Bassano, 1760 ; Lovanio, 1762.
- De servorum Dei beatificatione et de beatorum canonizatione, 1734-1738.
- Thesaurus resolutionum S. Congregationis Concilii, 1740 (en seraient dérivées les Quaestiones canonicae et morales, 1767).
- Annotazioni sopra le feste di Nostro Signore e della Beatissima Vergine secondo l'ordine del calendario romano, 1740-1749 (à partir desquelles émergerait comme travail séparé le De sacrosancto Missae Sacrificio, 1745, également publié séparément dans la version originale italienne en 1772).
- Bullarium Benedicti XIV, 1746-1754.
- Opuscula miscellanea nunc primum edita atque in unum corpus collecta, Bassano, 1767.
- Casus conscientiae, 1747.
- De synodo dioecesana, Rome, 1748, complété et enrichi dans l'édition de 1755 ; 1767 ; Ferrare, 1753, 1756, 1760 ; Padoue, 1756 ; Parme, 1764 ; Venise, 1765, 1775, 1792 ; Rome, 1806 ; Magonza, 1842. On le trouve dans toutes les éditions des Opera omnia.
- Opera omnia, en trois éditions :
- S.S.D.N. Benedicti XIV opera in duodecim tomos distribuita, Rome, 1747-1751 ;
- Benedicti XIV Papae olim Prosperi Card. De Lambertinis opera omnia in quindecim tomos distribuita, Venise, 1767, 1788, 1892 ;
- Benedicti XIV Pont. Max opera omnia in tomos XVII distribuita, Prati, 1830-1946.
- Dans ces collections, il faut ajouter les volumes suivants :
- S.S.D.N. Benedicti Papae XIV … opera omnia in synopsim redacta, Rome, 1766 ;
- Benedicti XIV acta sive mondum pubblicata sive sparsim edita, nunc primum collecta cura Rafaelis de Martinis, 2 vol., Naples, 1894 ;
- Benedicti XIV Papae opera omnia inedita, quae primum publicavit Fr. Heiner, Fribourg, 1904 ;
- Caeremoniale Episcoporum Santissimi D.N. Benedicti Papae XIV iussu editum et auctum, Rome, 1752.
Notes et références
- Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
- ↑ Du 30 avril au 2 mai 2012 s'est tenue à l'université Washington de Saint-Louis une conférence internationale dont le thème était : « The Enlightenment Pope: Benedict XIV (1675-1758) ». L'annonce rappelait que Benoît XIV avait demandé aux curés d'expliquer aux paroissiens que faire don de son corps à la science était une pratique approuvée par l'Église ; c'est lui qui créa à Bologne le premier musée anatomique d'Italie, abritant huit répliques de cire en grandeur nature, créées grâce à des dissections. Il encouragea les femmes à étudier la médecine et fut le protecteur d'Anna Morandi Manzolini qui effectua des milliers de dissections dans son laboratoire dans le but de créer des répliques précises.
- ↑ The Story of Father Orazio della Penna.
- ↑ Vix pervenit.
- ↑ C'est ainsi qu'était désigné le chef des archers.
- ↑ Traité De servorum Dei beatificatione et de beatorum canonizatione écrit par Benoît XIV alors qu'il était avocat du diable à la Congrégation des Rites
- ↑ On trouvera cette lettre dans La Vie du Pape Benoit XIV, Prosper Lambertini par Louis-Antoine Caraccioli, Paris, 1783
Voir aussi
Articles connexes
- Révolution copernicienne
- Liste des cardinaux créés par Benoît XIV
Liens externes
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