Bataille de Kosovo Polje
Date | |
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Lieu | Proximité d'Obilic (actuel Kosovo) |
Issue | Victoire stratégique des Ottomans |
Empire ottoman | Royaume de Serbie de Lazar Hrebeljanović duché de Bosnie de Tvrtko Ier |
Mourad Ier (†) Bayezid Ier Yakub (†) | Lazar Hrebeljanović (†) Vlatko Vuković Vuk Branković |
entre 27 000 et 40 000 hommes[1],[2],[3] | entre 12 000 et 30 000 hommes[1],[2],[3] |
Coordonnées | 42° 37′ 48″ N 21° 07′ 12″ E / 42.63, 21.1242° 37′ 48″ Nord 21° 07′ 12″ Est / 42.63, 21.12 |
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La bataille de Kosovo Polje (en serbe cyrillique Бој на Косову ou Косовска битка, en serbe latin, Kosovski boj ou Boj na Kosovu, en albanais Beteja e Kosovës), est une bataille qui opposa l'Empire ottoman à une coalition de princes chrétiens des Balkans, le 15 juin 1389 [4], au Kosovo, sur le « champ des Merles ». Les principaux contingents de la coalition étaient ceux du prince serbe Lazar Hrebeljanović et du roi de Bosnie Tvrtko Ier. Ces troupes auraient été renforcées d'autres contingents chrétiens des Balkans, dont des Valaques, des Hongrois et des Croates[5],[6].
La mythification de cette bataille a servi de fondation au mythe serbe sur le Kosovo, selon lequel il s'agirait du berceau de leur nation. Cependant les Serbes n'étaient pas les seuls à participer à cette guerre. En outre, l'empire serbe, hérité de Dušan, s'était effondré sitôt après sa mort en 1355, c'est-à-dire 23 ans auparavant, et non pas après la bataille du Kosovo.
Cette bataille est également très importante dans l'histoire turque car elle permet l'établissement durable des Ottomans dans les Balkans, et serait, selon la thèse des nationalistes turcs, à l'origine du drapeau actuel[réf. nécessaire].
Situation politique avant la bataille
La puissance turque ne cessait de s'affirmer dans les Balkans depuis son arrivée en 1346 et supplantait petit à petit le pouvoir byzantin moribond. Depuis le 26 septembre 1371, et la bataille de la Marica, les Ottomans s'étaient ouvert les portes des Balkans, en anéantissant une forte armée, rassemblée par le prince serbe Vukašin Mrnjavčević. Dès lors, le péril turc ne cessa d'augmenter, dans la région, alors que bien des princes locaux n'étaient plus en mesure de résister. Les Byzantins de Jean V Paléologue étaient devenus les vassaux du sultan dès 1373, ainsi que les Bulgares. En Occident, le Pape essayait bien de déclencher une croisade, mais son appel ne porta ses fruits que bien plus tard, en 1396, lors de la bataille de Nicopolis.
La première bataille sur le territoire de Lazar entre les Serbes et les Turcs eut lieu en 1381 à Dubravica, près de Paraćin. L'armée serbe, avec à sa tête les généraux Crep et Vitomir, remporta la victoire. La bataille de Dubravica fut fêtée par tous les chrétiens. Puis, en 1386, Lazar lui-même intercepta une seconde armée, menée par Murat Ier en personne, près de la rivière Toplica près de Plocnik, encore une défaite pour les Turcs (la Bataille de Plocnik - « Murat a peur, il s'enfuit », rapporte un chroniqueur serbe de l'époque.
Malgré ces défaites contre les Serbes, les Turcs allaient de victoire en victoire dans le reste de l'Europe du sud-est. En 1388, Thessalonique tomba après un long siège. Serrès était déjà ottomane en 1383, et les Turcs occupaient également le royaume serbe de Vukasin dès 1371. Ils avaient donc encore d'importantes réserves militaires, grâce à leurs nouveaux vassaux. Ils attaquèrent alors le roi de Bosnie Tvrtko Ier allié de Lazar, espérant ainsi affaiblir ce dernier. Le général de Tvrtko, Vlatko Vuković, mit en déroute l'armée turque conduite par Lala Şâhin Paşa, lors de la bataille de Bileća.
Les forces en présence
L'armée serbe se trouvait sous le commandement des princes[réf. nécessaire], rivaux politiques pour la suprématie sur les Serbes : Lazar Hrebeljanović, prince de Serbie, et son vassal et gendre Vuk Branković, seigneur serbe du Kosovo. L'armée serbe était également appuyée par plusieurs alliés chrétiens : le prince serbe de Bosnie Tvrtko Ier. On sait que des Valaques, des Hongrois et des Croates participaient aussi[6].
L'armée ottomane, tout aussi disparate, était composée de Turcs, mais également grossie des contingents de ses vassaux chrétiens : le Serbe Marko Kraljević[5], ennemi de Lazare, le prince bulgare de Velbuzd, Constantin, mais aussi des émirs musulmans vassaux d'Asie mineure. Étaient également présents les janissaires, le corps d'élite des armées ottomanes.
Le déroulement de la bataille
Le combat dura toute la journée, il fut sanglant et assez indécis. Dans une première phase, la bataille fut incontestablement à l'avantage des Chrétiens, au point que Tvrtko Ier annonça la victoire et qu'un Te Deum fut chanté à Notre-Dame de Paris en présence du roi Charles VI. Selon les récits épiques serbes, Miloš Obilić ayant promis de tuer le sultan avant la bataille, s'est rendu sous sa tente et l'y aurait éventré, avec un poignard dissimulé dans sa botte, avant de tomber lui-même sous les coups des gardes.
Des sources ottomanes - auxquelles se rallient certains historiens bulgares - font tomber le sultan dans la bataille.
Cette mort eût été durement ressentie par les Osmanlis, qui commençaient à se débander, mais le fils de Mourad Ier, Bajazet Ier, parvint à éviter la débâcle. Il en profita aussi pour assassiner, dans des circonstances mystérieuses, son frère Yakub. Les Turcs allaient pourtant se ressaisir et prendre une sanglante revanche sur la coalition. Lazar et tous ses nobles sont finalement faits prisonniers et décapités sur le champ de bataille. Les Turcs restent maîtres du terrain, mais ne pénétrèrent pas davantage en Serbie pour la soumettre car la mort de Mourad et le meurtre de Yakub pendant la bataille avaient considérablement affaibli l'autorité de Bajazet qui devait rentrer dans ses terres pour affirmer son pouvoir sur ses vassaux et éviter tout risque de révolte.
Les conséquences de la bataille
La coalition chrétienne des Balkans était bel et bien vaincue, mais ils n'avaient pas démérité. Et Bayezid Ier, n'était non plus pas vainqueur car il s'empressa de conclure la paix avec la veuve de Lazar, Milica et ses hommes cessèrent un temps leur avancée vers l'ouest. La conquête n'en reprit pas moins de plus belle, au milieu du XVe siècle.
En fait, il n'y avait pas de vainqueur immédiat car les Turcs se retrouvaient en situation de guerre d'héritage et les Serbes n'avaient plus d'aristocratie. Donc aucun des deux camps ne pouvait revendiquer la victoire même si le roi de Bosnie envoya à Rome une lettre dans laquelle il signalait que les Serbes avaient gagné la bataille.
Mais à long terme, les Turcs qui avaient plus de ressources humaines que les Serbes ont pu reconstituer plus rapidement des armées alors que la Serbie ne put jamais reconstituer sa puissance : les Turcs avaient donc l'avantage.
Le fils de Lazare, Étienne, scella sa soumission en donnant sa sœur, Marie Despina, au harem du sultan.
Sa signification pour les Serbes: quelques pistes de réflexion
Si on peut penser que les Serbes font preuve de nationalisme, le souvenir de cette bataille est aussi pour les Serbes l'occasion d'exprimer la fierté de leur passé en se remémorant l'héroïsme et le courage de leurs combattants et donc l'expression de leur nation, d'où son utilisation par certains dirigeants serbes pour orchestrer une politique ultra-nationaliste. C'était justement lors de la commémoration des 600 ans de la bataille du Kosovo, le 28 juin 1989, que Slobodan Milosevic, en tant que nouveau président de la Serbie, fait un discours ayant pour but d'exalter le nationalisme serbe, discours qui marqua un tournant tragique dans l'histoire de la Yougoslavie.
Pour les Serbes, cette bataille contre les ottomans signifie la fin de l'âge d'or serbe et le début de l'oppression et les conversions forcées pour les peuples de Yougoslavie pendant plusieurs siècles.
Une tour construite en 1953 à la mémoire des Serbes tombés en ce jour de la Saint Guy (Vidovdan) permet, du haut de sa terrasse, de contempler le « champ des merles ». Une table d'orientation relate clairement la position des différents corps d'armées ainsi que la stratégie déployée. La légende dit que le sang serbe répandu dans la plaine fait fleurir chaque année des pivoines sauvages qui, en fait, sont des plantes très rares dans le pays.
Annexes
- Albanais : Beteja e Kosovës
- Allemand : Schlacht auf dem Amselfeld
- Anglais : Battle of Amselfeld, Battle of Kossovo ou Battle of Kosovo
- Bulgare : Битка на Косово поле ou Косовска битка (Kosovska bitka)
- Chinois : 科索沃战役 (Pinyin : Kēsuǒwò zhànyì)
- Croate : Bitka na Kosovu polju ou Kosovska bitka
- Espagnol : Batalla de Kosovo
- Français : Bataille de Kosovo Polje ou Bataille du champ des Merles
- Tchèques : Bitva na Kosově poli
- Italien : Battaglia di Kosovo
- Grec : Μάχη του Κοσσυφοπεδίου (Máchē tou Kossyphopedíou)
- Hongrois : Rigómezei csata
- Polonais : Bitwa na Kosowym Polu
- Portugais : Batalha de Kosovo
- Roumain : Bătălia de la Câmpia Mierlei
- Russe : Битва на Косовом поле (Bitva na Kosovom pole)
- Serbe latin : Kosovski Boj ou Boj na Kosovu Polju
- Serbe Cyrillique : Косовски бој ou Бој на Косову Пољу
- Slovaque : Bitka na Kosovskem polju
- Slovène : Bitka na kosovo polji
- Suédois : Slaget vid Trastfältet ou Slaget vid Kosovo Polje
- Turc : Kosova savaşı, Kosova Meydan Muharebesi ou Kosova Muharebesi
Notes et références
- 1 2 Jean W. Sedlar, East Central Europe in the Middle Ages, 1000-1500, University of Washington Press, 244 p.Nearly the entire Christian fighting force (between 12,000 and 20,000 men) had been present at Kosovo, while the Ottomans (with 27,000 to 30,000 on the battlefield) retained numerous reserves in Anatolia.
- 1 2 John K. Cox, The History of Serbia, Greenwood Press, 30 p.The Ottoman army probably numbered between 30,000 and 40,000. They faced something like 15,000 to 25,000 Eastern Orthodox soldiers.
- 1 2 Geoffrey Parker, The Reader's Companion to Military History, Houghton Mifflin Books, 249 p.On June 15, 1389, an Ottoman army of between thirty thousand and forty thousand under the command of Sultan Murad I defeated an army of Balkan allies numbering twenty-five thousand to thirty thousand under the command of Prince Lazar of Serbia at Kosovo Polje (Blackbird's Field) in the central Balkans.
- ↑ (commémorée actuellement le 28 juin du calendrier grégorien, 15 juin du calendrier julien)
- 1 2 G.Castellan, Histoire des Balkans p.65
- 1 2 Histoire de Albanais de Serge Métais, Fayard, 2006
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